vendredi 8 juillet 2011
CAT MOUSSES - René et la famille en MICRONÉSIE
08 juillet 2011
En navigation entre Yap et Palau en Micronésie
Récit 177 - Yap sous sa facette plus urbaine
D'abord une petite portion d'histoire pour les intéressés? sinon passez directement à la page 3. L'état de Yap consiste en 16 unités d'îles contenant 145 îles individuelles. Ces unités comprennent les îles de Yap proper, cinq autres formations d'îles ainsi que dix atolls (dont celui de Woleai d'où nous arrivons).
Suivant les premiers contacts avec les Européens venus tenter d'établir (en vain) des liens commerciaux avec Yap, d'abord les Portugais en 1526, puis les Espagnols en 1731 puis en 1830, Yap, fut finalement vendu à l'Allemagne en 1899. Un important commerce de copra y fut alors établi par les Allemands. Le contrôle de Yap est passé aux mains des Japonais en 1914, alors que le Japon occupait la plupart des îles du Pacifique ouest en ce début de la première guerre mondiale.
D'abord exploitées pour fin de nourriture, les îles de Yap ont ensuite été utilisées comme bases militaires clé par les Japonais qui tentaient désespérément d'étendre leur empire lors de la deuxième guerre mondiale. La seule île que purent capturer les Américains fut Ulithi, soit le plus gros des atolls (habités) de Yap. Ils s'en servirent comme importante base militaire pour leur flotte de navires à la fin de la guerre, peu avant la reddition des Japonais en 1945.
Yap proper, où nous venons de faire escale, est composé de Rumung (l'île interdite) et des îles de Map (Maap), Gagil-Tomil et Yap , lesquelles sont toutes reliées par des ponts et passages carrossables sur la terre ferme. Nous avons d'ailleurs loué une voiture pour une journée pour explorer tous les racoins de ce territoire couvrant un total de 39 miles carrés. Yap proper possède dix municipalités réparties dans plus d'une centaine de villages.
La population, autrefois estimée à 10 000 habitants en 1869, a subi un déclin sévère la réduisant a aussi peu que 2500 habitants suivant les premiers contacts avec les Européens et la période de l'administration japonaise. Mais elle a heureusement pu se refaire suivant la guerre. D'ailleurs, lors du recensement de 2000, on estimait à 11 200 les habitants du territoire appelé Yap proper et ceci ne serait que 65% de la population totale de l'état de Yap. Lors de la semaine que nous y avons passé, nous nous trouvions dans la baie de Tomil Harbor dans la capitale, appelée Colonia
Yap est reconnu mondialement comme le 'land of the giant 'stone money' (voire rai en langue locale) soit d'imposantes pièces de monnaie de pierre en forme de roue percée d'un trou au centre, dont le diamètre peut varier de 6 pouces à 12 pieds de diamètre. De façon surprenante, l'argonite, matériel utilisé pour cette monnaie de pierre, ne venait pas de Yap mais plutôt de Palau à quelques 300 miles de là.
Ce sont d'ailleurs tous les efforts investis pour à la fois trouver la pierre, la sculpter et la façonner en forme de roue pour ensuite la transporter jusqu'à Yap qui ont conféré à cette monnaie, pour le moins inusitée, toute sa valeur. Évidemment, sa forme la rendait peu pratique, ce qui fait qu'elle n'était pas manipulée à proprement parlé mais plutôt utilisée comme un symbole de richesse, telle une statue que l'on plaçait bien en évidence sur son terrain.
Il faut aussi mentionner que la plus importante forme de richesse pour les habitants de Yap (appelés Yapese) est la terre. 'The man is not the chief, the land is the chief' disent-ils. Le statut social d'un Yapese au sein de la communauté ou de sa caste est directement relié au lopin de terre qu'il détient. De plus, c'est le village d'où vient une personne qui en détermine la caste. Les membres d'un village appartiennent tous à la même caste et on estime de nos jours le nombre total de castes entre sept et neuf.
L'histoire de Yap ne serait pas complète sans mentionner le nom de Sa majesté, le capitaine O'Keefe. Cet Américain, après avoir fait naufrage à Yap en 1871, y établit son quartier général d'échanges commerciaux. Personnage très respecté, il y obtint beaucoup de succès.
Il comprit vite l'importance de la culture et du 'stone money' et fut instrumental à convaincre les Yapese de l'accompagner à Palau pour faire l'acquisition du fameux stone money en échange de quoi les travailleurs lui fournissaient du copra et des concombres de mer (bêche-de- mer) qu'il revendait ensuite à prix fort à Hong Kong. O'Keefe périt finalement d'une tempête tropicale en mer, au cours d'un voyage commercial. René est actuellement fort absorbé dans la lecture du roman relatant l'histoire vraie de cet aventurier.
La langue parlée ici est le Yapese, un langage malayo-polynésien. Cette langue extrêmement complexe, composée de 13 voyelles et 32 consonnes est apparemment inintelligible des autres Micronésiens. Fort heureusement, ils parlent aussi l'anglais ce qui facilite grandement les échanges.
Nous sommes vraiment contents de nous être d'abord arrêtés dans l'atoll de Woleai, sans quoi nous n'aurions pu goûter l'authenticité de la culture du pays. En effet, la culture et les traditions sont beaucoup moins présentes au sein de la capitale. On verra bien de temps en temps des hommes porter le thu et les femmes le lava-lava mais plutôt rarement sur cette île où l'influence américaine est très marquée. Nous l'avons vu dès notre première visite à l'épicerie.
En effet, les tablettes regorgeaient de produits américains dont nous n'avions pas vu la couleur depuis belle lurette, à commencer par les Pop Tarts, les Lucky Charms, le Kraft Dinner et les guimauves. Malgré tout, nous avons quand même pu, grâce à nos diverses excursions sur l'île, voir des traces du passé. Nous y avons vu les maisons communautaires traditionnelles, soit le faluw et le pebai, d'imposantes constructions de paille au toit haut et pointu, supportés par d'énormes piliers de bois dont les quatre murs extérieurs sont ouverts.
Alors que le faluw, (plus gros et construit en hauteur au bord de l'eau, sur une imposante plateforme de roches), servait autrefois d'école pour les jeunes garçons, de quartiers pour les bacheliers ou de lieu de rencontre pour les chefs de village, le pebai, lui, est moins imposant et construit au centre des terres. Il servait et sert toujours d'endroit de rassemblement communautaire.
On peut encore voir et marcher sur les 'stone footpath' où prennent encore place des danses traditionnelles occasionnelles. On retrouve encore aussi ce qu'on appelle les 'stone money bank' soit d'impressionnantes collections de 'stone money' alignées sur les abords de certaines routes.
Assez parlé d'histoire, pour ce qui est de nous maintenant, et bien nous sommes arrivés à Yap proper vendredi dernier, il y a une semaine, menant notre copain américain Sam à bon port et à temps surtout pour revoir ses amis et faire la fête à souhait avant de prendre son avion.
Notre arrêt dans la capitale nous aura permis de faire un peu d'administration, soit de la lessive, de l'internet, une visite chez le médecin pour une petite infection au pied pour Hugo, quelques emplettes mais surtout de finalement réparer le problème de notre moteur défectueux.
Comme il y a ici une école de mécanique sur l'île, René s'est retrouvé avec toute une équipe de jeunes apprentis à bord de Cat Mousses. Finalement c'est leur instructeur qui a trouvé le problème. Il disait sentir une odeur qui lui rappelait vaguement quelque chose du temps qu'il travaillait sur les gros bateaux. Et bien il avait du pif cet homme car il a mis le doigt exactement sur le bobo.
Fort heureusement, ce n'était donc pas un problème avec les injecteurs mais simplement une accumulation de carbone qui avait complètement obstrué la sortie de l'échappement. René a donc défait le 'mixing elbow' pour l'apporter dans une 'shop' en ville et pour un gros cinq dollars, que les gars étaient tout gênés de réclamer, il a pu utiliser leur atelier, leurs muscles et leurs outils pour défaire le morceau et nettoyer l'obstruction.
Quel soulagement pour la capitaine. Il y avait longtemps qu'il travaillait sur ce problème dont il n'arrivait pas à trouver la solution. Finalement pour remercier ses mécaniciens, René les a invités à bord pour un cocktail samedi en fin de PM. Ils ne se sont pas laissés prier et la bière, à défaut du faluba (boisson locale), coulait à flots. J'ai même pu avoir un bon échantillonnage des chansons et danses locales, performances offertes par notre mécanicien sauveur.
visiteurs sont repartis assez ronds merci mais surtout bien heureux de leur visite.
Une fois l'administration complétée, nous nous sommes permis quelques sorties. Hugo avait repéré que le responsable de la 'shop' de plongée d'un hôtel avoisinant était belge comme lui. Ceci a grandement facilité les négociations pour nous 'bargainer' une sortie de plongée pour pas trop cher. Ainsi, moyennant une sortie de deux plongées de 45 minutes avec bouteille pour René et moi; les enfants et Hugo eux, pouvaient nous accompagner gratuitement pour faire du snorkeling, sortie qu'ils auraient normalement dû payer 50$ chacun.
Inutile de dire que le calcul ne fut pas difficile à faire, ça faisait bien notre affaire. De mon côté, difficile à croire, mais il y avait bien 13 ans que je n'avais pas plongé. Heureusement qu'on ne m'a pas trop posé de questions sur mes antécédents de plongeuse et que mes connaissances de plongée me sont vite revenues en mémoires.
Rien n'a paru et j'ai pu remettre à jour mon CV de plongeuse. Quelles belles plongées nous avons faites. La première plongée de 45 minutes avec les majestueuses raies manta de Yap. On nous avait dit que rien ne garantissait que nous puissions en voir mais la chance nous a souri et elles sont venues. Les enfants les voyaient d'en haut alors qu'ils faisaient du snorkeling et nous d'en dessous, bien campés contre une patate de corail. Elles viennent à cet endroit appelé 'cleaning station', au dessus d'un petit récif de corail très peu profond, pour se faire nettoyer et débarrasser de leurs parasites par six espèces différentes de poissons qui ont chacune leur fonction et partie spécifique à nettoyer. Impressionnant à voir.
Nous les avons vues de très près. Elles passaient juste au-dessus de nos têtes. Ensuite on nous a emmené faire une autre plongée de 45 minutes, mais cette fois avec les requins, des requins de récifs et des 'black tips'. On a vu des murènes et plein de beaux poissons, certains très gros, franchement c'était super! Finalement, nous avons aussi eu la chance d'assister à l'ouverture des jeux de Yap vendredi soir dernier et de voir quelques performances de volleyball, baseball et même d'aviron dans la baie où on se trouvait.
Ainsi, après un peu plus d'une semaine sur le continent, nous avons repris la mer mardi matin le 5 juillet pour une traversée de trois jours et trois nuits vers Palau à quelques 300 miles de Yap. Le capitaine a eu beau investir plein de temps sur internet pour trouver la meilleure fenêtre météo, les fichiers gribs étaient encore complètement à côté de la 'track'.
Alors qu'on nous prévoyait des vents du sud de l'ordre de 4-5 noeuds, nous écopions de vents de l'ouest de plus de 20 n?uds. C'est donc dire que, pour faire changement (!!!), nous avions le vent dans le nez, sous la pluie et la merde, à se battre à faire du près pour se rendre à Palau. Disons que les quarts de nuits sont plus pénibles dans ce temps-là, quand les grains se succèdent les uns après les autres et que les vents ne cessent de tourner, de mourir et de reprendre.
Il faut constamment ajuster le cap, réarranger les voiles? même pas le temps pour écrire des récits, des emails ou écouter des films! Snif! Il faut dire que nous avons mis trois jours à vaincre le mal de mer. Antoine, par-dessus le marché, faisait de la fièvre pour les premiers 36 heures. Un virus quelconque avec des diarrhées qui a fini par partir comme il était venu. Antoine, Nicolas et moi faisions la file pour vomir par-dessus bord à qui mieux mieux.
Bon j'exagère, nous n'avons été malades que deux ou trois fois chacun mais quand même! Ouach!! Seul Hugo, avec son estomac de béton, ne semblait pas trop affecté par la mer. Des heures de plaisir comme le dit si bien notre amie Karine Chayer (si elle nous lit). Et toi aussi Hervé, si tu nous lis, le capitaine commence à dire qu'il la prendrait bien ta nouvelle 'job'. Il y a des jours où il commence à en avoir assez des problèmes mécaniques de toutes sortes, il a bien hâte de ranger sa boîte à outils (comme tu l'appelles).
Je dis ça, mais aujourd'hui le soleil brillait et le vent s'était replacé dans le bon sens, tout comme nos estomacs d'ailleurs. Tout ça pour dire que nous avons enfin recouvré notre appétit et notre bonne humeur et oublié les tracas des premiers jours. Les enfants ont ressorti les livres d'école et poursuivi leurs examens de fin d'année qu'ils devraient terminer sous peu.
Bref, nous avons retrouvé le sourire et même célébré hier nos trois ans de navigation pour entreprendre, d'un commun accord, les deux dernières années de notre circumnavigation du globe. Pour terminer, nous avons écrit quelques cartes postales que nous avons tenté de mettre à la poste à Yap mais le Canada était barré des destinations possibles de courrier (possiblement à cause de la grève j'imagine). Elle est terminée je sais, mais l'info n'a pas dû se rendre jusqu'ici encore.
Bref, pour les concernés, ne soyez pas surpris de recevoir en provenance de Palau, des cartes postales écrites à Yap. Sur ce, il est 03h00 AM, je vais me coucher un peu.
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