Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 18 novembre 2012

COULICOU - Pierre, Françoise et Émile - RÉCIT

Le trajet tel qu’il a été vu sur le site de Caribean 1500 nous positionnait très à l’écart des autres. Plusieurs d’entre vous ont questionné cet état de fait. Eh bien, ce soir, nous avons eu un trophée pour ce choix de route, bien que cela nous a retardés de 2 jours sur les autres participants. Pourquoi? Parce que la route que nous avons prise nous a évité toutes les tempêtes que les autres ont eu à subir en prenant la direction sud-est, directe sur les BVI. Leur route chevauchait plusieurs fronts froids en cascades.

Sur notre route, nous avons eu de bons vents, beaucoup de brassages (35 nœuds), mais pas de vraies tempêtes comme celles que les autres ont subies. On a foncé vers l’est, sur les recommandations de Jean-Marie et Nycole du réseau du capitaine, presque jusqu’aux Bermudes.

Dans un courriel, entre autres, un ami nous a demandé si on s’alignait pour l’Afrique!

Quand, à notre arrivée (les derniers de la flottille), on nous demandait pourquoi on avait pris cette route, on apprenait en retour les difficultés et dommages que certains avaient eus. Un hublot arrachées, un enrouleur de gênois défait, des pilotes automatiques incapables de répondre (nous aussi, pour dire vrai!), une mise à la cape (arrêt du bateau, comme un bouchon sur l’eau) de 9 heures pour reprendre des forces, et beaucoup de bleus, parfois impressionnants.

Notre principal problème fut le manque de nourriture appropriée. Le départ avancé d’une journée a fait que nous avons dû faire notre épicerie en 30 minutes. Nous avons échappé alors quelques principes de base d’une bonne traversée. Nous avions beaucoup de nourriture, mais nous avons vite manqué de fruits frais.

Nous avons aussi manqué de nourriture à grignoter. On n’avait pas envie de manger de vrais repas. Quand la gîte est extrême, on ne met pas la table pour un bœuf bourguignon! Tout ce qu’on peut manger, c’est des fruits, des biscuits secs, sucrés ou salés, du fromage, des noix ou autres nourritures des plus simples, jour et nuit, dans un bol et, si possible, sans ustensiles. On arrivait quand même à se faire un bon gruau le matin et du café, et cela constituaient le principal repas de la journée. Trois jours avant la fin, le frigo a encore fait défaut. Il est bien fragile celui-là!

Le deuxième problème a été le manque de sommeil, surtout au début, ce qui a favorisé le mal de mer, jusqu’à la prise des médicaments. Dormir deux heures et faire le quart de 4 heures pour ensuite redormir 2 heures, ça marche bien, mais le corps doit s’y habituer.

 Au début, le sommeil ne vient pas sur commande. À la fin, on dort tout de suite quand c’est notre tour, profondément. Pendant ces 11 jours, une certaine routine s’établit : le radio le matin, avec Nycole, c’était comme aller à la messe. À ne pas manquer. Toute notre confiance et notre sécurité intérieure reposaient sur cet échange avec Nycole, Pierre et André. On savait alors où était Ambrosie, pas très loin, la météo avec toutes les variantes et les mouvements du jour, parfois plusieurs rapports pas jour. Une présence tellement importante!

Cet épisode du radio arrivait après une nuit de garde exigeante, en lutte avec le sommeil qui affaiblie notre attention. La nuit, c’est difficile. On ne voit strictement rien. Le pilote (lorsqu’il marche) fait le travail, mais on doit surveiller les changements de vent, les écueils (qu’on ne verrait pas de toute façon) à gérer, la présence d’étoile ou l’espoir d’une lune. C’est noir, noir, noir... surtout si des nuages ou des grains cachent les étoiles.

Lorsque la lune sort (vers 4 heures du matin en ce qui nous concerne), ça devient plus confortable. Lorsque le jour se lève, on revit avec lui. On n’a plus envie de dormir tellement c’est palpitant de voir la mer, même lorsqu’elle est montée. Que de beaux moments à contempler cette immensité, ce mouvement des vagues et de l'écume, des nuages et même des éclairs au loin, au dessus des autres bateaux probablement.

On aurait aimé prendre des photos des grosses vagues de 15 pieds ou des gîtes extrêmes, mais jamais nos photos ne peuvent rendre l’effet des vagues. Il faut dire aussi qu'on ne pense pas vraiment à prendre des photos dans ces moments là. Bref, on est arrivé, le onzième jour, devant Tortola, très heureux de notre périple.




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