vendredi 11 mars 2011
ÉTOILE DE LUNE - Nat et Dom - TSUNAMI
17:35.45s 149:37.08w
Objet : tsunami suite du séisme du Japon.
Archipel des îles du vent de la Société : TOUT VA BIEN.
En fin de message, le point sur les systèmes d'alerte, leur efficacité et ce qu'il faut savoir pour éviter les tsunami.
bonjour,
Réveil un peu spécial... Il fait encore nuit. La main de Dom sur mon épaule : "lève-toi on est en alerte tsunami". Y a des mots, comme ça dans la vie, qui vous sortent du lit d'un bond!
C'est toujours comme ça! Alors que nous tâchons toujours d'avoir le bateau "prêt". Que le soir nous rangeons toujours vaisselle, linge, ... (tranquillement, sans pour autant nous angoisser). Mais hier soir, pour une fois (!) , on avait laissé le linge pendre dans le cockpit. Trois machines à dépendre dans la précipitation. Retirer les tauds de soleil d'une main, pendant que nous nous assurons de l'autre, au téléphone, que les copains sont informés. Certains bateaux décident de rester derrière la barrière de corail. "Elle protège". Les images que nous avons en mémoire des tsunamis d'Indonisie nous font croire que rien n'arrête l'eau. Celles que nous trouvons sur Internet du Japon aujourd'hui sont effrayantes.
L'eau est trop forte pour nous! Notre sauvegarde est au large.
Pas de quoi s'angoisser et douter au mouillage! Moteur en route, nous lâchons la bouée. Nous nous faufilons dans le long serpent de bateaux qui sort en bon ordre, sans panique, avec beaucoup de courtoisie, par la passe de Punaauia. L'internet reste branché grâce à l'antenne externe (les messages des copains inquiets sont nombreux dans la boîte mail, sur le répondeur de skype et sur le téléphone). En plus de l'internet, la VHF est allumée sur le 16, la radio diffuse les bulletins sur radio Polynésie.
Il est certain qu'au vingt et unième siècle on navigue informé!
Le système d'alerte en Polynésie a très bien fonctionné, si l'on omet de parler d'un ou deux petit kouak que les autorités ont relevé dans le processus et se disent prêtes à régler pour "la prochaine fois". Il est à noter cependant que les Polynésiens ont décidé d'eux-mêmes de se placer sur les hauteurs, avant toute alerte, puisque la télévision annonçait dès hier soir le séisme catastrophique du Japon. L'alerte établie par le haut commissariat a été éditée à 4h30 locale. Il a envoyé sur tous les téléphones portables des sms d'alertes.
Message : "Des vagues de 2 à 3 mètres sont attendues aux îles Marquises, situées à 1.500 km au nord-est de Papeete. Sur les côtes nord de Tahiti, dans les baies de Moorea et dans une baie de Huahine, non loin de Bora Bora, elles pourraient atteindre 2,10 m. Elles pourraient atteindre environ 2 mètres aux îles Australes, situées entre 600 et 1.300 km au sud de Tahiti, et un mètre dans les autres îles de la Polynésie française. Les premières vagues devraient toucher Huahine à 06H50 locales (17H50 à Paris), Tahiti et Moorea à 07H15 (18H15 à Paris), les Marquises à 07H40 (18H40 à Paris) et les Australes à 07H30 (18H30 à Paris). Le Haut commissariat a souligné que "le danger persiste pendant au moins deux heures après l'arrivée de la première vague, et que les amplitudes peuvent être croissantes."
A six heures du matin, les estimations de vagues reviennent dans des proportions raisonnables de 70 centimètres. Puis, des contractions surviennent avec une prévision de 2 à 4 mètres sur Tahiti et ses îles. Hawaii n'a eu "que" 95 centimètres. Les sirènes hurlent sur le rivage. Les aéroports sont fermés, le trafic aériens voit des avions tourner autour des îles. La circulation routière est coupée. Au port de Papeete, les cargos, les navettes et paquebots sont envoyés au large. A la marina Taina, les grands yachts de plus de 60 mètres décrochent leurs amarres. Ils sont quatre, si un tsunami les emportaient, ils détruiraient le quai et vraisemblablement la marina elle-même!
Il fait un beau soleil. Dans la passe, trois dauphins nous défient et entrent dans le lagon. Je suppose qu'ils sont curieux de toutes cette effervescence. Dehors, tous les copains sont là, plus tous les autres... Moorea se dessine sur l'horizon, c'est magnifique. Dans 100 mètres de fond, il n'y a plus rien à craindre.
7h10 : LA vague devrait passer, nous ne discernons pas grand chose, sauf la longue houle pacifique, le voilier d'à côté disparaît et réapparaît dans une respiration océanique.
Il faut savoir que pour toute alerte de tsunami, la prudence demande que les bateaux restent au large pendant deux heures après l'heure présupposée d'arrivée de la première vague. Même si celle-ci a été insignifiante, les répliques peuvent s'avérer plus importantes.
Pourtant, à 8h30, l'alerte est levée Mais...
8h37 : Nous sommes à quelques mètres des bouées d'entrée, et sur la VHF 16 , le MRCC rappelle les troupes au large. Le cafouillage règne un peu... Le lagon de Moorea semble "se vider". L'info vient par VHF d'un observateur sur les hauteurs du lagon. Le MRCC (autorités maritimes de Polynésie) nous informe qu'un train de vague "plus important arrive sur l'archipel".
9h10: levée de l'alerte (il n'y a pas eu de vague énorme, tout au plus un mètre sur le rivage le plus exposé). Aux Marquises, dans le sud est de Nuku Hiva l'eau après s'être retirée est rentrée de 400 mètres à l'intérieur des terres.
9h40 : Nous retrouvons notre bouée (il y a un peu de rangement à faire). Restons à l'écoute des séismes de répliques et éventuels tsunami.
Dom me dit au moment où je vous prépare ce mail : "Heureusement qu'il n'y a pas eu de vague! Mais, je suis effaré de la vitesse de propagation d'un tsunami. Il traverse le plus grand océan du monde de part en part en quelques heures! Il faut vraiment rester à l'écoute en permanence."
Le point sur les systèmes d'alerte et leur fonctionnement en Polynésie française :
-Un système de sirènes existe dans toutes les grandes agglomérations, îles et villages (attention, seulement 70% des sirènes ont fonctionné avec une grande défaillance remarquée dans les îles Marquises. Donc, il ne faut pas s'y fier complètement.
Les site internet à consulter, la radio à écouter, le téléphone à laisser allumer, les requêtes BLU !
- Les utilisateurs de BLU trouvent dans leur catalogue la possibilité d'envoi de requête sur alerte au tsunami :
catalogue_saildoc_pacific_tsunami_code WEPA et SEUS.
- Lien Internet direct et INDISPENSABLE sur les alertes au tsunami dans le monde : http://ptwc.weather.gov/
- Ecouter les annonces de sécurité du MRCC VHF (16) : cela s'impose à tout marin, cependant, les médias et les téléphones portables ont sonné l'alerte plus rapidement que le MRCC
- Ecouter radio Polynésie sur la FM ou AM selon l'archipel :
Marquises : 88.2/89.0/ 89.5/90.5/ FM
Tuamotu : 90.5/93.6/ 94.0/94.4/ FM
Tahiti : 89.0/91.8FM
-Garder son téléphone "vini" (portable tahitien) allumé, le haut commissariat envoi des sms à tous les téléphones du Territoire en cas de risque, cette procédure nouvelle a extrêmement bien fonctionné.
Petit conseil : Ne pas se priver du "vini"! Il n'est pas difficile d'obtenir une carte SIM, elles se vendent dans toutes les OPT (postes) de toutes les îles. Coût des cartes prépayées de 500 FP à 2000 FP entre 4 dollars et 15 dollars, elles permettent d'être appelés pendant deux mois ou d'appeler sur la même période et en tout état de cause de recevoir les alertes importantes)
ATTENTION MARQUISES
Aux Marquises, l'impact des tsunamis, (même légers) est toujours plus important que dans le reste de la Polynésie. Il convient de toujours suivre les instructions d'évacuation.
A plus, pour d'autres nouvelles
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire