lundi 7 mars 2011
la piraterie dans l'Océan Indien, un problème épineux pour les "tourdumondistes" !
Nathalie et Dominique (Étoile de Lune) nous ont fait parvenir ce message de mise à jour de problèmes de piraterie qui guettent spécialement les tourdumondistes. MERCI mille fois
Nycole
Nous correspondons avec les bateaux de l'Océan Indien, et notamment avec le Voilier Pro's Per Aim qui est actuellement en Thaïlande. Il s'était inscrit dans un rallye qui permet le passage délicat de la Somalie, dont la "mauvaise" publicité n'est plus à faire. Mais l'armée française, surveille les listes des équipages qui s'inscrivent aux flottilles traversant cette zone, les joignent directement par mail et les dissuadent de s'y aventurer, invoquant à force de détails les actes de piratages qui ont lieu dans les parages. Guy et Isabelle, ont eu la gentillesse de partager les échanges de courriers entre eux, et l'armée. Ils dressent un état des lieux précis. Ils ont également communiqué tout le déroulement de leur réflexion et il ont aussi détaillé les diverses solutions proposées aux navigateurs qui tiennent à effectuer un tour du monde avec leur bateau et leur famille. (voir leur site internet www.prosperaim.fr )
A la suite de ces échanges de courriers. Nous nous sommes rendus compte à quel point le monde avait changé en sept ans. Avant que nous larguions les amarres, quelques zones de piratages étaient à craindre dans le monde. Mais la surface de risque restait limitée et relativement facile à éviter. Actuellement, la Somalie et les exactions des pirates barrent la route aux bateaux de tous horizons.
La situation dans le golfe d'Aden s'aggrave de mois en mois, réduisant à peau de chagrin la zone "navigable", dans l'océan Indien. Une majorité de bateaux décident à présent de passer par le cap de Bonne Espérance. Solution qui jusqu'ici était gérable puisque touchant le nord de Madagascar, les bateaux traversaient le détroit du Mozambique, pour tracer une route en sauts de puces vers Bonne Espérance. Cette route ne comportait que peu de risques de piratages (il convient toutefois de ne pas oublier l'acte commis sur le bateau Ciel et Mer à Madagascar). Cependant, en pleine mer, la navigation était quasi "saine". Et les sauts de puces, sur le continent africain, étaient nécessaires afin de ne pas avoir à effectuer, entre Réunion et Bonne Espérance, une navigation de 1500 milles égrenées par des coups de vents récurrents au sud de Madagascar (l'autre surnom de Bonne Espérance est "le cap des tempêtes").
Malheureusement, les nouvelles que nous recevons du Voilier Pro's Per Aim, sont alarmantes, et donnent un périmètre de risque qui s'étendrait au détroit du Mozambique.
Voici les infos qu'ils ont reçu, sur place et de l'armée française (extrait de leur courrier du 7 mars 2011) :
"L’activité des pirates s’est accrue ces dernières semaines. Une zone de plus en plus large, de plus en plus d’attaques, de plus en plus de violences.
Leur rayon d’activité ne cesse de s’étendre et la route vers La Réunion devient risquée. Début mars, nous avons rencontré à Langkawi (Malaisie), un skipper qui en arrivait et qui nous a dit qu’un bateau de commerce s’était fait attaquer à 50 milles de son voilier au niveau des Chagos. Il y a actuellement deux bateaux « mère » avec leur flotte de skiffs au nord de Madagascar et la marine française déconseille la navigation dans le canal du Mozambique.
L’officier avec lequel nous sommes en contact nous a dit qu’une trentaine de bateaux avaient été pris et que les Somaliens détiennent environ 650 otages dans leurs camps où toutes les violences sont permises en particulier sur les femmes.
Le 18 février, le QUEST, un voilier américain, a été piraté avec quatre personnes à bord. Un navire de guerre US a pu rejoindre le Quest et son escorte somalienne pour négocier la libération des otages. Ces derniers ont été assassinés sauvagement par leurs bourreaux le 22 avant la fin de la discussion. Les pirates se sont rendus aux militaires américains et le chef a déclaré que, désormais les règles seront les suivantes : « Toute tentative de libération des otages par la négociation ou la force se terminera par la mort des dits-otages. »
Le 24 février, un voilier danois (ING) a été pris avec à son bord une famille, les parents et trois enfants. Ils sont en route vers les camps somaliens.
Nous avons discuté ces jours derniers avec Quito qui convoie des voiliers pour une société de location. Il a fait le trajet entre la Méditerranée et la Malaisie 18 fois. Ou plutôt dix-huit fois et demie car il a arrêté son dernier convoyage à Aden. Le catamaran a été acheminé à Langkawi par un autre skipper qui ne l’a fait qu’à la seule condition d’avoir à bord trois mercenaires armés jusques aux dents (lance roquette etc.). Quito a été attaqué une seule fois, il y a quelques années. Sous la menace d’une kalachnikov, il avait donné tout son argent liquide et du gasoil et s’en était tiré comme ça. Mais là il a préféré renoncer. Aujourd’hui, la piraterie n’est plus artisanale. C’est une mafia très organisée et très bien équipée qui « manage l’entreprise."
J'ai du mal à imaginer que les autorités mondiales, ce qu'on appelle "politiquement" les "grandes puissances" laissent un quart d'océan aux mains de pirates. Comment se peut-il qu'il n'y ait aucune solution? Pourquoi laisser entraver le transport maritime mondial aux abords du canal de Suez ? (L'un des points stratégiques de notre planète après Panama)
En attendant qu'un changement positif intervienne dans cette région, nous, les marins sur petits bateaux, nous ne pouvons plus jouer à la roulette russe en nous aventurant dans ce canal miné.
Des solutions à envisager avec sérieux, d'autres à inventer :
- Trouver d'autres routes, par le Horn? Le passage du Nord Ouest?
- Attendre en Malaisie, Indonésie qu'une solution soit trouvée au problème et que la route s'ouvre à nouveau?
- Le convoyage de nos bateaux par cargo?
- La vente du bateau dans l'océan indien et poursuivre sur un autre ailleurs?
... L'imagination de chacun est mise à profit, et le partage d'informations entre les gens de mer est plus indispensable que jamais.
Nous avons tous en tête l'image de la grande boucle, et une écorchure à ce rêve fait mal. Mais la question à poser relève de la vie ou de la mort. Ainsi, espérons que des solutions se mettent en place afin de laisser encore la place à la découverte de notre belle planète.
Voici l'adresse d'un site internet à garder précieusement :
www.icc-ccs.org
Il vous donne la situation sur le piratage mondial en temps en réel
Autre site à garder à l'oeil : http://www.shipping.nato.int/CounterPir
Le "Nato" donne heure par heure la situation dans la zone, décrivant les attaques et suspicions d'attaque.
En pièce jointe la carte de la situation mise à jour au 7 mars 2011
Amitiés marines
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire