20 février 2013
En navigation vers le Brésil
Récit 238 - L'Ile Ste-Hélène
Paresseuse... oui un peu... mais j'ai une bonne raison... un de nos ordinateurs est mort et l'autre ne fonctionne que si la génératrice ou le moteur tourne. Comme nous sommes sous spi (sans moteur) depuis le début de la navigation, ça me donne une bonne raison pour ne pas pouvoir utiliser l'ordinateur. Mais bon, il faut ce qu'il faut, heureusement j'ai pris des notes, je vous relaterai donc notre escale à Ste-Hélène.
Nous sommes arrivés en fin de journée le samedi 9 février. Nous nous sommes mouillés dans le port de Jamestown, sur une des toutes nouvelles bouées d'amarrage, installées tout récemment par la municipalité de Ste-Hélène.
Jamestown est la ville principale de l'île de Ste-Hélène, une île très isolée située en plein coeur de l'Océan Atlantique Sud, entre l'Afrique du Sud et le Brésil. Ce petit port est niché
tout au fond d'une vallée profonde dont la ville comporte un passé chargé d'histoire. En effet, plusieurs des grands hommes de ce monde y sont passés un à un: Captain Bligh, Edmund Halley, Charles Darwin, Capt James Cook, pour n'en nommer que quelques uns.
A ces célébrités se sont ajoutées diverses visites royales mais surtout, celle de Napoléon Bonaparte. En effet, c'est l'incarcération de Napoléon sur l'île, entre 1815 et 1821, qui a rendu Ste-Hélène aussi célèbre.
Le lendemain de notre arrivée, nous débarquons à terre tous ensemble pour aller faire nos procédures d'entrée. Sylvio et Lilian de Matajusi suivaientde près puisque peu après, nous les rencontrons à l'immigration. Nos premiers contacts avec les habitants de Ste-Hélène s'avèrent très positifs. En effet, les gens sont extrêmement gentils. Comme ils ne sont que 5000 personnes à vivre sur cette île, il est évident que tous se connaissent. Chaque personne que nous croisons, sur notre chemin, nous salue sans exception, c'est la pratique ici.
En PM, nous retournons à terre pour aller escalader Jacob's Ladder, cet escalier de 699 marches, haut de 600 pieds, qui relie le centre-ville de Jamestown au sommet de Ladder Hill. Ladder Hill est un plan incliné qui fut construit à flanc de montagne en 1829 et qui servait de monte-charge pour monter biens et provisions jusqu'au sommet. Le temps moyen requis pour grimper ces escaliers, nous croyions était de 10 minutes mais nous avons découvert plus tard que quelqu'un avait atteint le sommet en 5 minutes. La barre était haute.
Nous avons donc entrepris notre ascension, gonflés de bonnes intentions. Nous avons tous réussi notre mission haut la main, les temps variant entre 8 minutes 19 et une quinzaine de minutes. Thomas fut le plus rapide, suivi de très très près par Antoine, puis Nicolas. Une fois en haut, nous avons eu la surprise d'apercevoir au loin, voguant allègrement sur les flots, nul autre que Milo One, sur un sprint d'approche finale, Ils arrivaient directement de Cape Town en Afrique du Sud et étaient donc bien heureux d'arriver. Nous avons pris bien des photos pour ensuite dévaler les marches au pas de course pour rejoindre nos copains au plus vite. Inutile de dire que ce soir-là, nous avons fait un cocktail de retrouvailles avec Milo-One sur Cat Mousses. Nous qui craignions de ne jamais les revoir au départ de Cape Town!
Le lendemain, suivant les classes du matin, comme le musée est fermé, nos valeureux grimpeurs relèvent à nouveau le défi de grimper le Jacob's Ladder, (cette fois en compagnie de Sabrina et Oscar) pour ensuite aller faire une saucette à la piscine. De mon côté, je m'abstiens... que voulez-vous, il faut bien que quelqu'un se sacrifie pour faire la lessive. J'avoue que c'était bien la première fois que j'avais hâte de faire ma lessive à la main. Pour une fois ça m'arrangeait.
Le matin du 12 février, nous partons en excursion pour la journée en compagnie de Milo-One. Nous avons réservé un tour guidé historique de l'île dans une camionnette avec le chauffeur de taxi le plus populaire de Ste-Hélène, un dénommé Robert Peters. Nous n'avons pas regretté notre choix, un vrai moulin à paroles sur deux pattes, un sympathique monsieur, fort généreux de son temps. Il nous a trimballé d'un bout à l'autre de l'île toute la journée. Nous avons visité la célèbre maison de Longwood où fut incarcéré Napoléon avant de mourir des suites d'un cancer (bien qu'on ait d'abord cru à un empoisonnement à l'arsenic), 6 ans après son arrivée sur l'île.
Comme cette maison n'était pas aménagée à son entière satisfaction lorsqu'on l'y emmena pour la première fois, il fut transféré dans une autre maison appelée 'Briars' où il fut hébergé, le temps que les travaux de rénovations soient complétés à Longwood. Nous avons vu l'endroit où il fut enterré avant d'être transféré en France (19 ans plus tard). On nous a fait voir les sites des campements des 6000 prisonniers Boers. Nous avons vu des tortoises géantes, dont la plus vieille du monde (la tortoise Jonathan, âgée de 178 ans), les écoles, le futur aéroport et site de distillerie locale. On nous a expliqué la culture et transformation du lin qui pousse à profusion sur l'île, en plus de profiter de paysages sublimes, dont Sandy Bay Ridges et le fort de High Knoll construit dans le but de défendre la population de l'île advenant une invasion ennemie (chose qui n'arriva heureusement jamais). Bref, une bien belle journée.
Au retour de cette sortie, nous avons visité le musée de Ste-Hélène, un petit musée fort intéressant, ouvert en 2002 pour commémorer le 500e anniversaire de l'île. Puis tel que prévu, on voit poindre le RMS (Royal Mail Services, le navire de réapprovisionnement) qui s'arrête à Ste-Hélène de façon bi-mensuelle. Ça tombe bien car nous n'avons plus rien de frais sur le bateau en ce qui a trait aux viandes, fruits et légumes. A part quelques bouts de carottes rabougries, disons qu'il n'y a plus grand chose à l'épicerie et que ça ne fera pas de tort de regarnir les tablettes.
Le 13 au matin, Pierre nous quitte très tôt pour aller faire l'ascension du Jacob's Ladder (une troisième fois en 4 jours), pour ensuite monter jusqu'au fort de High Knoll. Il revient ravi de son expédition, là-haut il se sentait seul au monde. Ça fait du bien des petits moments de sérénité de ce genre quand on vit sur un bateau avec autant de proximité. En PM, après avoir plongé avec René et moi pour gratter et nettoyer la coque, j'ignore où il trouve son énergie, mais Pierre réussit à nous accompagner pour une autre expédition à Flastaff Hill qui offre une vue imprenable de l'île. Bien évidemment, on allait à cet endroit dans un but bien spécifique, celui de trouver une géo-cache, une 'first to find' en plus! Nos géo-cacheurs l'ont trouvée sans difficulté. Comme nous quittons demain, ce soir Milo-One nous invite avec deux autres bateaux (Matajusi et Mr. Curly) pour un petit cocktail d'aurevoir. Bref, une journée assez bien remplie.
Jeudi le 14, dès notre réveil, nous plongeons pour aller terminer le travail de nettoyage de la coque. Puis, nous partons en ville pour aller faire les emplettes et les procédures de départ à l'immigration. Nous nous croisons les doigts pour que les denrées apportées par bateau, deux jours plus tôt, aient fait leur chemin jusqu'aux tablettes du supermarché. On attend, on attend, on fait le tour de toutes les petites épiceries locales, rien n'y fait, il semble que les fruits et légumes n'apparaîtront pas avant une autre journée.
Ho well, au moins, nous avons pu profiter du marché local de légumes du jeudi matin. C'était très limité comme choix et disons que nous avons vite compris que (comme visiteurs), il valait mieux laisser les habitantes de l'île se servir en premier, mais tout de même, nous ne sommes pas repartis les mains vides. Côté fruit, c'est plus que limité, on entame une traversée de deux semaines avec une vingtaine d'abricots et une douzaine de pommes. Heureusement qu'on a de bons stocks de conserves à bord du Cat Mousses.
Somme toute, nous sommes très heureux de nous être arrêtés à Ste-Hélène qui présente un cachet très unique. On se seraient cru atterrir à une toute autre époque en débarquant sur cette île. Ici le temps n'a pas d'importance. Il n'y a pas de guichet automatique, seulement une banque. Tous les matins, les gens font la file devant les petits commerces du village, attendant patiemment que les portes daignent enfin s'ouvrir. Personne ne s'offusqe jamais des retards, il n'y a pas le feu qu'ils semblent se dire. Les mercredi après-midi tous les commerces ferment, tous comme le samedi PM (pour certains) et les dimanches. Bref, ils savent prendre le temps de vivre.
Nous prenons en fin la mer en milieu de PM pour parcourir les quelques 1800 miles nautiques qui nous séparent de notre prochaine escale. Le capitaine nous a promis une traversée confortable et à date il ne s'est pas trompé. Au moment où je termine ce récit, voilà déjà presque deux semaines que nous sommes en mer et je dois avouer que c'est une traversée extraordinaire. Avec les alizés, nous avons un vent arrière qui oscille entre 8 à 20 noeuds depuis le début. Nous navigons sous spi la majeure partie du temps, jour comme nuit et faisons des vitesses qui varient entre 5 et 7.5 noeuds. C'est magique mais je n'ose pas le dire trop fort avant d'avoir complété notre traversée, de peur de m'attirer les furies d'éole qui (croyez-le mon expérience) ne réagit jamais très bien à mes compliments. Pierre s'est amariné comme un charme à cette traversée et personne n'a été malade cette fois.
La routine est bien installée à bord du Cat Mousses. On fait les classes à fond, matin et PM question de s'avancer le plus possible en vue des visites à venir lors de nos escales. Antoine a presque fini son fameux puzzle de 1500 morceaux des Big Five. C'était tout un défi. Catherine s'est lancée dans la lecture de différents romans et travaille ardemment à sa broderie. Thomas a attaqué son roman The Lost Symbol de Dan Brown. Côté navigation, René et moi nous partageons les 2 premiers quarts de nuit alors que Pierre prend le dernier quart de nuit à partir de 03h30-04h00 AM pour immédiatement enchaîner avec les classes suivant le petit déjeuner. Il est devenu le professeur attitré d'Antoine qui avance à la vitesse de l'éclair. Pierre participe ardemment à toutes les manoeuvres et continue de dévorer tout ce qu'on possède d'encyclopédies et de guides relatifs à la navigation. Inutile de dire qu'on appréhende son départ prochain en mars car avec lui les navigations sont un charme.
Après près d'un mois entier loin d'épiceries où l'on peut de réapprovisionner sur le sens du monde, on se débrouille encore pour se faire des super bouffes et mis à part les fruits et légumes frais, on ne manque de rien. On cuit notre pain, on fait notre yaourt, on cultive nos germinations, bref, nous sommes auto-suffisants. Le 20 février nous avons fêté les 44 ans du capitaine en nous offrant une journée sans classe. Comme gâteau j'ai proposé mon super gâteau maison aux carottes avec glaçage au fromage à la crème. Wow! Un délice! Puis, pour souper, le capitaine avait proposé un souper de pizza maison. Somme toute, ce fut une bien belle journée.
Nicolas ne cesse de nous pêcher des poissons de toutes sortes depuis notre départ. Il en pêche pratiquement tous les jours, quoique je doive imposer des embargos sur le pêche (certains jours) pour terminer ce qu'on a dans le frigo. Des dorades, des calmars, bonites à ventre rayé, thon jaune, thon rouge... Cet aprè-midi, on a même attrapé un énorme requin (apparemment un requin- tigre). On pouvait même l'apercevoir qui nous suivait derrière. Il a mordu deux fois. La deuxième fois il était bien pris mais monsieur n'a pas apprécié. En deux temps trois mouvements, crac, paf! Il a tout coupé et est parti avec le leurre,la ligne et tout. Il valait mieux que ça se passe ainsi. Pas question de remonter ce monstre à bord!
Tout ça pour dire qu'avec toute cette pêche, nous ne manquons pas d'Oméga 3 à bord du Cat Mousses ces temps-ci. Je déploie beaucoup d'efforts pour varier mon menu et faire des recettes différentes à chaque nouveau repas de poisson pour faire oublier aux troupes qu'on mange... encore du poisson. Fish Meunière, thon à l'oriental, poisson frit, filets de thon en panier sauce féta-citron, thon vapeur à la crème d'épinards, pizza au crabe de cocotier. Merci au Thermo-mix qui nous prépare des super repas gastronomiques.
Note de Pierre: Il n'en revient pas de toutes les façons de cuisiner le poisson. Il est sûre que la cuisinière est tout prêt de pulvériser un record mondial, qui ne sera pas égalé de sitôt.
Si tout va bien, nous devrions arriver cette nuit à Fernando de Noronha, soit la nuit du 27 au 28 février.
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