dimanche 30 janvier 2011
ÉTOILE DE LUNE - Nat et Dom - Tour de Tahiti
Le tour de l'île de Tahiti s'effectue soit dans le sens des aiguilles d'une montre, soit dans le sens inverse.( Lapalisse n'aurait pas fait mieux!) Nous choisissons le sens horaire. Au départ de Pupaauia, par le bord de mer en nous dirigeant vers le Nord, nous longeons l'aéroport, puis une route, peu engageante, mal indiquée, nous entraîne vers la déchetterie. Jusque-là, rien de transcendant et à vrai dire, les Polynésiens ont bien le sens de l'accueil, mais pas celui de l'indication. Les panneaux de signalisation existent, mais ils ne sont pas d'une grande aide aux étrangers. Peu importe, nous voyons là comment une île au milieu du Pacifique tente de gérer le délicat problème des poubelles. Ici, ils ont décidé de tout enterrer, sur la montagne! Cela ressemble à une lasagne, bien peu ragoutante. Mais que faire d'autre? Espérant qu'ils n'auront jamais l'idée de superposer des immeubles sur les premières couches dissimulées sous des remblais de terre...
Au-delà de la déchetterie, un chemin grimpe à pic dans la montagne, un dénivelé, droit comme un "i" sur lequel je ne voudrais pas engager le beau 4*4 de nos amis par temps d'orages. Par paliers successifs nous grimpons sur un chemin plus ou moins défoncé, de plus en plus cabossé. Par crainte d'endommager la voiture qui nous est prêtée, nous décidons de laisser reposer ses chevaux et de poursuivre à pied. La randonnée ne présente pas de difficultés majeures, bien que nous partions d'une altitude de 500 mètres pour atteindre en sept kilomètres le sommet de 1441 mètres. Nous sillonnons une montagne qui oublie l'urbanisation du bord de mer. Peu à peu, nous nous trouvons seuls avec la forêt. Une belle, très belle forêt.
Je ne peux vous dire combien de superlatifs égrainent mon esprit à chaque pas. C'est l'une des plus belles randonnées que nous avons faite, et pourtant nous n'en oublions aucune! Toutes les conditions sont réunies : la météo, les panoramas... jusqu'au vert de la forêt. Elle atteint ici, une couleur parfaite. Non pas ce vert prison des forêts infernales, mais celui libérateur, épanoui, luisant d'une forêt bien dans sa peau, bien à sa place, illuminée des millions de brasiers que sont les tulipiers du Gabon en fleur. Cet arbre rivalise de beauté avec le flamboyant. Avec ces dizaines de cloches tournées vers le ciel, il se pare de teintes ardentes et généreuses d'un rouge orangé. L'espace est entièrement dédié au végétal, ici, la faune se fait discrète et docile. Quelques buses, quelques perruches et passereaux, aucun animal venimeux ou dangereux n'est à craindre.
Au rythme où nous nous élevons vers les sommets, la végétation s'épaissit et nous trouvons de plus en plus de fougères arborescentes presque géantes, des pins plus que centenaires, des plantes épiphytes, des fleurs et des fruits qui nous sont inconnus. Nous reconnaissons néanmoins de belles taches rouges : des buissons de framboisiers. Nous nous accordons quelques pauses dégustations. Une perruche verte nous épie et s'impatiente de voir son déjeuner dérober sous ses yeux. Ces fruits ressemblent à des framboises, mais elles sont plus acidulées que les fruits dont avons l'habitude. Rafraichissantes, agréables, loin d'en avoir la saveur, la consistance me font penser à l'arbouse. Ces encas offerts par la nature nous donnent des ailes, et le soleil filtré par la canopée insuffle une fraîcheur salutaire. Animés d'un courage qui nous avait quittés dans les chaleurs accablantes du rivage, nous passons d'un versant à l'autre de la montagne. A chaque palier, des panoramas, toujours plus somptueux se dévoilent.
Les pins ouvrent, tour à tour, des brèches généreuses sur Papeete et son port actif, sur la pointe Vénus sillonnée de voiles de kites, sur le mouillage de Punaauia, sur le chenal d'accès dans le récif. Au premier plan, les vallées déchiquetées courent vers la mer, elles mêlent leurs teintes profondes et intenses à celles du lagon, plus légères, étincelantes d'émeraude et de turquoise. Puis, le regard traverse la frange d'écume qui se brise sur la barrière de corail. Là, l'océan parsemé de vagues blanches nous révèle un alizé soutenu. Au-delà de l'outremer sombre, Moorea, flanquée de ses pics fantasmagoriques, sertie de son lagon émeraude se pose telle une fée de l'ombre. La palette du peintre est à son apogée. Là sont réunies toutes les nuances du monde. Toutes celles qui font de notre planète, une merveille inimitable.
Nous grimpons encore, les nuages s'imposent entre nous et l'île voisine. Nous sommes à leur hauteur, ils nous cachent le plus beau panorama. Nous nous résignons à penser que nous avons vu le plus beau, néanmoins nous poursuivrons sur les crêtes du Massif du Pic Vert jusqu'au sommet du mont Marau.
Soudain, au détour d'un virage, nous changeons de monde. L'océan s'efface et laisse la vedette à la Montagne. L'océan et le ciel s'ingénient à dessiner les contours des montagnes. Elles s'échelonnent en vallées, s'insinuent au creux d'un labyrinthe que nous survolons du regard. Pas une maison, pas une marque d'humanité, la Nature est souveraine. Entre ombre et lumière, une rivière creuse le fond de la vallée. De plateaux résurgents, en pentes vertigineuses, chaque pli de la montagne dessine des arabesques, des courbes qui dévoilent une silhouette enivrante.
Ici, les mots somptueux et majestueux trouvent leurs titres de noblesse!
Un chemin vertigineux nous mène sur les crêtes du mont Marau à 1441 mètres d'altitude. D'un tour complet sur nous-mêmes nous passons de l'océan brumeux aux deux vallées qui bordent notre promontoire : celle de la rivière Punaruu avec le plateau de Tamanu et celle de Fautaua. Cette dernière abrite une des curiosités géologiques les plus réputées de Tahiti, surnommée le Diadème. Sur un décor de points culminants, soit les 2066 mètres de l'Aorai et les 2241 mètres du mont Orohena, les à-pics dévalent vers le Mont Te Tara O Maiao. Ce dernier s'érige à 1321 mètres en crêtes affutées, rassemblées de telles sortes qu'elles figurent une couronne, un diadème royal. A l'aplomb de notre promontoire, voici que nos regards plongent vers un mur de végétation impensable. Des cataractes de forêt s'élancent vers la vallée. En nous penchant avec précaution, nous découvrons une chute d'eau. Une première pour moi : voir une cascade en contrebas. D'habitude nous nous trouvons toujours à leurs pieds, ne trouvant jamais l'angle satisfaisant pour capturer leurs proportions. Aujourd'hui, je peux la contempler dans sa totalité, la voir se jeter sans retenue dans son bassin avant de s'éparpiller en multiples rivières, celles qui drainent la vie dans ces vallées.
Pour tout vous dire, ce décor extraordinaire a le pouvoir souverain de nous rendre infiniment heureux. Amoureux fous des insondables beautés de notre Planète, nous nous sentons l'âme d'oiseaux libres.
Nous devons nous faire violence pour nous arracher à ce spectacle, et nous redescendons vers le monde des humains, avant la nuit.
Merci Tahiti! Que de bonheurs tu nous offres!
(Suite des photos dans prochain envoi)
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
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