Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 22 août 2008

MARIANNE - Joel vers les TUAMOTUS

MARIANNE : DE PANAMA AUX MARQUISES

6 Juin – 8 Août 2008


Depuis deux jours c’est « pétole ». Moteur à 2,8 litres à l’heure , soit six nœuds en mode hyper économique. Dehors c’est le grand beau temps, bleu partout, pas une ride sur l’eau et les étoiles qui se reflètent dessus comme rarement.

Le ciel est magnifique et au bout des 500 milles, là-bas, un nouvel archipel nous attend : les Tuamotus si près de Tahiti que ça sent déjà la fin d’un longue route de 12000 milles.

Il est temps de faire une pause car Marianne est fatiguée, les pannes se multiplient : dessalinisateur, alternateur, ordi….. Mais que de belles choses depuis 5 mois.

Comment oublier les Marquises encore si proches et le passage de Panama et les Galapagos… ?

PANAMA Juin 2008

Nous étions comme prévu à Colon le 3 Juin pour récupérer Norbert, faire les pleins de vivres et de carburant (cigarettes et whisky, accessoirement gas-oil).

Chaleur lourde et formalités pesantes. A Shelter Bay Marina, pas trop de problèmes cependant pour s’en sortir : c’est la marina la plus chic du coin , un peu loin de la ville surtout quand un cargo se présente en même temps que vous à l’écluse de Gatun qu’une frêle passerelle permet de passer en minibus. Le trajet de 30 km prend entre une demi heure et une heure et demi, c’est selon….

Une visite dans la zone libre chez Motta s’impose (malheureusement Stanley s’est envolé sur son jet pour l’Europe, et nous ne le verrons pas cette année). Le show-room est d’un luxe inimaginable, tout ce qu’il y a de plus beau à distribuer sur l’Amérique latine est là et on imagine, derrière, les immenses entrepôts.

Autrefois nous nous servions directement dans les étagères, aujourd’hui c’est une hôtesse qui nous guide avec ses listings interminables.

Bref, nous commandons des tonnes de vins et spiritueux et une bonne trentaine de cartouches de Winston dont Charly prend les deux tiers : on n’est pas près de voir l’extinction des feux sur Marianne.

On commande aussi une demi tonne de Toblerone sur demande insistante de Pascal : rétrospectivement c’était un peu juste et après son départ il en restait à peine pour accompagner le Nespresso de midi. Sacré Pascal qui n’a pas de souci avec sa ligne et son corps d’athlète.

En ville, les supermarchés sont très bien achalandés et la viande de qualité : donc aucun problème d’approvisionnement à Panama.

Norbert nous surprend en plein « coup de roulis » un soir vers 10 heures débarquant enfin de Nouméa via Tokyo, Chicago etc…Un vrai marathon de 3 ou 4 jours, on craignait de le voir arriver de l’autre côté du canal.

Nous avions fait le fuel dans l’après-midi et dès le lendemain, 6 Juin, nous partions avec lui pour Colon prendre livraison de Motta.

Bien nous en a pris car on apprends presque par hasard que nous passons le canal ce soir au lieu de demain : nous étions les seuls à l’ignorer et Tito, notre « agent », bien léger sur le coup. Je lui ai fait savoir.

Mais, nous serons prêts à recevoir le pilote ce soir au mouillage de Colon, après avoir fait un retour rapide sur Shelter Bay histoire de liquider ce qui était en suspens : récupérer les bouteilles de gaz, un gennaker neuf, la grand voile recousue et payer la marina….Une journée faste où tout s’est déroulé sans accroc.

Le Canal se passe en deux temps : départ de nuit pour les 3 écluses de Gatun. Mouillage dans le lac pour la nuit. Traversée du lac et passage de Pedro Miguel et Miraflores de jour le lendemain.

Tout cela est parfaitement au point et donc nous avons pu profiter pleinement d’un des hauts lieu du trafic maritime mondial.

Pour les chiffres cherchez sur Google, c’est impressionnant de toute façon.
Il faut réaliser que les écluses et la Coupée Gaillard entre autres ont presque cent ans.

Il fallait des gens d’une énorme capacité d’analyse pour imaginer ce que seraient les cargos en 2008 et leur nombre incroyable.

Les panamax font exactement la taille des écluses : 300m de long pour 33 de large, ce sont des monstres de 150000 tonnes parfois.

Aujourd’hui les travaux ont commencé pour tripler les écluses par une nouvelle écluse parallèle aux précédentes, plus grande et surtout avec un système ingénieux de récupération de l’eau du lac de Gatun qui permet d’envisager l’avenir avec sérénité.

Nous étions sur Marianne au centre d’une petite flottille de 3 voiliers, notre propulseur d’étrave, puissant, nous permettant de manœuvrer tout cela avec précision. A la barre je me suis régalé à rentrer au quart de poil dans les écluses gigantesques, au cul d’un cargo géant.

A couple, sur babord, un joli petit voilier brésilien : c’est samba à bord d’un bout à l’autre, Canal de Panama ou pas, ils font une fête d’enfer !!!

Gatun c’est trois marches d’un escalier géant de 10 mètres de hauteur chacune. On y voit comme en plein jour et c’est absolument magique.

Vers 2 heures du matin on mouille à l’entrée du lac, eau douce à volonté et calme tropical.

Après une courte nuit c’est le départ pour l’autre côté. Traversée plaisante en pleine jungle agrémentée des commentaires techniques de nos sympathiques pilotes. L’un d’eux, un noir fin et élégant, dit à Charly, notre chef cuistot : « j’espère qu’il n’y a pas de porc dans cette potée aux choux, je suis Juif »….Rare, mais ça s’explique par l’histoire de certains noirs venus d’Afrique de l’est pendant la construction de Canal ou durant l’époque coloniale espagnole.

On croise sur la route, outre les énormes Panamax, une noria de remorqueurs et autres bateaux de servitude, et des « Marie-Salope » gigantesques. On creuse ce Canal en permanence, on l’élargit, bref, à part la coupée Gaillard, immuable, on en fait un vrai boulevard, pour la suite.

Descente sans problème sur Panama City par Miraflores, seuls dans les écluses géantes et sous le regard amusé des touristes venus en terrasse voir comment « ça fonctionne ». Pour l’occasion Charly a revêtu son uniforme flamboyant d’amiral de la flotte Zaïroise et une fois de plus nous relègue au rang de matelots de deuxième classe.

On largue le pilote avant d’atteindre la Marina de Flamenco, la plus chère au sud de Fort Lauderdale sans doute.

Nous n’y resterons que deux jours, et on partage en 4. Au moins nous sommes en sécurité et pouvons faire les derniers achats et visiter la ville, sans grand intérêt d’ailleurs. Seul le musée du canal, à l’écluse de Miraflores, vaut vraiment le déplacement.

Prochaine étape : les Galapagos.

GALAPAGOS

Escale sympa à 15 milles de Flamenco : l’Île de Taboga où nous admirons ces fabuleux senneurs venus décharger leur pêche. On dirait vraiment des yachts avec leurs formes élancées et leur hélico sur le pont.

Ils sont redoutables d’efficacité : l’hélico repère les mattes et le bateau arrive avec son annexe aux moteurs de 2000 chevaux qui encercle d’un énorme filet le banc de thons. A chaque prise c’est des dizaines de tonnes qui remontent à bord, un vrai massacre d’autant que dans le filet il y a tout le reste : requins et dauphins en particulier. Mais ils sont vraiment beaux !!!!

Escale de 3 jours aux Perlas à 40 milles de Panama : un bel archipel aux îles verdoyantes dont l’une, Cantadora, est connue pour avoir abrité l’ exil du Shah d’Iran. Donc riches a priori. Malheureusement ce fond de golfe est très pollué et la mer presque solide de déchets divers. Nous y avons fait quelques belles pêches toutefois.

Grâce à de bonnes options météo la traversée sur San Cristobal s’effectue au près sans problème notable.

Nous arrivons à la nuit tombante et osons le mouillage interdit en face de Kicker’s Rock.

Je ne dirai pas grand-chose des Galapagos tant il est décevant et frustrant d’être consigné dans un port sans avoir le droit de le quitter pour se balader comme on faisait autrefois. Du coup ces îles « enchantées » n’avaient plus pour moi l’attrait d’ »avant ». Mais pour les trois autres à bord c’était un peu différent car ils ne connaissaient pas et c’est toujours amusant de se retrouver au milieu des phoques, fous à pattes bleues, et pélicans, plongeurs acrobatiques désopilants.

Aujourd’hui on pourrait résumer par : dollars, dollars, et dollars. Tout se paie et un yacht est proscrit puisqu’il est autonome. On paie quand même partout : capitainerie, douane, agent, parc national etc…

Le séjour a cependant été agréable dans l’ensemble : belles balades à terre, plongée avec guide au magnifique Kicker’s Rock, nage au milieu des otaries, visite de musées à la rencontre de Darwin et de sa fameuse théorie qui devait lui valoir la réprobation quasi unanime de ses congénères et des religieux en particulier. Oui, l’Homme descend du singe, c’est dur à avaler. Mais la Femme elle, vient d’une côte d’Adam, c’est bien connu et c’est quand même mieux ainsi.

A San Cristobal il y a un restaurant qui s’appelle « le Bout du Monde »( en Français dans le texte). Le plus cocace c’est que sur la façade est peint le logo exact du « Bout du Monde », le notre , que j’avais conçu il y a 10 ans avec Bill Sellers et Jacques Garcin………C’est quand même fort !!! Du coup, ayant à bord quelques assiettes au logo du seul, unique et authentique « Bout du Monde » nous y sommes allés déjeuner d’un « sevice » de poisson que nous avons servi dans nos propres assiettes.

Le patron n’en revenait pas et quand on a voulu faire la photo il s’est demandé un moment si c’était pas le début d’un procès international pour « contrefaçon ».
Nous l’avons rassuré mais j’ai eu un mal fou à récupérer mes assiettes parties en cuisine.

Dans la baie, il y a une dizaine de yachts en majorité français. C’est là que nous faisons la connaissance d’un jeune couple avec deux petits adorables. Marc, Sophie, Enzo et Swann seront souvent à bord de Marianne. Nous retrouverons toute la famille aux Marquises et, c’est promis, sans doute un jour chez nous puisqu’ils rêvent de s’installer à Nouméa.

A Pueto Ayora sur l’île de Santa Cruz, que nous avons pu visiter moyennant dollars, nous avons retrouvé nos amis Robert et Margareth.

Elle, adorable oenologue d’origine Polonaise, lui versé dans les ONG, a son bureau à la station Darwin dans le Parc National. Du coup on est aux premières loges pour visiter. Les tortues sont toujours énormes et je les ai reconnues : elles n’ont pas changé et ont beaucoup moins vieilli que moi. Aujourd’hui il y a des programmes de repeuplement des îles et on élève des quantités de petites tortues.

A Puerto Ayora le mouillage est exécrable mais les restaurants sont excellents. On a même organisé à bord une dégustation de Marianne blanc et rouges que notre amie oenologue a bien appréciés .

Pascal nous a quitté pour reprendre son avion pour Paris et Nouméa. Il semblait ravi de sa croisière, il faut le dire exceptionnelle, entre Carthagène, San Blas, Panama, Galapagos et Toblerone.

Nous partions le même jour pour les Marquises 3000 milles à l’ouest.

Avant de quitter les eaux territoriales Equatoriennes nous nous sommes quand même vengés des Galapagos en mouillant encore une fois en totale illégalité sur Isabela, une île de toute beauté, mais où personne ne visite la côte est. La remontée par le nord nous a permis de passer deux fois de plus l’Equateur en quelques heures et, dernière vengance, de ramasser à la traîne deux beaux poissons dont un magnifique Wahoo.

GALAPAGOS MARQUISES

Que dire d’une grande traversée ?

D’abord le temps : beau, très beau même, avec le vent idéal. Vent de travers pendant dix jours, puis 5 jours et demi de vent arrière sous génois et gennaker tangonnés.
En fin de parcours, la drisse du gennaker se rompt pour la deuxième fois et l’immense voile tombe à l’eau sans autre dommage. C’est quand même incroyable que le chantier mette en place des drisses notoirement insuffisantes pour la surface des voiles proposées en série. Bref ! Passons là-dessus comme sur beaucoup de choses de ce style.

Nous serions arrivés encore plus vite avec cette voile qui nous a bien manqué les deux derniers jours.

En mer les quarts s’organisent et Norbert tombe rapidement dans un cycle sans fin de crises d’ »insomnie ». Chez lui l’insomnie se caractérise paradoxalement par des chutes brutales dans un état proche du coma qui devaient l’affecter durant tout le trajet.

Ce qui le sortait le mieux de cet état épouvantable c’était le bruit caractéristique du moulinet (un Halvey pour les connaisseurs). Et c’est arrivé très souvent : thons jaunes, Wahoos, Mahi Mahi. On ne savait plus où les mettre. Promesse de bons repas : combien de ceviches, de sashimi et sushi, combien de steaks « vuelti vuelta » n’a-t-on mangé, le poisson encore presque frétillant ? Un vrai bonheur.

Je n’avais pas le souvenir d’avoir pris autant de poissons sur ce parcours. Que font les senneurs, Bon Dieu ???

Les journées passent fort vite entre lecture et discussions philosophiques : qui sommes nous, où allons nous ? On va voir Gaugin pour y réfléchir.

C’est tout de même vrai que se retrouver ainsi, coupés de tout, en autarcie complète, au milieu de l’Univers (car on le voit …surtout la nuit), ça porte à réfléchir. Charles et moi sommes sur la même longueur d’onde: on parle beaucoup du hasard. Darwin nous convient bien. Norbert, lui serait nettement plus croyant.

Avec Norbert nous parlons sérieusement de l’Algérie et de l’indépendance. Discussions riches et très profondes où tous les détails de cette période reviennent à la surface, chargés d’émotion.

Nous regardons ensemble les deux volets du « Grand Charles », un télé film remarquable mis en scène par un pied noir d’origine juive qu’on ne peut soupçonner de complaisance envers de Gaulle. Et pourtant, le portrait est tout à son avantage.
C’est à la fin du premier épisode qu’on voit de Gaulle en compagnie de son secrétaire, le jeune Mauriac, siffloter une chanson ridicule de Bourvil qui devait devenir par la suite l’hymne de Marianne : nous nous sommes d’ailleurs enregistrés et pensons sortir prochainement le DVD. Je vous en livre quelques couplets :

« laissez voler les zirondelles, c’est un oiseau bien utile
Car elles attrapent d’un coup d’aile, des p’tits insectes nuisibles
Cuicui, cuicui , regardez la passer par là
Cuicui, cuicui, elle aimerait bien qu’on la tue pas »

Voilà où on en arrive après des mois de haute mer !!!

Quinze jours de traversée suffisent pour changer de monde et se préparer tranquillement à en découvrir un nouveau.

En 1978 le sextant nous positionnait à un ou deux milles près. Je me souviens avoir fait un point d’étoiles le matin de notre atterrissage sur Hiva Hoa. J’étais angoissé de ne pas tomber sur l’Île après ces 3000 milles hors de vue de toute terre : notre trace sur la carte était-elle réelle ou virtuelle ? Avais-je bien réglé mon sextant ? Et l’heure du bord ?

On attendait avec angoisse la première manifestation de l’Île : oiseaux en particulier, fous et frégates. Les senteurs de fleurs….et puis ce pic qui se dévoile à l’horizon, minuscule, presque bleu sur le bleu du ciel, avant de verdir au fur et à mesure qu’on approche. Le point était exact et les effusions de joie à la hauteur de l’ »exploit » !!!

En 1982 ce n’était déjà plus pareil : si on utilisait le sextant en back-up , on avait déjà le sat-nav qui donnait en général un point précis toutes les 90 minutes. On se congratulait toujours mais l’exquise angoisse n’était plus là.

Cette année c’est presque blasés que nous passons la pointe Sud Ouest de Hiva Hoa et pénétrons dans la baie encombrée de Atuona.

La surprise n’est plus au rendez-vous, simplement le bonheur d’avoir mené le bateau à bon port et de savoir que la prochaine nuit sera complète et bien calme.

SUBLIMES MARQUISES

On arrive donc aux sublimes Marquises où nous rejoignent d’abord Quinquin puis Dominique en provenance de Nouméa (nous ne nous étions pas revus depuis 5 mois et c’est une bien longue séparation). Nous avions rendez-vous depuis des mois le 18 Juillet et nous faisons notre entrée en baie de Atuona le 16.


Ma première visite sera bien sûr pour Jacques Brel et Paul Gaugin.

Jacques Brel est une de mes idoles pour beaucoup de raisons à commencer bien sûr par ses chansons dont certaines sont de vrais chef d’œuvres. Mais aussi pour sa vie, ses choix, son comportement devant la maladie.

Nous l’avions rencontré ici même, vivant.

J’avais été surpris de voir un homme grand, tout de blanc vêtu, en tenue d’aviateur.
Il faut dire qu’il a laissé un grand souvenir aux Marquises: totalement désintéressé, avec son avion il acheminait le courrier dans les îles, organisait des séances de cinéma (je suppose que les films étaient soigneusement choisis) tandis que Madly faisait danser les filles du collège de Bonnes Sœurs.

Sa tombe est des plus simples à 10 mètres de celle de Gaugin dans un site admirable dominant la baie de Atuona.

Pour moi « le port d’Amsterdam » est une des plus belles chansons qui soit. Une chanson de marins qu’il m’arrive de crier à tue tête quand je suis un peu parti. Le plus grand souvenir que j’en ai c’est lorsque Sylvain (Berthomé, le fabriquant des couteaux Farol) l’a chantée à plein poumons dans le bar du Micalvi, là–bas à Puerto Williams en Terre de Feu , accompagné de l’accordéon. On l’a tous embrassé en pleurant.

Quant à Paul Gaugin je pense souvent à lui en me promenant dans les petits villages marquisiens : ses modèles sont toujours là, telles qu’ils les a peintes. Saviez vous qu’il avait été l’un parmi des milliers, à travailler dur sur le chantier du Canal de Panama version de Lesseps. Avant de s’embarquer pour la nouvelle Cythère.

Quinquin nous arrive comme prévu de Nouméa et c’est un grand plaisir de l’avoir enfin à bord. Il n’a rien perdu de ses connaissances en matière de navigation et de matelotage et je crois que ça lui fait plaisir de se sentir à nouveau à bord d’un voilier. Avec lui nous visiterons la plupart des îles de l’archipel.
Le jour de son départ, nous l’avons initié, Charly et moi, au Rikiki. Il a mordu très fort à l’hameçon (il a même gagné… comme moi la première fois….) et aux dernières nouvelles ce jeu génial serait en train de déferler sur le Caillou.

Nous voilà donc aux Marquises et ma curiosité est grande après tant d’années de voir ce qu’elles sont devenues. Après avoir connu les Antilles et leurs mouillages surpeuplés, l’insécurité des pays d’Amérique latine (même s’il faut relativiser en particulier en Colombie), la chasse au dollar des Galapagos, ici que s’est-il donc passé ?

Bon, il y a plus de voiliers qu’avant, mais par bonheur ils s’agglutinent en trois endroits : Atuona, Taioahe, Hanavave (Fatu Hiva) et aussi devant cette plage de sable blanc de la Baie Hanamoenoa.

Il suffit de le savoir, partout ailleurs on est seul ou à deux, du moins en cette saison.

Les paysages sont grandioses, les baies profondes, bien abritées mais souvent houleuses. Le bateau se balance dans un écrin de verdure , surplombé par des pentes vertigineuses. De ce point de vue la Baie des Vierges à Fatu Hiva est la plus spectaculaire.

Mais que dire de Ua Pou et de ses aiguilles basaltiques ? Pour nous la plus belle est encore Nuku Hiva .

Nous y avons séjourné après le départ de Quinquin et Norbert, et l’arrivée de Domi, pendant une dizaine de jours dont une semaine entière au seul mouillage de Anaho.
Là tout n’est que beauté : ces plages immaculées, cette eau claire et chaude, ce récif poissonneux, ces cocoteraies soigneusement entretenues.

C’est la corne d’abondance : les fruits tombent sur le sol : citrons, pamplemousses, bananes, mangues, uru (fruit de l’ arbre à pain)…….

Nous nous faisons quelques amis marquisiens. L’un est cultivateur sur l’autre baie face à Ua Huka, où il vit seul. Ses légumes sont magnifiques.
D’autres vivent dans une belle maison surplombant la baie. Une des filles de la maison part bientôt en France, reçue au concours de l’Ecole de Maistrance à Brest….

Pour aller d’une vallée à l’autre, tous utilisent le cheval comme moyen de locomotion : ces petits chevaux marquisiens sont magnifiques. Ils ont une grande habitude de grimper au bord du vide vers les cols d’altitude sur de petits sentiers à peine marqués. Notre ami cultivateur avait ainsi amené à dos de cheval quelque 300 kgs de légumes jusqu’à Athieu, deux vallées plus loin, pour qu’ils soient mis en chambre froide à Taihoae.

Nous avons des discussions enflammées avec Charly à propos des « confettis » de l’Empire. Il trouve que ces gens sont trop aidés par la Métropole. C’est possible. Mais quand on voit leur niveau de développement (tout en étant isolés), d’éducation, de santé, pour ma part je préfère cela au modèle africain….

Les villages marquisiens (surtout arrivant d’Amérique latine) sont un modèle du genre : propres, maisons confortables parfaitement entretenues, abondance de fleurs multicolores, rues en terre battue balayées en permanence, recherche esthétique partout. Ils ont même poussé la perfection jusqu’à enterrer leurs réseaux électriques si bien que pas un fil n’est visible (Hapatoni, Athieu …).

Bien sûr il y a le téléphone cellulaire partout et la télé par satellite…..
Dans les agglomérations plus importantes on peut être choqué par le nombre insolent de grosses 4x4 japonaises. C’est certain qu’il y a de l’argent en circulation, ici. Et la vie est chère, mais la nature si généreuse qu’il n’y a pas grande dépense de bouche à envisager.

Bref, beaucoup de positif après un séjour plus long que prévu de 23 jours.
Il nous faut maintenant arriver à Tahiti pour débarquer Charly et prévoir le désarmement de Marianne pendant la saison cyclonique.

A bientôt donc pour la suite et fin, ce sera plus court rassurez-vous !!!

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