Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 20 avril 2012

CAMINATA - Robert et Carmen au TIERS MONDE

Nos quatre mois à Singapour n'avaient rien de stressant mais la bête somnolait et attendait son heure. Après 4 jours de remontée au moteur le long de la côte ouest de la Malaisie, elle est apparue dans toute son horreur. Le diesel acheté en Indonésie était très sale. Attention, on l'avait filtré avec des filtres tout neufs achetés à Darwin mais il faut croire que cela n'était pas suffisant. Perte de révolutions répétées jusqu'à l'arrêt complet du moteur.

En moins de deux, je change le filtre secondaire, saigne le tout et çà repart. Yeah. Une demi-heure plus tard le manège recommence.... pertes de révolutions etc. etc.. Sauf que voilà que je suis au beau milieu de cargos à l'ancre au large de Port Klang, le plus gros port de la Malaisie. J'entreprend cette fois de changer mon filtre Racor qui était dû. Incapable de desserrer la coupole plastique sous le filtre j'appelle en catastrophe mon ami Guy d'Hélios qui navigue tout près et qui a lui aussi les mêmes problèmes pour qu'il m'aborde et me lance un serre-filtre additionnel.

Une fois ces deux pièces séparées je change enfin le filtre et tente de repartir le tout. Pendant tout ce temps, on dérive lentement mais sûrement sur un gros cargo ancré. Le problème a été de saigner toute l'alimentation, activer la minuscule pompe manuelle avec beaucoup d'espoir, craquer les injecteurs, etc. etc. et un énorme 20 minutes de sueurs plus tard, le moteur est reparti. Nous sommes maintenant assez près du gros cargo pour servir d'attraction aux quelques membres d'équipage sur le pont. On décide alors de se rendre dès le lendemain à Port Klang pour tenter de règler le problème.

Pour s'y rendre, le détroit de 12mn, où cirlculent d'énormes cargos, est une poubelle à ciel ouvert dans laquelle on zigzague à travers des tonnes de plastiques, de bouteilles, de stryrofoam, d'arbres, le long de la côte à 7 m de profondeur où on pourrait jeter l'ancre en catastrophe si le moteur s'arrêtait... On a même révisé la procédure d'appels pan pan! Arrivés au Royal Selangor Yacht Club qui n'a de royal que le nom, j'accoste au ponton avec 5 nd de courant... du sport pour initiés seulement. En marche arrière, le moteur me fait une énorme fumée noire. Sans le savoir j'ai pris deux gros sacs plastiques qui bloque l'hélice. Et nous voilà repartis pour une autre séance de nettoyage et de réparations.

J'ai fait nettoyer les injecteurs, pompé tout le diesel d'un des réservoirs, nettoyé à la main le fond des deux réservoirs et ai refiltré le diesel restant. J'ai changé l'impeller de la pompe à eau de mer qui était brisé et fait nettoyer l'échangeur du refroidisseur d'eau. Tout cela à un quai où il y a un énorme courant avec autant de trafic que de vagues alors qu'entre le bateau et le quai s'accumulent des débris inimaginables ainsi que les poissons morts. Quelques jours plus tard nous avons quitté ce endroit de perdition...et les problèmes ont recommencé. Siphonage, pompage, etc. etc. et pour compléter le tout voilà qu'Hélios m'annonce par la VHF que sa transmission est bloquée au neutre.

Probablement quelque chose qui a bloqué temporairement son hélice! Deux handicapés naviguent maintenant vers un ancrage inconnu. À la tombée du jour, ne sachant pas encore que la nuit nous réserve trois heures d'un énorme orage électrique, je me sert un verre bien mérité un peu pour me calmer et aussi pour diluer tout ce diesel que ma salive m'a lentement fait avaler. Assis dans le cockpit, j'ai devant moi le sceau qui m'a servi à recracher tout ce que j'ai aspiré de mes tuyaux. Sur le sceau est écrit: "West Marine, we make boating more fun" !!! J'ai presque ri.

Le lendemain, enfin arrivés à Pangkor Marina, on retrouve plusieurs bateaux et amis que nous connaissons. Mauvaise nouvelle, Guy découvre qu'il a pris un rat à Port Klang. C'est l'horreur. Un rat peut faire autant de dommages qu'un coup de tonnerre sur le bateau. Çà ruine principalemet les fils électriques incluant ceux des instruments. Le soir venu, on revoit avec plaisir des amis français que nous avions fréquenté en 2008 à notre premier arrêt en Nouvelle Zélande. Ils sont ici malgré eux depuis des mois. Avant de partir pour l'europe, ils ont hérité sans le savoir d'un rat sur le point d'accoucher.

À leur retour, trois mois plus tard, il y avait 16 rats à bord. Ils avaient bouffé les cables, les meubles, les écoutes, les voiles et j'en passe. On imagine la facture. Alors, en plus d'avoir à acheter des trappes à rats, d'installer des assiettes en aluminium sur les amarres; le soir venu, nous devons tout fermer pour éviter l'invasion possible et être ainsi certains de manquer d'air et d'avoir encore plus chaud.

Si j'entends encore le terme "navigation de plaisance", je ne réponds pas de mes actes et j'en conclut que le tiers-monde devrait se visiter en avion, d'une capitale à l'autre et dans les hôtels cinq étoiles. On verrait moins de choses pour pas nécessairement beaucoup plus cher et ce serait plus "plaisant".

Salutations, Robert
SV Caminata
Robert & Carmen
caminata40@hotmail.com
Blog: www.caminata40.blogspot.com

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