24 janvier 2013, en navigation vers Luederitz, Namibie
Récit 235- Un nouvel équipier sur Cat Mousses
Pierre nous est arrivé comme prévu, le 15 janvier, il avait fait bon voyage et nous l'avons trouvé en forme. D'ailleurs, après toutes ces années, je dois dire que j'ai été surprise de voir à quel point il n'avait pas changé. Un tantinet plus blanc bien sûr, mais toujours aussi svelte.
Pierre Charpentier, c'est un administrateur médical que nous avions connu à Valcartier à l'époque, et avec qui j'avais eu l'opportunité de travailler sur un dossier en 1997. Aujourd'hui réserviste et âgé de 59 ans, il commande la 55e Ambulance de campagne. Comme il a un intérêt pour la voile, il s'est dit, quoi de mieux que de l'essayer avant de s'engager à acheter. Il a réussi à se libérer de ses engagements pour venir nous rejoindre, et c'est avec joie que nous l'avons accepté comme membre de l'équipage. C'est un bel échange. Ça apporte un sang neuf dans notre dynamique familiale à bord, tout en faisant partager à un équipier, un moment de l'aventure Cat Mousses: chacun y trouve son compte. Ce soir, Milo-One sont invités sur Cat Mousses pour un boeuf bourguignon. C'est la ronde de plusieurs soirées entre amis qui s'amorce.
Dès le lendemain matin, Pierre et René vont finaliser les papiers pour la demande de visa de Pierre (pour le Brésil). On nous dit que ce sera prêt dans deux jours (vendredi). En PM, Pierre prend le bus rouge (hop on, hop off) pour faire un premier tour de ville de Cape Town. De notre côté, on se fait une petite partie de mini-golf en PM avec Sabrina et Oscar de Milo-One. C'est Nicolas le grand vainqueur, il a joué comme un pro. Ce soir, nous sommes reçus sur le bateau de nos amis brésiliens 'Matajusi'. Lilian et Sylvio veulent nous faire goûter un repas traditionnel de Feijoada (un ragoût de porc et de fèves noires, servi sur du riz blanc), le farofa (accompagnement à base de farine de manioc) et le caipirinha (une boisson rafraîchissante sucrée à base de citron). Nous rencontrons un couple d'Australie du bateau 'Mr. Curly' des amis de 'Matajusi' qui sont aussi invités.
Jeudi le 17, Pierre nous quitte pour une autre journée de tourisme à bord du bus rouge. Cette fois, il s'arrête à Table Mountain et profite d'un après-midi à la plage dans le secteur de Clifton/ Camps Bay. Ce soir, nous restons bien tranquilles sur Cat Mousses.
Le vendredi, Pierre profite de la journée pour participer à un tour guidé du Cap de Bonne Espérance et ses beaux paysages le long du littoral, incluant un arrêt à Simon's Town pour voir les manchots. Nous restons au bateau et René récupère le visa de Pierre, qui est prêt dans le délai de deux jours promis. Il réussit enfin à mettre la main sur un des deux envois de livres de cours du CNED de Thomas. Le deuxième envoi n'est toujours pas arrivé. De toute façon, avec le vent qui vient de se lever, nous ne pouvons pas partir avant lundi, alors on a encore le temps. Cet après-midi là, René et moi cuisons une sauce à spaghetti que nous scellons dans des pots Mason. Ce soir, nous avons de la visite pour souper. Nous recevons Frédéric (qui nous a prêté sa voiture pendant les vacances) ainsi que sa femme Stéphanie et trois de leurs quatre enfants (Oscar 5 ans, Vincent 4 ans, Hugo 3 ans).
Le samedi, routine habituelle des classes du matin, mais l'après-midi est consacré aux projets de maintenance de dernière minute. René reste au bateau à travailler sur les moteurs alors que, de mon côté, je vais visiter 'Body World's' (une exposition détaillée des os et tissus internes du corps humain) avec les enfants. Ce soir, il y a souper d'adieu sur Milo One. On se fait une pierrade: d'abord les enfants, puis les adultes. Evidemment, sur les Milo One, les soirées sont toujours bien arrosées et suivies de la danse jusqu'aux petites heures du matin. Ceci n'aide en rien la guérison de Pierre, qui combat une vieille sinusite qui tente de refaire surface pour se jeter dans ses poumons.
Ainsi, il reste sagement au bateau pour la journée du dimanche pour faire de la lessive, de la maintenance personnelle, transfert de photos, vidéos et autre.
Pour notre part, nous partons en taxi pour le bidonville de Langa en compagnie de Milo One. Depuis le temps que je le demande, ce matin nous allons enfin assister à une messe où on nous a promis qu'il y aurait des chants 'Gospel'. On ne s'est pas trompés, quelle belle expérience nous avons vécue. C'était une beauté de voir ces paroissiens souriants, tout endimanchés et heureux de nous voir parmi eux. Sabrina, qui fait des photos extraordinaires, s'est gâtée à souhaits, photographiant tout ce qui bougeait; pendant que René filmait le Gospel.
Les gens, dans cette église Baptiste, nous ont semblé en transe: ils priaient, dansaient, chantaient. Une ambiance indescriptible, c'était vraiment intense, ça donnait la chair de poule. On voit bien que ces gens ne vont pas à la messe par obligation, mais plus par conviction. Quand on voit ça, on ne peut pas faire autrement que de se sentir totalement coincés dans notre carcan de pratiques religieuses traditionnelles. Peut-être obtiendrait-on de meilleurs taux de participation avec quelque chose de plus dynamique.
Suivant la messe, nous sommes partis vers le jardin botanique de Kirstenbosch pour faire un pique-nique et une géo-cache, notre dernière en Afrique du sud. Nous sommes revenus tôt pour finaliser nos préparatifs de départ et nous coucher tôt.
Le lendemain, lundi, René termine les procédures de sortie du pays et met enfin
la main sur le dernier colis attendu pour Thomas. Après un 'lunch' rapide, nous larguons les amarres vers 13h00, pour ce qui sera un 4 jours de navigation. Nous naviguons sous vent arrière, tantôt au spi, tantôt au génois.
L'après-midi de notre deuxième journée en mer, alors que le capitaine dort, les garçons remontent une belle sériole que nous mangeons en Fish & Chips pour le souper. Malheureusement, Pierre n'a pas pu y goûter, il avait le coeur au bord des lèvres juste à sentir et nous regarder manger. C'est que quelques heures après notre départ, il s'est mis à être malade. Son souper a passé par-dessus bord tel une bombe, et depuis, plus rien ne rentre. J'ai sorti le petit kit du parfait combattant en mer: la bouteille d'eau et les biscuits soda. Voyons si son corps se replacera de façon naturelle où s'il devra s'en remettre au gravol. En attendant, il nous trouve l'estomac pas mal solide quand il nous regarde manger.
Aujourd'hui, quatrième journée de navigation, les estomacs se replacent. Pierre a recommencé à grignoter tout doucement hier et son corps s'est montré conciliant. Aujourd'hui il a enfin pu prendre ses repas avec nous. Fiou, nous sommes tous soulagés de voir qu'il a réussi à remonter la pente naturellement. Il a même pu recommencer à aider Nicolas et Antoine avec leurs maths. Il voudrait bien participer aux quarts de nuit, mais il vaut mieux attendre que la santé soit remontée à 100%.
Nous avons pêché deux nouvelles sérioles ce matin, mais nous n'avons gardé que la plus petite, remettant l'autre à l'eau. René l'a cuite sur le BBQ et je l'ai préparée en curry de poisson Thaï aux légumes, pour le repas du soir.
Côté navigation, les vents sont toujours arrière. Il est 04h15 AM, je suis de quart, nous sommes sous génois réduit, les vents soufflent entre 25 et 30 noeuds et nous faisons une vitesse de 6 à 7 noeuds. Il fait un froid de canard! Le courant de Benguale dans lequel nous nous trouvons, arrive directement de l'Antarctique. Anne, si tu me lis... Figure toi que j'ai ressorti mon habit de pluie 'Gill' deux pièces, mon foulard, ma tuque et mes gants. Il ne manque plus que mes caleçons longs et mes bottes. Et vivement l'Atlantique! Bon disons que je suis peut-être plus frileuse que les autres mais même en plein soleil pendant la journée, je n'arrive pas à retirer ma tuque et mon manteau. Brrr... Ça ne donne pas le goût de se prendre une petite douche en mer. Espérons que le yacht club offre toujours le service de douches.
Nous prévoyons arriver à destination en cours d'avant-midi demain. Je vous reviendrai, lors de notre prochaine navigation, avec nos aventures en Namibie, où nous prévoyons passer environ une semaine avant de mettre le cap sur Sainte-Hélène. C'est dommage de nous arrêter juste au moment où nous commencions à nous amariner; mais de un on ne veut pas rater le Namibie, et de deux, les vents escaladent trop pour continuer.
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