Rattrapage sur les récits
05 janv 09
Rodney Bay, Ste-Lucie
Ouf, je commence à accuser un sérieux retard sur mes récits. C'est qu'on est pire que des girouettes. Ca ne fait pourtant que 8 jours que je n'ai pas écrit mais j'ai l'impression que ça fait une éternité. C'est qu'on en a fait des choses! On fait un bond d'une île à l'autre, une visite éclair et hop on est repartis. Parfois on fait même plusieurs îles dans la même journée. Le temps passé en mer dans les derniers jours était. si on peut dire. un peu rock 'n' roll et c'est peu dire. quand çase calmait un peu. on pêchait un poisson et le branle-bas de combat reprenait à bord, le nettoyage de la prise, dépeçage et tout alors que maman Taillefer et sa fille épluchions les livres de recettes à la recherche de 'LA' recette de poisson du siècle avant de retomber dans les chaudrons.Ha c'est pas facile la vie de marin!!! Non sérieusement, n'ayez crainte, nous avons soigneusement noté toutes nos adecdotes et péripéties que je vous relaterai ici. Il est 03h30 AM et comme je ne trouvais plus sommeil je me suis levée pour venir écrire question de faire un peu de rattrapage car dès demain nous repartons.
Tous dorment à poings fermés à bord, demain nous reprenons la mer pour la Martinique après une journée et demie de maintenance à Ste-Lucie. Il était grand temps que nous nous arrêtions pour un peu de nettoyage et de maintenance. Alors, assez de bla bla, allons-y! En passant, merci pour toute les lettres et cartes de Noël reçues. C'était fort agréable de vous lire et même les enfants
écoutaient avidement le contenu de vos lettres. Vous lire est un grand plaisir. Merci.
27 déc :
Nous quittons Canouan pour nous diriger vers Mayreau, ce petit coin de paradis qu'on nous a tant de fois vanté. Ne sachant trop où aller sur cette petite île de 3 km carré, nous optons pour la baie de Salt Whistle pour aller mouiller l'ancre. On ne le voit pas d'où nous sommes, mais bien dissimulé sur les abords de cette plage se trouve à cet endroit un petit complexe hôtelier construit par un promoteur Canadien. L'arrêt ne sera que très bref, le temps d'un dîner rapide car il vente sans bon sens t l'ancre chasse (glisse sur le fond rocailleux).
Mayreau a longtemps vécu, principalement, des produits de la pêche des eaux poissonneuses des Tobago Cays. On y aperçoit encore de petites barques de pêcheur, des 'barques de pêche à la voile'. Les plages sont apparemment dorénavant envahis par les flots de passagers que les paquebots de croisière déversent quotidiennement sur les rivages pour aller y faire des 'barbecue-party'. Ces endroits paradisiaques sont envahis également par les plaisanciers,surtout en cette période de haute saison, mais nous réussissons toujours à nous faufiler pour trouver une petite place à-travers les dizaines et les dizaines de voiliers, en grande majorité des 'charters' (location).
Comme le temps s'égraine à vue d'oil et que nous ne savons trop à quel endroit spécifique se trouve le fameux petit resto de Mayreau dont on nous a tant parlé, nous décidons d'abandonner les recherches et de nous diriger vers les Tobago Cays. Quel bel endroit nous trouvons!
Les Tobago Cays ce sont cinq petits îlots perdus dans une multitude de coraux, accessibles par de multiples passes, protégées du large par une grande barrière de corail appelée le 'Horse Shoe Reef'et le 'World's end Reef'. De l'eau vert émeraude, des fonds clairs, des plages de sable blanc bordées de palmier, et des récifs de corail tout partout autour. Un véritable petit paradis. Les 'boat boys' accourent de partout brandissant fièrement les langoustes encore vivantes qu'ils viennent de pêcher et qu'ils nous offrent d'acheter. Toujours pour des prix d'amis bien sûr!
Nous nous trouvons au mouillage, derrière l'île de Baradal. Nous partons en 'dinghy' pour aller explorer l'île en espérant y apercevoir des tortues et des iguanes. Les eaux sont agitées, il vente encore beaucoup. Nous revenons bredouille mais tout de même nous sillonnons l'île à pied et Thomas et Nicolas y trouvent plusieurs Bernard l'ermite. Catherine ramène. encore des piqûres de moustiques et Antoine des épines de cactus sous les pieds. Ha! La vie d'aventurier!
De retour au bateau, Thomas et Catherine continuent de plonger et aperçoivent sous le bateau, plusieurs poissons et même une raie. Antoine lui se baigne prestement mais ressort aussitôt, c'est qu'il dit qu'il n'a qu'une 'petite baigne'. Nous nous esclaffons. Il y en a qui ont une petite soif, d'autres une petite faim, et puis d'autres qui ont une petite baigne!
28 déc :
Aujourd'hui c'est la farniente dans les Tobago Cays. Le vent a baissé un peu, nous partons en dinghy faire du 'snorkling' dans le 'Horse Shoe Reef'. Quelle beauté! Juste là sous nos yeux, on peut apercevoir d'innombrables espèces de petits poissons qui nagent à travers les récifs. C'est magnifique. Nous avons peine à croire ce que nous voyons. Catherine apprend finalement à respirer avec son tuba, une vraie championne. Elle et Thomas passent des heures sous l'eau. Nicolas plongerait bien avec son plâtre. il continue de compter les jours patiemment.
Puis nous partons explorer l'île de Petit Bateau et Petit Rameau. Les enfants voient alors leur premier iguane. Nous y rencontrons des français qui s'affairent à préparer des langoustes sur le barbecue pour le festin du dîner. Ca nous met l'eau à la bouche. De retour au bateau, notre " boat boy " de la veille repasse avec ses langoustes, nous ne pouvons plus résister. On achète! Une belle grosse langouste vivante de 6 lbs. Il la coupe en deux devant nos yeux dans sa petite barque et nous offre de nous emmener sur une île pour nous la préparer sur la plage. Nous préférons la cuire nous même sur notre barbecue dans le bateau.
Tous s'affairent. On prépare du beurre à l'ail maison, des pains grillés à l'ail, une salade d'avocat, tomates et fromage feta, le tout accompagné d'un vin blanc bien glacé. Un festin dont nous nous souviendrons longtemps! Le reste de la PM est passé en faisant bien sûr un petit somme (la bedaine bien pleine)
puis encore un peu de snorkling et de cuisine. Je cuis deux pains dont un aux bananes.
29 déc :
C'est bien beau tout ça mais il faut continuer notre route. Il y tant à voir. Nous partons aujourd'hui pour l'île d'Union. Cette île de 7 km carré , au relief élevé et accidenté était verdoyante et très cultivée. Elle a compté jusqu'à 5000 habitants à la fin du XIXième siècle. Puis tout fut abandonné et les quelques habitants restants, pêcheurs et petits cultivateurs se sont répartis dans les deux villages, soit Ashton et Clifton. L'île compte présentement environ 2000 habitants. Nous choisissons de mouiller dans le Clifton Harbour. On y aperçoit la piste d'atterrissage de l'aérodrome qui longe le port ainsi que l'hôtel- restaurant construit par un français de Martinique à la fin des années 60.
Nous débarquons à terre, c'est que nos finances commencent à être basses. Nous roulons sur les 'fumes' ce sont les enfants qui nous financent avec leurs petites fortunes et ce n'est pas peu dire. Nous n'avons plus un sous. C'est que nous n'arrivons pas à sortir d'argent d'aucun guichet que nous rencontrons depuis quelques temps. Dans les îles de Grenadines de St-Vincent les NIP bancaires doivent compter quatre chiffres. Comme nos NIP ont cinq chiffres, nous ne sommes pas chanceux. et la banque vient évidemment de fermer. Mais finalement, une dernière tentative de René en fin de PM porte fruit. Une de ses cartes finit par fonctionner. Ouf! C'est fête au village, on a enfin de l'argent!! On se lance à l'épicerie et chez le marchand de fruits et légumes. Les quelques petites emplettes
sont fort appréciées par l'équipage. Au retour nous soupons de Red Snapper que nous avions acheté d'un 'boat boy' à notre arrivée et qui a mariné tout la PM. Délicieux!
30 déc :
Ce matin nous partons explorer les dernières îles des Grenadines. Nous commençons par l'île de Morpion. Un minuscule petit îlot de sable sur lequel on trouve pour toute occupation qu'une petite paillote, soit un petit parasol avec un toit de paille. C'est absolument magnifique. Une île déserte, toute minuscule, une toute petite 'patch' de sable coiffée d'un parasol. C'est magique. Il était tant qu'on y arrive. Nous sommes les deuxièmes à occuper l'île ce matin. Juste le temps de prendre une photo et puis déjà près d'une dizaine de voiliers mouillent. L'île sera envahie, nous quittons juste à temps mais nous avons pris le temps de faire du 'snorkeling'. Il y a si peu d'eau que notre petit Nicolas réussit finalement à faire, lui aussi, du 'snorkeling'. On lui tient le bras en l'air. Il est enchanté. Pauvre petit pit qu'il a hâte d'enlever ce plâtre. Il nous a déjà commandé un buffet pour célébrer l'événement lorsque nous lui retirerons son plâtre. Il planifie d'abord sauter à l'eau avec son plâtre , puis on le coupe et pour souper ce soir-là, il veut un buffet spécial! Maman Taillefer et moi avons déjà bien des idées pour le menu.
Nous partons ensuite pour 'Petit St-Vincent', dernière île des Grenadines de St-Vincent. Nous mouillons devant l'île, dînons, nageons jusqu'à l'île, explorons un peu les fonds poissonneux et repartons. Nous atteignons ensuite Carriacou, première île des Grenadines de Grenade. Son nom viendrait de l'appellation amérindienne 'Karyouacou' et ses premiers colons auraient été des Français, pêcheurs de tortues. Carriacou avec ses 7000 habitants est la plus grande et la plus peuplée des îles Grenadines avec sa superficie de 30 km carré.
A la pêche et au commerce maritime s'ajoute le commerce d'alcool. En effet, les habitants de l'île possèdent la réputation de contrebandiers. On dit qu'il est plus facile de trouver un commerce de spiritueux qu'un poste à carburant sur cette île. Nous nous arrêtons d'abord à Hillsborough, une petite bourgade, chef-lieu de l'île. C'est à cet endroit que se trouve la douane, quand la motivation est passée, certains de ces gens n'y étaient pas, je vous jure!
Ouf! Une femme est couchée sur le bureau à se manger les ongles et à regarder le bureau alors qu'un homme lui, gratte une noix de muscade avec un petit canif et ne lève même pas les yeux vers nous lorsque nous lui adressons la parole. René en bon politicien réussit quand même à obtenir son droit d'entrée à force de les flatter dans le sens du poil. Nous repartons avec ce que nous voulions, cette fois vers la baie de Tyrell, l'un des mouillages les plus tranquilles des Grenadines. dit-on! On est loin des Tobago Cays, ca ressemble plus à un port industriel sale mais tout de même, nous descendons à terre pour aller souper dans un petit resto aux abords de la plage. Nous sommes assis dans une espèce de petite cabane sur pilotis qui surplombe la plage et qui nous offre comme toile de fond, le soleil qui s'efface tranquillement. Nous y sommes seuls puisque c'est juste l'espace d'une table à pique-nique. Nous passons une très agréable soirée.
31 déc :
Nous voilà repartis, cette fois pour Grenades où nous passerons deux jours à quai. On se paye un luxe. Chemin faisant nous pêchons deux poissons. Un barracuda de 6 lbs (25 pouces) et un autre que nous mettons un moment à identifier. Il s'agit d'un thon banane ou 'Wahoo' de 8 lbs (37 pouces). Nous mangeons le thon en papillote pour le dîner et le barracuda pour souper, cuisiné au thermomix avec une recette de Tilapia à l'aigre-douce. Avant souper, nous partons en ville question de voir un peu
si nous ne pouvons pas nous trouver un tour guidé pour le lendemain. Un autobus s'arrête pour nous ramasser, les autobus sont des camionnettes (fourgonnettes) 15 passagers. René s'assoit avec le chauffeur et avant même de débarquer, le marché est conclu, le chauffeur (Joseph) se porte volontaire pour nous faire un tour guidé de l'ile le lendemain. Nous descendons et nous retrouvons je ne sais trop comment au beau milieu d'un rassemblement de chauffeurs de taxis, là où les bateaux de croisière s'arrêtent.
Ces derniers nous convient à nous joindre à eux et en l'espace d'un éclair, ils nous glissent une bière dans la main et des jus pour les enfants qu'ils nous offrent gracieusement et nous nous lançons dans une conversation avec eux. 'This is the Grenada way' qu'ils nous disent. Ca c'est chaleureux comme accueil! Un peu différent de l'accueil de la veille à Carriacou. Nous continuons notre route à pied et nous arrêtons dans un petit centre commercial. Antoine s'achète avec les sous
reçus de tante Gervaise, un petit 't-shirt' de Grenade (son julet) comme il l'appelle et un porte-clé. Thomas s'achète un badge à l'effigie des Grenades. On revient au bateau, soupons de notre barracuda et passons le reste de la soirée à jouer à des jeux de société en attente de défoncer l'année sous les feux d'artifice et avec champagne.
1 janv :
Au réveil on se part deux petites brassées de lavage puisque nous sommes à quai, puis nous nous concoctons un déjeûner du Jour de l'An très élaboré comme ceux qu'on se faisait à la maison : oufs brouillés, bacon, beans, cretons, toasts au pain de ménage, patates et mimosa s.v.p. Mmm! Ca fait du bien à la bedaine. A midi notre fidèle chauffeur de taxi 'Joseph' nous attend avec un taxi étincelant de propreté. Il nous promènera plus de cinq heures durant, nous faisant explorer l'île dans les moindres racoins, s'arrêtant d'innombrables fois pour nous montrer les fruits et légumes de différents arbres : mangues, pamplemousses, bananes, plantains, 'breadfruit', caramboles, muscade, sorrel, cacao, coconut, golden apple, guava, tamarine, papaye, canne à sucre, bamboo, callalou, tout y a passé. Il nous a emmené à une chute et bain naturel, Catherine et Antoine s'y sont baignés. Il nous arrête partout, nous paye une bière, nettoie à nouveau son taxi à chaque fois que nous descendons. Un service impeccable!
Il nous a également surpris par l'étendue de sa culture en nous brossant un portrait socio-culturel et géo-politique fort complet, nous décrivant en long et en large l'histoire de cette petite île qui fut originellement baptisée sous le nom de 'Conception. Plus tard des navigateurs espagnols lui donnèrent son nom actuel, comparant ses sommets verdoyants aux montagnes dominant la ville andalouse de Granada. De par sa culture intensive de la noix de muscade, l'île est aussi couramment appelée l'île aux épices.
Joseph nous parle de l'abolition de l'esclavage, du suicide des Caraïbes que l'on voulait faire esclave. L'endroit sur la falaise d'où ils ont sauté est maintenant appelé le 'Morne des Sauteurs'. Ces Caraïbes ont préféré s'enlever la vie plutôt que de devenir esclaves. Cette île tient le statut d'État indépendant et est membre du Commonwealth depuis 1974. Leur leader Maurice Bishop, porté au pouvoir en 1979 s'entoura de conseillers cubains et fut assassiné par ses opposants peu après.
Nous sommes justement allés au Fort St-George où il fut tué et les enfants ont eu plusieurs questions à poser à ce sujet. Puis les Américains ont envahi l'île afin de renverser les conseillers cubains. Un gouvernement plus conservateur succéda les ex-dirigeants progressistes. Le gouvernement déploie de grands efforts pour relancer le secteur économique mais en septembre 2004, l'île fut frappée par Yvan, un cyclone d'une rare violence dont on voit encore les vestiges sur certaines
infrastructures qui n'ont toujours pas été rebâties à ce jour.
L'île comporte 102 000 habitants dont 20 000 au sein de la capitale de Saint-Georges. Nous passons par le célèbre " Sendall tunnel ", construit par les Français au XVIII siècle et visitons le Fort Georges (l'ancien Fort Royal des Français). Nous terminons la visite avec un arrêt au marché de fruits et légumes et un dernier à la boulangerie et revenons au bateau, enchantés de notre visite de l'île. Comme souper du Jour de l'An nous
nous faisons des sushis en entrée puis une fondue bourguignonne. Wow! Il y a longtemps que nous en avions mangé. Nous avions d'excellentes petites sauces dont une sauce béarnaise préparée au Thermomix. Nous avions même des petites patates cuites au barbecue par notre excellent Barbecue man. C'est au cours de ce souper que nous exposons nos résolutions respectives pour l'année 2009.
Anecdote d'un certain membre de l'équipage
J'avais toujours cru que je pouvais compter sur ma fille . jusqu'à ce jour!! En visitant la Grenade, je fus attaquée par un chien galeux en manque d'affection. En essayant d'entrer dans notre véhicule taxi, pour fuir cet affreux petit toutou, je me suis fait fermer la porte au nez par ma propre fille. Qui suis-je? Elle préférait laisser sa maman dehors plutôt que de laisser entrer Jappi toutou!! Elle m'affichait un grand sourire pour ne pas dire un fou rire à travers la fenêtre du taxi. Heureusement
que mon gendre était encore dehors pour venir à mon secours si non je serais sans doute morte le premier de l'an 2009!!!
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