2145 : L’ancre tombe dans la rade de Matthew Town, à Great Inagua. En fait, on a brulé toute l’essence qu’on transportait et il faut s’arrêter pour en acheter. Aussi, au lieu de rejoindre la côte d’une seule traite, on va passer sous le vent de la chaîne des Exumas, où la mer est moins grosse et où on peut se mettre à l’abri en cas de mauvais temps. Ce sera plus long, mais plus sécuritaire.
31 mars
L’endroit est déprimant. Chaud. Je m’y étais déjà arrêté au cours de mon premier voyage aux Antilles, mais la réalité est pire que le souvenir que j’en avais gardé. On s’y arrête surtout pour acheter de l’essence. Le compteur de la pompe ne fonctionne pas et il faut mesurer la quantité d’essence en la versant dans des contenants d’un gallon avant de la transvider dans le réservoir. On n’achète presque rien dans l’unique magasin, sauf du beurre de pinotte introuvable à Cuba, un litre de lait UHT et deux boîtes de thon, en raison des prix très élevés. Heureuse surprise tout de même, j’avais lu dans un guide de croisière qu’il fallait payer 300$US pour avoir le droit de naviguer dans les Bahamas, mais ce tarif est pour les bateaux de 40 pieds et plus ; pour Jean-du-Sud, ce n’est que 150$.
On en repartira à 1330 vers Castle Island, au sud de Acklins Island, à 78 milles, cap 330 V.. Petite brise de SSE qui tombe vers 16 heures et on met le moteur, à 4 nds pour économiser l’essence. Il fait très chaud en l’absence de vent. On s’asperge d’eau de mer.
1800 : Un peu de vent de NNE. GV, grand génois tribord amure, au près, 4 nds.
Au cours de la nuit, le vent forcit et adonne, Keven affale la GV pour courir sous génois seul.
1er avril
0100 : Le vent ayant molli, on renvoie la GV. Et comme il a viré au SSE, on tangonne le génois à tribord.
O530 : On passe à 2 milles de Castle Island qui d’après la carte, porte un feu, 3 éclats aux 20 secondes. On ne l’a jamais vu. Est-ce pour cela qu’à la douane à Great Inagua, on nous a demandé, entre autres questions, combien de gps on avait à bord ? Pour leur dispenser d’entretenir leurs feux ?
Il faut maintenant lofer un peu pour viser Long Cay. Détangonné et empanné le génois à tribord. On largue aussi un des deux ris, le vent ayant molli.
0800 : On renvoie le grand génois à tribord et le petit à bâbord pour courir grand largue dans une brise d’une dizaine de nds, vitesse autour de 5 nds.
En après-midi, on est abordés par une vedette de la garde côtière des Bahamas qui met à l’eau un zodiac pour venir vérifier nos papiers et s’assurer qu’on avait bien payé les 150$ pour le droit de croiser dans leurs eaux.
2 avril
Toute la journée et la nuit, puis la matinée, on court sous petit génois et gv parfois à un ris jusqu’à Galliot Cut, à 250 milles de Great Inagua.
1300 : On prend la passe de Galliot Cut. Toujours vent SSE 12 nds, reçu sur la hanche tribord. Waypoint à Harvey Cay, 12 milles , puis on se dirige sur le banc vers Nassau, à 80 milles pour laisser passer le coup de vent annoncé par Nycole pour le 4 – 5 avril.
1700 : Devant Harvey Cay, on oblique vers le NW, vers Nassau. Le vent, du SSE, a molli et la vitesse est tombée à 3,5 – 4 nds.
1900 ; Plus de vent. Moteur.
3 avril
0100 : Brise de sud. On déroule le petit génois tangonné à bàbord et hisse le grand à tribord.
0400 : Ça forcit en virant au SW. Roulé le petit, 1 ris à la gv.
0500 : Affale la gv.
0630 : Renvoie la gv, le vent ayant molli.
0830 : On oblique vers le nord, ayant passé Southwest Reef. Déroulé le petit génois à bâbord pour courir vent sur la hanche babord.
0900 : Le vent est trop faible pour le régulateur ou le pilote ; faut barrer à la main.
1100 : Un peu de vent de SE. On envoie le spi, que le pilote gère.
1330 : Le vent tombe. Moteur.
1400 : Le vente se lève du NW, puis tourne au NE en forcissant à 15 nds. Comme on est à 13 milles passé Nassau, on décide de revenir à Nassau, car c’est sans doute le début du coup de vent annoncé par Nycole pour le 4, qui arrive en avance. On espérait avoir le temps de nous rendre à Freeport, mais le vent debout arrive plus tôt que prévu.
1645 : Mouillage à Nassau. Ce soir, on soupe à terre ! Je ne suis pas fâché de prendre une journée ou deux de repos avant de reprendre la mer.
Les prévisions météo pour le reste de la semaine indiquent du gros vent plus au nord, vers Beauford et Hatteras, alors on décide de traverser vers la Floride pour faire la route vers vers le nord par le Inland Waterway. On resortira en mer lorsque la météo sera favorable.
On profite de deux jours de repos à Nassau ; on y rencontre plusieurs voiliers québécois en escale comme nous et on papote largement.
6 avril
Le vent souffle de l’ENE à 20 – 25 nds, mais si on ne part pas ce matin, on risque de se retrouver vent debout plus tard en traversant le Gulf Stream vers la Floride. On hésite à partir mais comme nos ancres chassent, il faut les relever de toute façon, alors on décide d’aller voir comment est la mer à la sortie du port ; si elle est trop forte, on reviendra pour repartir en soirée. Mais en sortant du port, la mer est grosse, mais maniable. Ça saute, mais rien de dangereux, alors on décide de continuer, en ne portant que le petit génois. Vitesse 5 – 6 nds, vent sur le travers.
Au cours de l’après-midi, le vent mollit un brin.
1730 : On arrive au waypoint de Northwest Channel, où on entre sur le banc. Le vent a molli un brin et viré un peu à l’est.
1830 : On envoie la grand voile, toujours à 2 ris.
1900 : On largue un ris.
Toute la nuit sur le banc. Le vent varie, mais nous permet une vitesse voisine de 6 nds.
0500 : On sort du banc à Bimini.
0700 : Le vent refuse vers l’ouest. À cause du courant du Gulf Stream qui nous dépale vers le nord, on ne peut pas tenir le cap pour Hillsboro Inlet, où on espérait entrer, our rendre visite à Denis Lacerte, le frère de Céline, qui a une maison à Deerfield Park. On essaie le moteur, mais il y a trop de mer et trop de vent. On est condamnés à la voile. Si on ne peut pas entrer à Hillsboro, on entrera à West Palm Beach, une vingtaine de milles plus au nord. Mais la météo prévoit que le vent mollira en après-midi, cela nous permettra peut-etre d’entrer à Hillsboro au moteur.
Le vent mollit en mi-journée et on largue les ris, mais on est déjà passé Hillsboro. C’est tout juste si on peut tenir au près serré le cap pour Lake Worth Inlet et West Palm Beach.
1300 : On est à 23 milles de WPB.
1500 : Le vent mollissant et la mer s’apaisant, on met le moteur, car à la voile, on ne serre pas suffisamment le vent pour entrer à WPB.
1700 : On entre à Lake Worth Inlet, à WPB.
1730 : On mouille l’ancre entre Peanut Island et Riviera Beach, à WPB. On réussit à téléphoner à la douane qui nous donne un numéro d’entrée, mais on a 24 heures pour passer à l’immigration à Riviera Beach montrer nos passeports.
Vendredi 8 avril
Denis et France viennent nous chercher en matinée pour nous emmener à l’immigration présenter nos passeports, puis nous invitent pour le lunch chez eux à Deerfield Beach. Denis nous ramène vers 1530 après un détour par le supermarché. Mais à notre arrivée, la marée est basse et Jean-du-Sud est planté dans la vase. Il faudra attendre 1800 avant que la marée ait remonté suffisamment pour nous permettre de partir. On mouille vers 1900 dans un petit bassin quelques milles plus loin.
Samedi 9 avril.
Le vent étant du nord, assez fort, on continue dans le Waterway. Toute la journée, on butte dans un clapot assez fort parce que le waterway est large ; les embruns nous frappent sur la gueule.
1600 : On s’arrête dans une marina pour faire le plein d’essence. En fin de journée, le vent mollit et les embruns cessent, ce qu’on apprécie.
1940 : Mouillage derrière Pine Island (mille 945).
Dimanche 10 avril
Lever à 0615, départ aussitôt. Toujours vent du nord, mais léger.
1000 : Réservoir principal du moteur vide, après 6 heures de moteur. Conclusion, à 5,5 nds, on brûle un gallon US à l’heure.
1045 : Le vent adonne vers l’ENE. On hisse la gv et déroule le génois ; près bon plein, vitesse 5 + nds. Heureusement, le chenal ici est large.
Belle voile toute la journée, près bon plein ou vent de travers ; mouillage à 1945 fdans Mosquito Sound, un peu avant le mille 860.
Lundi 11 avril
Mouillage inconfortable car exposé au sud et toute la nuit, on se fait brasser par un vilain clapot levé par le vent d’est assez fort.
Lever à 0615, on relève l’ancre à 0630. Route sous génois seul à 4,5 nds. Un peu plus tard, on ajoute le moteur, car la terre au vent nous dévente. Mais en arrivant à Ponce Inlet, vers 10 heures, cherchant une marina, on s’échoue gravement sur un banc de sable non indiqué sur la carte. Le bateau talonne sous l’effet de la houle qui entre par l’inlet. On est gîtés à 4à 45 degrés, la houle nous pousse vers le banc. Un bateau de Sea Tow vient à notre rencontre, mais il ne peut nous approcher, il faut en attendre un autre qui sera là dans une demi-heure. Je tente d’utiliser le moteur, car on est gîtés sur bâbord, mais il n’est d’aucune utilité, le bateau est au fond, le moteur presque noyé. Éventuellement, la houle le fait gîter de l’autre bord, donc le moteur est hors de l’eau. Heureusement, la marée monte encore et à l’aide des voiles, on réussira après deux heures d’effort, à nous dégager et à venir mouiller dans le chenal pour vérifier si le moteur marche encore. C’est le cas et on se dégage et vient mouiller devant une marina pas loin.
C’est la goutte qui fait déborder le vase. J’étais déjà fatigué et cette aventure me rachève ; le voyage pour cette année s’arrête ici. Keven téléphone à son ami Vincent Berhet pour lui demander s’il peut nous amener le camion et la remorque, mais lui ne peut pas et il a peut-être un ami qui pourrait le faire, pour le prix du billet d’avion qu’il faudrait débourser pour que je rentre à Montréal. On attend de ses nouvelles. S’il n’y a personne, je rentrerai en avion chercher camion et remorque, mais cela ne m’amuse guère de faire la route aller et retour.
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