2009-03-12
De etoiledelune
Positions GPS des archipels des Aves
Aves de Barlovento: Latitude: 11°56N Longitude: 067°25W
Aves de Sotavento:Latitude: 12°03N Longitude: 067°41W
Episode 5
Lanchas, peñeros et pêcheurs du Venezuela
Bonjour,
La lancha est un bateau traditionnel des pays d'Amérique latine. Partout autour du continent, ces bateaux en bois de dix à dix-huit mètres de long sillonnent le rivage. Ces bateaux traditionnels sont utilisés pour la pêche, le transport de marchandises aussi diverses que le gaz, l'essence, les noix de coco, les légumes et les fruits. Chaque lancha a sa spécialité et part pour des campagnes de quinze jours à un mois. Les marins loin de tout, de leur famille et des plaisirs de la terre vivent dans une promiscuité qui tutoie l'abnégation de l'être.
La lancha est munie d'un toit et d'une console centrale qui abrite le poste de pilotage, des bannettes superposées et un moteur de camion. A l'arrière du bateau, une cuisine spartiate permet de préparer les repas. Pour faire la vaisselle, ils ne s'embarrassent pas. Ils disposent une petite caisse en plastique dont le fond est ajouré. Ils la placent en porte à faux sur la galerie arrière, d'un coup de seau d'eau de mer la vaisselle est vite faite. A l'avant du bateau, sous le plancher, se trouve la réserve réfrigérée. Les lanchas embarquent en moyenne pour quinze jours de glace. Le moteur leur permet de garder le froid. Sur le plancher, les pêcheurs débitent le poisson. D'un coup de seau ils nettoient les restes d'écailles et de viscères puis ils étalent au même endroit leur tapis pour dormir...
Il ne faut pas confondre lanchas et peñeros. Si la lancha est habitable, le peñero ne l'est en principe pas. Je précise en principe, car la vie de pêcheur dans les pays tropicaux impose parfois de vivre dans des conditions bien difficiles. Le peñero est une barque fuselée en bois fortement motorisé. On voit de plus en plus de peñeros en plastique. Les peñeros se trouvent en général près des côtes et pêchent à l'intérieur d'un périmètre de 30 milles. Il n'est pourtant pas rare de les trouver à 50 milles voire beaucoup plus du littoral. Ces incursions en haute mer sont en général accompagnées d'une lancha. Dans ces cas-là, le peñero pêche pour elle.
Les grosses lanchas viennent déposer leurs pêcheurs sur des îlots éloignés du continent où une cabane mal fagotée abrite leur sommeil et leur vie de reclus. Ils parcourent dans leur peñero fortement motorisé le récif de long en large et à longueur de journée. Ils pêchent langoustes, lambis, poissons et parfois même les tortues. Les pêcheurs restent sur ces îles désertes pour des campagnes qui dépassent trois mois. Lorsque les vents soufflent au-delà de 25 noeuds, ils doivent arrêter leur activité, leurs barques qui rasent la surface de l'eau ne leur permettent pas de braver une grosse mer. Ils restent alors à l'intérieur du lagon et prélèvent dans la mangrove les appâts qui leur permettront de travailler au moment où le vent se calmera.
Les lanchas dont ils dépendent font la navette entre les Aves et Curaçao ou entre les Aves et le reste du Venezuela. Pendant l'absence des lanchas, les pêcheurs gardent leurs prises vivantes dans des viviers qu'ils construisent à l'aide de corail mort et de coquilles de lambis. Dès que les lanchas arrivent, les peñeros sans relâche pêchent au filet, aux fusils, à la traîne afin de remplir les cales réfrigérées des lanchas.
Lorsque les lanchas repartent vers le continent, elles laissent aux pêcheurs, une réserve d'essence pour les moteurs hors-bord, une réserve d'eau (qu'ils complètent souvent en venant nous voir), une réserve de riz, de farine de maïs, rarement des fruits et des légumes. Outre la pêche, ils prélèvent les oeufs des fous qui améliorent leur ordinaire.
Rien de superflu, comme vous le voyez...
Comportement à adopter avec les pêcheurs:
Ils viennent régulièrement nous voir, pour nous demander de l'eau potable, des piles, des allumettes, un tuba, un masque, un outil ou une pièce de rechange pour leurs moteurs. Ils nous demandent la météo à venir ou tout simplement ils discutent un peu. Bien que nous ne fumons pas, nous avons toujours des cigarettes ou une petite bière à leur offrir. Lorsqu'ils viennent, nous sommes à leur écoute, tout simplement. Souvent, la peur de l'autre engendre des comportements de retrait ou agressifs. Il est parfois difficile de trouver la juste mesure entre ouvrir sa porte en grand à l'inconnu et la fermer par peur de celui-ci. Les extrêmes ne sont jamais bons. Il en est de même dans la relation avec les pêcheurs. Il est important de garder une distance qui permet d'assurer votre sécurité. Faire monter à bord un pêcheur dès le premier contact n'est pas nécessaire. Soyez naturels, gardez à l'esprit que votre bateau représente un réel coffre fort à leurs yeux. Et en même temps, sachez combien leur vie est dure. Un sourire, une parole gentille, une aide lorsqu'ils la demandent, seront les premiers liens. Avec le temps, vous sentirez de vous-mêmes ceux qui sont dignes de confiance.
Petit conseil : Emmenez avec vous des cigarettes, des bières, du rhum local, des piles, allumettes en plus afin de pouvoir leur offrir...
Parfois le prêt d'un outil leur sera utile. Il est également arrivé que la pharmacie leur soit salutaire. Nous l'avons ouverte, pour soigner un rhume, plus tard pour désinfecter une vilaine blessure occasionnée par un poisson venimeux...
Ils seront tellement ravis de ce que vous leur offrez, qu'en retour, ils vous gaveront de langoustes et de poissons.
Si vous désirez des informations sur les Roques, positions GPS d'accès à la passe de Barlovento, formalités, guide de grand roque pour s'orienter entre les divers bureaux pour obtenir le visa d'entrée... N'hésitez pas à nous les demander nous les tenons à votre disposition.
Amités marines
Nat et Dom de L'étoile de lune
www.etoiledelune.net
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