24 nov 2010
Nouvelle-Calédonie
Récit 162 - Nouméa
Note : Comme ce récit est un peu long, la première page qui parle principalement d'histoire, peut être sautée. A noter que je raconte, dans la deuxième page, l'incident de kite-surf.
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Tel que promis, voici un peu plus de détails sur Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, où nous nous trouvons depuis plus de deux semaines déjà. Les vents tardent à nous offrir une bonne fenêtre pour notre traversée vers l'Australie. Comme il s'agit d'une traversée de 1065 miles nautiques jusqu'à Sydney, on n'a pas le goût de s'enligner dans une mer vilaine alors on attend et en attendant on fait de l'école, on visite tout ce qu'on peut et les enfants s'amusent.
La Nouvelle-Calédonie est devenue une colonie française en 1853 et fut utilisée comme un établissement pénal à partir de 1864. Environ 40 000 prisonniers y furent envoyés jusqu'à ce qu'on l'abolisse en 1897. De 1864 à 1897, le bagne fournit une main-d'oeuvre corvéable qui réalise les grands travaux : routes, bâtiments publics, port et autre, ce qui permet à la ville de se développer en gagnant de l'espace sur la mer par d'immenses remblais. Ensuite, plusieurs de ces ex-détenus et leurs dépendants, sont restés ici pour populer l'île.
Mentionnons que les massifs de la Nouvelle-Calédonie sont extrêmement riches en fer, mais surtout ils recèlent de nickel, surnommé 'or vert'. La N-C avec 20% des réserves de la planète exploitée à ciel ouvert, est le troisième producteur mondial de ce minerai. Ainsi, des colons et des ressortissants d'autres colonies dont les Vietnamiens et Indonésiens, viennent grossir la population de la bourgade qui s'équipe et se développe petit à petit jusqu'à la Seconde Guerre mondiale grâce à l'industrie du nickel. En mars 1942, des troupes américaines débarquent à Nouméa pour faire de la Nouvelle-Calédonie leur base arrière dans la guerre du Pacifique. Elles investissent tous les bâtiments disponibles et procèdent à d'immenses travaux : aéroports, commerces, cinémas, hôpitaux et autre. Nouméa en sera changé à tout jamais. La frénésie retombe à la fin du conflit, jusqu'au boom minier du nickel entre 1968 et 1976, nouvelle période enfiévrée.
Initialement baptisé Port-de-France, le site est souvent confondu avec celui de la capitale de la Martinique. Ainsi, en 1866, le nom est remplacé par Nouméa, seule véritable grande ville de tout le territoire. La population de la Nouvelle-Calédonie se chiffrait à près de 245 000 habitants en 2008. Cette population est composée à 42 % de Mélanésiens Kanaks. Le nom de Kanak est une déformation du vieux mot 'Canaque', utilisé péjorativement au cours des temps coloniaux. Pour le reste, les Européens représentent environ 37% de la population totale, les Wallisiens 8%, les Polynésiens un peu plus de 3%, tout comme les Indonésiens, les Vietnamiens près de 2% et quelques autres nationalités pour 3%. On dit qu'à Nouméa vit le deux tiers de la population totale de la Nouvelle-Calédonie et les Européens constituent au moins 55 % de ce nombre.
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Nous avons été forts étonnés de voir à quel point Nouméa est luxueux. En effet avec ses boutiques luxueuses et certains de ses restaurants (rivalisant apparemment quelques restaurants parisiens), on dit que l'endroit est beaucoup plus 'high profile french' que Papeete à Tahiti. Comme il n'y avait plus de place disponible au quai de la marina de Port Moselle à notre arrivée, nous nous sommes accommodés du mouillage. Nous nous sommes gâtés au cours de cette première semaine en visitant l'épicerie à plusieurs reprises. C'est bien beau le poisson, mais comme nous avions encore pêché quatre bonites en route vers Nouméa, j'avoue qu'un peu de changement au menu était bienvenue de tous. Les enfants eux ont profité de la bibliothèque municipale pour passer plusieurs après-midis en compagnie de leurs nouveaux amis, Robin et Julie du bateau Kangaroo. Ils se sont aussi beaucoup amusés avec l'Optimiste. Comme les vents nous retardent un peu pour notre départ vers l'Australie, nous en avons profité pour visiter plusieurs endroits. Nous avons, entre autre, visité le Centre culturel Tjibaou très reconnu pour son architecture unique. Ses cases à la fois traditionnelles et modernes lui confèrent une allure très particulière. Toutefois ce n'est qu'à notre deuxième tentative que nous avons pu le visiter car la première fois, nous nous sommes rivés le nez à une porte barrée. Nous en avons alors profité pour nous lancer à la recherche d'une géo-cache, ce qui a sauvé notre après-midi.
Ensuite, nous sommes partis passer le weekend à l'ilôt Maître. Comme il n'est qu'à 3 miles nautiques d'ici, Thomas s'y est rendu avec l'Optimiste. L'endroit est très prisé par la population locale le weekend et semble être un paradis pour le 'kite-surf'. Devant cet engouement, notre copain Hervé de Kangaroo n'a pu résister à la tentation de sortir son propre 'kite-surf'. Nous l'avons aidé à tout préparer et installer ses choses. Au moment de partir, alors qu'il était encore à tester son équipement, pieds nus sur le sable de la plage, avant d'enfiler sa planche pour entrer à l'eau. un coup de vent subi l'a emporté dans les airs. Inutile de décrire l'effroi sur nos visages, surtout qu'il eut tôt fait d'aller s'écraser contre un arbre à travers les buissons. Mais il n'était pas au bout de ses peines car le vent l'a emporté de nouveau. René courait derrière lui pour aller le décrocher et l'arrêter dans sa course contre les arbres car lui, de son côté, s'était évanoui et ne contrôlait plus rien. Il a ensuite frappé un deuxième arbre, cassant tous les buissons sur son passage et repartant de plus bel dans les airs. Moi, un peu comme lors du tsunami, je me prenais la tête à deux mains, me sentant complètement impuissante. Nous étions terrorisés. Lorsqu'il a frappé son troisième arbre, René et moi avons finalement réussi à l'immobiliser pour que René, dans un coup de grâce, le décroche à la dernière seconde. Inutile de dire qu'Hervé n'était pas beau à voir. Son visage et son cou étaient couverts de sang, nous ne donnions pas cher de sa peau. Il était plié en deux, complètement paumé et suffoqué suite à ses collisions répétées contre les arbres. D'un calme impressionnant, Murielle, sa femme, lui a alors retiré sa veste pour libérer sa poitrine et le laisser reprendre son souffle. Peu à peu il est revenu à lui. Des secours ont été appelés mais Hervé ce n'est pas un doux et rapidement il a retrouvé son sens de l'humour et il s'est remis debout. Nous l'avons ramené au bateau et avons nettoyé ses plaies tant bien que mal, laissant à l'hôpital le soin de faire le reste, puis nous avons levé les ancres de nos catamarans respectifs pour retourner à Port Moselle. Une brève visite à l'hôpital lui a confirmé qu'il n'avait rien de grave, du moins pas en apparence car ils n'ont même pas songé lui faire passer une radiographie. Bref, tout s'est bien terminé et au bout de moins d'une semaine, ses plaies étaient pratiquement disparues. Depuis, au plus grand soulagement de Murielle, son 'kite surf' est à vendre dans les petites annonces. Hervé a été chanceux dans sa malchance mais son égo en a pris un coup alors que bien franchement, il n'y a rien qu'il aurait pu faire pour éviter cet incident. C'est fort le vent et il ne faisait que tenter d'ajuster son équipement car il avait repéré une anomalie et il essayait simplement d'éviter de partir sur l'eau avant que ce soit réglé.
Le lendemain, comme nous avions fait la location d'une voiture, la famille Cat Mousses est partie en cavale pour visiter l'île. Nous aurions bien aimé visiter la mine de nickel de Thio mais ces visites ne se faisant que de façon mensuelle, il faut réserver très longtemps à l'avance. Nous avons passé une fort belle journée et avons vu de superbes paysages grâce, entre autre, à la recherche de trois géo-caches qui nous ont permis d'aboutir dans de petits paradis. Trois jours plus tard, le 18 nov, notre Catherine fêtait ses 11 ans. Ses frères lui ont préparé des ' pancakes' pour déjeuner puis elle a reçu son cadeau. Nous l'avons surpris avec un IPOD MP5, elle qui en rêvait depuis si longtemps. C'est ce même jour, à Port Plaisance, que nous avons pu faire faire les soudures de notre davier endommagé. De retour, le même soir, dans le mouillage de Port Moselle, nous avons préparé des pizzas maison et un gâteau trois étages et Kangaroo sont venus célébrer avec nous l'anniversaire de Catherine. Julie et Robin avaient préparé une super chasse au trésor sur Cat Mousses pour cacher leurs surprises pour Catherine. Le lendemain, nous avons visité l'aquarium des lagons, un bijou de petit aquarium où l'on a eu la chance d'assister au nourrissage des poissons.
Fatigués du mouillage mouvementé de Port Moselle, nous sommes partis passer le weekend à l'ilôt Amédée où nous avons fêté l'anniversaire de 41 ans d'Hervé avec un petit déjeuner sur la plage constitué d'une tresse (brioche) et yogourt préparés par Murielle, crêpes préparées par Robin et rouleaux à la canelle, la spécialité de notre Nicolas. C'était original comme déjeuner de fête. Nous avons revu, sur cette île, le couple du bateau Tourteau, connu à Mopelia. Comme Céline était alors enceinte, elle est revenue vivre en Nouvelle-Calédonie, pour y accoucher et nous avons eu la chance de voir leur bébé. Nous avons ensuite visité le majestueux phare Amédée, suivant un copieux pique-nique. Ensuite nous nous sommes lancés à la recherche d'une géo-cache introuvable sur l'île. Nous n'avons pas trouvé la géo-cache mais nous avons trouvé toutefois, à notre retour à l'annexe, un tricot rayé bien installé en dessous du réservoir à essence. Nous avons gentiment déplacé notre nouvel ami à l'aide d'un bâton car ces serpents, bien que très jolis, sont venimeux.
De retour à la civilisation de Nouméa pour quelques jours, nous sommes repartis dès le mercredi, vers la baie de Kuendu , pour échapper aux vagues de notre mouillage trop brasseur et mouvementé de Port Moselle. Bien que les vents trop violents de ces jours-ci nous empêchent de naviguer vers l'Australie, nous en profitons au moins pour visiter différentes baies. A cette baie, nous avons rencontré Fabrice, l'instigateur de trois des quatre géo-caches que nous avons trouvées dernièrement. Avec les petits mots que nous avions laissés dans la boîte de ses géo-caches, il avait aussitôt visité notre site internet et connaissait déjà plein de choses sur nous. Il nous avait repéré dans la baie et espérait nous rencontrer, heureux de constater que certains navigateurs font aussi des caches et non seulement les touristes venus par avion. Hier soir, nous avons fait un BBQ sur charbon de bois sur la plage, très sympa comme souper!!
Aujourd'hui nous avons pris l'autobus pour aller à Nouméa terminer nos modalités de départ et nos dernières emplettes. Il est temps qu'on quitte Nouméa, ça fait déjà trois films que l'on regarde au cinéma. Millenium 3 , Les petits mouchoirs (que je recommande fortement) et Crime d'amour. Cet PM j'ai fait des dépenses folles et, en passant devant la vitrine d'une boutique mode, j'ai fait l'erreur d'entrer. J'en suis ressortie avec trois robes, c'est Josée et Isabelle qui auraient été fières de moi. C'est mon petit côté 'femininnne' qui ressort on dirait. Bref, c'est le temps qu'on quitte! On a bien du plaisir mais on a pas mal fait le tour là. Désolée pour la longueur de ce récit. Il est un peu lourd j'avoue mais j'aime bien faire un peu de recherche sur les nouveaux endroits que l'on visite.
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