14:32.179S 146:21.43
Position du mouillage de l'atoll de Ahé, Nord des Tuamotu.
Objet : conclusions d'une belle navigation, notre première passe franchie, premières impressions des Tuam's
Bonjour,
Nous avons mis 5 jours et 5 heures 30 minutes pour parcourir 500 milles. Ce n'est pas une grande performance. L'important n'est pas là. Cette traversée nous a offert les plus grands bonheurs.
Malgré la houle, toujours présente dans le Pacifique, nous avons retrouvé nos marques. Le plaisir de naviguer, et aussi certains repères tropicaux que nous avions perdus. Le climat des Marquises est, certes, agréable aux terriens, surtout dans les années de sécheresses, même si cela fait du mal à la nature. Mais outre cet aspect, je l'ai déjà dit, les Marquises ne sont pas faites pour les marins. Remuantes et raffaleuses, personne sur l'eau n'y trouve un quelconque repos.
En descendant vers la ceinture tropicale australe et en quittant l'influence équatoriale pacifique, nous retrouvons le ciel pommelé, quelques grains qui mettent de l'animation dans la traversée... Ce ciel bleu diaphane entre les gros polochons de cumulus qui tranche tant avec l'outremer de l'océan. Ah, l'océan retrouve sa teinte de bleu infini! L'alizé n'est plus aussi furieux, parfois faible, mais beaucoup moins traître que dans les latitudes marquisiennes où il s'amuse à dévaler d'énormes toboggans qui renferment les mouillages et créent des venturis insatiables entre les îles.
La conclusion globale est très positive pour cette traversée Marquises Tuamotu. Nous avions quelques appréhensions entamant notre descente au moment où la saison cyclonique commence. Mais dans le Pacifique il ne faut pas négliger les phénomènes Ninio et Ninia qui sont plus influents que n'importe quel autre facteur sur l'apparition des cyclones. Cette année, nous vivrons sous la protection de cette chère Ninia et nous ne manquerons pas de vous donner, au fur et à mesure de la saison, des nouvelles concernant le climat dans zone en cette période.
Sinon l'approche des Tuam's est enchanteresse. Ce cordon de cocotiers qui s'égrènent sur l'horizon infini... Une naissance timide d'une terre improbable, la houle qui se calme et se range comme par magie. Et puis, l'approche de la première passe. De l'appréhension dans les coeurs, car nous approchons l'archipel que les marins qualifiaient de "dangereux". Mais c'était du temps de la boussole et de l'astrolabe. De temps de l'ancêtre du sextant. Je me demande combien de marins perdus dans ces eaux, qui paraissent si débonnaires et dont les terres devaient échapper à l'oeil, mais pourfendre les coques sans pitié par nuit noire...
Aujourd'hui, nous sommes à l'heure bénie du GPS traceur. Un différentiel d'à peine quelques mètres est à noter, mais il n'est pas suffisant pour nous induire en erreur. Le Capitaine la main sur la barre, l'oeil du moussaillon rivé sur les écueils, une bonne étude du tableau des prévisions de marée, et puis... le moteur pour appuyer les dernières heures de navigation et nous pointons l'étrave de L'Etoile de Lune pile poil au moment de l'étal. On s'en fait tout un fromage quand c'est la première, mais finalement ce n'est pas beaucoup plus compliqué que de rentrer dans un lagon des San Blas (le courant de marée mis à part!)
A l'intérieur, un grain a eu la courtoisie d'attendre que nous soyons, hors de la passe et dans les grandes profondeurs pour passer. A la différence des San Blas, aux Tuam's, le marquage existe et nous guide jusque devant le village de Ahé. Il y a là, une piscine pas très grande, juste assez pour notre Etoile. Elle loge dans l'eau claire, les couleurs lagons, sur une mer intérieure sertie d'îlots tapissés de cocotiers.
Que rêver de plus?
Un double salto arrière pour atteindre la cabine avant et un bon sommeil réparateur!
A plus,
Nat et Dom
PS : INFO, le logiciel que Dom utilise pour les marées se trouve gratuitement sur Internet et s'appelle Marées dans le monde.
www.etoiledelune.net
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