29 nov 2010
En navigation vers l'Australie
Récit 163 - Départ pour l'Australie
Nous voici enfin partis pour l'Australie et je reprends ma plume pour vous décrire notre première journée de navigation. Pour tout vous dire, nous n'avions pas tellement envie de reprendre la mer mais il le fallait bien un jour. C'est que les vents, depuis notre arrivée en Nouvelle-Calédonie, soufflent sans répit. Les capitaines ont vu une fenêtre s'ouvrir, alors ce matin, après un dernier frottage de coque, nous avons appareillé et quitté la Nouvelle-Calédonie sous un 32 nouds de vent et des vagues de 3 à 5 mètres, idéal non ? J'ai déjà vu mieux pour ma part. Peu après notre départ, nous avons reçu par e-mail une confirmation comme quoi nous aurions à payer un léger supplément de 300$ à notre arrivée à l'île de Lord Howe puisque nous arrivions un jour de weekend. Comme nous ne voulions pas payer ce supplément, il nous fallait décider entre s'arrêter immédiatement pour deux jours d'attente dans un autre ilôt de la Nouvelle-Calédonie ou oublier Lord Howe pour viser Sydney directement. Nous avons choisi Sydney car les jours s'égrainent à vue d'oil et nous n'avions pas envie de risquer de perdre notre fenêtre météo. Seul ombre au tableau, nous n'allions pas être de la partie pour fêter l'anniversaire de Murielle de Kangaroo à Lord Howe.
En ajustant le cap vers Sydney, nous avons légèrement amélioré notre sort, le vent venant désormais plus du côté que de l'avant. J'appuie toutefois sur le mot légèrement car toute la journée nous avons continué à nous faire poivrer, douche par-dessus douche. Avec la force des vagues qui brisaient sur nous, l'eau s'infiltrait de partout par les hublots. Thomas a été malade en PM et moi j'ai bien failli l'être aussi, secouée de trois violents haut-le-coeur en soirée. Heureusement, à mon réveil pour mon deuxième quart de nuit, la mer s'était quelque peu calmée et nous en avions fini avec les douches répétitives.
Nous avons su plus tard en PM que Kangaroo avait aussi dû mettre une croix sur Lord Howe pour viser le nord de l'Australie car, figurez-vous qu'ils ont reçu une vague d'une telle force qu'un de leurs hublots de côté a éclaté. Nous n'avons pas les détails exacts mais quelle horreur, je ne savais pas que ça pouvait arriver ça . Ils ont immédiatement changé de cap pour avoir le vent dans le dos et ils ont calfeutré tant bien que mal mais apparemment ils ont mangé une moyenne vague. Ils auront, paraît-il, quelques petits trucs à faire sécher demain. Ha les joies de la navigation !
Ouf je viens de vivre une petite dose d'adrénaline. En effet, je viens de faire la rencontre d'un bateau de croisière de 280 m (le Rhapsody of the Seas) à moins de 600 m de distance, inutile de dire je l'ai vu de proche !! J'entendais ses moteurs comme si je m'étais trouvée sur ce bateau. Quand il est apparu sur mes systèmes, ça me disait que j'avais 15 minutes pour réagir avant qu'il soit sur moi. Il avançait à une vitesse de 20 miles nautiques à l'heure. La question est toujours de savoir quel bord prendre. Evidemment j'ai pris le mauvais bord mais à la dernière minute je me suis ravisée. Nous étions en risque direct de collision, il venait droit sur nous. Disons qu'à la vitesse où ça roule ces monstres des mers (en comparaison de nous), il n'y a pas beaucoup de place pour l'erreur, parce qu'à 5-6 nouds, bonne chance pour tenter de t'enfuir. Bon je me calme, respire par le nez, comme dirait mon père, il est derrière nous maintenant. Comme quoi les quarts de veille doivent être pris très au sérieux, en 15 minutes on peut avoir la surprise de sa vie en mer. Je m'arrête ici car j'ai le coeur pas trop solide encore.
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