Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 27 décembre 2009

CALBODINE - Jocelyne et Jacquelin - CARNET DE MOUILLAGE

Sainte Anne, Martinique
Mardi le 22 décembre 2009.

CARNET DE MOUILLAGE : DE L'ÎLE AUX ÉPICES À L'ÎLE DES FLEURS

Cette année, voulant éviter le stress des derniers préparatifs de départ pour le bateau, nous avions commencé tôt à régler ce qui pouvait l'être. Ainsi avons-nous pu profiter de deux ou trois jours de répit pour décompresser avant l'heure H du départ.

Le 26 novembre, dans la nuit de mercredi à jeudi, notre ami Jacques que nous remercions à nouveau de sa grande gentillesse, est venu nous prendre à la maison pour nous conduire à l'Aéroport d'Ottawa d'où nous nous sommes envolés pour Grenade, l'Île aux épices, où se trouvait Calbodine.

Nous nous attendions à un voyage épuisant à cause de tout l'inconfort et des tracasseries qui accompagnent de nos jours les voyages en avion. Ce ne sont plus en effet les belles années. L'austérité est omniprésente, sauf en première classe, évidemment. Dans ce contexte, suivant en cela les savants préceptes du Dr Béliveau, nous avions donc fait provision d'amandes, d'arachides, de noix, de raisins secs, de canneberges et de fromage, toutes choses qui sont nourrissantes et bien plus appétissantes que l'alimentation rapide offerte à bord.

Tout s'est finalement bien passé et vers 20 heures jeudi soir nous grimpions avec armes, bagages et imprimante d'ordinateur l'échelle de Calbodine au chantier Grenada Marine où nous l'avions entreposé pour l'été. C'était la première étape de la remise en route.

En principe, nous n'avions pas à nous précipiter au marché le premier jour car à notre départ en avril, il restait suffisamment de nourriture à bord pour survivre plusieurs jours. Toutefois, côté céréales pour le petit déjeuner, c'était mince ; seulement quelques sacs de Cherios qui avaient un peu pris l'humidité. Pas trop appétissant comme perspective. Comment leur redonner une nouvelle vie ? Tout simplement en les faisant griller nature à la poêle. Ils redeviennent succulents et même meilleurs que d'origine.

La première nuit à bord nous posa par contre quelques soucis. Le bruit que fait le chour des insectes de la forêt tropicale toute proche en était la cause. En effet, parmi toutes ces voix stridentes, il y en avait une qui imite, à s'y méprendre, la sonnerie de notre réveil-matin ! L'on peut facilement imaginer le reste.

Il fallait se remettre à la tâche rapidement et intensivement afin de tout réviser et remettre en état de marche. Il fallait entre autre remplacer le câble de contrôle des gaz qui avait lâché juste à notre arrivée au chantier en avril. Cette tâche relativement simple dans d'autres circonstances est vite devenue une saga qui illustre parfaitement la difficulté de communiquer efficacement entre cultures à l'ère d'Internet.

Remis à l'eau le 3 décembre, nous sommes restés plusieurs jours au mouillage devant le chantier pour terminer la préparation du bateau. Une des tâches auxquelles il fallait s'attaquer en premier lieu avec célérité, c'était celle du contrôle d'une invasion de minuscules fourmis rouges. En effet, une journée ou deux avant la remise à l'eau, le personnel de la marina avait désherbé tout autour du bateau à l'aide d'un sécateur rotatif et du même coup avait rasé des fourmilières. Les petits insectes ainsi délogés décidèrent alors de chercher un nouveau logement.
J'avais remarqué un certain va-et-vient de fourmis montant et descendant le long du tuyau d'arrosage qui pendait du bateau jusqu'à terre. Toutes pareilles à mes yeux, j'estimais qu'il en redescendait autant qu'il en montait. Mais une fois à l'eau, j'ai découvert que j'avais tort lorsque je les ai vues courir d'en avant en arrière le long du liston (bordure du pont au niveau de la coque). C'était la cohue.
Il faut bien se rendre compte que ces petites fourmis sont presque aussi rapides que des coquerelles et qu'elles sont très organisées. Il faut être pas mal futé pour arriver à les déloger. Une bonne solution " verte " au problème aurait sans doute pu consister à embarquer un petit lézard (il y en a de fort mignons) qui aurait fait son affaire des fourmis. Mais voyez-vous, un lézard n'est pas un chat ; il n'aurait que faire d'une litière.
Quoiqu'il en soit, dix jours après que nous ayions plus ou moins crié victoire, la chasse à la fourmi rouge est toujours ouverte et continue de plus belle ! Preuve qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours (sic) avant de l'avoir tué.

Mardi le 8 décembre, nous nous sommes déplacés un peu plus au sud-ouest vers Prickley Bay pour se mettre à l'abri de la houle qui faisait grincer les cloisons intérieures du bateau (Georges,....un bruit de la nuit bien connu) et nous empêchait de bien dormir. Nous avons ainsi terminé les préparatifs à cet endroit en attendant une prévision météo propice à une remontée au nord-est vers les Grenadines et, ultimement, vers la Martinique, l'Ile des fleurs.

Depuis plus d'une semaine, de forts vents du nord-est et des mers fortes et agitées rendaient cette entreprise tout à fait impensable. Mais à partir du lundi 14, les prévisionnistes ont commencé à parler d'une atténuation de la mer et de vent d'est à est-sud-est pour mercredi le 16, ce qui comblait nos attentes. Jeudi, nous sommes donc allés compléter les formalités de sortie du pays (Douanes et Immigration) pour un départ vendredi le 18 directement sur la Martinique.

L'ancre levée à 06hres30 vendredi, nous l'avons jetée à nouveau samedi à 09hres à Sainte Anne près du Cul de sac du Marin en Martinique, une traversée de 180 milles nautiques. Un peu de repos ici nous fera grand bien.

En terminant, nous transmettons à tous, l'expression de nos meilleurs voux à l'occasion des Fêtes et du Nouvel An.

Jocelyne et Jacquelin
VOILIER CALBODINE

P. S. : À notre arrivée au chantier le 27 novembre, un voisin un peu désespéré, qui venait d'acheter pour son bateau une nouvelle hélice à pas variable (angle des pales) fit appel à notre aide pour déchiffrer la notice technique (rédigée uniquement en anglais) qui l'accompagnait. Ô surprise ! Cette hélice ne semblait faite que pour aller en marche avant. Comment donc reculer en avançant ?
Seul le recours au détaillant de la dite hélice en France put résoudre cette angoissante énigme.

P. S. : Quand le fonctionnaire des Douanes de Grenade voulut estampiller le document qui nous autorisait à quitter le pays le 17 décembre, il constata avec étonnement que son tampon portait toujours la date du 16. Allait-il simplement faire tourner un rouage ou appuyer sur un bouton pour en changer la date ? Pas du tout. À la manière d'un typographe de l'âge Gutenberg, il sortit fièrement un petit coffret de sa table de travail, l'ouvrit et, à l'aide d'un pincette, en retira le chiffre 17 qu'il inséra dans le tampon à la place du 16 qu'il replaça minutieusement dans le coffret, gardien du temps qui passe.

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