Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 27 décembre 2009

ÉTOILE DE LUNE - Nat et Dom à Puerto Lindo





Puerto Lindo au sud de Isla Linton

Objet :
Petit restaurant et ses côtés pratiques pour le marin...
Retrouver les plaisirs de la marche à pied en pleine nature

Photos :
Fleurs : hibiscus et oiseaux de paradis (balisiers)
Chevaux tranquilles
Végétal habitable : maison au coeur de la forêt
Héron stoïque dont je ne connais pas le nom exacte (?)
Toucan en semi-liberté

Bonjour,

Pour être honnête, hier lorsque nous sommes arrivés, le charme de Linton ne m'a pas sauté aux yeux. Le décor trop grand, trop vert, trop fréquenté... Tout est une question de goût, car mon capitaine, par contre, a été conquis tout de suite. Il retrouvait la bonne odeur de la terre, du relief, de la végétation, tout ce qu'il aime.

A vrai dire, ma première impression n'était pas la bonne. Pour déceler le charme d'un nouvel environnement, il faut d'abord et avant tout descendre à terre! Dès la fin des vacations du réseau du capitaine, rendez-vous immuable de notre équipage avec nos amis du Québec, nous mettons l'annexe à l'eau et nous partons vers le sud du mouillage où il nous semble que des annexes sont amarrées à un ponton.

Nous trouvons un village épousant le cordon du littoral. A l'extérieur de Puerto Lindo se trouve un petit restaurant. Celui-ci est tenu par un Hollandais qui a oublié son pays natal puisqu’installé dans la Caraïbe depuis plus de vingt ans et au Panama depuis 14 ans. Chez lui nous nous sentons tout de suite accueillis. Voici un homme qui a le sens pratique du marin. Comme la marée et les vagues poussent les dinghys vers le rivage, il a eu la brillante idée de poser des bouées qui retiennent les annexes par l'arrière tandis que nous pouvons l'amarrer vers l'avant et arriver sur son appontement sans nous mouiller les pieds.
Judicieux!
Notre hôte nous accueille à notre descente. Nous sommes bienvenus et pouvons déposer nos poubelles (que nous n'avions osé amener pour un premier contact, cela va sans dire!). Le service de poubelle est payant, mais le montant est laissé à l'appréciation des usagers. Le patron permet aux navigateurs de se servir en eau douce quand le niveau le permet. Car si la patronne fait des lessives ou lave la vaisselle, il faudra être patient et attendre que le débit revienne pour les marins.
Mais lorsque c'est gratuit, il n'y a rien à dire!
Il offre repas et boissons tout au long du jour jusqu'à 9 heures du soir. Il organise aussi des fêtes spéciales, comme Noël, Jour de l'an et toute manifestation où les marins se retrouvent dans une ambiance conviviale et peu onéreuse.
Jugez vous-mêmes des prix : une assiette copieuse de poisson, jambon cuit ou poulet coûte cinq dollars et la boisson gazeuse type soda est à un dollar.
Ce n'est pas de la grande gastronomie, mais c'est bon, tout simplement.
On peut aussi faire laver son linge au restaurant, mais le patron nous a prévenus :
"Nous faisons la lessive au rythme où l'eau arrive jusqu'ici, donc... il faut de la patience."

Au village, il est possible de trouver de l'essence pour le dinghy ou du gasoil. En fait, il vaut mieux s'adresser au village pour les petites quantités. Mais pour faire les gros pleins de gasoil, en s'adressant au patron du restaurant, il peut organiser la venue d'un camion-citerne et faire le plein complet.
Prix indicatif par gallon : 3 dollars

Voilà pour le côté pratique du coin. Il règne ici un côté approximatif. On voit que le patron gère au mieux qu'il le peut les conditions aléatoires inhérentes à ces pays d'Amérique centrale. Il le fait avec une telle bonne volonté affichée qu'il apparaît tout de suite sympathique.


Retrouver les plaisirs de la marche à pied...

Je vous rassure, nos investigations terriennes ne se sont pas limitées à ce petit restaurant. Celui-ci cache une grande route qui mène vers un chemin de terre. Ce dernier sillonne la forêt qui borde le littoral et conduit jusqu'au village de Cacique. Impossible de résister à une balade à terre. Cela fait trop longtemps que nous n'avons plus marché, je veux dire : marcher pour de vrai! Et non marchoter sur une plageounette. Notre dernière randonnée dans la pleine nature remonte à Guairaca, début novembre! Autant dire une éternité!

La route de terre est cernée par la végétation. Je suis ravie de retrouver des grands arbres, j'en reconnais certains comme ces immenses eucalyptus, ces manguiers imposants ou des fromagers aux troncs impressionnants, mais la plupart me sont inconnus. Nous sommes au royaume de la diversité végétale. En cette fin de saison des pluies, certains arbres sont encore en fleurs. Il y a bien entendu, des haies entières d'hibiscus, des oiseaux de paradis et toute une variété florale qui essaime leurs couleurs partout sur la couverture végétale. Certaines fleurs ftottent vaporeuses au-dessus du chemin et s'offrent telles des boules de Noël si fragiles et si merveilleusement offertes.

Rien ne semble arrêter la profusion de la forêt, aussi loin que notre regard porte, ce n'est qu'une succession de collines qui cèdent le pas à des montagnes, chaque parcelle de relief est colonisée par l'épais manteau végétal. L'homme s'y taille des terrains et tente de combattre cette guerrière colonisatrice en posant du béton, des murs, mais ceux-ci restent rares, et quelques maisons survivent en lisière de la forêt qui très vite reprend le dessus.

Toute la matinée nous nous noyons littéralement dans le vert! C'est un vrai retour à la terre. Une terre continentale! Et non plus des îlots de sables et de cocotiers. Le contraste est visuel, mais il est également olfactif. Nous retrouvons l'odeur de la terre. C'est incroyable, comme nous avions perdu cette perception. L'humus, une odeur de châtaigne écrasée, le parfum envoûtant des eucalyptus... et puis la forêt regorge de sons. Les oiseaux, particulièrement présents, nous accompagnent par leurs chants. A défaut de nous montrer leur beau plumage, nous profitons de ce concert offert avec une prodigalité inimitable. Savez-vous que le Panama recense 900 variétés d'oiseaux? Je compare ce chiffre avec celui de mon livre sur les oiseaux du monde. Ce dernier ne compte que 800 espèces... C'est dire comme le Panama est riche en matière de volatiles! Chaque fois que je parviens à en photographier un, il n'est pas dans mon livre. Il reste épinglé dans mon album comme oiseau sans nom, c'est frustrant!

Pour ce retour à la nature, nous retrouvons des animaux familiers, comme ce cheval. Il s'est échappé de son enclos et fait la cour à la belle d'en face. Des zébus à l'ombre d'un magnifique manguier ruminent en nous regardant passer, et puis nous entendons pour la première fois de notre vie des singes hurleurs. Cris inquiétants et puissants! Ils restent cachés. Tant mieux! De tels cris me paraissent tellement grognons qu'ils présagent d'une mauvaise humeur chronique. Mais je me trompe sans doute!

Notre promenade nous mène jusqu'aux portes closes de Panamarina, une petite marina installée par un couple de Français. Aujourd'hui c'est dimanche, jour de fermeture... Nous n'avons pas le courage de pousser jusqu'au village de Cacique, nous marchons déjà depuis une heure trente, il faut revenir, car nos pieds ont perdu l'habitude de marcher, mais ils ont rapidement repris celle de faire des ampoules... Nous rebroussons chemin et retrouvons, après 3 heures de retrouvailles avec la pleine nature, le petit restaurant du Hollandais, où un bon repas nous requinque immédiatement.

Pendant ce repas, je suis subjuguée par nos voisins. Il y a sur un rocher, non loin de notre annexe, un héron. Je n'ai pas repéré son nom exact. Mais il était là lorsque nous sommes arrivés vers 10 heures et à 13 heures il y est toujours, et reste là tout au long du repas. Je finis par me demander s'il n'a pas les pattes collées au socle sur lequel, il est perché. Mais non, il est libre. Il excite beaucoup le toucan, qui lui est en cage, mais alors, quelle beauté. Je n'en reviens pas que la nature soit capable de créer un oiseau tel que le toucan. Son bec disproportionné à sa taille est si coloré. Chaque teinte vive répond à sa voisine, sans se mélanger, sans transition, le vert passe au rouge et revient au jaune pour trancher avec du bleu. L'oiseau est gardé en semi-liberté, chaque soir, il a droit à sa sortie, et il revient vers sa cage, car sans doute, avoir le gîte et le couvert gratuit l'arrange!

Toute notre amitié
et à plus, pour d'autres nouvelles...
Nat et Dom

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