mercredi 23 décembre 2009
ÉTOILE DE LUNE - Nat et Dom à CHICHIME
Chichime
Objet : Marché flottant
Photos : Ello le "compteur", Max le "peseur", et Jerémy le "beau parleur"...
Infos et détails pratiques, en fin de message, sur :
1) l'approvisionnement en légumes et fruits aux San Blas.
2) les cannettes
Bonjour,
Aujourd'hui, j'aimerais évoquer un drame du bord...
Notre frigidaire se vide dramatiquement!
Le dernier marché fait à Carthagène est loin, il date du 14 novembre. Et le sieur Apio, dont nous vous avions parlé, a su prendre nos sous, et ne pas nous ramener de marchandise... Je commence à rêver de belles tomates bien rouges, de citrons juteux, de salades croquantes, de carottes et d'ananas sucrés...
Mais hélas, nous savons par les copains que les San Blas n'ont pas été livrées et que même à Nargana, l'approvisionnement est difficile. On nous a dit qu'il ne fallait pas espérer faire les courses non plus dans nos trois prochaines escales. Nous sommes donc résignés à attendre Colon... Patience, le 10 janvier approche. Misère... c'est l'année prochaine!
Ce matin un rayon de soleil de bon augure a éclairé notre Etoile... Nous quittons enfin le manteau gris et la pluie d'hier. Merci le ciel, nous avons assez d'eau pour faire des lessives, je pense même que je vais laver du linge propre si vous en déversez encore!
A peine avons-nous fini le petit-déjeuner qu'un Hulu (barque) arrive à notre bord. Deux pêcheurs nous présentent des langoustes.
Encooooore! Vous n'auriez pas des tomates ?
Eux aussi aimeraient en manger, c'est pourquoi ils vendent de la langouste...
Je jette un coup d'oeil dans sa barque. Ici aux San Blas, les pêcheurs proposent des bêtes d'une belle grosseur. C'est devenu rare, dans la plupart des îles des Caraïbes, la langouste a été tant pêchée qu'il ne reste que les bébés de la taille de grosses crevettes. Nous ne les apprécions pas, d'un point de vue écologique et gustatif. La taille des langoustes présentées étant correcte, s'engage alors la litanie des négociations.
— Quando ? Senior
Combien ?
— Cinq dollars pour une.
C'est parfait, je ne penserais même pas à marchander. Je lui dis de m'en mettre pour vingt dollars (car en réalité, nous manquons de petites monnaies, nous n'avons plus que des 20 et par expérience, je sais qu'un Kuna n'a jamais de monnaie !) Il me tend 3 langoustes...
— Comment trois langoustes ?
Je lui souris, pense à une blague, mais il me confirme que pour vingt dollars, ce sera trois langoustes et pour l'inverse aussi.
Je lui demande donc par quel miracle 3 fois 5 font 20 dans ce pays.
— Non, non, non, ... en pays kuna, 4 fois 5 n'a jamais fait vingt...
Je me gratte la tête, je fronce les sourcils... J'ai un peu du mal à raisonner ce brave garçon, qui me regarde avec les yeux les plus déterminés et les plus honnêtes qu'il a depuis son enfance. Je reprends mon verbiage, tentant de calculer avec lui... Mes doigts n'y suffisent pas...
— Apportez-moi, les mains du capitaine!
Rien n'y fait. Il pose 3 langoustes frétillantes sur le pont et dit:
— OK ce sera 4 pour vingt dollars, si tu ajoutes des bières...
Ils boivent des bières maintenant ?
Et le cours de maintien que j'avais suivi dans le sud ? Le sahila m'avait fait la morale, me disant que les Kunas ne pouvaient boire que de la chicha et uniquement avec autorisation du Sahila? J'en fais quoi, moi de tout cette morale qu'ils m'ont inculquée? Je ne suis pas là pour juger, je lui sors deux bières du frigo, bien fraîches, car il fait chaud et ... mon seau se remplit de 4 belles langoustes.
En voilà une belle affaire.
Le hulu était côté bâbord, pendant ce temps, une barque de taille importante (les trois quarts d'une Etoile) se met à couple côté tribord.
Ello est aux commandes de son embarcation qui regorge de fruits et légumes. D'emblée en voyant ce festival de couleurs mes yeux s'allument et brillent plus que la guirlande du Pape sur son arbre centenaire arraché à la forêt belge! Je m'exclame :
"Que buena idea!"
Jerémy pense que je blague, tant ma réaction est disproportionnée par rapport à sa marchandise. Il rigole et remplit mon seau d'ananas, de melons, de pomme de terre, de céleri, d'oranges, de citrons, d'avocats, de salade, de piments, de poivrons, de concombres, et ... de tomates! Je vous fais la liste complète, rien que d'écrire le nom de ces légumes et ces fruits je me pourlèche, et suis heureuse! Au final, j'ai rempli l'équivalent de 4 seaux de fruits et légumes pour la modique somme de???
Devinez????
Vingt-six dollars!
Qui dit mieux???
Le frigo est plein à craquer! Le congélateur garde nos précieuses langoustes.
Que demander de plus???
Tout est parfait, surtout ne venez pas me chercher!
La morale de tout ça :
Oui les San Blas sont en train de se transformer, il y a plus de bateaux cette année qu'il n'y en a jamais eu encore dans l'archipel.
Oui, le tourisme galopant s'empare de l'archipel.
Non, vous ne trouverez plus l'âme qui y régnait il y a dix ans ou ne fut-ce que cinq ans.
Mais, lorsque le tourisme fait naître des bonnes idées, du commerce lucratif et un échange pour enrichir les uns et contenter les autres, que demander de plus ?
Tout le monde est content!
INFOS :
1) APPROVISIONNEMENT DES PLAISANCIERS AUX SAN BLAS
Des lanchas vendeuses de fruits et légumes passent dans les mouillages autour de Porvenir et jusqu'aux Hollandes (s'il leur reste quelque chose).
- En principe elles viennent une fois par semaine.
Les marchands s'approvisionnent à Carti. Carti est très pratique, car une route qui démarre à Panama City relie ce premier village continental de l'archipel. Les bus mettent 3 heures (ou plus) à rallier Carti. Cette route permet, entre autres, un approvisionnement régulier en fruits et légumes. Cette facilité permet aussi de pratiquer des prix tout à fait "alléchants ". Attention la route s'arrête à Carti, il n'y a plus moyen de circuler en voiture dans le reste de l'isthme qui se prolonge dans le sud. Pour cette raison, au-delà de Carti l'approvisionnement se fait de deux manières :
- Par petit avion, mais, les prix flambent et l'approvisionnement est beaucoup moins régulier, car lorsque l'avion est trop chargé la cargaison de fruits et légumes reste à Panama City.
- Par lanchas : en général ce sont des lanchas qui viennent de Colombie. Elles remontent de village en village et se vident au même rythme. Les villages en dernière position n'ont plus un choix formidable, voire plus de choix du tout.
Conseil pour les plaisanciers :
Evitez de vous faire avoir par Apio et toute personne se présentant à votre bord, et vous demandant de l'argent à l'avance vous promettant un approvisionnement le lendemain ou autre jour.
Il n'y a pas que la barque de Ello qui fasse le tour des mouillages, plusieurs marchands proposent le même service. Ils disent qu'ils passent une fois par semaine. Mais il faut s'attendre à ce qu'ils passent en fonction de l'approvisionnement et que leur rythme de passage soit très irrégulier.
2) GARDEZ LES CANNETTES
Sur certaines îles, les Kunas récupèrent les cannettes de soda. Ils les revendent sur Colon. C'est, par exemple le cas, de Hernando sur Uchutupu Pipigua, l'île au Nord de l'entrée de Chichime. N'hésitez donc pas, à mettre les boîtes d'aluminium de côté. C'est un moyen facile de rendre service aux Kunas.
A plus, pour d'autres nouvelles du bord
Amitié marine
Nat et Dom
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