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Objet : Départ des San Blas, navigation et arrivée à Puerto Linton
Bonjour,
Ce matin nous quittons les San Blas.
En deux séjours nous aurons visité la plus grande partie de l'archipel. Nous avons démarré notre découverte en 2007 à Anachukuna le premier village Kuna après la Colombie, dans l'extrême sud, et finissons aujourd'hui notre tour à Chichime, le lagon le plus occidental, en cette fin d'année 2009. Ces deux visites nous auront permis de voir deux visages du monde kuna. Celui retiré, qui préserve encore son identité dans le sud, et celui convoité qui entre de plain-pied dans la civilisation du tourisme à l'ouest. Deux visages, deux perceptions et deux souvenirs totalement différents. Le premier marque nos mémoires de visages, de sourires et d'échanges avec ce peuple vraiment particulier. Les Kunas du sud nous ont ouvert l'esprit sur une culture originale qui perd peu à peu son étoffe et à laquelle se raccrochent les derniers Sahilas traditionnels. Le second nous laisse le souvenir de lagons aux couleurs fascinantes et aux eaux translucides. Si dans le sud, il est difficile d'appréhender toutes les finesses et les mystères de la vie kuna, dans l'ouest nous sommes spectateurs d'une évolution. Le monde occidental grignote des pans entiers de la tradition kuna, il marque au fer rouge la jeunesse qui rêve plus du dollar que de la conservation des us et coutumes.
Le monde kuna se métamorphose.
Est-il opportun de réagir?
Ce n'est pas à nous d'en juger.
A eux de décider ce qu'ils désirent pour leur avenir. Au moment de partir, nous apprenons que la grogne monte dans le camp des Kunas traditionalistes. Les Sahilas voient des sociétés de charter s'installer, ils viennent de réclamer 10 000 dollars à chaque société afin de décourager la pratique exponentielle de cette activité.
Cette année, les kunas déplorent une fréquentation record des voiliers de plaisance et du commerce du charter. Nous commençons à les connaître suffisamment pour nous douter qu'ils sauront réagir. L'avant dernier jour, nous avons vu une barque à l'effigie de "congresso kuna" tourner autour de chaque bateau et réclamer 20 dollars aux bateaux qui lors des formalités n'étaient pas passés dans leur bureau. En plus de frais d'entrée au Panama (environ 80 dollars), les Kunas réclament entre 20 et 24 dollars par bateau. Le montant est visiblement une question arbitraire. Mais il faut s'attendre à ce que les Kunas réclament de plus en plus d'argent aux touristes de plus en plus nombreux.
Nous entendons des plaisanciers se plaindre, ressasser l'image du gentil kuna, d'il y a dix ans, qui se suffisait du troc. Pourquoi blâmer les Kunas?
La manne se présente spontanément. Ils tirent leurs ressources de ce que leur donne la mer. Or le plaisancier arrive bien du fin fond de l'horizon. L'engouement pour les gentils kunas et leur archipel photogénique est tel, qu'il serait malheureux pour les Kunas de ne pas en profiter. A ceux qui n'aiment pas ces pratiques d'écarter leurs routes des sentiers kunas... Rien de plus simple!
Il est pourtant une chose contre laquelle les Kunas ne parviendront pas à lutter, c'est la montée inéluctable des eaux. J'ai préparé une série de photos et un commentaire à ce sujet. Je vous les soumettrai plus tard lorsque je trouverai un lien Internet.
Ainsi, nous quittons l'archipel des San Blas en savourant la chance d'avoir découvert quelques pans de leur culture avant qu'elle ne cède sa place à une évolution imparable.
Autre chance, nous partons le jour où les alizés nous ouvrent la route. Depuis quelques jours, des vents variables, d'ouest ou nuls sévissaient dans la région. L'attente d'une météo favorable nous a permis de croiser d'autres marins, tels que Danielle et Greg du bateau Mary Madeleine, un couple de Canadiens exceptionnels de gentillesse.
Pour aujourd'hui, nous démarrons notre navigation dès que la lumière nous permet de sortir de la passe de Chichime, soit à 6 h 15. Nous trouvons hors abri, une mer hachée, un shaker digne des plus célèbres cocktails. Heureusement, le vent est de la partie, nous ne sommes pas secoués injustement. Grand-voile levée, Génois déployé, nous remontons au bon plein vers le nord afin d'éviter les hauts-fonds qui tapissent notre navigation. Ceux-ci sont sans doute responsables de l'état de la mer. Le courant doit nous aider, car nous atteignons des vitesses rares pour notre Etoile. Ou alors, avec ses voiles neuves, elle se sent pousser des ailes et manifeste son désir de se rendre encore plus vite dans l'ouest? En tout cas, notre moyenne est formidable, nous la gardons (moyenne GPS) à 7,4 noeuds pendant les trois quarts de la navigation, avant qu'elle ne descende à 6,6 à l'arrivée. Notre Etoile a caracolé plus d'une fois au-dessus de 10 noeuds avec sa pointe maximale à 14.5 noeuds! WAOU! Bravo mon Etoile!
A l'approche de Linton notre décor change du tout au tout! Finis les îlots coralliens, et les plages de sable blanc sur un tapis d'eau émeraude. Bonjour les montagnes d'un vert profond sur une mer bleu sombre et fond de ciel gris clair. Un charme continental auquel mon capitaine ne résiste pas. Alors qu'il surveille notre approche pour faufiler notre étrave entre les écueils, il me demande de prendre des photos. Je fais de mon mieux pour faire rentrer l'immensité vert sombre à contre-jour dans mon objectif... Je ne suis pas très satisfaite de mes clichés. Les montagnes se succèdent tant que j'ai la sensation qu'elles ne cessent de tutoyer le ciel jusqu'à atteindre le rivage du Pacifique...
Puerto Linton est un mouillage fréquenté. Nous sommes logés entre la montagne et un îlot. La couleur du jour est le vert végétal, c'est sûr!
Nous n'avons pas encore décidé de ce que nous allons faire dans les prochains jours.
Nous verrons bien, ce sera selon l'ambiance du bord, ses affinités avec la place et les possibilités qu'elle offre.
A plus pour d'autres nouvelles...
Nat et Dom
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