Singapour, une île, une ville, un pays
Singapour c’est une grande ville dans une petite île qui est aussi un pays. De très nombreux projets ont été élaborés au cours des 30 dernières années par Lee Kuan Yew, un chinois qui est aujourd’hui très âgé et qui se voit encore régulièrement louangé par tous ces visiteurs, gens d’affaires et diplomates qui apprécient le résultat de son savoir-faire.
C’est sa famille qui a pris la relève et à mots couverts ou à voix basse les gens vous diront que c’est une dictature qui fonctionne…pour le plus grand bien de ses citoyens et de leurs dirigeants évidemment. Il y a deux semaines, l’ambassade de Russie honorait monsieur Yew tout en soulignant qu’ils aimeraient, disent-ils, reproduire le modèle en Russie. Hum!
Le succès tient à la planification minutieuse du développement urbain et économique de cette île une fois et demie plus grande que Montréal avec 5M+ d’habitants. On pousse le zèle jusqu’à espacer au cm près les arbustes le long des routes et recouvrir par des vignes les murs de béton et les clôtures. Les urbanistes et probablement tous ces architectes de réputation internationale ont eu à répondre aux impératifs du pouvoir qui a réalisé un travail exemplaire. Les ramifications de la famille dirigeante sont omniprésentes (communication, transport, banques, raffineries, etc.) et personne ne semble s’en plaindre.
Les langues parlées sont multiples mais les langues officielles, comme celles affichées dans le MRT (Mass Rapid Transit) sont limitées à l’anglais, le mandarin chinois, le bahasa indonésien et le tamil indien. Rien sur le malaysien. Une grande portion de la population a toujours été d’origine chinoise mais aujourd’hui encore plusieurs d’entre eux ne parlent pas un mot d’anglais incluant plusieurs chauffeurs de taxi.
Le MRT existe officiellement depuis 24 ans mais la véritable expansion a eu lieu il y a moins de 5 ans. Les trains sont neufs, passent aux 5 minutes et tout le réseau est climatisé et n’a aucune odeur. Curieusement, il n’y a pas papier par terre alors qu’il est pratiquement impossible d’y trouver une poubelle. Cherchez l’erreur! Dans le MRT comme partout ailleurs, les caméras sont omniprésentes et on dit que le suivi en cas de comportements troubles est irréprochable. On raconte aussi que les voleurs et les vandales peuvent encore être fouettés à coups de bambous sur la place publique.
Je ne crois pas que ce soit diffusé à la télé mais çà semble efficace!
À Singapour, la culture c’est ce qui se consomme et l’argent la seule valeur. Et veuillez croire que plusieurs sont de valeureux spécimens. La source de cette abondance est à priori plutôt difficile à cerner. À poser beaucoup de questions, on finit par réaliser que l’argent est simplement « importé ». C’est un paradis fiscal pour les asiatiques et un territoire sécurisant pour tous les citoyens riches des pays anciennement communistes qui les entourent.
De plus, les gens d’affaires vous diront qu’une fois vos comptes bancaires ouverts au coût d’une paperasse étourdissante; vous pourrez importer tout l’argent que vous avez et de la couleur que vous voudrez sans que personne ne vous pose de questions. Le secret de ces investisseurs réside dans l’art de ne pas causer de trouble à l’ordre établi.
La plupart des Singapouriens vivent pour consommer. Les plus riches s’entend! En fait, c’est leur façon d’exister. Ce n’est pas unique certes mais c’est ici poussé vers l’extrême. Et naturellement le 1% dont on parle tant est fortement sollicité. Le « International Herald Tribune » affiche tous les jours, en prévision de Noel, de pleines pages couleurs présentant des montres à $100k. ou d’immenses diamants à +s millions (image de marque sans doute), sans oublier Franck Muller qui annonce des montres valant des sommes astronomiques...à la télévision! Dans la demi-douzaine de magazines de luxe publiés, on s’adresse systématiquement à ces clients, actuels et potentiels, comme des investisseurs, des connaisseurs et des collectionneurs. C’est naturellement plus gratifiant que se faire qualifier de gros dépensiers!
Pour plusieurs, même si leurs grands-parents n’ont jamais eu de montre, eux-mêmes dépensent des fortunes sur des montres mécaniques compliquées pour savoir l’heure à 5 secondes près. Et les manufacturiers de tous ces biens de luxe, voitures, vins, montres, bijoux, sacs à mains, etc. contents non seulement d’avoir à éduquer leurs clients se plaisent à leur créer une rareté artificielle avec des éditions limitées, des annulations de productions etc.… que relatent ces publications destinées aux intéressés et qui attisent automatiquement l’avidité de ces derniers. Ces manufacturiers commanditent tous les évènements mondains locaux quitte à les créer eux-mêmes. À l’échelle d’un pays, c’est un peu lassant et n’est évidemment pas un grand idéal collectif.
Pour un pays sans ressource naturelle ou industrie première (mise à part les raffineries), les revenus proviennent en bonne partie des taxes…et quelles taxes! Un seul exemple : Une Subaru Legacy qui doit coûter $40,000. au Canada vous coûtera ici $144,000.CDN une fois sur la route, soit $88K pour la voiture déjà couvert de taxes plus $56K pour l’enregistrement appelé COE (certificate of entitlement) et valide pour 10 ans. Une façon comme une autre d’éviter l’expansion rapide du parc automobile ainsi que les embouteillages. On imagine ce qu’il en est pour ces bolides déjà reconnus comme hors de prix ainsi que pour les autres situations que je ne connais pas. Alors bienvenue à Singapour et croyez-moi vous pouvez quand même y survivre et vous y plaire un bout de temps.
Pour les photos vous devrez attendre encore un peu. Puisqu’il fait rarement soleil, je n’ai pas encore réussi la photo parfaite d’un beau circulant dans son Grand Cabrio et affichant sa Complication, accompagnée d’une petite compliquée couverte de logos et en manque d’attention. Farce à part, çà viendra.
En attendant… Joyeux Noel.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire