29 octobre 2012
En navigation vers l'Afrique du Sud
Récit no 226 - Toujours pas rendus!
Mon dernier récit remonte à deux semaines déjà, à ce moment je parlais de notre arrivée prochaine en Afrique du Sud et de notre location de voiture qui devait prendre effet aujourd'hui même (29 oct) pour aller faire un safari en plein coeur de la brousse africaine, dans le célèbre parc national de Kruger.
Comme quoi il ne faut jamais trop faire de plans fixes en bateau; car finalement, mère nature aura eu raison de nos déplacements et nous tient en otage depuis plus d'une semaine. Aussi, il semble que ce ne sera pas avant une autre semaine que nous pourrons atteindre Richard's Bay en Afrique du Sud.
Nous avons d'abord fait un arrêt forcé de 5 jours dans une baie du sud est du Mozambique appelée Inhambane et nous sommes présentement en navigation vers Maputo (capitale du Mozambique), notre prochain arrêt forcé pour échapper à des vents violents prévus commencer le 30 oct. D'après les échos que nous avons eus, il semblerait que mère nature se déchaîne actuellement un peu partout dans le monde avec des ouragans, tsunamis, tremblement de terre, cyclônes et des intempéries de toutes sortes.
En attendant, je prends un petit moment pour vous raconter nos deux dernières semaines. La navigation depuis Madagascar se passait très bien mais comme je l'ai mentionné plus tôt, nous nous sommes vus forcés (pour échapper aux gros vents) de faire escale à la pointe de Linga Linga près d'Inhambane, soit dans un endroit complètement perdu et isolé en face d'un 'resort' complexe hôtelier, au charme un peu tristounet appelé Castillo Do Mar.
Voyant que notre escale s'étirait en temps et comme nos réserves de fruits, légumes et pains étaient épuisées depuis plusieurs jours déjà, nous avons entrepris le projet d'aller refaire quelques emplettes. Je dis projet, car de l'endroit où l'on se trouvait, il fallait mettre 3 heures de voiture pour se rendre à la ville la plus près (Maxixe(se prononçant Machiche) en face de la ville d'Inhambane).
Ainsi, nous avons alors opté pour y aller en dinghy, une sortie de plus de six heures en tout et partout: 1 heure pour aller puisqu'il a fallu marcher et tirer l'annexe dans certains endroits où le niveau de l'eau était trop bas et 1h30 pour le voyage de retour puisque nous étions alors à contre courant. Mais cette petite sortie aura grandement valu la peine.
Il y avait René et moi, Bruce du bateau 'Deamon' de la Nouvelle-Zélande et Thomas (venu pour surveiller le dinghy pendant notre absence). Nous avons été surpris de découvrir que la langue officielle parlée au Mozambique est le portugais. Et quand je dis portugais, je dis portugais. Personne ne parle anglais ici, à part peut-être une personne ici et là dans certains endroits plus officiels, mais sur la rue avec monsieur tout le monde, c'est strictement le portugais.
Heureusement qu'on parle espagnol, sans ça je ne vois pas comment on communiquerait; c'est en baragouinant des mots clés en espagnol avec un peu de français et d'anglais qu'on parvient à se faire comprendre. En questionnant les gens sur la rue on a réussi à trouver le bureau de poste pour l'envoi des devoirs du CNED, le marché de fruits-légumes, la boulangerie et deux épiceries.
Comme on n'a toujours pas de propane on n'a pas acheté de viande mais pour le reste, quelle joie d'acheter toute ces bonnes choses fraîches à manger. Le retour a été plus long et ardu, 1h30 à se faire arroser par le clapotis des vagues mais ça valait la peine. En tout et partout une sortie de 6 heures mais c'était comme Noel quand on est revenus au bateau avec tout ça! On s'est fait une bonne salade césar avec du bon pain frais et une salade de fruits frais pour le repas du souper.
Cette sortie était aussi très divertissante car partout le long du canal, se trouvent à marée basse les pêcheurs locaux qui semblent à la recherche de crustacés qu'ils doivent extirper des coquillages qu'ils trouvent en creusant dans la boue.
Il y a aussi les 'dhows' ces petites embarcations à voile locales (tellement astucieuses). Aussi nous avons vu de magnifiques envolées de gracieux flamands roses aux couleurs vives. Sublîme comme spectacle! Cet arrêt à Linga Linga aura aussi permis à nos géo-cacheurs de partir sur une expédition aventurière pour aller découvrir une géo-cache à une dizaine de miles nautiques de l'endroit où on se trouvait. Ils sont revenus complètement trempés d'eau salée, mais triomphants et tout sourire, avec plein de nouvelles histoires à raconter. Ça fait donc un pays de plus à ajouter à leurs statistiques.
Les vents semblant vouloir prendre un petit répit, il fallait ensuite penser à poursuivre notre route. Il faut profiter de chaque ouverture si on veut se rendre à Richard's Bay avant Noël :). Ainsi, il fallait d'abord sortir du lagon, soit passer ce qu'on appelle une 'barre'.
Ces temps-ci, on n'a plus qu'un moteur, l'autre refuse de démarrer à cause d'un problème de 'starter'. A un moteur nous sommes très peu manoeuvrants et de plus, on est très lents. Je disais donc qu'il nous fallait sortir du lagon pour franchir la barre. Normalement on aurait dû y aller à contre-courant mais à un moteur c'aurait presqu'été impossible, nous sommes donc partis à 05h00 AM, sur la fin de la marée sortante pour nous aider à avancer.
Nous étions dans le bon sens du courant mais contre le vent et les vagues, ça faisait très très vilain. Il a fallu y penser à deux fois et faire une prière avant de s'aventurer dans cette soupe car les vagues roulaient et brisaient partout autour de nous. On a eu bien des sueurs froides mais l'expression la dernière et non la moindre n'aura jamais été aussi vraie.
En effet, ce sont finalement les deux dernières vagues qui ont été le coup de grâce. Cette fois-là je l'avoue, nous avons envisagé le pire, c'était la terreur à bord. Une vague mal prise et on aurait facilement pu chavirer. Finalement, entre ça et le tsunami, je ne saurais dire lequel fut le plus traumatisant.
Ces deux vagues gigantesques sont venues se fracasser l'une après l'autre sur le catamaran (la première de face, la deuxième sur le côté) remplissant le cockpit de milliers de litres d'eau, nous en avons eu pour 2 heures à tout nettoyer.
Toutes les plantes renversées, de la terre et de la boue partout, tout flottait dans l'eau, du verre brisé, un peu de tout. La bouteille de plongée est tombée à la renverse dans le bateau et la valve s'est ouverte, laissant échapper une fuite d'air qui (avant qu'on identifie la provenance et la cause du son) sonnait comme s'il allait y avoir une explosion à bord. Bref, nous avons eu un peu peur (pour que René dise ça ... c'était sérieux!!).
Somme toute, beaucoup d'émotions mais nous nous en sommes bien sortis vues les circonstances. On a déjà vu un voilier chavirer sur le passage d'une barre, il faut vraiment passer au bon moment sinon... Sinon, on a vu ce que ça faisait ce matin. En tout cas, notre Rosalie va avoir des histoires à raconter!
La traversée vers Maputo s'est faite sans encombre, nous avons levé l'ancre à 02h00 AM. C'était un pensez-y bien, car ils annonçaient des vents comme ils voient rarement par ici, des vents qui pourraient monter jusqu'à 56 noeuds donc plus de 112 km-heure avec des vagues de 5 à 6 mètres. Il fallait décider si on fonçait pour essayer de se rendre à Maputo (Mozambique) avant le début de ces vents ou si on attendait encore une semaine.
Finalement, le capt a décidé de partir, les deux autres bateaux n'ont pas suivi et s'inquiétaient un peu pour nous. Les premières heures, (avec un seul moteur) contre les vents et le courant, on ne faisait même pas 1 mile à l'heure. On se mordait les doigts et on priait d'avoir pris la bonne décision, songeant à retourner sur nos pas mais on a persévéré et éventuellement les vents ont tourné et ont cessé de nous nuire pour nous aider à avancer. Le système de vents violents avance rapidement, tellement qu'il arrivera 18 heures plus tôt que prévu, mais heureusement, nous nous rendrons amplement à temps.
Chemin faisant, nous avons vu baleines et dauphins et nous avons aussi attrapé un beau gros thon jaune que nous avons mangé en sashimis, sushis, ceviche et autre car on se rappelle que nous sommes toujours sans propane, on ne peut donc plus utiliser la cuisinière ou le four depuis le 14 oct dernier.
Une chance qu'on a le micro-onde, le thermomix et la génératrice pour se dépanner mais des conserves, légumineuse, couscous on va en avoir mangé pas mal. Mettons que ça fait sec un peu des crackers pour le petit déjeuner le matin mais les troupes ne se plaignent pas trop.
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31 oct
Nous sommes arrivés dans le port de Maputo vers 06h00 AM hier après une nuit blanche pour le capitaine, qui ne voulait lâcher son poste que pour de brefs moments, car même si c'est un chenail pour les cargos, il n'en demeure pas moins que les vagues et les courants sont très forts dans ce coin.
On est rentrés dans la marina et trois heures plus tard, il n'y avait plus une goutte d'eau dans le bassin. Cat Mousses prend donc un petit bain de boue deux fois par jour. On savait que c'est ce qui arrivait dans cette marina et on aimait plus on moins l'idée, mais c'était ça ou rester dans 'l'open', à la merci des vents et de la houle. On a opté pour le confort.
C'est spécial de voir ça mais un peu tannant aussi parce que quand il n'y a plus d'eau on ne peut plus utiliser la toilette ou se servir de l'eau salée pour rincer la vaisselle ou autre alors c'est moins pratique mais... l'avantage c'est que c'est très stable, ça ne bouge pas d'un poil! :)
En fin de PM le vent s'est levé avec la pluie et les éclairs, nous étions tous très soulagés d'être ici plutôt qu'en mer. Ça va se poursuivre pour les deux jours à venir. Quand on regarde à l'horizon et pas-dessus le petit mur de béton de notre bassin, on est super heureux d'être là où nous sommes et encore plus quand on est directement assis à terre dans notre bain de boue.
Hier matin, René est allé en ville pour effectuer les procédures d'entrée à l'immigration. Il est revenu bredouille car finalement les autorités voulaient nous charger plus de 200$ pour avoir les papiers en règle. Pour un mois ça aurait valu la peine mais pour pouvoir bénéficier d'un refuge pour à peine 2 ou 3 jours c'est une autre paire de manches. Au bout d'une heure de pourpalers, René a réussi à ravoir nos passseports et à repartir sans les étampes, à condition de ne parler à personne et de revenir immédiatement au bateau et ne plus en ressortir.
C'est ce que nous ferons car nous n'avions pas l'intention de faire beaucoup de tourisme ici de toute façon. On va plutôt se concentrer sur l'école et quelques petits entretiens avant d'entreprendre le dernier leg de 180 miles nautiques vers Richard's Bay.
Nous partirons d'ici le 2 nov au matin pour rallier l'île d'Inhaca plus au sud (un endroit offrant de belles plages et du beau snorkeling pour les touristes), le tout afin de nous prépositionner près de la sortie pour quand la météo nous offrira une quarantaine d'heures d'accalmie. Parlant de météo, côté température, on sent que le temps est de plus en plus frais. Les nuits sont fraîches et les douches se font aussi de plus en plus froides, au grand déplaisir de Rosalie! :)
A titre d'information pour nos lecteurs, il y avait en 2007 environ 20 millions d'habitants répartis sur les 10 provinces qui composent le Mozambique. L'indépendance du pays a été obtenu en 1975 et la capitale s'appelle Maputo depuis 1976, pour honorer la mémoire d'un ancien chef qui avait résisté à la colonisation portugaise à l'époque. Côté religion, 35% de la population est chrétienne et 25 à 30% est musulmane. La devise monétaire est le Meticais (30 Mt pour 1 dollar canadien).
Aujourd'hui est enfin le 31 octobre, jour de l'Halloween, moment tant attendu des enfants. (Bonne fête maman xxx!) A Maxixe on avait réussi à trouver des bonbons d'Halloween, mais malheureusement pas de citrouille ou de gros melon d'eau pour faire des scupltures. Les enfants nous avaient sommés de trouver des bonbons, car depuis plusieurs jours, ils travaillent très fort à préparer le bateau pour la fête d'Halloween.
Ils ont entrepris le projet de fabriquer deux pinatas que j'ai ensuite remplies de bonbons. Ils ont travaillé très fort à la confection de décorations diverses et à la conception de leurs costumes. Bref, ils se promettent une belle journée couronnée ce soir, d'un film d'horreur 'très épeurant', voyons ce que ça donnera!
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