15 mars
Au petit matin, le vent tombe. Moteur jusqu’à Santiago.
À 0700, on est à 10 milles de Santiago de Cuba. Pas de réseau du Capitaine, faute de propagation.
0930 : L’ancre tombe dans la baie de Santiago. On nous dirige vers un mouillage à l’écart pour attendre l’inspection sanitaire. En fait, on l’attendra jusqu’à 1530 ; il semble qu’un paquebot de croisière soit arrivé avant nous, ce qui retient le médecin.
C’est Keven, à titre de « capitan », et qui parle espagnol en plus, ayant étudié cette langue au cegep et séjourné 7 mois au Mexique, qui discute avec le médecin. D’abord, on prend notre température, pour s’assurer que nous sommes vraiment en bonne santé. Puis il faut montrer nos certificats d’assurance médicale. La procédure entière prendre plus d’une heure. Puis on ramène le médecin à la marina où il faut passer à l’immigration avec nos passeports et répondre aux questions : « Avez-vous de la viande, des fruits, des légumes ? etc… puis à la douane où trois agents accompagnés d’un chien viennent inspecter le bateau. La procédure entière prendra plus de deux autres heures.
On n’est pas autorisés à nous mettre à l’ancre, il faut être à la marina qui consiste en un quai en ciment, où se trouvent déjà une dizaine de voiliers, au prix d’une douzaine de dollars par jour. La ville de Santiago est à 7 kilomètres, on n’est pas autorisés à aller mouiller devant et le taxi pour y aller coûte 10$. Il y a des bus, mais on ne sait pas quand ils passent. Aussi un bateau qui y va 3 fois par jour, qu’on prendra demain pour aller faire des courses, car il ne reste presque rien à manger à bord, il n’y avait rien à acheter en Haiti.
Il n’y a pas de connexion wifi à la marina, peut-être une en ville.
Les gens sont tout de même charmants, très courtois et le charme de Keven opère une nouvelle fois, car le médecin nous invite à dîner chez lui demain soir, en compagnie du couple de l’autre bateau arrivé un peu avant nous.
On prévoit rester environ deux semaines à Cuba et aller à la Havane, distant de 1000 km ; un train de nuit y mène. Après Cuba, on mettra le cap au nord pour ramener Jean-du-Sud sur la côte américaine où on viendra le chercher avec la remorque, car les guides de croisière déconseillent de remonter plus nord avant le mois de mai et Keven, qui doit être à Gaspé pour y travailler dès le début de mai, sera seul à bord après mon départ à la troisième semaine d’avril et ne veut pas prendre ce risque.
16 mars
On prend le bateau de 1230 pour aller en ville à Santiago. La ville est bruyante, pas spécialement intéressante (c’est la deuxième ville de Cuba après La Havane). Au débarquement, on est assaillis par des gens qui nous offrent le taxi, le guide, etc. Ernest, un Suisse à bord d’une vedette à moteur à bord de laquelle il a traversé l’Atlantique et qu’il a promenée presque partout en Amérique du Nord, du Mississipi à l’Outaouais (il est même passé devant chez nous pour aller à Ottawa), nous guide vers l’endroit où on peut échanger de l’argent dans un distributeur de billets et acheter les cartes pour l’internet et le téléphone. Pas de problème pour l’argent, les CUC (Convertible Unidad Cubana, valant 1 $US qu’utilisent les touristes, les Cubains payant en pesos, 24 au CUC). Pour les cartes internet et téléphone, il faudra faire la queue pendant une heure. 2 CUC pour une heure d’internet et 5 CUC pour 3 minutes de téléphone à l’étranger. L’après-midi y passe. On tente d’acheter quelques bières et bouteilles en vue de la soirée chez le docteur, mais plusieurs magasins sont fermés en raison d’une « fumigation » qui doit éliminer les parasites, car il y a eu quelques cas de fièvre maligne. On finit par acheter quelques bières et bouteilles de vin, un pain et quelques fruits pour le petit déjeuner de demain. Pour le reste, il faudra revenir, il est trop tard le meilleur choix au marché étant en matinée, il n’y reste presque plus rien.
Je croyais que c’était le charme de Keven et sa connaissance de l’Espagnol qui nous avait valu cette invitation chez le docteur Luis. Erreur. Le voilier arrivé peu avant nous hier était mené par un couple de Bretons Titou et Cathy, qui sont musiciens. Titou est pianiste et Cathy l’accompagne à la percussion (Titou est même venu il y a quelques années jouer à la Fête des Chants de Marins à Saint-Jean-Port-Joli). Luis, le docteur, amateur de musique, les avait déjà invités lorsqu’il les avait visités sur leur bateau avant le nôtre. La cousine de Luis, Ileana, qui chante en s’accompagnant à la guitare, est aussi de la fête. Toute la soirée, on entendra de la musique cubaine, mais aussi sud-américaine, etc. Vers la fin de la soirée, la discussion devient politique car Keven réclame des chansons de son chanteur cubain préféré, Silvio Rodriguez, mais il se trouve que ce dernier chante la révolution, bien sûr, mais en dénonce les dérives, car comme il était poète et non conventionnel, on l’a envoyé dans un camp de rééducation, comme on l’a fait pour les homosexuels et autres marginaux. Ma connaissance limitée de l’Espagnol me permet de suivre approximativement la conversation et Keven, lorsqu’il le peut me donne quelques tuyaux, mais celle-ci est animée. La soirée se terminera à 2300, le retour à la marina se faisant dans une voiture taxi d’origine soviétique datant des années 50, à la carrosserie abondamment rapiécée, et au pot d’échappement défoncé ; je ne saurai jamais si les multiples cahots qu’elle fait sont dus à ses amortisseurs finis ou à la mauvaise qualité de la chaussée.
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