Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mercredi 23 janvier 2008

MARY MADELEINE - Greg et Danielle à BEQUIA

Back to Bequia,
il vente très fort. On se croirait à Havre-Aubert, aux Îles de la Madeleine. Même au mouillage, bien abrités dans Admiralty Bay, il y a des moutons et l'anémomètre oscille jusqu'à 25 noeuds avec des bourrasques à 29 noeuds. Le vent fait siffler les haubans et notre éolienne en rajoute, créant un concert particulièrement dramatique. C'est comme ca depuis notre arrivée, lundi en fin d'après-midi. La nuit, on fait presque des quarts de veille tellement le bateau se promène au bout de son ancre et on
craint de chasser. Trop de vent pour continuer vers le Nord-Est, car il souffle justement de là, ce vent, comme s'il le faisait exprès. Et la mer est grosse.
Nous revisitons Bequia. Une petite île pleine de charme mais dépourvue de ressources. Rien n'y pousse, tout est transporté par ferry de St-Vincent, l'île qui sert de vaisseau-amiral aux Grenadines, ce chapelet d'îles et d'îlots coralliens qu'on dirait échappé par inadvertance sur la surface turquoise de l'océan. Autrefois, on chassait la baleine ici à Bequia (cette chasse y est toujours légale), maintenant c'est les touristes qu'on traque et qu'on attend. Les affaires sont lentes cette année.

La rumeur veut que les gens de voile soient moins nombreux au sud des petites Antilles, effrayés par des problèmes de sécurité plus ou moins fondés. Dans la petite place centrale de Port Elizabeth, la capitale de Bequia, les chauffeurs de taxi attendent en vain la clientèle. Nous y avons retrouvé Julian Oliverre, qui nous avait fait visiter l'île l'an dernier. Il est descendant d'une famille de baleinier. Cette année, il a le regard poignant de celui qui n'a pas vu de baleine de l'année et qui est coincé dans cette terre de misère. Malheureusement pour lui, nous avons non seulement déjà visité l'île avec lui, mais nous l'avons pédalée aussi, avec Amy et avec plaisir, tu t'en souviens, Amy?

Une voiture de police circule sur la rue principale.

Elle porte 'inscription :''Donated by the Republic of China(Taiwan)''. Un peu plus loin, un petit complexe abrite le marché aux légumes tenu par des Rastas et des kiosques de vêtements et souvenirs tenus par des dames de la place. L'installation - rendue possible grâce à un don du gouvernement canadien cette fois - comprend les seules bines à ordures de la place et un quai qui donne accès directement de la mer. Il y a aussi à Bequia de l'argent japonais semble-t-il. Car St-Vincent (le pays dont Bequia fait partie) appuie diplomatiquement la requête japonaise de poursuivre la chasse à la baleine - ils disent ''la récolte de baleine pour des buts scientifiques''. Ici, c'est clairement pour des raisons de survie, mais c'est une petite aubaine politique aussi, vis-à-vis le Japon qui a peu d'alliés en la matière.
Le matin, quand on ne navigue pas, j'écris quand je peux et Greg travaille sur le bateau. Il y a toujours des réparations à faire (après la saga de nos pompes à eau, nous avons eu d'autres pépins, un sceau essentiel à changer, toujours sur cette satanée pompe d'eau salée, le stuffing box à resserrer, une patte du moteur qui a cassée a dû être enlevée, re-soudée et re-posée... Greg a eu l'aide de notre ami Alessandro pour l'occasion). Les tâches d'entretien - nettoyage, lavage, corvée d'eau douce et tout prennent beaucoup de temps.

En fin d'après-midi, quand le soleil est moins chaud, on se rend sur la plage devant laquelle nous sommes ancrés, baptisée 'Princess Margaret Beach'. Coincée entre deux rochers, ceinturée de mancenilliers (un arbre très répandu ici sur les berges et vraiment pittoresque et bienvenu avec son ombrage généreux, mais aux fruits et à la sève fortement toxiques c'est mieux de ne pas s'y abriter s'il pleut sinon on risque de se faire brûler la peau) cette plage est difficilement accessible par la terre
(donc peu fréquentée). Il paraît que la princesse, visitant l'île à bord d'un bateau de croisière très privé (et probablement très royal), a trouvé la plage si jolie qu'elle s'y est rendue à la nage pour le plus grand bonheur des natifs qui sont comme chez nous fascinés par les ''rich and famous''. Ca se passait dans les années 60 (alors qu'elle était une grande beauté, party girl et pleins d'amants et premières pages des Paris Match de l'époque) et le nom est resté. Hier on y a vu deux mamans et une demi-douzaine de petits enfants tout blancs et joyeux et tout nus (l'un deux était au sein). On a rêvé d'y voir s'ébattre Léonie, Téo et Bettina, et leurs parents, et Pablo et Amy.

Autour de nous, il y a des bateaux de partout, mais beaucoup d'Anglais d'Angleterre, de Hollandais et de Français de France, la plupart sur de gros catamarans surpeuplés, loués à la semaine. Il semble que les monocoques n'aient pas la cote dans les parages.

Nous avons fait l'essai d'un de ces catamarans, invités à bord de 'Stella Cometa', un Lagune 44 de Benetteau, par nos amis italiens, et nous devons admettre que la vie y est fort confortable. Mais on se sent mieux à bord de notre Mary Madeleine qui est comme une exception dans le paysage, toute petite et toute modeste comparée à ces mastodontes.

Demain soir débute le festival international annuel de musique de Bequia et des musiciens de jazz et autres calypso de partout dans le monde sont attendus.
On vous en donnera des nouvelles. À moins que nous ayons repris la mer dont l'appel est impérieux (le vent devrait commencer à diminuer après-demain).
Avec tout notre amour,
belle pleine lune, bon vents,
XXX
Danielle et Greg

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