Objet : sortie de l'eau et les petits aléas inhérents aux bateaux...
Photos :
L'Etoile de Lune les pattes en l'air
Augustin au jet haute pression
Victor aux commandes
Dave responsable du chantier
Bonjour,
Lundi après-midi, nous sortions l'Etoile de Lune de l'eau pour carénage.
Notre compagnon de voyage ne sortait que pour un brin de toilette afin de glisser sur les vagues du Pacifique. L'affaire de quelques jours. Mais, le jet à haute pression de Augustin a révélé que notre hélice était mal en point. Sous les pulsions d'eau, Dave, responsable du chantier, et Dom qui était avec lui ont remarqué ensemble les vibrations des pales. Notre max prop a 14 ans, elle vibrait légèrement l'an dernier, c'était à peine perceptible. Aujourd'hui, elle frôle Parkinson.
Mauvaise nouvelle.
Pour autant, nous ne nous laissons pas décourager. Dès que notre Etoile est bien calée sur le chantier, Dom démonte l'hélice. Nous avons en tête, les expériences des copains qui ont attendu 8 mois une hélice commandée en France. Puis d'autres copains qui sont revenus chez eux, hélice sous le bras espérant la faire réparer. Ils ont dépensé des fortunes, pour ne rien résoudre. Dom et moi pensons tous les deux dans le même sens. Un matériel qui a fait son temps, doit prendre sa retraite quand il montre des signes de fatigue. Inutile de l'envoyer à l'hôpital pour des frais incalculables et finir par nous lâcher.
Dieu seul sait où?
Peut-être dans une passe dangereuse des Tuamotu?
Et perdre notre bateau pour des économies qui n'en sont pas!
Non! Non! Non!
Nous fouillons dans notre "magasin" particulier de pièces détachées du bord, et nous dénichons cette belle hélice qui nous attend depuis 7 ans. Lorsque nous avons acheté le bateau, elle était déjà dans les cales. Une chose nous interpelle cependant... Où se trouve le cône de blocage de l'hélice? Comment est-il possible qu'il y ait à bord cette hélice et pas le kit qui la tiendra sur son axe? Les anciens propriétaires n'y ont-ils pas pensé? Ont-ils dépanné un copain? Toujours est-il que nous n'avons pas été bien malins de notre côté! Dans l'inventaire des pièces détachées, il ne nous est jamais venu à l'idée qu'il manquait une pièce.
Encore une bonne leçon!
Quand on fait un inventaire des pièces détachées, il ne faut pas se contenter de faire une liste, il faut également que les pièces puissent être fixées, attachées, ficelées... Bref, voir le "autour" de ce qu'il y a "dedans" et l'inverse. Ça c'est bien aussi!
Nous avons donc une hélice. Mais elle ne sert à rien.
Le Panama, chacun le sait, est le seul pays qui donne la possibilité de traverser de la Caraïbe au Pacifique. Par cette caractéristique, il est devenu le point stratégique de la plaisance "pacifique". Logiquement, il devrait être organisé comme une escale technique. Un "Saint Martin" panaméen... Hé ben non! Pas du tout. La moindre pièce manquante doit être commandée. Et le cheminement des pièces tient à la fois du surnaturel voire de la sorcellerie. Volvo Penta est représenté, mais n'a jamais rien en stock, et lorsqu'ils commandent il faut s'attendre à du délai. Un délai inacceptable. Un peu comme si nous étions revenus au temps de la goélette à voile... Yanmar est un mieux représenté par les magasins Tesa, mais n'ont pas toujours les équivalences pour Volvo.
Il ne faut jamais désespérer. Bien que le patron de la marina m'ait clairement dit que nos chances étaient ANOREXIQUES, je ne veux pas céder au pessimisme. Je m'allie à un copain qui parle très bien espagnol et qui de plus a un téléphone portable. Toute la journée, nous sonnons la cloche des bonnes âmes et des bonnes volontés du Panama. En fin de soirée épuisée, mes chances sont plus minces encore.
Et... une lumière s'allume!
Notre ami Patrick, du bateau Pierre Gilles détient à son bord, une boîte magique où il est inscrit "Volvo Penta Fitting" ainsi que les références de la pièce dont nous avons besoin. Il ne veut pas s'en séparer. Nous le comprenons. Nous essayons la pièce pour voir si elle convient et être certains que nous commanderons la bonne pièce. Tout en discutant nous nous rendons compte que Patrick vit une quête similaire à la nôtre. Lui c'est pour son ancre. Les délais de livraison sont désespérants et les prix d'acheminement décourageants. Il reste malheureux à son bord, avec son ancre qui dérape dès 20 noeuds de vent. De ce côté là, nous sommes pourvu (une ancre brake 25 kilos, deux danforth 25 kilos, une delta de 18 kilos et une autre petite pour mouillage arrière). En rigolant, je lui dis :
"Et si nous te donnions notre ancre Delta contre ton kit d'hélice?"
Il réfléchit, gratte sa barbe blanche... fronce des sourcils et lance :
"Pourquoi pas?"
Il vient voir notre delta... Et le marché est conclus!
Ouf, voilà que nous pourrons monter notre hélice toute neuve (car elle n'a jamais servi) sans nous arracher les cheveux à attendre cette pièce qui viendra paraît-il sous ... XXX jours. Nous pouvons donc coller à notre programme et revenir dans l'eau le 27 ou le 28 janvier. Et traverser le canal après un passage en marina pour nettoyer le bateau et le préparer pour les écluses.
Seul bé-mol, nous ne pourrons plus mettre notre hélice en drapeau, comme le faisait la max prop. Nous devrons la bloquer sous voile pour qu'elle ne tourne pas et paraît-il que nous perdrons un demi noeud de vitesse. Non, non! Ne riez pas! Un demi noeud de moins pour notre Etoile... Je pense qu'elle s'en remettra!
Nat et Dom
http://www.etoiledelune.net
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