Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 8 janvier 2010

ÉTOILE DE LUNE - Portobello - RÉCIT













Objet : dernier volet sur Portobelo : l'Histoire
Supplément : fiche pratique de Portobelo
Photos :
Fortin de San Fernando partie Nord de la baie
Fort San Jeronimo
Fort Santiago de la Gloria
Casa de la Aduana


Bonjour,

L'existence de Portobelo est intimement liée aux actes de piraterie. Sans Francis Drake (le corsaire) et son attaque destructive de Nombre de Dios, Portobelo n'existerait pas. Sans l'assaut sanglant de Morgan (le plus célèbre des flibustiers), Portobelo serait encore aujourd'hui un port prospère.

Tout commence, comme partout dans la Caraïbe par un voyage de Christophe Colomb. Pendant son deuxième voyage, en 1502, il découvre les rives du futur Panama et trouve bien pratique de faire escale dans cette large baie située par neuf degrés trente-trois minutes nord et soixante-dix-neuf degrés et quarante minutes ouest. Mais Portobelo tombe aussitôt dans l'oubli.

C'est en 1572 que démarre réellement son Histoire. Lorsque Sir Francis Drake est secrètement chargé par la reine d'Angleterre, Elisabeth Ier, de piller les ports espagnols de la mer des Caraïbes. Drake reçoit le commandement de deux navires. Arrivé sur les côtes de l'isthme de Panama, Drake incendie les cases en bambous et les toits de palmes de Nombre de Dios. Ne vous fiez pas à l'apparent dénuement de ce pueblo, fondé en 1520 par les Espagnols, car il est à cette époque le site depuis lequel, l'or et l'argent des Amérindiens embarque sur les galions à destination de Séville. Drake, à la suite de cet assaut, retourne en Angleterre, auréolé de ses exploits de corsaire, car ses bateaux sont chargés d'or et d'argent espagnol.

La destruction totale de Nombre de Dios incite les Espagnols à trouver un meilleur abri pour leur port de commerce. Ils trouvent à quelques milles à l'ouest, la baie de Portobelo. Le site est choisi pour sa large baie, et ses eaux profondes. La rade peut accueillir plusieurs flottes de galions. Portobelo est plus facile à défendre contre les invasions étrangères.

En 1597, les travaux débutent et les premiers forts et batteries sont construits. Dans l'année qui suit, l'église San Juan de Dios est érigée, et marque la fondation du village San Felipe de Portobelo en tant que tel. Le développement du village est exponentiel. Entre 1574 et 1702, 45 flottes de galions font escales à Portobelo. Chacun rapporte à la mère patrie une cargaison évaluée à 30 millions de pesos. Soit un milliard trois cent cinquante mille pesos en plus d'un siècle. Pas étonnant que ces sommes fassent tourner les têtes et attisent les convoitises des nations concurrentes.

Entre 1597 et 1739, Portobelo subira 7 assauts mémorables de piraterie. Vous comprenez que selon l'angle où l'on se place, nous parlerons tour à tour de pirates, de corsaires ou de flibustiers. Je gage que les Espagnols ne faisaient aucune différence entre tout ce beau monde. Les pirates agissaient pour leur compte, les corsaires étaient aux ordres secrets de Leurs Majestés. Les flibustiers furent assimilés aux boucaniers et formèrent des puissances maritimes redoutables. Quel que soit leur nom, ils eurent les mêmes fonctions et pillèrent, dévastèrent, tuèrent, violèrent.

Pirates, corsaires et flibustiers causèrent un tort incalculable aux colonies espagnoles qui furent dès la conquêtent du Nouveau Monde la cible préférée des aventuriers des mers.

Dans cette période d'âge d'or de la piraterie, Drake justifie son titre de "sir" et ses galons d'amiral. Il prend, entre autres, une grande part dans la dispersion de l'Invincible Armada. Puis, en 1595, la reine le renvoie, accompagné de sir John Hawkins, en expédition contre les forces espagnoles dans les Antilles. Mais cette fois, Drake court à sa perte. Il ne meurt pas bandeau sur l'eau et sabre à la main, mais il s'effondre, atteint de dysenterie à l'entrée de Portobelo. Son corps lesté de plomb hante toujours les eaux panaméennes. Une île à l'entrée de la baie porte son nom.
Ils ne sont pas rancuniers !

En 1630, l'or, les pierres précieuses, l'argent, le bois, les denrées telles que les épices et le tabac excitent l'intérêt de l'état espagnol. Il veut lui aussi récupérer une manne de cette orgie mercantile et il édifie la casa de la Aduana. Les marchandises à destination des marchés européens transiteront par cette imposante bâtisse afin d'en calculer la taxe.

En 1668, le village connaît un essor considérable. Quatre cents familles y vivent en permanence. La population gonfle jusqu'à 8000 âmes lorsque marchands et notables espagnoles séjournent à Portobelo. Cette année-là, à l'intense trafic maritime se joint l'armada de Morgan. Avec 460 hommes, il met le village à feu et à sang, au passage il détruit complètement l'invincible fort San Felipe. Encore aujourd'hui je me demande quelle rage l'habitait pour venir à bout des murs épais qui aujourd'hui ne sont plus que de pauvres choses suspendues au-dessus de la ville et qui témoignent de la violence des combats de l'époque. Pour ses assauts victorieux, le flibustier Morgan est, en 1672, promu gouverneur de la Jamaïque. Sir Henry Morgan est fait chevalier en 1674.

Après cet assaut, les Espagnols décident de construire plusieurs places fortes : la Casa fuerte Santiago de Gloria et ses 17 canons, la casa fuerte et la bateria de San Jeronimo et le Castillo San Fernando flanqué de ses deux batteries, celle du bas, munie de dix canons et celle du haut garnie de 6 canons. Ce déploiement de force n'empêchera pas l'amiral Vernon de s'emparer de Portobelo au nom de la couronne d'Angleterre en 1739.

Les récidives conjointes des Anglais et des pirates, ainsi que la déclaration d'indépendance ratifiée par Bolivar plongent Portobelo dans l'oubli. En 1882, un violent tremblement de terre s'attaque aux soubassements des fortins et des batteries déjà ravagées par la végétation. Il faut attendre 1992, pour que L'UNESCO réveille les ruines et redore le blason historique de cette petite bourgade. Aujourd'hui, elle est loin des fastes d'antan, mais elle garde pourtant un charme authentique.

A plus, pour d'autres escales au Panama.
Nous vous raconterons bientôt Colon, son Canal et le passage dans le Pacifique...
Nat et Dom

Fiche pratique de Portobelo

Sécurité :
Les bateaux hésitent à s'arrêter à Portobelo. Jusqu'à, il y a peu de temps, une bande organisée grimpait à bord des bateaux afin d'y dérober tout ce qui les intéressait. La procédure était la suivante. Un guetteur à terre repérait les équipages qui descendaient pour prendre le bus et aller faire leurs courses dans les villes voisines. Il prévenait par téléphone une équipe en barque qui en profitait pour monter à bord des bateaux. Le guetteur étant chargé d'appeler par téléphone l'équipe à bord de déguerpir des lieux au bon moment.
Des vols d'annexe ont été déclaré au ponton.

Récemment l'équipe de la mairie a été débarquée et changée. Il semble que cette dernière soit plus vigilante à redorer le blason de Portobelo. Néanmoins, il n'est pas recommandé de quitter son bateau pour le laisser seul pendant une journée ou plus. Concernant les annexes, il faut la sécuriser avec une chaîne ou un câble et la cadenasser. Il y a souvent sur le ponton des gamins qui proposent de veiller l'annexe. Il suffit de leur promettre quelques dollars pour leur travail, et de les payer à votre retour.

Nous n'avons pas eu de problème, nous nous sommes baladés en toute quiétude dans les ruines, avons fait notre visite au musée... Le tout sans sentir la moindre animosité.

Mouillage dans 5 à 10 mètres d'eau:
9°33.5 N 79°40 W
Nous avons mouillé l'ancre dans la partie Nord, à l'écart du village, sous le fort San Fernando. Là, nous sommes dans une partie calme, presque bucolique. De plus, mouiller à l'écart du village, permet de ne pas être en première ligne des décibels du week-end. Nous fermions le bateau (comme nous le faisons partout, bien sûr!) chaque fois que nous le quittions. Pour visiter le château San Fernando, attachez votre annexe à l'arbre à l'entrée du fort, avec un câble cadenassé.

Internet:
A terre à côté de la mairie, en face de l'office du tourisme.
0.75 dollars la demi-heure (bon débit, skype possible avec webcam)

Epicerie:
Sur le parvis de l'église. Un chinois pratique des prix très raisonnables. Petite épicerie pour produits de première nécessité.

Restaurant:
Petits restaurants aux prix raisonnables

Visites des forts:
Toutes les visites des forts sont gratuites. La Aduana coûte 1 dollar.
Ça vaut le coût

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