mardi 14 juin 2011
CAT MOUSSES - René et la famille en Papouasie
Photos : 1) Hugo et Thomas 2)Thomas avec une tonne de caramboles
12 juin 2011Manus, Papouasie Nouvelle-Guinée
Récit 175- Hmmm! De l'opposum!
Nous sommes dimanche matin, jour de pause d'école, tous sont partis à terre et je suis restée au bateau avec Thomas. Basé sur mon expérience d'hier, ça m'inquiète un peu de savoir René au marché ? je m'explique. Hier, René est parti tôt pour le marché, question de voir s'il pourrait y faire des trouvailles? Il eut tôt fait de revenir, brandissant d'un air triomphant sa trouvaille du jour.
Quand je suis allée le chercher avec l'annexe, je lui ai demandé si c'était le sac de poubelles qui sentait fort comme ça? Il s'est contenté de sourire. De retour au bateau, il s'est mis à déballer ses achats. Aux cris et éclats de rire des enfants, je me suis empressée d'accourir pour voir ce qu'il en était. J'avais planifié, comme menu ce jour-là, un repas composé de soupe Won Ton et de rouleaux de printemps que je devais préparer en après-midi. Malheureusement, je n'avais pas imaginé les achats que René ferait.
On a pensé qu'il nous avait rapporté du crocodile, de la tortue, du requin, du singe, je ne sais pas? Mais non, comme il l'avait prédit, nous n'arrivions pas à deviner ce qu'il avait bien pu acheter. Finalement il s'est avéré que son achat du jour était nul autre que de l'opposum! Wouach! Il fallait lui voir le tête à cette bibitte et pour employer les termes d'Hugo, de s'écrier : 'Ha! mais c'est qu'elle sent bien fort ta bête René!' (Note d'Hugo : Dany a beau parler, mais elle pourra le confirmer, elle était pratiquement en train de s'évanouir sur le patin dû à l'odeur de l'animal.
Catherine, elle, refusait de poser avec l'animal.) Avec des bâtons de bois, la bebête avait été déployée tout en largeur, ouverte sur la longueur, éviscérée puis fumée. Quel arôme! Et comme si ce n'était pas suffisant, René avait aussi acheté des brochettes de crustacés quelconques, extirpés de leur coquillage et embrochés avant d'être fumés. Et pour finir, il avait aussi acheté une belle grosse pieuvre fumée? Vous dire comment ça sentait le fumé dans le bateau! Je ne veux pas partir de fausse rumeur mais avec tout le temps qu'Hugo a passé enfermé dans la salle de bain, on s'est demandé si la toilette n'était pas devenu l'oasis de paix du bateau. (Note d'Hugo : on n'a même plus le droit de soulager un besoin maintenant?
J'y ai passé peut-être cinq minutes à tout casser.) Non mais si la toilette est l'endroit du bateau où ça sent le meilleur, on n'est pas sortis du bois. A toi ma chère Anne (Hortense pour les intimes), de sincères remerciements car je me suis alors rappelé un de tes cadeaux, tu sais la bougie odorante 'Party Lite' offerte il y a trois ans. Ha! Quel soulagement pour les narines! On pourra dire que tu as le chic pour trouver le cadeau parfait toi! Vous pourrez voir une photo de la fameuse 'Bête' comme l'a gentiment surnommée Hugo.
J'ai ensuite entrepris de faire des recherches extensives dans tous mes livres de recettes exotiques des îles. J'y ai trouvé des recettes de sanglier, de tortue, soupe de queues de kangourou, roussette (chauve-souris), oiseau de mer et autre mais les recettes d'opposum restaient introuvables. Alors, sur les conseils, des locaux, René a bouilli sa bête à la cocotte minute. Les enfants, qui tentaient de faire les classes, étaient très impressionnés de l'odeur!
Il fallait voir la tête de la bête quand René a soulevé le couvercle du presto une fois la cuisson terminée! Elle était toute rabougrie, les yeux sortis de la tête! On a tellement hâte d'y goûter! C'est bizarre mais pour le repas du dîner, ce jour-là, Hugo a déclaré qu'il pensait se convertir au végétalisme (pas de produits laitiers, lait, beurre, crème, fromage, yogourt et oeufs, mais en plus pas de viande, gibier, poisson, fruits de mer, ou autre). J'ignore si c'est le fait qu'il devienne de plus en plus difficile, à faire sa fine bouche sur tout, mais plus ça va, plus il mange léger ce cher Hugo!
Nous avions pourtant un repas du midi très élaboré! Thon fumé et mariné, pieuvre fumée et marinée, crustacés de coquillages fumés et sautés dans le beurre à l'ail, pain, crackers et fromage affiné farci aux fruits et noix? Il n'a pas mangé fort ce midi-là!! Il dit qu'il fait la 'bisance' je crois? c'est-à-dire qu'il jeûne par respect pour les Papous qui n'ont rien à manger. (Note d'Hugo : J'ai quand même mangé du pain, du fromage, donc je ne fais pas, ma fine bouche ;-), de ce fait je peux perdre mes quelques kilos superflus, je ne serai donc plus surnommé le gros du bateau par Nicolas et Thomas, même si certains locaux appellent ces derniers comme cela. )
Quel grand coeur il a ce Hugo de jeûner ainsi! Pour le dessert Nicolas nous a proposé de l'opposum au sirop d'érable mais je n'ai pas eu le temps de le préparer. Dommage!!! On s'est contenté de mes muffins à l'ananas. En tout cas, tout ça pour dire, qu'on n'a toujours pas goûté notre opposum qui attend sagement dans le frigo qu'on daigne bien vouloir le mettre sur la table. René n'est toujours pas revenu du marché, ce n'est pas bon signe! Que nous rapportera-t-il comme surprise aujourd'hui?
En attendant, je vous parlerai un peu de Manus, cette île d'origine volcanique qui fait partie de la province du même nom, au nord de la Papouasie. D'une superficie de 2 100 km², c'est la plus grosse de toutes les îles de l'Amirauté, et sa population se chiffrait à 43 000 habitants en 2000. La capitale de la province de Manus est Lorengau. Un pont relie Los Negros (près d'où se trouve l'aéroport Momote de Manus) à la capitale de Lorengau.
Le mouillage où l'on se trouve est l'endroit précis où siégait une flotte de navires japonais lors de la deuxième guerre mondiale. Mentionnons qu'en 1942, Manus était un site d'observation militaire pour une section militaire australienne, en échange de quoi des services médicaux étaient offerts aux habitants locaux. Le 25 janvier 1942, les Japonais ont fait une première attaque sur Manus, puis ils sont revenus par bateau dans le port de Lorengau, avec des centaines de militaires japonais, plus tard en avril de la même année. Devant cette invasion, les Australiens ont battu en retraite, s'enfuyant dans la jungle et plus tard cette année-là, les Japonais ont établi une base militaire sur Manus qui allait être attaquée par les Américains en 1944. On voit encore plusieurs vestiges, d'équipements militaires japonais un peu partout dans le coin et plusieurs épaves demeurent.
Revenons à nos moutons? Finalement, René est revenu du marché avec de nouveaux amis rencontrés la veille, soit Willie, Lucy et leurs enfants : Anthony, Mary and Wilkinson. Lors de cette visite au marché, René et les enfants ont vu un opposum vivant pour 20 Kinas, soit environ 7$. En passant, ce que j'ai pris à tort pour un opposum, est en fait appelé cuscus ou Kapul en langue pijienne. C'est plus ou moins un espèce de furet à la queue entortillée comme un opposum. Ils ont aussi vu une énorme tortue vivante à vendre. Hugo aurait bien voulu acheter ces animaux pour pouvoir leur rendre leur liberté.
Ainsi, la troupe des joyeux lurons est revenue du marché avec quelques fruits et légumes, dont un énorme, mais je dis? ÉNORME sac rempli de caramboles offertes par Willie et sa femme. Elle est professeur pour les classes élémentaires préparatoire, 1ière et 2ième alors que Willie reste à la maison pour prendre soin de leurs deux plus jeunes. Il fabrique aussi des colliers qu'il vend. René et les enfants lui en ont achetés plusieurs dont un magnifique collier très typique de Manus, seul endroit où on trouve les 'Emerald Green Snails' (des espèces d'escargots vert lime utilisés pour la confection de bijoux).
Ils nous ont aussi offerts des bananes et des objets d'art local (des sacs tissés aux couleurs vives). Devant autant de gentillesses et voyant que nous avions affaire à de très honnêtes gens, nous les avons ramenés au bateau en guise de reconnaissance et Hugo a aussi offert une de ses chemises à Willie qui semblait bien heureux.. Ils étaient vraiment intéressants à jaser et nous aurions passer toute la journée avec eux mais René avait d'autres plans en tête. Ainsi le reste de la PM a été consacré aux activités suivantes : monter dans le mât pour travailler sur l'éolienne et aussi jouer dans les cales moteur pour René et Nicolas, pendant que Catherine, Hugo et moi plongions pour frotter la coque.
Le capitaine a eu beau tout essayer pour réanimer le moteur défectueux, il semble que le problème relèverait possiblement des injecteurs, il faudra donc faire avec un seul moteur pour quelques temps. Thomas et Antoine, eux, étaient sur une île avoisinante car des locaux sont venus les chercher pour les amener jouer à terre sur la plage. Thomas jouissait d'une popularité peu commune à Manus. Chaque jour, tout plein de jeunes venaient en pirogue pour demander à voir Thomas qui, flatté, se prêtait volontiers à leurs jeux. Ils semblaient bien rire ensemble, c'était beau de voir leur complicité.
Après 30 jours dans le pays, nous avons complété les procédures de sortie ce matin et avons pris la mer peu avant dîner. Une jeune fille de 22 ans rencontrée hier sur la plage, est venue nous saluer avant notre départ, nous apportant, sacs tissés, colliers et hameçons provenant du magasin Papindo où elle travaille. René avait fait, sans succès, trois endroits pour trouver ces hameçons ce matin et elle, nous arrivait avec précisément ce qu'on cherchait. Elle avait remarqué, sur la plage hier, notre curiosité et intérêt pour ces hameçons et s'était promis de nous en apporter.
Elle est venue avec son frère nous remettre toutes ces choses. Nous ne pouvions la laisser partir ainsi, alors nous les avons invités à bord et leur avons remis quelques cadeaux et un peu d'argent. Franchement, il est vrai que ces îles du nord sont uniques en Papouasie. Il nous a pris quelques jours pour briser la barrière de la timidité mais de plus en plus, les gens venaient à nous. Ils viennent juste pour nous saluer, pour parler ou autre, et rarement pour faire des échanges. Ils n'en ont pas besoin car il y a ici quelques petits magasins et ils ne semblent manquer de rien. Quand ils nous apportent des choses ce n'est pas dans le but de faire des échanges, ils nous l'offrent tout simplement par gentillesse, n'attendant rien en retour.
Le mot a dû se passer dans le village car plusieurs sont venus nous saluer ce matin avant qu'on quitte, dont les nouveaux amis de Thomas. Je ne mentirais pas en disant que certains de ces garçons étaient âgés d'au moins 20 ans. Nous quittons la Papouasie enchantés de notre expérience. Nous avons forgé de nouvelles connaissances, découvert de nouvelles choses, de nouveaux fruits, de nouveaux mets. Parlant de mets? on n'a pas encore goûté notre cuscau (opposum). C'est qu'hier soir René est revenu avec 6 seiches (squids) offertes par un local à la plage. Encore une de ses trouvailles!
Il faut être flexible pour être cuisinière sur Cat Mousses! Nicolas, nous a donc nettoyé, découpé, assaisonné et cuit les seiches et finalement, je me suis dit qu'on n'allait pas trop mélanger de goûts pour le souper alors j'ai remis le cuscus pour un autre souper. Je ne veux pas traumatiser Hugo non plus, une spécialité locale par repas me semble suffisante, si on veut qu'il mange un tant soit peu (Note d'Hugo : je suis assez déçu, car je voulais goûter au cuscus, qui goûterait apparemment un peu comme le porc, mais nous remettrons ça à un autre soir.).
Bullshit Hugo, de répondre Dany! Mais farce à part, je n'avais moi-même, pas trop le coeur à l'opposum hier soir. Ce soir, toutefois, je n'aurai plus le choix, un bon riz à l'opposum, en mer en plus. Je l'ai mariné à la sauce Satay question de camoufler la bête un peu. (Note après coup : Non franchement, on a fait tout un plat avec cette histoire de cuscus, mais le goût et la texture de la viande est bien bon, quoique l'odeur du fumé soit un peu prononcée par contre.) Prochaine destination, Yap en Micronésie, dans huit jours. La mer est calme, le vent très léger, pratiquement inexistant. On a eu beau attendre plusieurs jours, rien ne se présentait au radar.
Nous sommes donc partis, mûrs pour de nouveaux horizons. Dans ce coin, si près de l'équateur, les vents se font rares. Nous traverserons la ligne de l'équateur demain soir, une autre raison pour célébrer. Peut-être finirons-nous par rencontrer d'autres bateaux prochainement. Hormis quelques baleines et dauphins ici et là, le seul et unique voilier rencontré a été à Rabaul. Nous n'avons pas rencontré un seul autre navigateur depuis l'Australie, il y a près de 6 semaines déjà. Les enfants ont bien hâte de rencontrer des amis de bateau.
Pour terminer, il y a longtemps que nous n'avons pas envoyé de cartes postales. J'aurais bien voulu pouvoir en trouver en Papouasie mais il faut croire que nous n'avons pas exactement été dans les coins les plus touristiques du pays.
Nous avons préféré demeurer loin des grands centres pour prendre le pouls réel de la culture de ce pays et franchement, ce fut réussi.
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