jeudi 9 juin 2011
CAT MOUSES - René et la famille en Papouasie
Photo : Cat Mousses devant Rapopo Plantation Resort
Les enfants sur la route du volcan
07 juin 2011
En navigation vers Manus, Papouasie Nouvelle-Guinée
Récit 174-
Rabaul et son volcan Nous avons bien apprécié notre passage à Rabaul. Nous étions installés devant le 'yacht club' de l'endroit et avons connu un autre bateau venu des Philippines et naviguant vers l'Australie.
Les membres de cet équipage, étant extrêmement connaissants des endroits que nous allons visiter cette année, nous ont fourni de l'information très précieuse. Les habitants de Rabaul sont très aimables, souriants et accueillants. Quand on voit les adolescents d'une village s'arrêter sur la rue pour vous sourire et vous saluer, c'est souvent une très bonne indication sur l'attitude générale des gens. Rabaul est une petite ville un peu fantôme.
C'est comme si la ville s'était endormie sous les cendres. Les gens parlent de façon nostalgique de combien grosse et épanouie était autrefois leur ville qui n'est plus qu'une infime partie de ce qu'elle a été avant l'éruption du volcan en 1994. Après un mois entier sans voir le moindre magasin, il faisait bon revoir un marché de fruits et légumes frais. Les enfants étaient fous brac devant les tables de fruits et voulaient tout acheter et faire goûter à Hugo : les noix, le corossol, ramboutans, carambole, 'five corners' et encore d'autres dont j'ignore encore le nom.
Ça faisait changement des papayes, bananes et noix de coco que l'on mange jour après jour depuis un mois. Aussi, quand on voit les tables entières qui se succèdent, les une après les autres, remplies des fameux 'betel nut', ce fruit que mâchent les locaux, on comprend pourquoi ce fléau est si répandu. On se demande parfois où mettre les pieds, tant les rues et trottoirs sont maculés de ce crachat ou plutôt pâte rouge que mâchent hommes et femmes, adolescents et même certains enfants. Un matin, nous sommes partis avec trois locaux et deux des quatre gars de l'autre voilier pour escalader le volcan. Seul René est resté au bateau car tous sont catégoriques, il vaut mieux ne jamais laisser son bateau seul en cet endroit. L'ascension s'est bien déroulée, quoique assez intense.
Malgré mes petites faiblesses et étourdissements habituels, ainsi que les fortes émanations de sulfure, nous nous sommes tous rendus au sommet du col, sauf deux personnes (un monsieur de l'autre voilier et un des guides). La terre, ou plutôt l'épaisses couche de cendres molles rendaient la remontée un peu difficile car on enfonçait et on glissait sur le flan de la montagne.
Une fois en haut, sans pouvoir distinguer le fond du cratère, on pouvait quand même voir et sentir les fortes émanations du volcan ainsi que le grondement généré par la lave tout au fond.
Puis, le lendemain, nous avons fait le plein de diesel via un baril de 200 litres acheté d'une compagnie pétrolifère de l'endroit. Le patron de cette compagnie, Oliver, nous a permis d'apporter notre 'lap top' dans leurs bureaux pour 'squatter' leur signal internet et pouvoir télécharger quelques documents scolaires pour les enfants.
Suite à l'éruption du volcan en 1994, il a été décidé de déménager la plupart des infrastructures de Rabaul vers la ville de Kokopo. Ainsi, c'est dorénavant là que se passe toute l'action. Kokopo c'est bondé de monde et ça grouille d'activités. Nous y sommes arrivés le matin et avons passé la journée à nous promener au marché de fruits/légumes et dans les supermarchés. Nous avons été agréablement surpris de constater l'éventail des produits disponibles. On trouve de tout en cet endroit.
Ils ont, bien sûr, les produits locaux de la Papouasie mais tout le reste est importé soit des pays asiatiques ou d'Australie. Bref, ils ne manquent de rien. Par contre c'est beaucoup plus impersonnel comme endroit. De plus, on retrouve, là comme à Rabaul, une réalité qui n'existe pas dans les petites îles plus isolées. En effet, contrairement aux îles isolées, où la plupart des habitants mènent une vie tranquille et où on peut très bien vivre sans argent, la réalité est toute autre en ville où il y a le phénomène des classes sociales.
Sans argent et sans emploi une personne ne survit pas en ville. On ne peut pas strictement vivre de son petit jardin et de la pêche en ville car encore faut-il avoir un morceau de terrain. C'est là qu'on voit apparaître la pauvreté et les sans abris. Ça fait tout drôle de voir des enfants se baigner nus en ville quand dans les îles plus retirées, la plupart sont toujours habillés. C'est ici que naît, par mesure de survie, la corruption.
Ainsi, si nous avions trouvé Rabaul douteux du côté sécurité, nous n'avions rien vu. Il n'était pas question de laisser le bateau sans surveillance ici. Aussitôt, nos emplettes terminées, nous avons levé l'ancre pour rallier un coin plus recommandable, car en mars dernier, un couple de navigateurs avait été attaqués sur leur bateau à Kokopo.
Les malfaisants étaient débarqués dans leur cabine, au milieu de la nuit, en sautant dans leur lit par le capot au-dessus de leur tête. Ils avaient menacé le couple d'un couteau, les avaient attachés et étaient repartis en emportant argent, laptop et autre. Bref, on a décidé de ne pas tenter le diable et de partir. Nous nous sommes donc retrouvés deux miles plus loin devant un 'resort' de haute gamme à Rapopo. Wow quel bel endroit! Un véritable oasis de paix.
Difficile à croire qu'on pouvait trouver un endroit aussi chic, paisible et tranquille dans une baie aux eaux aussi propres tout juste à côté de la ville. Les propriétaires, des Australiens, y sont extrêmement gentils. Ils nous ont laissé utiliser la laveuse des résidents de l'hôtel. Après un mois, ce n'était pas un luxe de faire quelques brassées de lavage. Inutile de dire que ça faisait un bien fou que de pouvoir faire un peu de lessive. On nous a laissé utiliser la piscine et le bar, on s'est même payé un souper au restaurant pendant que la lessive se faisait.
Wow quel bonheur! On a eu bien peur de perdre notre équipier qui avait l'air déterminé à se trouver un emploi dans cet endroit paradisiaque. Malheureusement le capitaine n'a pas pu en profiter énormément car il a passé la plupart de son temps dans ses cales moteurs à nettoyer, changer ses filtres à diesel et purger le système de l'air qui s'y était malencontreusement infiltré, ce faisant. Il a passé plusieurs heures là-dessus, voire plusieurs jours en ligne et il n'y est toujours pas arrivé. Résultat, nous avons décidé de partir quand même, bien qu'un seul des deux moteurs ne fonctionne.
Au pire, nous ferons venir un mécanicien à Palau si le problème n'est pas résolu d'ici là. Il est pas mal brave le capitaine de quitter ainsi. Toujours aussi positif et optimiste, il est convaincu qu'il arrivera à résoudre le problème de lui-même. On l'espère en tout cas.
Nous avons repris la mer lundi, après deux jours au 'resort', Too bad le moteur! Nous naviguons présentement vers Manus, l'île la plus au nord de la Papouasie, où nous effectuerons nos procédures de sortie du pays avant de rallier Yap. Les deux premières journées, nous les avons navigué au spinnaker, jour et nuit, grâce à un confortable vent arrière qui nous permettait de faire une vitesse de 7 à 7.5 n?uds. Enfin une belle navigation, ça n'arrive pas souvent.
En plus, il y a ici un courant aidant qui varie entre 0.6 à 1 n?ud. Bref, la navigation se passe très bien mais que dire de la pêche? René ne cesse de modifier ses appâts et leurres afin de pouvoir attraper des poissons mais sans succès depuis les Louisiades!!! On ne baisse pas les bras!!
Encore chanceux que René, au plus grand bonheur d'Hugo, avait eu la présence d'esprit d'acheter un beau gros poisson dégueulasse et puant, comme l'a si bien décrit Catherine, (qui adore en passant). Hugo par contre? aime moins le goût de ce thon fumé. Mais si ce n'était pas de ce thon fumé, le poisson se ferait rare sur le menu ces temps-ci. (Note d'Hugo : celui-ci j'avoue que j'ai du mal.)
A part ça c'est la routine, Nicolas, a été malade à deux reprises hier matin pendant les classes car le mal de mer est sournois sous vent arrière mais somme toute, tous se portent bien. Nous sommes très reconnaissants envers Hugo pour tout le travail qu'il accomplit en classe avec les enfants, avec Nicolas et Antoine surtout. D'humeur toujours égale, et toujours prêt à jouer un jeu de cartes ou autre, c'est pour nous une bénédiction de l'avoir à bord, surtout lorsque nous entreprenons des navigations sur plusieurs jours.
Comme ça, lorsqu'il arrive que René et moi soyons un peu fatigués le matin suivant une navigation de nuit, Hugo lui est frais et dispo et dès 08h00 tous sont assis, prêts pour entamer leur avant-midi d'école. Catherine m'a initié au DS en dénichant un jeu pour perfectionner son espagnol. C'est bien la première fois que j'accepte de toucher à cette machine (note d'Hugo : et après, elle dit que ce sont les enfants qui sont intoxiqués par les jeux électroniques).
Catherine a enfin réussi à capter mon intérêt en trouvant mon point faible avec ce jeu d'espagnol. Ces temps-ci, les enfants sont sur un 'trip' de tricot alors ils consacrent beaucoup d'heures sur leurs projets respectifs. Un ourson et tapis pour Catherine et des foulards pour Nicolas et Antoine. Thomas, pour sa part, n'est pas très versé sur le tricot alors il en profite pour lire un peu.
Je ne sais pas quand les garçons porteront leur foulard mais pas ici c'est certain, car nous nous trouvons actuellement à 200 km au sud de l'équateur, ce qui fait qu'on sent une augmentation marquée de la température. Depuis que nous avons quitté les Louisiades et ses vents constants de 30 km/heure, les vents sont devenus quasi inexistants ou du moins drastiquement plus faibles.
Il fait une chaleur et humidité accablantes alors on se baigne souvent pour baisser notre température corporelle, quoique l'eau est tellement chaude que ça ne rafraîchit pas énormément. Selon les prédictions météo, il semble que la situation ne changera pas beaucoup dans la prochaine semaine. Nous allons donc peut-être attendre un peu avant de mettre le cap sur Yap.
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