Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 19 juin 2011

CES ILES - Michel et Cécile aux Antilles

Bonjour à tous
Nous sommes arrivés à Ste Lucie après 14,5 jours de traversée ... heure pour heure, ancrage pour ancrage.
Pas immédiat pour nous car nous n'avons pas de moteur à l'annexe et l'ancrage à l'intérieur de la baie n'est plus possible (réservé marina), extérieur seulement. Pas facile pour nos activités ni facile de repérer comment communiquer.
Ma radio donne définitivement des signes de faiblesse et je n'arrive pas à me faire entendre, ni avec le réseau, ni avec Jean Claude
Bises de Cécile et Michel

Voici donc la suite de notre périple

Nous sommes prêts, plus prêts que nous ne l'avons jamais été. Les réparations sont faites, les pleins sont fait, les soutes sont pleines Mais les Canaries ne veulent pas nous laisser partir. Nous regardons impuissants les rafales de vents soulever des petits moutons blancs dans le mouillage où les petits bateaux colorés dansent sur leurs corps morts. Par jeu, nous imaginons un chemin à nous frayer "pour quand le vent tombera". Slalomer entre les petites embarcations par vent fort n'est pas vraiment la tasse de thé de ce coursier des mers qui déplace 200m2 de surface au sol. Cela durera toute la journée. Le vent ne nous laisse pas de créneau.

Le lendemain de bonne heure, c'est la nôtre. Marche arrière et nous nous faufilons sereinement entre les diverses embarcations figées. C'est le grand départ, nous sommes partis pour la traversée. D'abord tranquille, le rythme s'accélère au passage entre les deux iles de Lanzarote et Fuerte Ventura. un ris dans la grand voile, trinquette, nous sommes gréé pour faire face. Le bateau accélère docilement et se stabilise entre 11 et 13 noeuds. Le Ferry a du mal a nous dépasser. Jo a le sourire jusqu’aux oreilles. Le temps est beau, tout va bien, nous sommes heureux de retrouver la navigation.

La nuit s'installe lorsque nous dépassons Gran Canarie. L'éclairage urbain trace des coulées de lave incandescente sur les pentes charpentées de cette cathédrale volcanique et bientôt, c'est Tenerife que nous apercevons par le travers. Le vent semble hésiter puis se renforce sévèrement dans le passage, les surfs sont de plus en plus long et de plus en plus puissants. C'est toujours la nuit. Il ne reste plus que la grand voile avec un ris. Le GPS enregistrera une pointe de vitesse à 21 noeuds et le loch à 27 noeuds. Lorsque nous sortons du passage au petit matin, le vent à considérablement diminué jusqu'à ne plus nous laisser qu'une petite houle désagréable. Belle consolation, l'odomètre affiche fièrement 250 milles parcouru en 24 heures. C'est un bon début mais nous savons que ce n'est pas garant de la suite. Pour l'heure, pétole. Le bateau n'avance plus et tape rageusement dans les quelques vagues qui se hasardent à cotoyer ses coques pleines. Nous n'allons pas nous laisser faire. C'est dur pour le bateau, dur pour l'équipage qui souhaite se reposer, l'imljmobilité n'est pas une option et il reste plus de 2500 milles à parcourir. Nous remettons en route le mlugoteur. Eole, vexé de notre anti-jeu ne tarde pas à libérer la pression et ce sont 20 noeuds qui nous arrivent pas le travers. Magnifique. Le bateau repart superbement, l'équipage de repos en profite et même le temps qui grisonnait en quittant les Canaries se remet au beau. Jo mets ses lignes de pêche à la traine, la traversée continue.

Hier soir, par radio avec le relai de Jean Claude, notre ami Jano nous a fait infléchir notre cap pour descendre plus rapidement au dessous du 18° nord afin d’éviter une zone de mauvais temps qui se forme souvent par la bas et rattraper ainsi les alizés. Nous descendons donc de 10° plus rapidement. Le bateau a souri, ce cap au 250° lui convient mieux. La mer, bonne fille, se prête au jeu. Le fauve est lâché, il bondit et caresse les crêtes des vagues dans une faible houle dont il exploite toutes les descentes en des surfs rapides et légers. Après trois jours de navigation, le bilan est sans appel. Le Gps affiche 720 milles nautiques parcourus à 10 nœuds de moyenne. Nous avons parcourus le quart de notre chemin. Plutôt satisfaisant… et encourageant ! Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. L’ensoleillement varie, l’état de la mer, la vitesse du vent mais son orientation Nord nous reste toutefois très favorable sur ce cap au Sud Ouest. Lorsque le vent baisse souvent au milieu de journée, nous avons l’impression de ralentir considérablement. Un rapide coup d’œil au loch nous indique 7 nœuds… tout va bien quand même !

En ce début de quatrième jour, la mer s’est un peu formée et semble manifester que le jeu est fini. La vitesse augmente et notre moyenne avec mais certaines vagues utilisent le bateau comme une écope et nous rincent copieusement. Nous sommes trempés de la tête au pied. Heureusement qu’il fait beau et relativement chaud mais les habits gardent quand même une forte empreinte salée peu agréable. Bien sur, pas de possibilité de rincer tout cela, l’eau douce est comptée. Nous sommes partis avec 200 litres d’eau pour une durée de traversée estimée à 14 jours ce qui fait un peu plus de 3,5 litres par jour et par personne pour la cuisine, la boisson et la toilette. Pas de problèmes, mais rien de trop.

La météo à bord : Ces-Iles est équipé d’un Navtex qui reçoit automatiquement les bulletins côtiers. Donc depuis les Canaries, plus rien. Pas une grande perte réellement car l’expérience a démontrée que les bulletins arrivaient tard, étaient peu précis voire erronés sur notre trajet. Notre meilleure source vient de la BLU, la radio Haute Fréquence embarquée qui maintient un contact avec des personnes restées à terre et nous relayent ainsi une météo ad hoc adaptée à notre plan de navigation. Nous pouvons aussi donner notre position qui est reportée sur un site web afin que nos proches puissent nous suivre. Toujours au moyen de cette radio, il est possible de recevoir des fax météos en provenance des USA (la NOAA) qui sont diffusés à des horaires réguliers. Malheureusement, la distance ne nous est pas encore favorable à la réception de ces bulletins… bientôt !

Nous maintenons un contact journalier avec le réseau du capitaine qui nous apporte les nouvelles, prends notre position et nous relai la situation météo sur notre route.

Avec la rapidité de notre avancée, nous sommes confrontés à la modification des horaires due au passage des fuseaux horaires et à notre descente vers le sud. Nos heures des repas se trouve perturbée et nous devons trouver un nouvel équilibre. L’heure GPS semble une bonne référence en se calquant sur la position du soleil. Midi au zénith est tout de même une bonne référence pour le repas du midi !

-« nous dinerons ce soir à 19h30 heure universelle » nous annonce fièrement Pascale !

Heure universelle… ca le fait !

Dame Lune fait une timide apparition et hasarde son premier quartier au travers d’un ciel encombré. Ce fin quartier pile dans l’axe de notre cap actuel nous trace une route lumineuse que nous utilisons comme repère lors de notre veille du début de la nuit. Un nouveau jeu se développe au fil des nuits : Objectif Lune!

Nous avons continué notre descente Sud Ouest jusqu‘à la latitude de St Martin environ, nous devons rester au sud de ce point pour éviter une zone de calme plus au nord et vraisemblablement du mauvais temps qui sévit dans l’atlantique nord. Notre route jusqu’à présent est un sans faute car nous maintenons une vitesse de près de 10 nœuds de moyenne dans une faible houle qui ne ressemble en rien à tout ce que l’on a pu entendre, un temps magnifiqlue qui nous verra bronzé bien avant les Antilles et un vent doux pas très fort qui nous va bien confortablement. Nous avons atteint les alizés plutôt faible en ce moment, quelque relent de courant équatorial qui ne se fait pas sentir en vitesse mais parsème la mer de ces algues jaunes caractéristiques : les sargasses. Ca sent bon les tropiques ! Par contre, il nous faut louvoyer car le vent faible et pile sur l’arrière ne convient guère au bateau pour maintenir les voiles gonflées et productives,. Cela rallonge un peu la distance totale parcourue, mais nous la parcourons plus vite ce qui pénalise peu finalement la distance en direction de l’arc antillais.

Sous les tropiques, il y a des grains. Cette première rencontre est plutôt sympathique mais frustrante. Précédent le vent de ces gros nuages chargés de pluie, le bateau accélère et nous maintient hors d’atteinte. Fantastique sensation d’évoluer à 500m devant le rideau de pluie mais un peu d’eau douce cadeau du ciel eût été bienvenue pour nous rafraichir et dessaler nos tenues empoissées.
Cela devait arriver, le pilote fait défaut. Une semaine avant notre arrivée prévue, il reste 1300 milles a parcourir. Face au vent, nous profitons d’une période de calme pour tout démonter y compris la barre à roue et analyser la panne. C’est le moteur, donc pas de dépannage possible avant les iles

Nous devrons barrer toute la nuit en nous relayant. Les quarts s’installent toutes les deux heures.

Par radio, nous demandons où trouver un agent agréé Raymarine (la marque de notre pilote) pour le réparer. Très gentiment, Jean Claude consulte internet, Jano de son côté aussi et bientôt les réponses arrivent par radio. Ste Lucie, St Martin et Grenade disposent d’agent agréé (pas de simples revendeurs) ce qui m’intéresse plus car le pilote est neuf et normalement sous garantie. Nous sommes plus proche de Ste Lucie et c’est sur notre route.. cap à l’ouest kdonc !

A l’approche des Antilles, les premières ondes tropicales nous apportent de gros nuages chargés de pluie et possiblement des orages. Première rencontre avec les grains tropicaux bien plus puissant que les petits nuages précédents. Plutôt gratinée cette rencontre. Normalement un grain s’accompagne de vent pouvant atteindre 30-35 nœuds et d’une pluie diluvienne qui aplati la mer sur une période d’une heure maximum. Pas cette fois. Jo et Pascale de quart enregistrent jusqu’à 50 nœuds en rafale. Pas question de fuite, un près très serré au vent permet d’étaler cette première rencontre musclée. Heureusement, nous pouvons voir venir ces monstres de loin et nous préparer à l’avance.

Terre !

Pascale vient de repérer dans la brume les hauteurs de Ste Lucie distante d’une quinzaine de miles environ. Nous y arriverons à la nuit. Passage par le sud pour éviter le cap au nord dans le canal de Ste Lucie qui peut être perturbé avec ce vent soutenu établi Est-Sud-Est. Belle arrivée toute voile dehors au couchant proche du cap Moule à Chique (Cela ne s’invente pas !) surmonté par les deux pitons symboles del’ile, que nous arrondissons proprement.

Nous finirons au moteur avec un léger vent de face en pleine nuit, sous la pleine lune. Des instants magiques sous le vent de cette côte inconnue, massive mais très habitée finalement au regard de toutes les lumières qui illuminent les pentes que nous imaginons verdoyante.

Nous ancrons derrière toutes les petites étoiles blanches accrochées dans le ciel sous la silhouette sombre d’autant de bateaux que nous devinons à peine.

Dès le lendemain, nous entrons fièrement dans le lagon pour découvrir que mon guide date un peu et que la marina prend désormais toute la place avec ses pontons bien propre et déserts en cette saison. Nous squattons sans peur une place derrière et débarquons pour effectuer les formalités d’entrée. Accueil sans chaleur des officiels habitués au manège des « yachties » qui écument les Antilles, mais avec professionnalisme et sans heurts même si je leur annonce que nous arrivons directement de France sans papier de sortie du dernier port. k

Ils ont du nous guetter. A peine avons-nous rejoint le bord qu’une vedette de la marina nous aborde très courtoisement et nous explique gentiment que nous ne pouvons rester ancré ici. C’est la marina ou à l’ancre dehors. Il nous reste encore quelques activités à accomplir… nous reviendrons demain quitte à prendre un corps mort. Les Antilles sont vraiment organisées pour ratisser les navigateurs.

Le lendemain, lorsque nous revenons pour faire les pleins d’eau et de carburant, pas grand-chose mais nécessaire tout de même, nous sommes accueillis par un jeune qui parle un peu de français appris à l’école et nous dirige vers un quai désert, un peu en dehors de la marina où nous pourrons rester gratuitement le temps de faire nos affaires. Sympa ! merci beaucoup ;

Bien sur l’agent ne possède pas de pièces de rechange, il n’est pas disposé à nous dépanner rapidement mais dans l’ordre de ses fiches de travail et comme le week end approche, il me fait comprendre que rien de bien vaillant ne pourrait être accompli avant la semaine prochaine et de toutes les façons, si il faut commander des pièces, cela prendra une semaine supplémentaire. Quant à la garantie internationale… c’est retour en atelier bien sur ! Plusieurs coups de téléphones à divers agents ou revendeurs ne nous encouragent pas plus. Nous continuerons donc sans pilote. Pas question d’immobiliser le bateau dans cette région hors de prix.

Le meilleur épisode, c’est tout de même le rechargement de ma bouteille de gaz, (cube viseo) auprès de la lavandière qui me répond avenante qu’elle recharge tout type de bouteille. La compagnie de gaz au Canaries m’avait envoyé sur les roses en m’expliquant que personne sur l’ile ne me rechargerait ma bouteille. Je connaîs bien cette moue du technicien qui devant mon doute exprimé extirpe un adaptateur bricolé et recharge ma bouteille en 2 minutes.

« Allez mon gros, reprend ta bouteille » semble-t-il me dire dans un demi sourire contenu et les yeux discrètement brillant. Il y a du génie dans le bricolage partout ! Cela fait bien mon affaire.

Nous rencontrons à la marina un couple de jeunes français qui viennent de traverser une semaine avant nous. Un beau petit bateau tout neuf, moderne équipé d’un bel hydrogénérateur qui fut l’objet de nos questions et, il faut bien l’avouer, le but initial de notre rencontre. Leurs impressions, leurs rencontres parfois difficiles avec les cargos ollu les sargasses (plus difficile que nous en tout cas car ils furent bloqués par les algues en pleine mer par exemple), leur route furent les même que les nôtres, intéressant !



Une onde tropicale est annoncée pour le week end. Pluie et vent en perspective, par contre une météo fantastique derrière avec un anticyclone des Açores super puisssant sur tout l’atlantique nord. Des vents portants de 15-20 nœuds pour le reste le la semaine… c’est pour nous. Direction Aruba puis le Panama en négociant prudemment le délicat Cabo de la Vela

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