lundi 5 mai 2008
CIEL & MER - Denis et Réjane au BRÉSIL
Comme j'ai été autorisé a annexer "Le réseau de capitaine" à mon bateau. j'offre le passage à tous ceux qui seraient tentés par la destination BRESIL...
La traversée Ascension- Salvador est parmi les plus agréables qui soit. On y jouit d'un bel alizé portant variant entre 4 et 5 Beaufort; du gâteau. Le bateau est comme sur des rails et une a deux corrections mineures quotidiennes suffisent à le garder sur la voie. La carène qui vient de s'offrir le traitement rajeunissant des blackfish de l'Ascension, glisse impeccablement et nous sommes tous les jours surpris des distances parcourues sous la caresse d'un vent aussi peu agressif.
L'escale de l'Ascension se justifie ne serait-ce que pour profiter du nettoyage méticuleux de votre coque par ces uniques petits poissons de la famille des piranhas.
Nous devons constamment nous protéger du soleil et les quelques rares cumulus n'y contribuent en rien; on pourrait presqu'en tout temps les comptabiliser sur les doigts de la main. Ce n'est qu'a mi-parcours que nous connaissons une première journée ennuagée. Nous n'avons rien contre ce changement de régime et attribuons à regret, la mise en place de ce paravent, à la timidité de la lune qui doit en cette nuit même, se parader dans toute sa plénitude.
Une seule ombre au tableau, on arrive pas a passer nos courriels via Winlink, en conséquence, quelques rapports de position sont portés manquants sur la mappemonde mais on se rattrape avec Le Réseau Du Capitaine.
Lorsque perdus sur une mer au couleurs du Québec, quoi de plus réconfortant que d'entendre la voix chaleureuse d'André envahir notre carré avec un aperçu de la robe ponctuelle du pays. Pierre pour sa part, na qu'a bien se tenir depuis que Réjane lui réclame immanquablement un conseil quotidien pour améliorer son modus vivendi. Comme vous vous en doutez bien, Nycole a beau malmener sa boule de cristal qu'elle ne réussi pas à lui faire avouer la moindre variation sur le thème de notre bel alizé. Notre "cousin" Jean-Claude, on le copie moins bien, quoique nos échanges soient à l'occasion fort intéressants. Nous n'avons qu'a jouir du temps qui s'égraine en douceur: lire, manger, retourner les poissons volants à l'eau, dormir et rêver.
Le seul qui travaille en permanence à bord c'est le régulateur d'allure et si l'envie lui prend de se plaindre, un jet de WD40 suffit généralement à combler ses attentes.
À l'approche du Brésil nous expérimentons pendant trois jours consécutifs un scénario qui nous tire de notre nonchalance. Bénéficiant de vents nocturnes anémiques et d'une lune qui tarde de plus en plus à se pointer, des nuages en profitent pour envahir le ciel au détriment de notre voûte étoilée. En fin de nuit, le temps nous semble franchement menaçant mais comme bénis des dieux, ces grains nous épargnent presque tous. Les rares qui réussissent à nous atteindre se révèlent beaucoup moins noirs que nous les avions d'abord jugés.
Ces grains mineurs ne nous concèdent finalement que de légères douches très appréciées pour rafraîchir et dessaler le pont. Dès que le soleil reprend possession de son domaine tous ces intrus se volatilisent comme du beurre dans la poêle. Y-a-t-il la dessous un message à découvrir et à assimiler? Le brésil serait-il un domaine exclusif au soleil?
Je viens à peine de terminer ces lignes, il n'est pas encore midi et je me retrouve forcé de renier ce que je viens d'écrire. C'était trop beau, trop parfait. Une multitude de cumulo-nimbus viennent progressivement d'envahir tout notre ciel bleu perturbant l'harmonie solaire comme autant de chefs de guerre dans un pays en tentative de développement.
Quoique tardive, voila l'épreuve de cette traversée. On nous avait prévenus. "attention cette côte est granuleuse!" il faut comprendre pas là qu'on y rencontre plein de grains et non pas que ses plages sont couvertes de gravelle: quel sacrilège! Les 24h qui suivent ne nous laissent guère de répit ; il faut négocier le vent avec chacun de ces nuages convectifs et rares sont ceux qui consentent à coopérer avec nos intentions. Lorsque finalement la mer et le vent reviennent à de meilleurs sentiments nous sommes exténués mais ... Terre! Terre! La péninsule de Salvador daigne se révéler sous la forme d'une fine dentelle bleutée qui brise enfin
la monotonie de notre ligne d'horizon. Le soleil baisse déjà et il est trop tard pour espérer s'enfiler dans la grande Bahia de Todos os Santos.
À vingt miles de la côte nous prenons la cape après s'être assurés de ne pas se retrouver dans l'alignement des "bigs Ships". Nous profitons d'un vent qui est parti jouer ailleurs pour nous offrir une nuit de repos pendant que notre voilier dérive doucement vers l'entrée de la Baie à 1.6kts. Notre dernier mouillage de l'Ascension était infiniment plus rouleur que cette confortable cape. Dès les premières lueurs de l'aurore nous remettons le bateau en route sans savoir trop bien à quoi nous attendre.
L'éclairage de la ville s'est raffiné mais demeure imprécis même si nous ne sommes plus qu'a sept miles. Lentement ... très lentement, des lueurs confuses de la nuit surgit un escadron de gratte-ciels qui semblent piétiner la côte sur plusieurs kilometres. La parade est magnifique dès que la crudité du soleil matinal l'enflamme.
Sous un vent insignifiant mais conforme aux prévisions, nous nous approchons doucement de l'entrée de la baie, entrainés surtout par le flot de la marée. Toujours fascinés par l'importance de l'agglomération nous contournons la Barra; pointe de la péninsule sur laquelle, Salvador, première capitale du Brésil fut érigé.
Nous nous glissons paisiblement à l'intérieur, longeant à bonne distance la côte Est, sans moteur, tout en affichant un maigre trois noeuds; rien ne presse, il est encore tôt et nous ne voulons rien manquer du spectacle. À mesure que nous nous approchons de notre marina qu'on dit se situer au pied de la ville historique, la qualité des édifices semble se détériorer. Nous sommes en train de passer de leur Manhattan à leur Harlem et ça devient plus animé.
Le boulevard qui rejoint la haute ville (partie historique et antique) est encombré d'autobus et une foule à déjà pris d'assaut, une grande place publique encadrée d'édifices abandonnés dont les carreaux sont majoritairement portés manquants jusqu'au 10eme étage. Une lourde clameur s'échappe du coin; C'est une musique aux intonations martiales entrecoupée des litanies d'un militant enragé qui harangue la foule. Le système de sonorisation est tellement puissant que, malgré la distance, si nous comprenions le portugais, nous saurions déjà de quoi il retourne. Connaissant la force de leurs mouvements socialistes, il est vraisemblable que cette manifestation soit liées à la fête des travailleurs, demain on est le premier mai. Décidément ils fêtent bruyamment ces Brésiliens.
Suivant les instructions que Sonia et Yvan nous ont fait parvenir la semaine dernière, nous résistons à l'invitation le la Bahia Marina dont les tarifs sont du double, nous passons la grande jetée, contournons le forte Sao Marcelo et découvrons une marina bien dissimulée derrière des bateaux pour touristes à l'ancre. Malgré les appels répétés de Réjane sur la VHF nous n'obtenons pas de réponse. Nous commençons à en avoir l'habitude; c'est comme ça dans tous les pays ou l'anglais n'est pas très répandu.
Personne n'ose parler de peur de se faire interpeller en anglais et de ne savoir que répondre mais ils nous ont entendus. Ils sont trois, en uniforme bleu, à courir sur les quais, à nous faire des signes pour finalement attraper nos amarres. La marina de Cenab est vraiment au coeur de l'action tout en étant sécuritaire. Elle est entourée d'une clôture de barreaux d'une hauteur d'au moins dix pieds et de gardes armés qui veillent au grain. Pour ce qui est de sortir de cette prison, on essaiera
de se faire discrets et de plaider la bonne conduite.
Denis
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire