Extrait d'un message reçu de Danielle et Gregg du voilier Marie Madeleine :
......... Nous pensons tout particulièrement à vous ces jours-ci - à vous et à tous les marins amoureux du Venezuela - car nous venons de sympathiser avec deux navigateurs à bord de 'Odin II' un voilier Hamel de 11 mètres immatriculé à Fort de France, construit dans les années 70.
Le skipper Henri Bos est d'origine Hollandaise et son équipier Paul Saquépée est Français. La soixantaine tous les deux. ILS VIENNENT DE SE FAIRE BRAQUER EN MER, à 20 milles nautiques du Venezuela, par des pirates venezueliens à bord d'un bateau pointu - genre pirogue comme il y en a beaucoup (semblable à bien des bateaux de pêche). En apparence le bateau pirate n'avait qu'une personne à bord, qui semblait justement être un pêcheur. Il a manoeuvré de façon bizarre, a contourné 'Odin' et a approché par l'arrière. Une fois à une centaine de pieds, quatre types cachés au fond du bateau se sont levés, armés de fusils et d'armes semi-automatiques (le genre qu'on pompe avant de tirer) brandies sur nos amis ébahis. Dix secondes plus tard, ils abordaient.
Quatre sont montés à bord. Le leader était très nerveux. Ils ont fait agenouiller nos amis dans le cockpit, ont exigé leur argent, leurs montres (toutes neuves, pour la plongée) et se sont mis à piller l'intérieur du voilier. Ils ont tout pris, pas juste l'électronique, les vêtements, les cirés, les chaussures, la nourriture, la boisson, le youyou, le tau, tout! En arrachant les cloisons des équipets au passage. Ils se sont même risqués à enlever la cusisinière, mais n'ont pas réussi à la décrocher de ses cardans et l'ont finalement laissée là. Nos amis sont restés calmes et n'ont opposé aucune résistance, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver dans une situation de tensions exacerbées et de rush d'adrénaline comme celle-là.
Paul parle bien l'espagnol et il a essayé de les calmer verbalement. À la fin, les pirates ont rendu les passeports avant de quitter, en ne laissant pour naviguer que le compas du voilier. Ils se disent tous deux chanceux de s'en être sortis avec leur vie et de pouvoir en parler.
J'ai compris que ça se passait donc à 20 miles nautiques de la côte, le long de la péninsule de Paria (pas dans le Golfe de Paria, mais dans celui de Carriacou m'a dit Paul), entre Margarita (que nos amis avaient quitté plus tôt dans la journée) et Trinidad. Je crois que c'était le 21 février dernier,à un jour près. Un détail particulier : le leader des pirates (tous âgés de 20 à 30 ans) avait un bec de lièvre.
Nos amis ont rapporté l'événement en arrivant à Trinidad et vont faire un rapport de mer en arrivant en Martinique demain matin (vendredi 27).
Ce qui est malheureux, c'est qu'il n'y a pas de représailles au Venezuela pour ce genre de crime, donc le problème s'intensifie.
Voilà, nous ne pouvions passer sous silence cette nouvelle bouleversante. Nous nous en voudrions si vous retourniez au Venezuela (c'était dans vos plans, non?) et qu'on ne vous ait pas mis au courant. S'il-vous-plaît, n'y allez pas. Selon nos amis, il y a de tels bateaux (ils en ont vus d'autres) jusqu'à cent milles nautiques des côtes et autour des Testigos aussi.
Je dois dire en terminant que 'Odin II' est un vieux voilier, d'apparence très modeste.
Salutations à tous,
73 et 88
Danielle et Gregg
Marie-Madeleine
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