Latitude: 11-56.81N
Longitude: 067-25.06W
Rien ne bouge, tout pareil sous le soleil...
bonjour,
Mardi 7 février 2009, nous totalisons 95 jours de vie de Robinsonnade. Ne vous imaginez pas que nous nous rendons chaque jour sur la plage pour marquer d'un trait chaque lever de soleil. Cela cataloguerait nos chères Aves en centre de rémission de nos peines. C'est incompatible avec la vie du bord où nous bataillons régulièrement avec des calculs savants afin de déterminer quel jour nous sommes.
Figurez-vous que la seule chose qui nous permette de réaliser que nous sommes hors des circuits civilisés depuis tout ce temps, ce sont nos cales. Elles se vident subrepticement. Je vous avouerais que ces disparitions quotidiennes sont si imperceptibles qu'il m'arrive très souvent de prononcer les mêmes phrases :
"Chéri, te souviens-tu de cette réserve de chocolat que j'avais faite ?"
"Oui, oui..."
"Alors, tu me diras où elle se trouve je n'arrive plus à mettre la main dessus."
"Hé bien, mon poussin, cela doit se trouver dans l'adorable petit renflement des hanches...juste là..."
"Non !!! Déjà ? Mais je ne l'ai pas vu passé ! J'y ai à peine goûté !"
Vous le voyez, la disparition quotidienne des vivres est notre seul repère. Je vous avouerais même que si nous avions trouvé le moyen de mettre au point des légumes, des fruits et des conserves à génération spontanée, notre bateau se fossiliserait sur place! J'ai vraiment du mal à réaliser que cela fait déjà plus de trois mois que nous sommes sous le soleil au pays des fous.
Je me demande si, ici le temps ne passe pas plus vite qu'ailleurs ? C'est un peu comme nos vivres, je ne le vois pas passer. Et je me sens à la fin d'une journée comme une pauvre chose humaine réduite à se débrouiller avec seulement 24 petites heures quotidiennes. J'entends d'ici, les inconditionnels de l'organisation. Je suis certaine qu'ils diagnostiquent dans mes dires le signe d'esprit brouillon et désordonnés.
Hé bien, j'aimerais les voir à l'oeuvre !
Comment partager sa vie entre nos nombreuses activités et se sentir assouvi en fin de journée ? Jugez plutôt:
Deux heures de radio pendant lesquelles la bonne humeur québécoise remplit tout le carré
Plusieurs heures d'écriture et de lecture,
Imanginez le temps qu'il faut pour trouver le dîner du soir
Et toute cette observation consacrée à nos chers fous. (Nous avons quelques protégés qui ne comprendraient pas que nous ne leur rendions pas cette petite visite qui nous permet de savoir où ils en sont dans leur vie de famille.)
Il faut aussi manger, se reposer, et puis ces heures contemplatives et sereines, ces moments de baignade à patauger avec les jolis petits poissons...
Vous l'aurez compris, ces rendez-vous jalonnent notre quotidien sans pourtant parvenir à nous enfermer dans des moeurs de type bato-îlot-dodo. C'est peut-être pour cela que nous ne voyons pas le temps passer. Pour vous en donner la preuve, je vous soumets en photo, le dur labeur d'un capitaine peu décidé à quitter le pays des fous.
Nous pensons à chacun de vous
Toute notre amitié marine
Nat et Dom de l'étoile de lune
En photo, Dom nous ramène le repas du soir : lambi et langouste
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