Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

dimanche 4 octobre 2009

CAT MOUSSE - René et la famille au TONGA

Message reçu de Dany :

Tonga
03 oct 09
Tonga, Pacifique sud

Je voudrais d'abord mentionner, pour ceux que ça intéresserait et qui ne l'ont pas encore lu, que Josée et Jacques d'Alexandre IV, ont écrit un récit tout-à-fait extraordinaire concernant nos dernières aventures vécues lors du tsunami. J'ai trouvé ça fort intéressant de lire leur description de ce qui nous est arrivé. Leur version donne une perspective différente car ils ont vécu l'expérience différemment et avaient une vue extérieure sur les événements alors que, pour notre part, nous étions tellement concentrés à ce qu'on faisait qu'on ne pouvait pas bien visualiser l'ensemble de la situation, ni bien réaliser l'ampleur du danger.

Nous recevons des échos des dommages subis dans la région de Samoa. Pago Pago a été durement touché et c'était justement l'endroit où Lucey Blue avait été forcé d'arrêter il y a quelques semaines de cela pour aller faire le plein de diésel. Nos amis de Gallivanter et leur fils Stuart (ami de Nicolas) y étaient lors du tsunami car ils s'y étaient installés pour y travailler durant quelque temps.

Le matin du tsunami, le bateau a soudainement touché le fond avec le retrait des eaux, et au même moment, 3 des 5 amarres du bateau qui était au quai se sont rompues. A ce moment, Kirk a demandé à Cathy de couper les 2 amarres restantes. Quelques secondes plus tard, les eaux sont revenues et le bateau a été soulevé par la vague pour se retrouver au-dessus de la terre ferme mais fort heureusement, le moteur étant allumé, Kirk a pu diriger le bateau et suivre la vague lors du retrait des eaux pour se retrouver en mer. D'autres n'ont pas eu cette chance, un bateau appelé 'Manley' a vu s'abattre sur eux cette vague qui les a happé comme d'autres bateaux pour aller les porter sur le quai. Le mari est tombé à l'eau et n'a jamais été retrouvé, noyé avec la vague. C'est à glacer le sang, la femme se retrouve seule sur son bateau plus de mari. Ca termine une navigation de façon assez dramatique.

Nous continuons à recevoir des rapports de situation périodiques sur les autres navigateurs qui se trouvaient aux Samoa, des bateaux qui se sont retrouvés sur la terre ferme, d'autres avec des dommages importants, du pillage sur les bateaux laissés sans surveillance l'espace d'un instant!! Des rapports qui nous font réaliser que nous avons été chanceux dans notre malchance.

Maintenant remise de mes émotions, je reprends ma plume pour décrire notre arrivée à Tonga. Tonga c'est le seul royaume polynésien qui subsiste, dont le leadership du pays (nomination du roi) passe de père en fils. Le roi siège à Nukualofa dans son palais royal à l'architecture victorienne. Tonga est un pays, indépendant depuis le 4 juin 1970, il est constitué de 170 îles dont 134 demeurent inhabitées à ce jour en raison du manque d'eau potable, terres cultivables et d'infrastructures de transports.

La population totale des Tonga est estimée à 112 000 habitants et la langue parlée est un dialecte polynésien appelé Tongan, langue étroitement liée à celle parlée aux Samoa. L'anglais, langue seconde, y est couramment parlé partout et la devise monétaire est le Pa'anga. Tonga est constitué de quatre groupes principaux d'îles : Niuas, groupe Vava'U, groupe Haapai et finalement le groupe Tongatapu.

Nous nous trouvons actuellement dans le groupe de Vava'U, le plus gros groupe des quatre, qui se compose d'une cinquantaine d'îles et dont la population est d'environ 16 000 habitants. Nous avons été acueillis par la délégation des douaniers arborant un large sourire et vêtus de la traditionnelle jupe appelée tupenu. Aussitôt les formalités d'entrée terminées, nous avons tôt fait de faire un saut en ville pour aller y chercher des sous.

Nous sommes heureux d'y trouver un marché garni d'une variété abondante de fruits et légumes aux couleurs vives. Boulangeries, cafés, resto, nous voici de retour dans la civilisation! On se promet un bon souper entre adultes dans un petit resto. Ici dans la baie, la plupart des bateaux sont au mouillage sur corps-mort en raison des profondeurs et d'un mauvais fond mais il est aussi possible de mouiller avec l'ancre. Il y a une communauté de voile assez impressionnante ici, tous en préparation pour une traversée soit vers l'Australie ou la Nouvelle-Zélande. Le 'night life' est très animé à cet endroit. La vie sociale du Yacht Club de Vava'U est un peu étourdissante, l'endroit est bondé de touristes et de navigateurs de tous les coins du monde. Plusieurs d'entre eux sillonnent les îles de Tonga depuis plusieurs semaines déjà, ce qui génère des conversations animées. J'ai perdu l'habitude de cette vie un peu étourdissante. Nous sommes heureux de connaître de nouveaux navigateurs lors de cette escale, mais personnellement, j'ai hâte de terminer le réapprovisionnement pour retrouver notre calme. Ce n'est pas mon style les bars bruyants où il faut se crier pour se parler.

Le dimanche suivant notre arrivée, nous décidons d'aller assister à la messe locale. Les gens ici sont très conservateurs et croyants, d'ailleurs gare à celui qui ne se couvre pas suffisamment. Un homme pris à se promener sans chemise se voit imposer une amende de 20 Pa'anga. Je dois avouer que j'avais omis de lire sur Tonga avant de mettre un pied à terre et une fois au marché, une dame m'a vite remise à l'ordre me demandant de bien boutonner ma chemise. Oups! Donc, de retour à nos moutons, la messe. Nous avons été fort impressionnés par la cérémonie. L'église comme telle n'avait rien de majestueux mais ce fut une expérience inoubliable. Les gens étaient vêtus de leurs plus beaux habits, tous aussi endimanchés les uns que les autres. Les petites filles vêtues de robes chics, bien coiffées et parfois chaussées des souliers à talon hauts (de leur maman sans doute). Les adultes portent pour la plupart, la jupe traditionnelle 'tupenu' ainsi qu'une bande décorative portée à la taille, appelée le 'kiekie'. Plusieurs portaient aussi une espèce de jupe matelassée tissée de feuilles de pandanus 'taovala', le tout serré à la taille par un cordon faisant plusieurs tours. Cet habillement vise à témoigner une certaine marque de respect envers la royauté, les personnes âgées et sert également en période de deuil. Plus le taovala est long plus la personne pour qui on fait le deuil nous est proche et chère. Les chants de la messe étaient magnifiques, les paroissiens formaient une chorale impressionnante et chantaient acapela et avec quatre accords avec une telle force que ça en faisait mal aux oreilles par moment.

Après notre aventure du tsunami, nous avons rallié une petite île un peu plus tranquille où nous avons passé un bon moment avec Graine d'Etoile, Alexandre IV, Wasabi et Kena. Le snorkelling est bon dans les Tonga et il est très fréquent de voir des baleines à bosse faire des galipettes à l'horizon. L'industrie de l'observation des baleines est l'une des activités économiques les plus importantes de l'endroit. Fort heureusement, les habitants de Tonga ont compris l'importance cruciale de préservation des coraux, poissons, crustacés, baleines et autres. Ils ont d'ailleurs créé cinq parcs marins nationaux à Tongatapu. Hier, Nicolas et René ont été invités sur Wasabi pour faire la course de voile hebdomadaire du vendredi soir. Ils se sont classés en deuxième position et Nicolas a été impressionné par les vitesses qu'ils ont atteintes ainsi que le degré de gite qu'ils avaient ce faisant.

Nous venons de quitter cet PM, la trop populaire baie de Neiafu pour rallier un mouillage plus calme et ce soir nous allons participer à un festin traditionnel local donné sur la plage. On y mange apparemment sans ustensiles, dans des feuilles de bananiers ou autre et il y a des danses et de l'animation faites par les enfants du village. Plus à suivre, je dois maintenant aller me préparer pour cette grande sortie. Honnêtement, je n'ai pas tellement le goût de me jeter à l'eau pour me laver car je trouve le temps un peu venteux et frisquet mais il faut ce qu'il faut. Pas le choix!!!

Et bien pour terminer, un petit mot sur notre festin d'hier soir. Je dois dire que nous avons été enchantés à l'unanimité. Un pur délice! Nous avons été accueillis et divertis par un petit groupe d'enfants qui offraient de belles petites danses alors que leurs parents jouaient de la musique et chantaient. Leurs performances étaient étonnantes pour des enfants et l'un des garçons a même jonglé avec le feu et tenu des torches enflammées sur la plante de ses pieds plusieurs secondes durant. Lors de cette prestation, la table fut montée. Quelle table colorée et appétissante!

Une fois à table, on nous a décrit tous les plats sur la table. Pieuvre et 'fish cakes' en entrée, poisson cru, poulet et 'corn beef' cuits à la vapeurs dans des feuilles de bananiers avec du lait de coco, salades garnies de poisson et de poulet, pain d'ananas cuit à la vapeur et pour le dessert des petites boules de pâte cuites dans une sauce légèrement sucrée, style grand-pères au sirop d'érable. Il n'y avait aucune vaisselle, ni ustensiles, tout était présenté à la mode polynésienne d'une manière 100% naturelle. Tous les mets étaient étalés sur la table, elle recouverte d'une longue feuille de bananier en guise de nappe, et la nourriture était présentée dans des bols de coco, bols de papaye verte et barquettes prélevées dans le tronc du bananier tel une moitié de tige de bambou qu'on aurait évidée. Plusieurs mets étaient aussi enveloppés dans des feuilles de bananier et présentés sous forme de petits baluchons très jolis. C'était non seulement beau à regarder mais également succulent et nous avons eu beaucoup de plaisir à déguster tous ces plats avec nos doigts. Les enfants s'en donnaient à cour joie de pouvoir piger dans la nourriture et manger avec leurs doigts. Après le repas ils se sont beaucoup amusés avec les enfants locaux à courir, à faire des combats d'épée et à rire. Bref, ce fut une bien belle soirée.

Ce matin, Isabelle, Josée et moi sommes allés sur la plage pour faire une session de yoga. Quel bonheur d'être sur la terre ferme et entre amis pour s'étirer et se dégourdir le corps un peu. Le soleil, le vent, le décor de rêve. Isabelle a donné la session de yoga et j'ai terminé le tout avec une courte séance d'abdominaux (Ab Ripper 200), empruntée à mon entraîneur personnel Tony Horton.

Un peu plus tard, après déjeuner, nous sommes partis à pied sur l'île pour aller assister à la messe locale. Nous avons eu la chance de voir une partie de messe Méthodiste et une autre style Tonga. Ici aussi les chants étaient magnifiques. Les habillements étaient aussi très traditionnels mais les couleurs étaient pour la plupart noires. Dès notre entrée dans l'église plusieurs hommes se sont poussés de leur banc pour nous céder leur place et eux s'asseoir à même le sol. Nous avions, comme eux, retiré nos chaussures avant d'entrer. Puis lorsque la messe s'est terminée, un homme s'est approché et nous a invités à le suivre. Nous ne savions pas trop ce qui nous attendait mais Jacques et René l'ont vite découvert. Ils se sont retrouvés assis parmi un cercle, composé strictement d'hommes. Ils ne savaient pas trop que dire, ni comment agir. On leur a alors tendu un bol de coco dans lequel on leur a servi la boisson locale, le kava. Le kava c'est de l'eau à laquelle on ajoute de la poudre obtenue à partir d'une racine, le kava.

Cette concoction, non alcoolisée, a comme propriété d'engourdir la bouche et Dieu sait quoi.. Ca a au moins eu l'effet de détendre l'atmosphère et René s'est risqué à parler pour décrire un peu le tsunami que nous venions de vivre et parler de notre voyage. La discussion s'est vite animée et à la fin ça commençait à rire fort un peu. Josée, les enfants et moi qui attendions dehors, nous demandions bien de quoi ils pouvaient bien parler pour rire de même, une petite idée quelqu'un? Toujours est-il que René est sorti de là un peu étourdi, la bouche un peu gelée, comme s'il sortait de chez le dentiste. Une chance qu'il avait demandé de petites rations (low tide) à chaque rasade car il serait revenu un peu tourlou!

Jacques, pour sa part, étant un peu grippé, a préféré passer sur l'offre et ne pas se délecter de ce liquide. Nous y avions goûté rapidement hier soir, ce n'est pas mauvais, c'est fade un peu mais ça n'a pas mauvais goût. Nous avons changé de mouillage cet PM et prévoyons y rester quelques jours. En y arrivant, René est parti avec Catherine, Nicolas et Antoine sur la plage. A leur retour, ils ont une papaye et un pot rempli de coquillages!!

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