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12:30.517N 70:02.009W
Aruba, le 6 octobre 2009
Bonjour,
Nous avions planifié notre départ en fonction des heures d'ouverture de la station d'essence. Celle-ci ouvre de 14H à 17H les jours de semaine.
Nous allons voir Cees, le gérant de la marina, lundi matin, pour régler nos derniers jours de marina. Nous en avons pour 37 dollars US d'eau et d'électricité pour 6 mois, ce qui n'est pas cher du tout. Et, Cees nous fait cadeau des 5 jours de marina du mois d'octobre. Il est adorable, ce manager! A franchement parler, Seru Boca marina de Curaçao est avec Rubicon de Lanzarote (Canaries) notre meilleur souvenir de marina dans ce voyage. Son seul défaut est qu'elle soit très retirée des pôles d'activités de l'île. Mais cela en fait sa force aussi, puisque nous y sommes au calme.
Tout en nous faisant son petit cadeau, Cees, nous apprend que le lundi la station d'essence est fermée.
Pas de problème, nos amis de Joyeux dauphin, sont là, Ghislaine et Loïc, nous amènent en voiture à la station la plus proche, et nous pouvons faire le plein des bidons pour le dinghy. Le bateau, n'a pas besoin de gasoil, son autonomie est largement suffisante pour attendre Carthagène. Au passage, nous prenons des plats de poulet à la portugaise et déjeunons avec nos amis. Aie, aie, aie... c'est pimenté!
L'après-midi passe vite, bien que le bateau était tout à fait prêt, nous trouvons de menues choses à ranger, à nettoyer. Nous ne pouvons partir trop tôt, nous voulons arriver de jour sur Aruba, et il n'y a que 80 milles à parcourir. Il est 16 heures.
Un petit comité d'au revoir se forme sur le quai, Loïc, Ghislaine, Cees, Patricia et ses deux adorables chiens, Trudy et Peter, qui nous offrent une spécialité hollandaise : des speculaas aux amandes. Ce sont des petits biscuits bruns qu'ils aiment tremper dans le café. Ils font cela vers 10H du matin ou vers 16h de l'après-midi. Une sorte de goûté renouvelé chaque jour. Un moment où le temps s'arrête. Une pose entre collègues, entre amis, ou membres de la famille.
Une bien gentille habitude.
Les amarres sont vite larguées, le pont retrouve son allure de croisière dès que les défenses et les amarres sont rangées. Un "au revoir" sur la VHF à nos amis de New life, Moana, Reine Marguerite... et nous retrouvons l'horizon. Direction vers l'ouest.
Enfin, nous allons naviguer dans le sens du vent et du courant! Nous passons devant la plage où Sully, le baleineau a pris ses quartiers. J'ai un pincement au coeur, si les autorités de l'immigration avaient voulu renouveler notre visa, je serais avec lui en ce moment. Ils manquent de volontaires pour le garder... mais si les autorités mettent tout le monde à la porte (!) ce n'est pas étonnant. Mais Sully n'est pas dans les priorités de Curaçao. Cette île vise un tourisme immobilier de luxe. En longeant la côte, nous ne pouvons ignorer les changements. En quelques mois, le béton a poussé comme des champignons sur tout le rivage. Des résidences surveillées, des hôtels de luxe, des maisons aux prix exhorbitants. Voilà ce que devient Curaçao.
Je n'ai pas de regret à quitter cette île, trop loin de notre rêve. Mais comme en toute chose, il y a quelque chose de bon à garder dans nos souvenirs. D'abord, des nouvelles amitiés, et puis aussi cette expérience unique que de rester proche d'un baleineau et de le veiller. Je repense aux dernières mimiques de Sully. Il a drôlement bien appris a mettre son ventre à l'air, pour se le faire gratter du long balais mis à la disposition de ses nounous. Il sait exactement où se poser pour que la caresse soit la plus longue possible.
Pourvu que rapidement une solution soit trouvée pour lui.
Les volontaires ne peuvent indéfiniment se relayer à son chevet. Il faut soit le rendre à la liberté et lui trouver une famille, soit l'envoyer dans le sea quarium de San Diego. Si cette dernière solution est contre nature, vous le verriez, si attaché, si gentil, si câlin avec ses nounous, vous comprendriez, qu'il n'aurait pas de mal à s'adapter à cette vie. Mais pour le moment nous surveillons le plan d'eau. Qui sait, un groupe de globicéphales nous accompagnera peut-être? Nous préviendrions alors, le Sea Quarium, nous avons tous les numéros.
Nous dépassons Willemstad, ses usines de raffinage crachent de la grosse fumée noire, sous le vent de la ville, l'air est irrespirable. Les cargos se laissent dériver sur l'horizon en attente de pouvoir se mettre à quai des usines vénézuéliennes de retraitement du pétrole. Nous en comptons une dizaine. A la tombée du jour, un paquebot vient se joindre au cortège. Il y a du monde à surveiller, la mer n'est pas à nous seuls!
La vague est courte, elle fait danser la jupe arrière de notre Etoile qui s'amuse à faire des soubressauts. Voici l'équipage remis en scelle! Le vent est tout à fait conforme aux prévisions. Moins de 20 noeuds, les vagues ne sont pas supérieures à 2 mètres, le ciel est dégagé, la lune brille...
Que demander de plus?
Une belle nuit, où le capitaine laisse dormir le moussaillon!
Et là, c'est le pannard d'enfer ou tiguidou à la puissance 20!
Toute notre affection
Nat et Dom de L'Etoile de Lune
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