20 sept 2010
Vanuatu
Récit 153- Notre arrivée dans les Vanuatu
Nous avons atteint les Vanuatu vendredi matin dernier vers 08h00 AM après une semaine de navigation sans anicroches. Nous sommes arrivés à Vanua Lava (au nord) dans le groupe d'îles 'Banks Islands' pour faire nos procédures d'entrée à Sola et avons été très enchantés de ce premier contact avec les Vanuatu. Ce pays est devenu indépendant en juillet 1980 avec l'élection du premier président de la république. Les Vanuatu sont formés par une chaîne de 13 îles principales en plus de 70 autres îles plus petites. Le paysage est très vert, fertile et montagneux. On y trouve volcans, jungles, 'rain forest' et cascades d'eau. Les îles du nord sont considérées comme étant les plus sauvages et volcaniques, plusieurs de leurs volcans sont en activités. L'une des îles avoisinantes a d'ailleurs été évacuée récemment pour une durée temporaire indéterminée. Nous avons bien hâte de visiter le volcan de Tanna lors de notre descente vers le sud des îles, plusieurs de nos amis nous ont fortement recommandé cette visite. Evidemment, qui dit volcan dit tremblement de terre et nos confrères d'Alexandre IV et Matajusi ont été témoin d'un de ces tremblements de terre lors de leur passage à Port-Vila plus au sud, il y a de cela un mois. Un tremblement de terre assez impressionnant (7.5 à l'échelle de Richter si je ne m'abuse) mais heureusement sans dommages sérieux.
La population de Vanuatu s'élève à plus de 206 000 habitants, appelés ni-Vanuatu, répartis sur les nombreuses îles, il semblerait que seulement 20% de cette population vive en milieu urbain, soit Port-Vila et Luganville, les deux plus grosses villes du pays. Ces proportions ont sûrement changé depuis le temps mais il n'en demeure pas moins que les ni-Vanuatu sont des gens très près de la terre et très attachés à leurs coutumes et traditions. Ils vivent en harmonie avec la nature et on voit que ces îles du Pacifique sont l'un des derniers groupes d'îles à n'avoir pas encore subi les relans ou influences des pays civilisés de l'ouest. Les habitants sont d'origine indigène mélanésienne. Devant les 115 dialectes indigènes parlés, le gouvernement de Vanuatu a imposé qu'une langue universelle soit créée, soit le Bislama. Nous avons remarqué que c'est l'une des premières langues indigènes du Pacifique que nous arrivons à légèrement comprendre, surtout lorsqu'on la lit, car cette langue est très inspirée de l'anglais. Par exemple, thank you very much se dit thank you Tumas. On peut très bien deviner que ceci découle de thank you too much. Bref, c'est la première fois qu'on peut décoder la langue un peu et surtout se rappeler de certains mots. Pour le reste, ils parlent aussi l'anglais et certains le français. Ils apprennent ces langues à l'école. Autrefois, ils devaient choisir d'aller dans une école où on enseignait soit l'anglais ou le français mais aujourd'hui les deux langues leur sont enseignées. Nous en avons rencontré très très peu toutefois qui parlaient français. Finalement, la monnaie utilisée dans ce pays est le vatu.
Chacune des îles a une culture propre. Les ni-Vanuatu sont organisés en petits villages à la tête duquel un chef agit en tant que représentant, figure d'autorité, conciliateur, comptable, juge de paix et autre. Nous sommes présentement sur l'île de Vanua Lava, et ce depuis notre arrivée il y a cinq jours, vendredi dernier. Nous avons d'abord fait nos procédures d'entrée à Sola. Le jour de notre arrivée, tout le village semblait attroupé à attendre quelque chose sur la plage. C'est que ce jour-là, il y avait l'inauguration de l'antenne Digicel au village et les représentants Digicel étaient attendus pour une cérémonie spéciale à laquelle nous avons assisté. Cette cérémonie nous a permis d'établir rapidement notre premier contact avec les villageois mais le mouillage étant très brasseur, nous avons quitté l'après-midi même pour un mouillage un peu mieux protégé et plus éloigné du village. Curieux, les enfants des quelques maisons de cette pointe de terre ont vite fait de s'approcher de Cat Mousses avec leurs petites pirogues locales. Ils nous ont kidnappé Nicolas et Antoine qu'ils ont pris à bord de leur pirogue pour aller jouer sur la plage et dès lors le contact était fait. Nous n'avons jamais rencontré leurs parents mais eux ont passé beaucoup de temps avec nous. Ils nous surveillaient de la plage et dès qu'ils voyaient que nos classes étaient terminées, ils apparaissaient. Ils nous ont apporté un énorme régime de bananes.
Voyant le vent se calmer un peu, nous sommes partis dimanche pour contourner l'île de Vanua Lava et aller s'ancrer dans la baie de waterfall, nommée ainsi à cause de ses deux cascades d'eau. Wow! Quel bonheur ces cascades! Nous avons été accueillis par le chef du village et sa famille qui nous ont servi chansons et élocutions diverses. La fille du chef avait pour nous des légumes dont de superbes oignons verts, aubergines, papayes, patates sucrées, chou local, noix et autres. Quel bonheur de voir de bons légumes frais. Nous étions comme des enfants car ça commençait à nous manquer à bord et disons qu'à Sola tout ce que nous avions trouvé était un peu de pain. Nous commencions à nous demander ce que nous allions manger dans les prochaines semaines si nous n'avions rien trouvé à Sola, LA VILLE de tous les Banks Islands.
Le nord des Vanuatu est vraiment l'endroit le plus sauvage du pays et nous sommes très heureux d'avoir choisi de venir ici en premier. Ici il n'y a ni voiture, ni magasin, seules quelques petites huttes rappelant celle du film le Lagon Bleu. Les villageois sont curieux mais en même temps gênés. Ils approchent à qui mieux mieux dans leurs pirogues pour venir nous offrir des choses : crevettes d'eau douce, légumes et fruits divers. Ils ne veulent pas d'argent, ce qu'ils veulent c'est faire des échanges. L'article le plus populaire est sans aucun doute le sucre mais nos réserves baissent rapidement alors nous tentons de leur offrir, farine, riz, jus, lait. Ils nous demandent souvent des draps, couvertures, vêtements, cartes à jouer, fils et aiguilles, tylenol. Il faut quand même leur mettre une limite car ils deviennent rapidement envahissants mais nous avons appris à leur dire non déjà. On en est à notre première île et il en reste plusieurs à explorer avant de rallier la civilisation, il faut se garder des cadeaux en réserve. René a installé, hier, pour le chef du village, une lumière pour sa hutte. Il parait qu'il fallait voir leurs yeux quand il a fait l'installation de son système de brosse et que la lumière se fit. Un autre navigateur ayant visité le village la semaine dernière avait fait don d'une batterie, tout ce qu'il manquait était une lumière. Ils ont bien ri du cours d'électricité que René leur a donné. De mon côté, comme ils ont de belles grandes tables dans leur maison, j'ai offert aux enfants de la femme du chef, de la pâte à modeler que nous avions confectionnée plus tôt cette semaine sur le bateau. Ils étaient bien intrigués.
Comme à chacun de nos arrêts, il me tardait d'assister à un spectacle de danse locale et j'étais un peu déçue de constater que nous n'en aurions peut-être pas la chance, la période des festivals étant passée. A mon plus grand bonheur, comme s'il avait lu dans mes pensées, le chef du village nous a demandé si nous étions intéressés à regarder un DVD de leur festival de danse. Nous nous sommes empressés d'emprunter ce DVD pour visionner le festival officiel de danse de Vanua Lava. C'était comme d'être assis aux premières loges pour voir chacune de leurs danses traditionnelles, leurs parures et chapeaux extravagants. C'est très primitif comme danse et les habillements sont assez légers. Les femmes sont seins nus et les hommes portent un cache sexe de feuilles et de paille. Bref, ma curiosité a été assouvie et j'ai pu assister à ce spectacle traditionnel.
Une autre chose que nous voulons à tout prix faire dans les Vanuatu est de nager avec le mammifère du pays appelé dugong qui rappelle le manatee ou vache de mer que l'on trouve en Floride. Il est intéressant de voir que certains villageois semblent craindre ces mammifères ainsi que les requins et ne considèrent en aucune manière de nager avec eux, mais ces bêtes sont sans danger. Nous avons exploré les eaux en vain à date mais il est certain que nous en trouverons. A notre arrivée nous nous sommes toutefois informés avant de plonger car nous avions entendus qu'il y avait deux crocodiles à cet endroit. Nous étions un peu sur nos gardes mais on nous a assuré qu'ils étaient dans une autre baie. Fiou! On attendra peut-être un peu quand même avant de frotter la coque du bateau. :)
Avant-hier trois autres bateaux sont arrivés : un voilier français (Lady Anabelle) que nous connaissions, un catamaran canadien (Cop Out), un policier retraité de Calgary et sa femme originaire de Nouvelle-Zélande et un dernier catamaran français de charter qui nous ont invité pour l'apéro hier soir. L'autre nuit les hommes sont allés pêcher avec quelques locaux. Ils ont ramené deux crabes, trois cigales de mer, une langouste, quelques poissons et une pieuvre. Nous nous sommes délectés au souper hier soir. En théorie le capitaine aurait voulu quitter ce matin pour rallier une autre île mais je ne me décide pas à partir. Les cascades d'eau fraîche exercent sur moi un attrait irrésistible. Hier PM, j'ai passé l'après-midi, assise dans les cascades à faire du lavage avec Catherine et une villageoise et j'ai bien l'intention de faire de même cet PM. Cette eau est un tel luxe pour nous. Les enfants ont passé l'après-midi à patauger et courir sur les roches. Nous avons droit à une douche quotidienne d'eau fraîche, de succulentes crevettes d'eau douce, bref, un petit paradis que je ne suis pas encore prête à quitter. Demain peut-être.
En passant, concernant la saga du frigo, certains me posaient la question à savoir comment ça se passait. Et bien, le frigo n'est pas encore complètement décédé donc on s'arrange très bien. Nous avons acheté une bonbonne de gaz réfrigérant ainsi qu'un 'gauge' aux Fiji et le capt réussit à faire la réanimation du frigo lorsqu'il a des rechutes et qu'il nous file entre les mains. Nous ne comprenons pas trop comment mais René réussi à le ramener à la vie à chaque fois. On prie pour qu'il survive deux ou trois mois encore et nous trouverons une solution en Australie.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire