Voici un extrait du message que Nathalie m'a fait parvenir et que je veux partager avec vous
"....Au risque de faire une grosse répétition : "Aux Marquises le temps n'a pas de prises". Brel a écrit cette chanson il y a plus de 30 ans et cela n'a pas pris une seule ride. A croire que les Marquises sont l'un des seuls endroits au monde qui ne subissent pas la mondialisation? On se demande ce qui affecte ces îles? La rentrée... Laquelle? La crise économique, dites-vous... Où ça? Du stress... C'est quoi cette bête là?
Depuis que nous sommes arrivés à Hanamoenoa, nous avons fait nôtre la philosophie marquisienne et c'est LE BONHEUR!
Nous nous plaisons énormément dans l'île de Tahuata. C'est un réel havre de paix. Les Marquises sont un archipel éloigné de tout, et Tahuata est en marge de l'île principale, c'est dire, si ici, le temps, n'a plus aucune signification!
Chose rare depuis presque deux semaines, personne n'a tenté de venir partager la tranquillité de la baie. L'affluence des mois de mai jusqu'au mois août s'est tarie. Il n'y a plus que quelques rares marins qui traversent depuis les Amériques jusqu'ici et les autres sont loin devant dans le Pacifique ouest. Parmi les amateurs de fin de saison, nous avons eu la surprise de croiser "Fleur Australe", le bateau de Philippe Poupon. Nous ne l'avons vu que de loin, il paraît qu'il est en famille et qu'il diffuse ses livres, ses films. Il est venu ici par une route peu commune, il a fait cet été le passage du Nord Ouest. Ce n'est pas que ça me fasse rêver cet itinéraire, mais... Il est passé si près de nos amis québécois, que ça me laisse songeuse. Le Québec est gravé en moi, personne ne pourra jamais rien y faire, ça ne s'effacera pas!
Donc tout seuls, dans ce havre généreux de solitude, nous passons des jours d'une béatitude parfaite. Le nord de l'île de Tahuata est creusé de trois baies tapissées de plages de sable blanc et de cocotiers. Cette île pourtant volcanique, aux roches anthracites tout droit sorties des entrailles de la terre, ne cesse de nous étonner! Aux Marquises, les plages sont en général, noires, pierreuses, peu engageantes pour la baignade. L'attrait de l'archipel ne réside pas dans ses plages, mais dans sa culture très particulière. Pourtant... Il y a des niches "plages et cocotiers". Et quelle surprise que de retrouver ici, la lumière d'une baie soulignée de sable blanc, baignée d'une eau claire.
D'où vient ce sable blanc?
Il semble sorti de nulle part, comme injecté entre les roches volcanique par une main surnaturelle. Le contraste n'en est que plus resplendissant.
Chaque jour, nous partons à la découverte des collines qui enchâssent la baie et qui communiquent avec les anses voisines. Rien ne nous est facilité. Il n'existe aucun chemin pour grimper vers les sommets. Chaque baie recèle de merveilleuses cocoteraies, où les "coprayeurs" viennent parfois entretenir le terrain et préparer le coprah. Pour autant il n'y a pas aucun accès terrestres à ces cocoteraies. Aucune route, donc pas d'habitation, sauf ces anciennes claies couvertes qui servaient autrefois à faire sécher le coprah.
Ce matin, un marquisien, en vedette rapide, s'est arrêté à notre bord. Il se nomme José. Il venait simplement voir comment nous allions. Il s'inquiétait de notre "immobilisme" relatif, il passe chaque matin au large. Nous avons discuté un peu. Afin de savoir si nous ne gênions personne à nous balader sur les plages où foisonnent les arbres fruitiers. Au contraire, il nous encourage à aller chercher les fruits : noix de coco, pamplemousses, oranges, mangues, citronniers... tout cela est en libre service! Waou!
Tu te souviens que nous avions passé 120 jours aux Aves, sans ressources? Avec l'épicerie naturelle qui nous est offerte si généreusement, notre penchant à ralentir le mouvement est ici décuplé!
Dom est ravi : Il part régulièrement faire "L'Indiana Jones" dans les collines. Qu'il n'y ait pas de chemins, ne le rebute pas! Il revient piqué par les guêpes et d'autres bêtes non identifiées, éraflures et bobos, mais il est tout content de la belle vue qu'il a en haut des collines. Heureusement qu'il n'y a ni serpents, ni scorpions (j'ai appris à ne plus le suivre tout le temps!) Il va en reconnaissance. Je pense que pendant que je t'écris, il est dans la baie voisine au sud. Car ce matin, José lui a indiqué un sentier, pour aller à un Pae Pae (sorte de lieu de culte en pierres noires). Je suis certaine qu'il va oublier l'heure du repas. Et qu'il reviendra avec un grand sourire, tout déterminé à jouer les éclaireurs pour son moussaillon.
On ne peut pas tout avoir, quand même! Question faune, ça manque un peu d'animation. Il y a très peu d'oiseaux marins. Aucune particularité faunique. Je suis néanmoins copine avec le chien de la baie voisine...
Sinon, nous avons eu la belle surprise de recevoir, à plusieurs reprises, la visite d'une raie manta. Elle tourne autour du bateau. Elle n'est pas très régulière, mais déjà nous l'avons vue de très près. Elle est un peu cabotine, car elle ne se laisse pas approcher en kayak, ni en annexe. En snorkeling, nous avons eu peu de chance aussi. Par contre, elle fait très bien la planche! Elle se vautre le ventre au soleil à la surface de l'eau. C'est tellement beau, une raie manta! Elle vole entre deux eaux, sortant le bout de ses "ailes" au-dessus de la surface de l'eau. C'est magique!
Question météo, nous avons droit chaque matin aux petits grains, qui prodiguent de merveilleux arc-en-ciel. Je n'en ai jamais vu autant. Il paraît que lorsqu'on les voit entiers, on peut faire un voeu. Hé bien, j'ai de quoi en faire pour l'humanité entière! Sinon, le reste de la journée est sec et baigné de soleil. Bien que, pour le moment, les alizés soient costauds, nous ne subissons que quelques rafales d'une trentaine de noeuds maximum, et la houle n'est pas gênante. Elle ondule en longues inspirations océaniques, que nous ne percevons qu'en regardant l'horizon.
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