02 sept 2010
En mer vers Tuvalu
Récit 151 - Le plein d'Oméga à Rotuma
Et bien voilà, c'est non sans un léger pincement au cour que nous quittons définitivement Fidji. Je ne saurais dire toutefois si ce pincement est dû au fait que nous avons tant aimé les Fidji ou tout simplement à cause de la si belle semaine que nous venons de passer à Rotuma. Il reste que le temps est venu de passer à autre chose. Wasabi a quitté pour les Vanuatu ce matin alors que nous avons pris la direction opposée pour aller voir de nos yeux cet atoll de Tuvalu qui, semble-t-il, est appelé à disparaître dans un avenir assez rapproché à cause du réchauffement planétaire et son manque d'élévation par rapport au niveau de la mer.
La mer vers Tuvalu est une navigation de deux jours. Le premier jour nous avançons à moteur faute de vent donc l'équipage se porte à merveille. On joue au scrabble avec les enfants, la mer est calme, les enfants peuvent participer au quarts de garde de soirée. Mais, comme toujours, on ne perd rien pour attendre. Le vent forcira au cours de la nuit et on en aura pour notre argent. Quelqu'un peut-il me dire? Comment se fait-il que peu importe vers où nous allons, nous sommes toujours au près avec le vent dans le nez? Le bateau sera bien rincé ça je vous en passe un papier! Ce matin il a fallu enrouler une partie du génois car il y avait une ouverture d'environ 3-4 pieds de long dedans. Il semble qu'une couture ait rendu l'âme, nous espérons pouvoir mettre la main sur une machine à coudre à Tuvalu pour réparer la voile.
Hier la pêche a été, disons, assez bonne! En effet, ce n'est pas un, ni deux mais bien trois thons jaunes que nous avons pêché. Wow! Notre dernier thon remontait à l'Atlantique! Sushis au menu pour le souper! Heureusement que la mer était calme car j'ai passé l'après-midi complet dans ma cuisine. J'avais un petit goût de Thermomix alors je me suis amusée à cuisiner avec mon appareil. Puisque nous étions à moteur je pouvais faire fonctionner mon Thermomix autant que je voulais sans souci d'électricité. Pour en revenir à la pêche, voyant mon pêcheur infatigable rentrer sa ligne après le troisième thon, je l'ai questionné à savoir ce qui lui prenait de ranger sa ligne, et lui de me répondre : 'Metthon que ça va faire pour aujourd'hui le thon!' J'étais bien sûr sarcastique car j'étais assez d'accord avec lui. C'est beau la pêche mais ces petites bêtes il faut ensuite les remonter, les nettoyer, les conserver, les cuisiner et tout. Pour l'instant nous avons convenu de faire des sushis, sashimis et ceviche. Nous allons en manger ce soir, faire quelques conserves de thon, et finalement, sécher le reste au soleil (première tentative, voyons ce que ça donnera). Pas le genre de chose que nous aurions pu tenter à Rotuma vu la population de mouches de cet endroit.
Je vous parlerai maintenant plus en détails de la semaine que nous venons de passer à Rotuma. A notre arrivée il y avait pas mal d'activité au quai. En effet, le traversier, qui vient normalement une fois par mois, venait tout juste d'arriver le matin-même, alors ça grouillait d'activité. C'est d'ailleurs comme ça que nous avons rencontré dès le premier jour, Filipé, assis à jaser avec deux autres personnes près du traversier le Westerland.
Aux dires des douaniers venus à bord pour effectuer la paperasse d'entrée à Rotuma, nous étions cette année les troisième et quatrième bateau de plaisanciers à visiter l'île. Nous les avons un peu décontenancés de quitter les Fidjis via Rotuma car normalement les rares bateaux qui s'arrêtent ici le font pour entrer aux Fidji et non pour les quitter. Mais, comme d'habitude, nous aimons faire différent!
Filipé, notre nouvelle connaissance, un homme de 40 ans, nous a pris sous son aile et a fait de notre séjour ici, un moment inoubliable. Voyant que la pêche nous intéressait, il nous a arrangé une pêche de nuit avec son cousin Ben, surnommé Woofy. Nous sommes partis, René, Brian, Woofy et moi. Ce n'était pas du gâteau car la courant était extrêmement fort et on se faisait balloter de tout bord tout côté avec les vagues. De plus, la langouste ici n'est pas dupe. Elle s'enfuit lorsqu'on l'éclaire! Mais tout de même, la pêche a été, disons . assez bonne. Si ma mémoire est bonne, nous en sommes revenus avec 5-6 langoustes, 3 cigales de mer, 6-7 crabes et un poisson unicorne. Inutile de parler du festin du lendemain soir sur Cat Mousses! René et moi sommes retournés pêcher de nuit le surlendemain et malgré une brève pêche, nous sommes revenus avec 3 crabes et deux cigales.
Un après-midi, Filipé nous a invités à l'accompagner pour un Bush Walk pour aller nourrir ses animaux : vaches, chèvres, cheval et cochons. Nicolas était bien intrigué de savoir avec quoi on allait nourrir les animaux puisque nous sommes partis les mains vides. En fait on ne faisait que déplacer les animaux dans la forêt pour les rattacher quelques pieds plus loin, là où la végétation n'avait pas encore été grignotée. La marche dans cette jungle s'est avérée un peu longue pour les enfants qui se demandaient bien pourquoi Filipé mettait ses animaux si loin dans la forêt. En effet, il doit se taper ces deux heures de marche à tous les deux jours. Nous sommes revenus contents de notre marche, les bras chargés d'oranges, concombres, piments forts, papayes vertes et autres.
Félipé nous avait aussi invités, Wasabi et Cat Mousses pour une excursion d'une journée sur l'île. Ainsi, il nous a trimballés une journée entière dans la boîte du pick-up emprunté d'un cousin à lui. Quelle belle journée nous avons eue! Il nous a fait voir tous les racoins de son île. On s'arrêtait partout, on jasait avec tout le monde. Il nous a emmené à je ne sais plus combien de maisons, de chefs de villages et tout. Les gens sont tellement accueillants. Ils n'ont rien et vous donneraient leur chemise. Un monsieur de 75 ans qui cultive encore un jardin nous a emmenés sur sa terre. Il nous a laissé là, au beau milieu du champs et nous a dit, promenez-vous et servez-vous. Tomates, aubergines, salade, Bok choy, fèves, cacao, papayes, tout y était. A la fin il est revenu nous chercher et nous a offert un gigantesque régime de bananes. Nous avons pique-niqué au bord de la mer et avons continué notre tournée de l'île, de ses églises et cimetières. Bref, une journée splendide avec, pour terminer, un arrêt dans un fuliu, une des piscines naturelles d'eau douce de l'île.
Devant autant de gentillesse, nous avons décidé d'inviter Filipé, sa femme Motto et leurs deux fils Brandon (10 ans) et Tuponoi (3 ans) à souper sur Cat Mousses avec Wasabi. Motto avait apporté un curry avec roti (tortillas faits maison) et des brioches de pain de coco. Nous avons passé une soirée tellement agréable en leur compagnie. Quel bel échange culturel! Que ce soit pour nos coutumes, la langue, la famille, le climat, la cuisine, le gouvernement, la politique ou autre, il faisait bon jaser avec ces gens fort intéressants, cultivés et étonnement très conscients et informés du reste du monde. Nos mousses aussi se sont bien amusés avec Brandon. Tuponoi de son côté, a placoté pas mal à notre Catherine en rotumien, ils avaient l'air de se comprendre malgré tout. Les jeunes ont sorti leur ligne à pêche en soirée et ont 'patenté' je ne sais trop quel système, mais toujours est-il qu'ils ont attrapé deux trevally. Nicolas et Antoine ont eux même nettoyé leurs prises. On les a poêlés comme des truites le lendemain midi. Ils étaient pas mal fiers de leur coup.
Nous avons quitté cette famille à regret, d'un côté comme de l'autre, l'appréciation était mutuelle et sincère. Ils nous ont longuement salués du bout du quai à notre départ. Sur ce, il est 04h00 AM, je commence à m'endormir sérieusement alors je vous dis bonsoir et à la prochaine.
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