jeudi 9 septembre 2010
ÉTOILE DE LUNE - Nat et Dom - Musée de Gaugin
Tout comme cet archipel qui "départage les goûts", l'art de Paul Gauguin divise les avis. Un génie pour les uns, un gribouilleur pour les autres. Quelle que soit la sensibilité du public face à ses oeuvres, une chose est certaine, il a, dans la lignée des grands découvreurs occidentaux que sont James Cook ou Bougainville, perpétué le mythe océanien.
Il débarque à Tahiti le 8 juin 1891. Il délaisse en France, une femme et cinq enfants. Il erre dans son art et dans le monde à la recherche de son essence d'artiste. A Tahiti, le voyage qu'il a entrepris, près de 10 ans plus tôt, trouve en son être une signification. Il découvre auprès de Teha'Amana, une femme enfant de Mataeia, un bonheur qu'il a rarement touché dans sa vie. Conquis par le peuple de Tahiti, sa culture, ses rites, il rentre en France et tient à partager dans une "relation de voyage", sa passion pour l'Océanie. L'ouvrage paraîtra sous le titre de "Noa Noa". Largement inspiré d'un écrit préexistant, rédigé par J.A Moerenhout, "Noa Noa" obtiendra néanmoins les égards des conservateurs de musées de Tahiti. En 1893, il reviendra à Tahiti, mais il y fera une tentative de suicide. Malade et ruiné, il se réfugie aux Marquises, à Hiva Oa. Il continue à peindre et à sculpter. Son état de santé ne l'empêche pas de courir "le paréo". Il laisse sur Hiva Oa, trois femmes "reconnues" et une kyrielle d'enfants naturels, dont la descendance aujourd'hui se balade partout en Polynésie.
Si son art "départage les goûts", l'homme lui même est sujet à polémiques. Certains Marquisiens se souviennent qu'il était l'ennemi des lois et de l'ordre imposé par un gouvernement colonial mal adapté aux moeurs des premiers occupants de l'île. Il se réclamait du "droit de tout oser". Mais ses idées, le menaient à des comportements qui gardent auprès de la gent féminine un arrière goût "d'abusif". Le traitement de son inhumation, est édifiante. Après sa mort, il fut jeté dans la fausse commune. Puis, quelques années plus tard, la commune, consciente, qu'elle abrita un homme célèbre, fit des recherches, pour offrir une sépulture descente au peintre. La légende veut, qu'il y eut hésitation sur l'identification. Sait-on aujourd'hui qui repose sous le nom et la sculpture de Gauguin?
Décidément, les branches tortueuses des frangipaniers qui entourent sa tombe, illustrent parfaitement ce qu'il fut jadis et le sentiment que les Marquisiens lui portent encore aujourd'hui...
Dans le petite musée qui trône au milieu du village d'Atuona, Paul Gauguin est célébré pour avoir, dans son contexte contemporain, bouleversé l'image de l'Océanie. Jusqu'à sa venue, les représentations de Tahiti et de ses îles, sont des dessins, des esquisses d'observateurs scientifiques tels que Banks (faisant partie de l'équipage de James Cook) ou plus tard de Darwin. Des hommes tatoués, des vahinés dénudées dansant pour leur chef, des tikis... Tous ces croquis à l'ancre de chine témoignent de l'existence de peuples extraordinaires dont la culture est aux antipodes de ce que vivent les premiers navigateurs dans leur pays d'origine. Lorsque Paul Gauguin débarque à Tahiti, l'art graphique change de siècle.
Dans ses oeuvres, les couleurs tranchées, les formes vives vont, à jamais, à la face du monde, épaissir le trait des légendes océaniennes. Il ne peint plus pour décrire, il peint pour dégager un sentiment, une émotion. J'avoue ne pas aimer tout ce qu'il a produit avant de venir sous ces latitudes. Mais, ici, l'atmosphère des Marquises transcenda son art.
Laissons-le conclure, et dévoiler tout le caractère ambigu de son être, lorsqu'il écrit à sa femme, restée à Paris : "... je suis un artiste et tu as raison, tu n'es pas folle, je suis un grand artiste et je le sais. C'est parce que je le suis que j'ai tellement enduré la souffrance. Pour poursuivre ma voie sinon je me considèrerai comme un brigand. Ce que je suis du reste pour beaucoup de personnes."
A plus, pour d'autres nouvelles...
Nat et Dom
www.etoiledelune.net
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