11 sept 2010
En mer vers Vanuatu
Récit 152- Tuvalu
Sachant que Tuvalu était menacé de disparition suite au réchauffement planétaire (il faut dire que Thomas a découvert dans le Larousse, il y a un mois, une photo de Tuvalu et une explication sur les risques du réchauffement planétaire sur ce pays), nous avons décidé de mettre le cap sur Funafuti, la capitale de Tuvalu pour le voir de nos propres yeux avant que ce pays disparaisse de la face de la planète. Après avoir visité plusieurs groupes d'îles du Pacifique sud, il est évident que Tuvalu est à risque si le niveau des mers augmente, toutefois ce n'est pas le seul endroit à risque, nous n'avons qu'à nous rappeler notre arrêt dans les îles du Désappointement pour voir qu'eux aussi sont de potentielles victimes.
Ici aussi nous étions le cinquième bateau cette année. Nous avons rencontré le troisième et le quatrième, soit Happy Monster, un couple de Hollandais. Ils viennent de quitter pour Kiribati, nous leur avons donné bananes, plantains et concombres, ils étaient bien heureux car ils étaient complètement à sec côté fruits et légumes. Nous avons aussi rencontré un bateau de Tahiti, une pirogue comme ils l'appellent, soit un espèce de catamaran très polynésien avec ses structures faites de feuilles de palmier. Ils sont huit à bord, une moyenne gang de moineaux. L'un d'eux, entre autre, a fait deux jours de prison à son arrivée à Tuvalu pour être descendu à terre s'acheter des cigarettes avant que les clairances ne soient faites. Depuis, il est sur la vadrouille, comme ils disent, un gros toutou qui socialise avec tout le monde et fête un peu trop tous les soirs, couchant ci et là, en quête d'une petite femme pour s'installer ici. Un autre des équipiers dit avoir perdu son passeport par-dessus bord en mer et passe ses journées au café internet pour essayer de régler son problème. Bref, une gang de joyeux lurons, sauf que parait-il, la zizanie est prise à bord et ils sont sur le bord d'une mutinerie contre le capt qu'ils jugent trop sévère. Ils mettront sous peu le bateau sur un cargo pour le ramener à Tahiti car le mat s'est cassé juste avant d'arriver ici et ils ne peuvent pas réparer ici ni continuer.
Pour les avides d'histoire et de géographie, voici un petit résumé sur Tuvalu. Arrivés il y a de cela près de 2000 ans, les premiers habitants sont d'origine polynésienne en provenance principalement des Samoa mais également des Tokelau et de Tonga. Les Tuvalu sont composés de 5 atolls et 4 îles éparpillées sur plus d'un quart de millions de miles nautiques carrés. Le premier contact européen fut en 1568 par l'explorateur espagnol Mendana lors de son premier voyage dans le Pacifique. En 1819, DePeyster, un capitaine britannique a redécouvert les îles et les a nommées, les îles Ellice. Alexander Ellice était le directeur de l'entreprise montréalaise qui était propriétaire du bateau Rebecca, le bateau de DePeyster.
Durant la 2e guerre mondiale, lorsque les Japonais ont envahi le Pacifique, la population de Tuvalu était isolée et les Américains en ont profité pour y construire plusieurs pistes d'atterrissage à partir desquelles ils ont attaqué les Japonais à Nauru, dans les îles Gilbert et les Marshalls. En 1943, Funafuti a été attaqué 9 fois par les Japonais sans toutefois causer trop de dégâts. Les seules traces de la guerre que nous ayons vues sont la piste d'atterrissage, une vieille machine toute rouillée et un bunker. Tuvalu est devenu un pays indépendant de l'Angleterre le 1 Octobre 1978 mais on sent toujours l'influence de l'Australie puisque la monnaie couramment utilisée est le $ Australien. Dans le change vous trouverez des pièces de monnaie de Tuvalu qu'ils ont cessé d'imprimer en 1994. Sur Tuvalu, pas de guichet automatique ou de cartes de crédit!!! Depuis son indépendance, une aide économique importante a été apportée à Tuvalu de l'Angleterre, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Une petite note pour vous faire rire, lors de la venue d'internet, Tuvalu a reçu l'extension .TV (comme nous avons .CA au Canada) puisque la Tunisie et la Turquie était en avant d'eux pour obtenir l'extension .TU. Vers la fin des années 1990, les gens de Tuvalu ont eu vent de l'intérêt grandissant des compagnies de télévision à utiliser l'extension .TV. Alors en 2002, les droits de l'extension .TV ont été vendus pour la modique somme de $45 millions US, une belle entrée d'argent pour les résidents de Tuvalu.
Voilà une semaine que nous sommes à Tuvalu, il était temps qu'on arrive vendredi dernier car ça tapait pas mal et le bateau se fatiguait. Nous avons réussi à réparer les dégâts cette semaine. Mon 'maintainer' a vite faite de repérer un atelier (workshop) tenu par des militaires australiens aussitôt qu'il a mis le pied sur l'île. Ces derniers ont été d'une aide inestimable en nous aidant à trouver une dame en ville qui avait une machine à coudre industrielle. Avec leur 'pick up', nous avons transporté la machine à coudre à leur atelier et ensemble nous avons effectué la réparation du génois. L'un deux est du métier de 'mat tech' et l'autre est mécanicien 'véh tech'. Disons que le 'mat tech' tombait bien, il a vite fait de ranimer cette machine qui n'avait pas fonctionné depuis deux ans et d'en comprendre le fonctionnement. On lui doit une fière chandelle, nous leur avons d'ailleurs payé un souper dans LE restaurant de l'île, un resto chinois. Nous avons eu un excellent souper, précédé d'un petit 'drinksh' sur Cat Mousses. Ces deux gars étaient pas mal 'smath' quoi que pas faciles à comprendre. Ils n'ont pas manqué de nous taquiner chaque fois qu'ils en avaient la chance sur le fait que nous étions des officiers ou plutôt anciens officiers de l'Armée. Disons que nous sommes tombés à point car ces gars cherchaient eux aussi une machine comme celle-là depuis plus d'un an puisqu'ils voulaient faire des réparations sur le taud de leur bateau moteur.
Afin de mieux visiter l'île, un matin nous avons décidé de nous louer des 'scooters'. Toute une journée! D'abord trouver deux 'scooters' fut toute une aventure en soi. Les deux petits commerces de location ont la cour pleine de 'scooters' mais ils sont tous 'groundés' pour problèmes mécaniques divers. Ainsi, nous nous sommes retrouvés à utiliser la méthode du bouche à oreille. Un tel sait que une telle louerait peut-être son 'scooter' pour la journée, elle habite par là. On trouve sa maison mais elle n'est pas là, il faut aller là-bas. Puis là-bas on nous dit d'aller voir son mari qui travaille là-bas. Heureusement, tout le monde se connait sur cette île, il n'a qu'à bien se rappeler les noms étranges qu'ils portent et bien baragouiner car leur anglais est, pour la plupart, très limité, ils parlent la langue de Tuvalu. Bref, de fil en aiguille, après un peu plus d'une heure de viraillage, un peu partout dans le village en s'arrêtant un peu partout, nous avions déniché deux 'scooters' et deux bicyclettes pour les enfants. L'une d'elles nous a été prêtée gratuitement par un monsieur qui nous a prêté la bicyclette de son fils. L'autre nous avons payé un petit garçon pour nous prêter sa propre bicyclette car nous ne finissions plus par en trouver une deuxième. Bref, assez cocasse, mais le plus cocasse était de me voir conduire ce super 'scooter'. Tout un spectacle, heureusement qu'il n'y a pas trop de trafic et que la majorité des gens se promènent sur l'île à vélo ou en scooter. Lorsque nous avons pris possession de nos deux scooters, nous nous trouvions devant le poste de police et nous n'arrivions pas à trouver comment les partir alors nous avons demandé à un gendarme. Je ne sais pas pourquoi mais immédiatement il nous a demandé nos permis, s'inquiétant que nous ne savions pas conduire! C'est vrai que ça paraissait louche un peu notre affaire, une fois rassuré il nous a donné un petit 'crash course' et nous sommes partis. Fiou!
Nous sommes tous au courant des risques que coure Tuvalu avec le réchauffement planétaire mais suite à notre visite de l'île principale, le risque le plus important, à court terme, est la gestion des déchets. On peut voir un peu partout des piles de déchets énormes sur le côté des maisons, le long de la route et au nord de l'île un immense dépotoir à ciel ouvert qui déborde déjà dans cette île qui ne mesure parfois pas plus de 100 mètres de large!!! C'est clairement le défi des gens de Tuvalu pour les prochaines années.
Nous avons quitté Tuvalu ce matin pour Vanuatu, une navigation de 722 miles nautiques, soit environ une semaine. Dans un monde parfait nous aurions aimé faire un arrêt en chemin dans une deuxième île des Tuvalu, question de voir comment ça se passe en dehors de la capitale, si on peut appeler Funafuti ainsi (petite île de 13 km avec près de 4000 habitants). Comme cette île, où nous voulions faire escale, se trouve à 60 miles nautiques de l'île principale, nous ne voulions pas avoir à revenir sur nos pas le vent dans le nez pour faire nos quittances mais notre demande ayant été refusée, nous quittons directement pour Vanuatu. De toute façon nous sommes satisfaits de notre visite et la fenêtre météo se présentant bien, nous sommes mieux de partir maintenant. A date, je touche du bois, la navigation se passe bien, j'ai même pu faire les classes ce matin. Nous avons un vent arrière constant de 8 à 11 nouds et naviguons sous spi depuis le début de l'après-midi, maintenant une vitesse de 4.5/5 nouds. C'est très téméraire que de naviguer sous spi pendant la nuit. D'ailleurs, au moment où j'écris, pour faire exprès, le radar se met à sonner pour me montrer un gros nuage à babord. J'ai modifié ma course un peu question de tenter de l'éviter, je le surveille, j'espère que je n'aurai pas à réveiller le capitaine pour baisser le spi en panique parce qu'il n'est pas particulièrement de bonne humeur quand il se fait réveiller la nuit ;(
En fin de PM, alors que le capt faisait un somme, nous avons pêché un thon jaune que j'ai remonté avec Nicolas (Jack the fisher). Comme la noirceur allait bientôt tomber, nous avons décidé de le nettoyer comme des grands. Une chance que j'avais mon assistant (Jack the fisher) car je laisse normalement cette tâche au capitaine. Il faut bien qu'il travaille un peu! Je dois dire qu'on s'est bien débrouillés, tant et si bien qu'à son réveil le capt à trouvé le thon à cuire dans la poêle. Espérons qu'il ne prendra pas trop goût à ces nouvelles aptitudes que nous développons parce que j'aime autant lui laisser cette tâche et me contenter de brasser dans mes chaudrons.
Parlant de poisson, les enfants ont essayé ce soir mon thon séché au teriaky et ont bien aimé. Je dois dire toutefois que je n'ai vraiment pas choisi ma semaine pour tenter mon expérience de séchage de poisson. Je n'ai jamais vu autant de pluie dans une semaine, nous nous trouvions entre deux systèmes, ce qui fait que toute la semaine il a venté à écorner un bouf et il pleuvait (on and off) à longueur de journée. Nous avons tant bien que mal abrité le poisson de la pluie et voilà, le résultat est fort intéressant.
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