En préparant les photos du jour, je me demandais ce qui faisait qu'on soit attaché à une région plutôt qu'une autre. Je réalise que les racines ne s'implantent pas nécessairement là où l'on est né. Pour moi, c'est le cas. Je me sens plus d'Agay que de nulle part ailleurs. Sans doute parce que Nanie, ma petite maman, y vit. Sans doute aussi, parce que c'est là que j'ai passé mes plus beaux moments d'enfance. Mais aussi, parce que c'est là que je suis toujours revenue.
Lorsque je pense au pays, ce sont des couleurs qui me viennent en premier. Celles des roches rouges, des pins parasols verts, des mimosas aux fleurs d'or, des lauriers roses et de la mer azur. Mais il y a aussi une ambiance. Pour qui ne fait que passer dans le coin, il ne verra sans doute qu'une plage, du monde entre le 14 juillet et le 15 août... Il ne verra pas, ces petits coins d'ambiance. Ces balcons auxquels grimpent les bougainvilliers, ces porches ombragés sous lesquels l'air frais circule, ces placettes aux fontaines qui chantent.
La région est habitée depuis l'Antiquité. Les Romains ont établi un port à Fréjus qui au premier siècle de notre ère se nommait Forum Julii. Il reste de cette installation de nombreux vestiges. D'ailleurs, les entrepreneurs immobiliers sont obligés lors de tout creusement de recenser les découvertes éventuelles. La plupart des chantiers prennent du retard, car il suffit de creuser, pour trouver, une ancienne allée dallée, des bains romains, des fondations de la ville antiques, les bases d'un aqueduc...
Les arènes de Fréjus furent construites au Ier siècle. Elles mesuraient
113 mètres de long pour 85 mètres de larges. Elles accueillaient entre 10 000 et 12 000 spectateurs. Elles ont résisté au temps, car elles ont longtemps servi de scène pour des spectacles contemporains telles les corridas ou des concerts de musique. Malheureusement, aujourd'hui, elles souffrent de l'évolution de notre siècle. La circulation des voitures, du moins ce qu'elles dégagent s'attaquent aux arènes qui jadis voyaient les jeux du cirque. Pas de nostalgie pour ces fantaisies où lions et hommes combattaient en duels sanguinolents!
Mais, c'est dommage de voir la pollution s'attaquer aux arènes qui survécurent à la tragédie du barrage de Malpasset. En effet, le 2 décembre 1959, le barrage de Malpasset qui venait d'être construit, cède sous la pression des eaux. Cette rupture compte parmi les catastrophes civiles les plus importantes qui ait marqué la France du 20ième siècle.
Aujourd'hui, Fréjus, qui jouxte la commune de Saint Raphaël, dont dépend Agay, est une ville au double visage. L'été elle accueille 300 000 touristes, l'hiver elle compte 93 000 résidents. C'est aussi cela le charme de cette région. Ce moment où, dès septembre et jusqu'au printemps, les habitants retrouvent le temps de vivre. Le plaisir d'errer dans les ruelles aux murs ocres et aux volets couleurs lavande en écoutant le mistral siffler.
A plus, pour d'autres nouvelles d'ici, avant de repartir ailleurs...
Nat (à Agay) et Dom (aux Marquises)
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