Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mardi 7 décembre 2010

ÉTOILE DE LUNE -Dom et Nat à Papetee

En fin de message photos et lien vers un album photo en musique

Bonjour,

Laissez-moi commencer par un clin d'oeil pour nos amies Mata Ohu (Fély de Hiva Oa), Uti Heipani (Delphine) et Patricia de Ua Huka. Ces deux dernières étaient à Papeete toute la semaine dernière, quelle joie de retrouver celles qui nous avaient si bien accueillies aux Marquises! Et pour Fély... je sais qu'elle fait de temps en temps un petit tour, depuis Hiva Oa, sur le blog. Ce message, ainsi que les photos et l'album lui sont dédiés. Née dans la merveilleuse île de Ua Huka, j'espère que cet hommage à l'art marquisien lui fera plaisir. Car il est écrit du bond du coeur.

Savez-vous ce que signifie Mata Ohu?
C'est "le regard qui cerne tout"
Et Uti Heipani?
C'est "la déesse des esprits"
En Polynésie, les patronymes sont de réels hymnes à la beauté
Que de beaux prénoms!!! Mato Ohu et Uti Heipani ne pouvaient qu'être soeurs! Le fond de l'âme tapissé d'une générosité respectueuse. Jamais je ne les oublierai. J'emmène avec moi, la profonde douceur de leur approche. Et la si belle dignité de leurs regards.

Pour en revenir à notre dimanche, il fut Fa-Bu-Leux!!!! Un enchantement!

Nous avons quitté le mouillage et laissé notre annexe au quai assez tôt dans la matinée. Le dimanche, les bus qui mènent à Papeete ne sont pas légion et nous avons promis à nos amies de venir encourager les groupes de danse qui se produisent dans le cadre de la promotion de la tradition marquisienne. Dans l'un des groupes, la fille de Delphine danse et chante. Après une petite marche, nous trouvons l'arrêt d'autobus. Là, des gros bras, attablés vendent du ma'a (ici on ne dit plus kai kai pour le repas). Dès notre arrivée, nous sommes invités à l'ombre de l'appentis qui protège les vendeurs. La conversation s'engage. Des grands éclats de rire fusent, sans méchante moquerie, car les Tahitiens débonnaires aiment asticoter les Popa'a de passage. J'aime bien le tempérament tahitien. Il est accueillant, souriant, léger. Il n'épargne jamais sa salive pour renseigner le nouveau venu qui se perd. C'est vraiment très agréable, et ce comportement généralisé donne une ambiance si facile à vivre au sein de la plus grande ville de cette partie d'océan. Lorsque le bus arrive, nous n'avons pas vu passer l'heure. Notre interlocuteur, Hubert nous donne rendez-vous pour tous les dimanches, où il vend son ma'a... Il lance quelques expressions en tahitien au chauffeur de bus. Nous n'y comprenons rien, mais à la suite de ces quelques injonctions nous changeons d'ange gardien. Le chauffeur de bus nous explique posément avec un oeil bienveillant le parcours, les horaires plus ou moins suivis, et les chances que nous aurons de trouver un bus de retour dans l'après-midi.

Le bus est climatisé, mais les portes sont grandes ouvertes. A mi-parcours, une petite fille cache son sourire derrière une grosse glace et arrête le chauffeur. Elle explique que ses parents sont encore dans l'épicerie et qu'ils n'ont pas encore payé.
Aita pea pea! Pa ni pwoblem...
Le chauffeur attend, sifflote, se retourne et nous dit : "je ne suis pas pressé, et si je ne les attends pas, dieu seul sait quand le prochain bus les prendra." C'est drôlement cool! J'adore cette manière d'être.

Lorsque nous arrivons à "l'Assemblée" (centre des expositions), au centre de Papeete, nous trouvons nos amies, derrière des tables chargées de sculptures venues des Marquises.
Delphine nous dit d'un ton triste : "j'ai cru que je ne vous verrais pas!". Nous lui expliquons le périple en bus, la rencontre avec les Tahitiens en route. Mais très vite la joie des retrouvailles prend le dessus. Nous retrouvons Patricia et William son mari, le gendre de Delphine, sa fille.... Toute une famille, habillée aux couleurs de leur archipel : rouge, jaune et blanc. L'expo se clôture aujourd'hui, nos amis sont satisfaits du résultat. Il y a eu peu de touristes, mais les Tahitiens ont fait honneur aux sculptures marquisiennes.

Un succès bien mérité !

Dom et moi, nous furetons chacun de notre côté, afin de garnir les dessous du sapin de Noël que nous ferons bientôt...

Dans l'après-midi deux groupes de danse traditionnelle viennent faire une démonstration. Pour les Tahitiens, réunis autour de la scène, c'est l'occasion d'apprendre quelques mots de marquisiens. En spectateurs enthousiastes, ils répètent en choeur, les mots que l'animateur leur apprend. Puis, Delphine souffle dans le Pu (trompe de bois). Le son puissant arrête les babillages, les pahus (tambours) entament leur rythmique effrénée. Ces sons impétueux nous emportent tous dans un monde ailleurs. C'est si puissant que le coeur fait des bonds. Puis, les vahinés, de leurs voix aiguës haranguent la foule. Leurs appels réveillent une émotion intense, incontrôlable. Les danses marquisiennes sont physiques, les hommes accompagnent les pahus de leurs cris rauques, violents. Leur gestuelle est virile, guerrière. Au coeur de cette démonstration de force, la grâce des femmes élève toute la chorégraphie vers une dignité inégalable. C'est un mélange de douceur et de furie. Une alternance de rugissements et de chants mélodieux. Les opposés se rejoignent et ne se heurtent pas, ils forment un tout, une harmonie... Toute la beauté sans artifice des danses marquisiennes est là devant nous.
C'est un immense cadeau de la vie!
La représentation se finit par l'hymne marquisien. Les voix s'élèvent sur la scène, mais également partout autour de nous. C'est poignant. Les Marquisiens qui vivent à Tahiti entretiennent leur culture ancestrale. Ils sont près de 12 000 hors des Marquises et 6000 dans leur archipel. Et ceux qui ont quitté leur fenua n'oublient pas d'où ils viennent!

C'est beau! Très beau!

Les artisans sculpteurs et les groupes de haka : "Te Toa Vi'i Febua", "Te makatu o Oatea Nui" et "Te Oko o Te Henua Enana" ont de quoi être fiers! Grâce à eux, Papeete a vécu ce dimanche sous le l'égide des Marquises, grâce à eux, leur culture est vivante partout dans les coeurs.

Ci-dessous quelques photos, pour entendre le rythme haka et voir tout l'album cliquez sur le lien suivant :

http://s121758490.onlinehome.fr/edl/polynesie/photos_marquisart/index.html

A plus,
Nat et Dom
www.etoiledelune.net

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