Bonjour à tous,
Aujourd'hui, il y a maintenant 30 jours que nous sommes en mer depuis le Pérou et sur les quelques 4,300 mn de cette traversée, il reste 1,000 mn jusqu'à Tahiti par le passage de l'archipel des Tuamotu. Depuis 15 jours, les vents sont trop faibles (5 à 12 nd) et soufflent de l'est. La houle est constante, varie de 8 à 15 pi+ et suit le vent. C'est le cas de le dire "on l'a de travers". C'est dur sur le gréement et sur l'équipage. Privé du tangon du genois dont le rail s'est arraché du mat et qui
faciliterait un vent arrière; nous avançons en prenant des bords vers le NW et le SW pour des périodes de 24 heures et plus. Hier, le vent s'est enfin levé à 18 nd et nous avançons plus franchement.
IL y a deux jours, à 0520, le pilote automatique a cessé de répondre et le bateau est remonté au vent. Une fois le jour levé, je vide l'équipé tribord et constate que le bras du verin n'est plus rattaché au contrôle du safran. Horreur! J'explique à Carmen que l'on va voir ce que l'on peut faire mais que des jours difficiles, possiblement épuisants nous attendent. Il reste plus de 12 jours de mer et nous pourrions avoir dorénavant à barrer 24/24! La perspective est traumatisante et la réalité serait
encore pire. Je met donc le bateau à la cape dans une houle de 12' et je vide l'autre équipé de son contenu. Le cockpit est plein et je peux maintenant aller me contorsionner sous la poupe pour démonter le coupable. Un écrou de 5/8" s'est cassé. Mais, où trouver un écrou aussi long? J'ai pensé à la tige d'acier en L retenant la bombonne de gaz du BBQ. Trop grosse. Je fouille dans tout ce que j'ai de "clevis pin" et écrous de toutes sortes. Tout est trop court... jusqu'à ce que je pense au long écrou
en inox qui barre une des ancres sur le davier avant. Euréka!? Pas si vite. Il faudra le couper, le percer et surtout, surtout en limer l'extrémité pour réduire de ± 1mm la circonférence afin de lui permettre d'entrer dans la prise du verin. Et c'est dur de l'inox! Pas d'étau et pas de meule, c'est un programme.
Sorti le Dremel, la perceuse, la lime à fer et tout ce qui pouvait m'aider à amincir cette tige d'acier. L'adaptateur de coupe acier a bloqué dans le Dremel que j'ai dû démonter pour le libérer. L'écrou est devenu tellement chaud qu'il s'est fait une encavure dans la planche à découper en la faisant fondre. Seulement pour limer cette pointe, avec l'énergie du désespoir, j'y ai mis 5 heures. Vers 1300, la pièce était faite et il ne me restait plus qu'à trouver des boulons ou autre chose pour assurer
le même espacement que l'original entre la plaque du safran et le verin, graisser et remonter le tout. Après avoir replacé tout le matériel dans les équipés, et vérifié le fonctionnement de mon installation de fortune, il était 1500. Durée totale de l'opération: 9 heures. Si la nécessité est la mère de plusieurs initiatives, celle-ci fera partie de mon histoire pour longtemps. Carmen était aussi fière que moi et particulièrement soulagée. Cà fait de cela deux jours et on veille depuis à ce que le
pilote ne se tape pas une embardée causée par une vague ou un coup de vent violent. On le veille 24/24 dans le cockpit et c'est encore mieux que de barrer Caminata jusqu'à sa prochaine destination.
On espère entrer dans les Tuamotu près de l'île de Raroia et mettre ensuite un cap de 240° jusqu'au parallèle 17°15'. De là, en suivant un cap de 270°, nous devrions être à Papeete (Tahiti) deux jours plus tard. Cela est évidemment théorique mais j'ai conservé suffisamment d'autononie moteur pour contrecarrer, rendu là, les caprices du vent qui contrairement à ce qu'en disent les "pilot charts", n'est pas toujours SE.
On espère que vous goûterez cet extrait de voyage vers le paradis des navigateurs.
IMPORTANT: On aime avoir de vos nouvelles, mais si vous répondez à ce message et que vous faites un "REPLY", vous devez effacer mon texte de votre réponse. IMPORTANT.
Affectueusement,
Robert & Carmen
Caminata
15°43'S & 133°02'W
P.S Évidememnt nous publierons une photo du "bijou" sur notre blog !
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