Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

samedi 21 juin 2008

CAP LIB - L'équipage raconte...BERMUDES À NEW YORK

Bonjour à tous,

Nous voilà finalement arrivé à bon port, sains et saufs.

Nous avons mis les pieds sur terre vers 09 :30 hier matin le 18. Après que
la mer nous ait secoués dans tous les sens. Nos premiers pas sur le quai
nous ont semblés bien instables.

Siamak et moi, nous l’avons même embrassé cette magnifique terre. Oui, oui,
vous avez bien lu. Il faut dire que pour Siamak et moi un périple de ce
genre était une première. Nous sommes bien fiers d’avoir réussi cette
traversée qui ne fut pas des plus reposante.

A part deux ou trois jours que j’appellerais journées de grâce (celles dont
nous rêvons tous) belle eau turquoise, soleil radieux, rencontres avec les
baleines et dauphins, vents caressants, petit verre de vin en admirant le
merveilleux coucher de soleil, s’endormir en se faisant bercer; mer nature a
décidé de se déchaîner et de nous faire passer par toutes les gammes
d’émotions, le tout accompagné de plusieurs nuits blanches.

Comme vous le savez, pour tout navigateur la traversée du Gulf Stream est
toujours un moment de grande appréhension. Oh! Combien je le comprends
maintenant ! Les vents forts de l’ouest combinés avec des vagues démesurées
et désorganisées rendaient la situation terrifiante. Ces conditions forment
le caractère, croyez-moi! Heureusement que nous avons gardé notre sang
froid. Après avoir passer 11 heures dans la machine à laver au cycle «
Linge très sale », il ne restait qu’à bien ajuster notre cap en prenant en
considération la dérive pour en sortir au plus sacrant, tout en se disant
que le pire était derrière nous et que nous pourrions enfin respirer.

Le lendemain matin comme à tous les jours notre imperturbable capitaine a
communiqué avec le Réseau du Capitaine afin de connaître ce que la météo
nous réservait pour les jours à suivre. Monsieur météo nous a annoncé
l’arrivée d’un front froid prévu dans la journée de mardi le 17. Avec tous
ces vents et courants favorables qui nous poussaient vers notre destination
à toute vitesse, nous estimions que nous serions presque arriver près des
côtes et qu’avec un peu de chance nous l’éviterions. C’est permis à tous de
rêver non!

Voilà, j’y arrive à ce fameux front froid. Il a décidé de nous prendre par
surprise une journée plus tôt à 21:45 le 16 au soir pour être exacte. Le
ciel à l’ouest était menaçant, nous pouvions percevoir des éclairs très
loin. C’est un beau spectacle des éclairs de très loin. Nous n’attendions
vraiment pas ce qui allait suivre. Gérard venait de se retirer afin de se
reposer pour un 15 minutes avant d’évaluer si il y avait nécessité de
réduire les voiles.

Siamak était à la barre et remarquait que le vent augmentait rapidement. Il
a donc décidé d’appeler Robert et Gérard pour une évaluation des
circonstances. Moi je me retrouvais à l’intérieur en train de lire un
article dans le National Géographic en essayant d’apaiser cette petite voix
dans mon fort intérieur qui ne me trompe jamais.

C’est à ce moment là qu’en quelques secondes tout a chaviré. Des vents de
plus de 50 nœuds (100 kms/hr) nous ont violemment frappé à bâbord. Le
bateau a soudainement gîté à plus de 80º et tout s’envolait à l’intérieur.
Le bateau vibrait comme une feuille de papier et je me suis retrouvé clouée
au siège. J’entendais les craquements et les fortes vibrations causés par
le stress extrême que les gréements subissaient. Pour ceux qui ont déjà vu
le film « The Exorcist », il me semblait que le diable venait de s’emparer
du bateau. Avec peine et misère je me suis relevée afin de m’empresser de
fermer les hublots et de me diriger vers le devant du bateau (la pince) afin
de regrouper nos sacs de survie (alimentations et autre) advenant que le
pire arrive et que nous serions forcer d’utiliser le radeau de survie.
Ensuite je me suis dirigée vers la porte afin de constater ce qui se passait
à l’extérieur. Le spectacle était terrifiant; Siamak tentait tant bien que
mal de maintenir la barre, le tapecul battait hors de contrôle, le ciel
était noir, Gérard et Robert tentait de toutes leurs forces de déporter
(d’abattre) le grand voile et d’enrouler le génois, le bateau gîtait à
l’extrême et les embruns successifs ne donnaient aucun répits à l’équipage.
La peur s’est emparée de moi, à l’idée que le voilier pourrait chavirer.
C’est avec horreur qu’à ce moment là j’ai constaté que dans l‘action de
l’urgence deux membres de l’équipage ne portaient pas leurs harnais de
sécurité et je me suis empressée d’aller chercher les harnais. Combien de
temps tout cela a duré, je n’en aie aucune idée, mais cela m’a paru une
éternité. Lorsque la tempête s’est calmé un peu il a fallu faire face à
d’immenses vagues. La nuit fut longue et épuisante. Par après Siamak nous a
dit que le mât avait touché l’eau à quelques reprises.

Le lendemain nous étions bien contents d’avoir une journée calme. Vous savez
c’est comme ça la mer une journée elle sort son sale caractère et le
lendemain elle est douce comme un agneau. En soirée le vent du nord-ouest
s’est levé ce qui évidemment n’a pas facilité la fin de notre périple.

Mais voilà nous sommes de retour sains et saufs enrichis d’une expérience
incroyable et d’un respect sans borne pour cette magnifique mer. Nous sommes
conscients que nous avons été particulièrement frappés par le mauvais temps
pour une si courte période et que ce n’est pas toujours le cas. Malgré ces
moments difficiles l’humour était au RV et le moral de l’équipage s’est
toujours maintenu. Drôle à dire mais je n’ai jamais tant ri.

Je termine en disant que nous avions le meilleur capitaine au monde et que
nous faisions une équipe du tonnerre.

Merci encore Gérard de nous avoir permis de partager la dernière traversée
de ta grande aventure.

Jovette

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