mercredi 10 juin 2009
NATHALIE et DOMINIQUE au QUÉBEC...
Pendant que l'Étoile de Lune se repose bien tranquillement à Curaçao, voici le message que je viens de recevoir :
Le soleil est de la partie. A notre arrivée il fait si chaud que mes pulls accumulés sont de trop. En ce dimanche matin à Montréal, il fait 18 degrés. Les températures ne peuvent que grimper avec le soleil... Me dis-je...Un beau soleil illumine une nature généreuse, d'un vert printemps, elle semble nous dire : "Bienvenue au Québec". Malheureusement, sur la route entre Montréal et la ville de Québec, le témoin de température de la voiture descend gentiment et nous devrons nous habituer à vivre avec une dizaine de degrés en moyenne (parfois beaucoup moins sur le fleuve avec le facteur éolien). Nous voyons des Québécois en bras de chemise. Moi j'ajoute des couches comme les oignons et j'établis un record de six pelures, dont deux de polaire. Transformée en bonhomme Michelin, je suis transie quand même ! Voilà pour les amis qui pensaient que je n'aurais pas chaud. Oui effectivement c'est vrai... de dehors... Mais pas du tout dedans. Nos amis nous tiennent chaud... "Et pas à peu près!"
Pour notre première journée, nous longeons la rivière Richelieu. Les maisons aux abords sont toutes plus belles les unes que les autres. La végétation est resplendissante!
En sortant vers la marina Chaudière, le soleil est froid, le vent me fait picoter les joues... Je grelotte... Louise me prête sa polaire. Ouf... Le sourire est au rendez-vous pour voler à la rencontre de la sémillante Mona et de son capitaine Edouard d’Argo cinq qui est amarré en bordure du fleuve Saint-Laurent. En même temps que de découvrir ce couple d'une chaleur et d'un accueil inoubliable, voici que je me trouve pour la première fois de ma vie au bord du mythique Saint-Laurent. Au beau milieu de celui-ci se déroule un spectacle inusité. Un petit voilier navigue à la perpendiculaire de sa route. Original ! Il pointe son étrave vers la berge sud du fleuve, mais en réalité il descend le fleuve. Edouard qui me voit interdite m'explique que les courants affichent cinq noeuds et plus dans le fleuve. Un bateau lorsqu'il veut quitter son lit pour aller trouver abri dans une des enclaves incrustées dans la berge doit s'y prendre pas mal de temps avant, anticipant ce courant qui l'entraîne inévitablement à la perpendiculaire de sa route...
Je ne regrette pas du tout d'avoir laissé notre Etoile dans le sud! Pfiou! Ca demande beaucoup trop de chevaux dans le moteur, et puis une attention constante, le fleuve est balisé, mais la marée peut atteindre 16 pieds et plus, le vent se lève sans prévenir, la vague est courte, les cargos omniprésents, les paramètres de navigation sont loin de nos vies insouciantes du sud!
Nous pique-niquons à la capitainerie de la marina. Pierre est là, il a préparé son incontournable mayonnaise à l'ail ainsi que des oeufs mimosas... Un régal! La prochaine fois que j'entendrai Pierre parler sur les ondes de ses spécialités, immédiatement je saliverai, car franchement sa mayo, elle est unique ! Mona quant à elle, nous apprend son dessert bateau! Elle ne pouvait pas mieux choisir! Des fraises, des myrtilles (bleuets) des framboises, mes trois fruits préférés (que nous ne trouvons pas sous les tropiques !) préparés par couches, avec pour séparation du yaourt et des céréales. Et... par dessus, des pépites de sucre d'érable ! Mon Dieu ! J'en tombe en pâmoison !
Au petit déjeuner, Louise me faisait découvrir le beurre d'érable, à midi ce sont les pépites. Il reste le sirop.... J'avoue, humblement, que je n'avais jamais goûté au sucre d'érable. J'en avais acheté en supermarché dans les îles, mais comme le dit si bien Pierre, ce ne devait être que du sirop de poteau ! Le vrai sucre d'érable, dès qu'on en a goûté une fois, on ne peut jamais l'oublier ! IMPOSSIBLE ! Le goût est inimitable à déguster au Québec avec nos amis, la saveur n'en est encore que meilleure!
Toute cette magie de la table m'amène à penser à une autre merveille... la convivialité à la québécoise !
Vous savez quoi? C'est comme si je les avais toujours connus! Louise, Nykole, Mona, Pierre, André, Edouard, Hélène... en quelques heures seulement nous partageons une telle complicité que nous nous sentons aussi à l'aise qu'avec des amis d'enfance. Au Québec c'est un peu comme s’il y avait une colle spéciale à affinités. Une alchimie si simple et si évidente... Et pourtant, elle n'existe qu'ici. Les relations se font en toute tranquillité, pas de gène, pas la moindre ambiguïté, rien de compliquer, tout est simple, ouvert et franc. Voilà les ingrédients de l'accueil au Québec. Cela fait une belle recette à laquelle nous goûtons chaque jour en nous baignant dans les sourires qui réchauffent si bien le coeur.
En parlant de se réchauffer, voici que nous quittons la ville de Québec et que nous pénétrons avec 13 degrés dans le massif de Charlevoix. Le vent souffle, j'ai le nez tout rouge... mais mon appareil photo lui, ne se pétrifie pas. Il fonctionne bien ( 256 photos pour ces deux premières journées... ) Les hauts du massif de Charlevoix, nous offrent une vue exceptionnelle sur l'île aux Coudres, où nous coucherons pour ce premier soir (merci Nykole pour ce conseil de détour)... j'y ai trouvé ma cabane au Canada...
Tout le monde le sait, les Français quand ils arrivent au Québec, ils rêvent d'une cabane, d'un traîneau et d'une horde de chiens pour le tirer à travers bois. Sur la route, je comprends cette image, les maisons québécoises sont toutes plus belles les unes que les autres. Serties de jardins aménagés avec goût où fleurissent à foison des lilas et les premières fleurs du printemps. Comme dit André : "tout est tellement propre et les gens se donnent du trouble pour fleurir leurs terrasses". C'est magique. Je n'ai pas assez d'yeux pour compter les maisons qui me plaisent et me font rêver. Ca y est ... moi aussi, je suis atteinte du mythe de la cabane au Canada! On ne peut renier ses origines! (ha, ha!)
A Saint Joseph-la -Rive, nous prenons le traversier pour l'île aux Coudres. Cet îlot se décrit à peine tant le charme y est épais. Une maisonnette au bord du fleuve nous accueille. Une maisonnette bleue dehors et jaune dedans... Ce n’est pas un hasard (notre Etoile jaune et bleue nous rappelle à son bon souvenir!). Des baies vitrées de la maison nous jouissons d'un panorama exceptionnel. Hélène, notre hôtesse, nous offre le plus joli programme de télévision! Le fleuve décline ses humeurs et ses marées juste au pied de la maison. Je découvre un fleuve changeant. Lorsque le vent est calme, il prend des reflets anthracite, lorsqu'il se fait soulever par le vent de nord-ouest, il charrie des alluvions et dans sa robe brune, il décoche des flèches d'écume blanche menaçante. Fascinée je reste sur la berge, Hélène vient me rejoindre et me dit :
"pour ce soir j'ai pris des billets!"
"Des billets de quoi?"
"Des billets pour le coucher du soleil" me répond-elle dans un grand sourire.
Je suis conquise!
En face, le soleil se couche derrière les monts de Charlevoix, dans un camaïeu de bleu de Prusse. Le phare montre aux bateaux le chenal, les nuages soulignent les ombres à contre-jour, des faisceaux de lumière crue dessinent la silhouette vaporeuse du massif.
Moment bonheur sans égal ! Une chance phénoménale que d'être là! Le temps s'est arrêté. Pour nous rappeler qu'ici, le temps ne compte pas pareil. Nous rencontrons Rosaire, dit Tonnerre. Quel personnage ! Il a 85 ans, il est né sur l'île aux Coudres, il a travaillé pendant 30 ans comme débardeur au port de Montréal. Il raconte les payes qui arrivent le vendredi, les fins de semaines à la taverne des marins, les "maudites filles" qui prenaient tout leur argent. Il raconte aussi qu'avant que le traversier fasse la liaison entre l'île et les rives du fleuve, quand il revenait, il faisait un feu sur la rive opposée. Son père "checkait" la fumée, il mettait sa barque à l'eau et venait les chercher à la rame. Le fleuve n'est pas toujours aussi gentil qu'aujourd'hui. Parfois, il fallait attendre que le vent se calme pour que le père puisse venir chercher ses fils. Tonnerre est un vrai aventurier. Il a traîné dans les rues de Montréal et a eu à faire avec Cotroni (le père de la pègre pendant la prohibition). Une vraie légende ce monsieur aux accents rongés et à moitié mangés par une timidité adorable.
Nous ne partons pas sans emmener le cidre de l'île aux Coudres que nous offre Hélène. Il est fait avec des pommes gelées. Les pommes sont laissées sur les arbres jusqu'en janvier, mois de la cueillette, où le cidre est fabriqué.
Il est tant déjà de quitter cette île où l'on se verrait rester une semaine sans s'ennuyer le moins du monde, même si Tonnerre nous signale qu'en hiver : c'est pas riche. Nous ne partons pas sans un détour vers le moulin et la maison croche... Une maison aux allures si "croches" qu'elle est, à elle seule, une définition du mot.
Retour sur la Rive-Nord du fleuve par le traversier. Le vent s'est le levé, le fond de l'air est frais... 8 degrés. J'ajoute encore des couches !
Sur la route de Tadoussac, nous passons par les villages des " éboulements", de Sainte Irénées et de La Malbaie. La route épouse les ondulations du relief, au détour de forêts opulentes, le rideau de végétation s'ouvre sur des panoramas somptueux du fleuve. Plus de trente milles séparent la Rive-Nord de la rive Sud. Le ciel au gré d'un nuage voluptueux dessine une ombre sur l'eau devenue bleue.
A La Malbaie, un accueille charlevoisien : une peintre nous indique le "café chez nous" pour manger "santé". Nous y rencontrons la jolie Laurence, jeune, belle comme le jour et gentille comme la rosée fraîche du printemps. Je pense que tous, nous l'avons adoptée dans notre coeur et lui souhaitons de garder sa pureté d'âme. Sur les hauteurs de la ville, un casino et le manoir Richelieu, une bâtisse imposante faite de toits de cuivre surplombe le fleuve. Le jardin descend en pente douce jusqu'au bord de l'eau. Un ravissement !
A cap à l'aigle petit détour vers la marina. Cela faisait si longtemps que nous n'avions vu des bateaux ! (hi,hi!) Nous y trouvons Amuletto, le bateau d'André Temblay qui attend sagement son équipage.
Au détour de la pointe aux alouettes, nous voici face à l'entrée du Saguenay, l'un des plus beaux fjords de la planète. Un traversier pour se rendre vers le légendaire village de Tadoussac... Et bientôt nous serons en Zodiac dans le fjord pour voir les baleines...
A suivre....
Plein de belles pensées du Québec pour chacun de vous Nat et dom de l'étoile de lune
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