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On vas-tu finir par arriver?
11 nov 09
Pacifique sud vers la NZ
Avant de commencer, je voudrais observer un petit moment de silence en cette journée de l'armistice, en l'honneur de tous ceux qui sont morts au combat pour leur patrie mais aussi pour tous ceux qui continuent de servir et qui sont présentement affectés en mission à l'étranger. Nous sommes avec vous de tout cour et surtout, bonne chance à toi Bine! De mon souvenir, je n'ai jamais vu un 11 novembre qui ne soit pas exécrable côté température. Jamais! Sur parade, on a toujours gelé comme des crottes, les pieds et les mains engourdis par le froid, à se faire poivrer par de la pluie, pluie verglaçante, neige, neige fondante, gadoue et autre. Et bien je dois vous dire que cette tendance au temps de chien pour les 11 novembre est vraiment universelle si je me fie à notre journée d'aujourd'hui en mer.
Est-ce bien moi qui avait écrit les paroles qui suivent dans mon dernier récit?....
'' Par contre, c'est tellement confortable. Je devrais toucher du bois en disant ça mais à date je dois dire qu'il y a longtemps que nous avons eu une si belle traversée. C'est 'smooth', ça ne tape pas, le vent varie en vitesse mais pas en direction donc jamais on n'a à toucher aux voiles et ça c'est bien. Vraiment on est très surpris de notre navigation jusqu'à maintenant. Ce n'est pas fini mais à date, ça se passe à merveille, on ne pourrait pas beaucoup demander mieux.''
''Demain à notre réveil, il ne devrait rester que quatre jours de navigation, soit quelques 500 miles nautiques à parcourir. Ca passe vite, presque trop vite d'ailleurs car mes rations ne sont pas encore épuisées.'' .
Non mais je cherchais le trouble ou quoi? Depuis ce temps rien n'a cessé de déraper et ça fait maintenant six jours que j'ai prononcé ces paroles. Depuis ce temps, on a le vent carrément dans le nez, on se bat conte le vent, contre des courants contraires qui nous ralentissent de plus de 1.5 nouds par moments, et je ne parle pas des vagues monstrueuses qui vont dans tous les sens. Il n'y rien à faire, il faut prier et attendre; espérer arriver (avant la fin de l'année) et dans un morceau et je parle ici du bateau. Je ne comprends pas que la coque n'aie pas encore ouvert en deux sous l'impact des vagues. L'une après l'autre les trampolines ont cédés et sont accrochés tant bien que mal pour ne pas qu'on les perdent à la mer. Non mais ça fait environ 5 sortes de cordage qu'on essaie pour le tressage des trampolines et pas une n'a su résister.
Comme tous les autres navigateurs de ce rallye, nous roulons à voile assistée à moteur 24 heures sur 24, mais nous avançons à pas de tortue. Inutile de dire que le capt est à prendre avec des pincettes ces temps-ci! Les capts de bateau n'aiment pas beaucoup parler de leurs ennuis mécaniques ou des ennuis reliés à leur bateau. Ca porte un peu atteinte à leur fierté et ils se sentent en quelque sorte responsables de tous les problèmes qui surviennent. Pourtant Dieu sait comment ils font des miracles avec rien pour réparer tout ce qui brise à longueur de journée et ce sans pièces, avec du raboutage de vieux morceaux recyclés. Le capt, il est un peu comme une femme dans ses 'PMS' actuellement. Vaut mieux ne pas trop lui parler et attendre qu'il se défâche parce qu'il n'a plus tellement le goût de rire. Je pense que s'il le pouvait, comme un enfant, il se coucherait à terre dans l'allée du supermarché pour tempêter et pleurer et dire 'Je n'avance plus'! On va tu finir par arriver que ça finisse qu'il se dit?
Je me garderai de vous ressasser les mêmes rengaines mais disons seulement qu'un problème n'attend pas l'autre. Il pleut, il fait 'frette' pis on se fait poivrer sans arrêt. Les vagues passent par-dessus le bateau à longueur de journée, il y a du sel et de l'eau partout. Je ne sais pas pourquoi mais le capt trouve qu'il en a épais sur les bras! Il trouve que toutes les responsabilités lui incombent et que son équipage est un peu inconscient de tous les problèmes et voire même inutile pour l'assister dans tout ceci. On fait pourtant de notre mieux. C'est une vraie comédie et un véritable ballet que de jongler à travers l'école, les coups de main au capitaine, la préparation des repas, les petits dodos en vue des quarts de nuit et tout le tralala. J'ai beau essayer de me charger seule des classes et des repas, j'ai beau partager les quarts de nuit à part égale avec René, il reste que je suis un peu impuissante face aux problèmes, je l'admets. Si seulement le vent pouvait coopérer dans le bon sens un peu. Le matin le capt doit passer un bon deux heures et demi sur la radio et une autre heure le soir à échanger nos positions et la météo avec les confrères navigateurs du rallye. Ce sont ses moments forts de la journée. Il ne faudrait pas lui enlever ces moments pour tout l'or du monde. Entre capitaines ils se comprennent au moins!
Je dois dire, toutefois, que nous ne sommes pas les seuls à avoir hâte d'arriver. Il y a un bateau dont la bôme est cassée, donc la grand voile inutilisable, Wasabi aussi n'a pas pu utiliser sa grand voile de toute la traversée dû à un problème d'enrouleur. Hier 'Beduina' a déchiré sa grand voile. Certains n'ont plus de diésel, d'autres n'ont plus de moteur (assez compliqué quand on se bat avec le vent dans le nez). Bref, on est loin d'être les pires et on a peut-être réussi à consommer tous nos fruits, légumes, viande et produits laitiers, mais ce n'est pas demain la veille que nous épuiserons nos stocks de diésel, car sur 'Cat Mousses', le diésel ce n'est jamais un problème. On a une autonomie assez impressionnante de ce côté.
Alors sur ce, je dirais. en mettant des gants blancs. que nous devrions atteindre la Nouvelle-Zélande demain soir, à la tombée de la nuit. Mais je dis ça sous toute réserve car les vents viennent encore de tourner et nous éloignent à nouveau de notre trajectoire. On va s'armer de patience et attendre!
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