lundi 23 novembre 2009
ÉTOILE DE LUNE _ Nat et Dom à ROSARIO
10:04.7N 75:45.2W
Objet : Dernier jour à Rosario, découverte du jardin aux oiseaux, et départ pour San Bernardo.
Photos : différentes espèces d'oiseaux.
Impossible de trouver le nom de chacun (mon livre sur les oiseaux du monde ne les recense pas) si les lecteurs reconnaissent certains d'entre eux, vous pouvez nous écrire pour nous donner des indications : etoiledelune@gmail.com
Fin de message : détails sur la navigation du jour.
Bonjour,
Je vous disais, que Rosario me faisait penser à l'Afrique, un air de Casmance... L'impression est encore plus tangible lorsque nous descendons à terre. Hier, nous nous sommes décidés pour le dernier jour dans l'archipel, d'aller voir ce jardin dont nos collègues marins nous parlaient. Nous hésitions, car les oiseaux en cage, ce n'est pas notre truc...
Pour s'y rendre, trois manières.
Simon propose un tour de l'île.
Une visite de parc et même s'il est de bonne humeur, un repas préparé par sa femme. Il vous chargera environ 20 000 pesos par personne, plus la surveillance de l'annexe par les enfants (10 à 20 000 pesos) plus l'entrée du parc, malgré que le riche propriétaire de celui-ci n'a d'autre ambition que de partager en libre accès sa passion exubérante pour les oiseaux rares. Addition pour 3 personnes : autour de 90 000 pesos soit près de 50 dollars (sans le repas). Notre Simon a le sens des affaires !
La solution la plus simple : par le rivage.
A l'ouest de la Rive-Sud de Isla Grande, l'île la plus septentrionale de l'archipel, vous trouvez une porte en bois, un demi-battant qui reste ouvert en permanence sous les raisiniers et les cocotiers. Une planche gravée d'une plume bleue et l'indication "la palmeria" vous guidera. Vous entrez... Vous serez directement en contact avec les autruches. Heu... Pardon, les émeus d'Australie. Elles ont de gros yeux curieux, elles ondulent du cou et viennent à vous avec douceur. Vous êtes au pays des oiseaux. Mais... le seul petit souci, c'est que vous ne pouvez pas assurer votre annexe. Il faut donc vous faire déposer. Ou... laisser votre annexe à la bonne volonté du hasard (?)
Troisième solution, vous laissez votre annexe au ponton du petit restaurant LIZAMAR, assurez là avec un cadenas. Vous demandez à la propriétaire si vous pouvez aller vous balader et lorsque vous reviendrez, vous lui prendrez une boisson en dédommagement du stationnement de votre annexe. Coût de l'opération 2500 pesos. Vous sortez par la porte grillagée, vous longez la cage aux perroquets... Attention, ce n'est pas ça, le jardin aux oiseaux, seulement un avant-gôût. Il vous faut d'abord pénétrer dans l'île.
Et là... Là, vous changez de monde.
Un sentier mal défini, parcouru de fil électrique à nu... (Attention ça doit piquer lorsqu'il pleut!), s'entortille autour de cases. Certaines sont mignonnettes, vernies, en bois rond avec des volets, on la verrait presque dans la forêt des Alpes. Plus loin, une case, faite de bois ramassés à la sauvette, elle n'est pas d'équerre, des tôles mal phagocytées recouvrent l'ensemble qui s'envolerait à la moindre pichenette de vent. Personne ne semble avoir faim, les arbres fruitiers sont généreux, les papiers donnent de beaux fruits ronds, les calebassiers attendent leur heure, les haies de cocotiers fournissent à l'année longue. Il n'en reste pas moins que le décor, caché derrière le littoral colonisé par les jolies maisons de riches propriétaires, révèle une extrême pauvreté.
Vous hésitez à continuer?
Vous ne trouver pas le chemin...
Non, ne prenez pas à gauche, le chemin vous conduit droit dans la pénombre d'une case... Devant vous, la végétation barre la route. Ce n’est pas par là non plus ! Une jeune fille passe, vous lui demandez la "casa de los aves" et elle vous indique par de grands gestes qu'il faut prendre à droite. Attention la tête, vous passez sous le linge qui sèche sur des cordes tendues entre des arbres. Un chemin, là, bien défini, vous mène dans la pénombre de la végétation.
Ne regardez pas vers le marigot de droite, un chien mort, il y a peu, se fait dévorer par des urubus à tête rouge. Des chiens, il y en a partout, des bébés si fragiles qu'on se demande comment ils pousseront, des grands si faméliques qu'on devine que leur vie est à l'image de celle de leurs maîtres. En ont-ils? Une clairière s'ouvre, le chemin nous conduit droit dans la case d'une grand-mère, qui peste de nous voir atterrir devant son foyer. Elle nous dépêche sa petite fille pour nous conduire au jardin des oiseaux.
Nous n'aurions pas pu nous diriger seuls, il fallait zigzaguer entre les arbres, passer devant le patio de Simon et entrer par le demi-battant d'une porte ouverte à hauteur d'un marigot, uniquement visible lorsque la petite fille nous pose devant ! De grandes cages abritent des perroquets, des rapaces, des hérons... Un groupe électrogène fonctionne au bois et couvre le jacassement des oiseaux. Un homme nous hèle, il nous dit dans un grand sourire : "Adelante." (Entrez)
Nous passons sous les grands réservoirs d'eau... Et là... Là...
Nous sommes dans le monde des oiseaux. Plusieurs centaines d'oiseaux sont choyés, nourris, abreuvés...
Mais en cage.
On ne peut tout avoir...
Certains ne semblent pas malheureux, la plupart d'entre eux sont curieux de notre présence. Lorsque nous approchons, ils se dépêchent de venir vers le grillage, ils passent le bec et tentent de picorer mon appareil photo. Je n'y risque pas mes doigts. Ils sont vifs comme l'éclair. Ils prennent tout ce que je leur tends. Feuilles, bâtons... Visiblement une visite leur change les idées. L'un d'eux, dont je n'ai malheureusement pas trouvé à quelle famille il appartient, se conduit en réel petit chien joueur. Il attrape des bouts de bois, et nous les apporte. Je fais un test. Je lance un bâton. Il court le chercher et revient au grillage, le déposant à ses pieds... et aux miens. Incroyable.
L'étonnement se balade d'une cage à l'autre. Nous sommes en fin d'après-midi, la chaleur n'est plus oppressante, les oiseaux se réveillent, ils sont effervescents. Si ce moment n'est pas le meilleur pour faire des photos, il l'est assurément pour observer le comportement des oiseaux. Certains brillent par leur plumage chatoyant. De vrais personnages de carnaval. L'année prochaine, les Miss de Carthagène devraient les engager. D'autres nous intriguent par leur étrangeté. Je me demande même comment, ils se débrouillent dans la nature. Ils arborent des bosses sur le plastron, sur le coup, sur le bec ou n'importe où sur leur anatomie, leur donnant des airs de malfinis. D'autres se donnent des allures de noblesse, haut perchés sur leurs pattes le bec snobe. Certains, par leur nom, décontenancent : Sarcoramphe Roi, Cariama huppé, savacou, bihoreaux, Tantales, Marabout d'Afrique.
En tout cas, la question est : comment tout ce petit monde, venu des quatre coins de la planète, est arrivé jusqu'ici ?
Cette volière est représentative de la diversité de la faune de Colombie. Avec le Panama et le Costa Rica, ces trois pays réunissent la plus grande diversité au monde. La plupart des oiseaux viennent donc des environs, mais certains ont fait un long trajet, comme les émeus d'Australie, ou les Kétoubas malais.
Rosario, quel archipel singulier que Rosario !
Une âme africaine, sa pauvreté et son extravagance réunies sur des bouts de terre pas plus grands que la main à l'échelle de la planète. Je ne peux m'empêcher une question... Elle est sans doute trop facile, mais je la pose quand même... Tout cet argent pour enfermer des oiseaux, ne serait-il plus utile en dehors des cages?
Tout notre amitié marine
Nat et Dom
Quelques détails pour la navigation du jour
Navigation vers le sud : 25 milles nautiques jusqu'à San Bernardo
Météo :vent de sud-ouest, 10 à 15 noeuds, mer courte de moins d'un mètre
Prévisions : peu de vent de NNE, la dépression colombienne traverse le golfe Darien, et contrarie les vents dominants.
Départ à 10H30 heures locales, soit 15 heures 30 TU.
Condition à bord : près bon plein, grand-voile/génois, tribord amure
Cap :180°
Température de l'air : 28°C à 7h du matin
Température de l'eau : 29°C
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