Nouvelles des Navigateurs

Ce blogue a été conçu par Nycole - VE2KOU et se veut un point de rencontre
entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

vendredi 27 novembre 2009

ÉTOILE DE LUNE _ Nat et Dom - Récit




9:39N 76:00W

Objet : De grandes retrouvailles pour une belle journée...

Photos jointes: les enfants heureux d'Islote, Leo vend sa pêche du jour, vue sur le mouillage de Mucura.

Lien page Internet sur San Bernardo : http://s121758490.onlinehome.fr/edl/colombie/menu_san_bernardo.html
Lien album photos musical San Bernardo : http://s121758490.onlinehome.fr/edl/photos_san_bernardo/index.html

Bonjour,

Un beau jeudi au soleil. La mer platte comme la main, un ciel bleu. Le temps idéal pour aller se promener sur Mucura.

Des "petits" changements sont à noter dans l'archipel depuis 2007. A l'époque il n'y avait qu'un seul hôtel. Aujourd'hui, il y en a trois. L'un d'eux nous est familier. Non pas que nous nous vautrons dans les hôtels de luxe de la région. Mais c'était à l'époque la demeure d'un riche propriétaire de Medellín. Le gardien nous avait ouvert les portes de ce domaine hallucinant. Un petit Walt Disney colombien. Nous avions baladé notre curiosité jusque dans la chambre du maître, qui ressemblait à celle de capitaine Némo avec vue sur mer. Le domaine est un mélange de Tintin et de Jules Verne, très ludique.

Les futurs clients auront de quoi faire... C'est sûr !

Aujourd'hui, pour nous rendre au pueblito de Mucura, nous empruntons les allées de l'hôtel El Faro, puis sans complexe, nous passons au travers d'un grillage. Tiens, nous sommes dans une propriété privée... Un coucou au gardien et il nous indique que nous pouvons passer par là pour rejoindre l'autre bout de l'île. En route, les filles sont au bord des mares d'eau, elles font la lessive grâce aux pluies de l'autre nuit. Tout le village s'y met. Les paniers sur la tête, les jeunes femmes vont et viennent entre les points d'eau et le village qui se cache aujourd'hui derrière un long cordon où le linge de toutes les familles sèche. Les enfants courent, chantent et crient, c'est l'effervescence.

Au village de Mucura, les habitants sont plutôt timides et réservés. Mais cela ne les empêche pas de vous permettre de passer par leur cour, ou leur jardinet pour atteindre le front de mer. Nous longeons celui-ci. Des pêcheurs ramènent leur production du jour. En les observant revenir du large dans leur barque taillée dans un tronc d'arbre et armée d'une voile en matière sac-poubelle, nous nous demandons pourquoi nous nous donnons tant mal à gréer nos voiliers des meilleurs dacrons ? Décidément, nous nous donnons beaucoup de peine. Les gens d'ici sont contents de leur gréement. Ils nous disent que grâce à celui-ci, ils vont loin. Dès que la brise est suffisante, elle les pousse au large et il font de bonnes pêches. Le pêcheur accompagne ses dires en me sortant de sa barque, un poulpe, un lambi, une corne d'abondance (c'est très rare d'en trouver encore!) et un gros crabe... ha, il y avait une langouste aussi. Pour recueillir untel butin, ils ont pêché de 6 heures du matin à 14 heures. Ils sont fiers, souriants, ils posent devant mon objectif. Ils sont heureux.

Plus loin sur la petite plage où les habitants d'Islote ont construit des paillotes où ils proposent des bijoux, de l'artisanat et une restauration locale. Un chien nous accueille par de gros aboiements... Il ne nous impressionne pas, nous l'appelons, nous le flattons... il demandait qu'on lui envoie un gros bout de bois dans l'eau. Son maître Juan court au-devant de nous. Il m'appelle par mon prénom... Non pas Natalia... Mais Nathalie
????
Heu... on se connaît?
Mais oui, vous avez pris une photo de moi, avec Susy la cuisinière, chez Jorge...
Ha, mais oui... Juan... comment vas-tu?
Ben ça alors, quelle mémoire!

En fait, Juan avait repéré notre coque jaune depuis que nous étions arrivés, et il se demandait quand nous viendrions le saluer. Nous ne pensions pas avoir marqué la population de San Bernardo. Mais en fait, nous sommes le seul bateau qu'ils ont vu rester autant de temps dans l'archipel. Et puis, en jaune, nous ne passons pas inaperçu! En tout cas, ils se souviennent de nous. Il est vrai que nous avions mangé chez la mama qui préparait le crabe à terre. Puis chez Jorge, un richissime propriétaire terrien de Cali, puis Suzy... Comment oublier Susy? Elle m'avait adoptée comme sa fille, car je portais une boucle d'oreille toute pareille à la sienne. Une seule boucle... Enfin deux: une chez elle, une chez moi!

C'est l'heure du déjeuner (dîner). Juan nous installe au bord de l'eau sous une paillote, il nous sert un pagre, de la salade, du riz coco (parlez-en à mon capitaine! Il adore) et des patacones! On ne mourra pas de faim c'est certain! Pendant que nous mangeons, Juan nous apprend les derniers potins de l'archipel. Sur l'île d'Islote, un pâté d'île au ras de l'eau d'un demi-hectare pas plus, la population est passée de 1200 personnes en 2007 à 1497 âmes en 2009!!!
Waouh !
Ils se comptent donc?
Avec les maisons des riches propriétaires venus du continent et les trois hôtels, l'archipel garde un niveau de vie tout ce qu'il a de plus correct. Du moins, suffisant à leurs yeux. Les touristes viennent passer des fins de semaine, ou la journée. Ils se font conduire en barque rapide. A l'occasion de ces visites, chacun fait son petit commerce. Evidemment, ce n'est pas la grande abondance, mais comme je le dis, les Islotiens sont heureux de leur sort. Le village de Mucura est, par contre, plus à l'écart des changements touristiques. Ces habitants-là, ne sont pas commerçants, plus pêcheurs, plus pauvres sans pour autant paraître démunis.

Il y a d'ailleurs deux écoles dans l'archipel, une à Islote et l'autre sur Mucura. Les enfants s'y relayent pour le nombre de professeurs.

Les choses changent à San Bernardo... Mais elles le font avec bonheur. Les hôtels qui se construisent ne se fabriquent pas en béton, mais en bois, en bambou et en toits de palmes. Ils se fondent dans le paysage et se glissent discrètement sous les frondaisons des cocoteraies. Les touristes viennent et "enrichissent" la population puis repartent comme ils sont venus. Je ne pense pas que San Bernardo souffre des évolutions que lui apportent le temps qui court. J'ai la sensation que ça se fait avec délicatesse, note après note, par petites touches discrètes et sans grand tapage.

Laissant à San Bernardo son âme, belle, pure et tranquille...

Amitiés marines
Nat et Dom

Programme de navigation :
Nous partons pour les San Blas ce vendredi.
La météo annoncée est bonne, les orages n'ont plus sévis depuis deux nuits...
Navigation à venir 180 milles.

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