Grand départ de la traversée de ARC pour Sainte-Lucie25 nov 08
Milieu de l'Atlantique, à 130 Miles du désert du Sahara, en route pour Ste-Lucie
Voilà deux jours que nous avons repris la mer pour entreprendre notre périple vers Ste-Lucie. C'est notre plus grande traversée jusqu'à maintenant, nous évaluons qu'il nous en prendra une vingtaine de jours.Il est 03h00 du matin.
J'écris par petits bouts entre deux rondes à l'extérieur pour vérifier notre pilote Victor et voir à ce rien ne le frappe ou rencontre son chemin. J'aperçois des lumières. Pour le moment, impossible de dire de quoi il s'agit, quelle sorte de bateau, il va vers où, etc. Je le surveille, il se rapproche, c'est gros. Je vois trois lumières, dont une verte. Pour les autres je ne peux pas encore dire. Vient-il droit sur nous, je l'ignore encore. Il se rapproche.
Le radar indique qu'il est à quatre miles, puis trois, puis deux. Bon il me semble évident qu'il fonce sur nous, je vais changer ma trajectoire. à moins que. ha, je pense maintenant mieux le distinguer. Je vois sa lumière verte mais toujours pas de rouge il ne peut donc pas venir face vers nous. Tout d'un coup il semble aller de plus en plus vite. Il passe devant nous, il nous croise, est-ce qu'il nous contourne je ne le sais pas mais ce genre de bateau ne se tasse généralement pas pour les plus petits.
Il est à même pas 500 mètres, dans le noir ça semble très proche. En moins de deux il nous passe et le voici derrière. Ouf je respire mieux. Faut-tu pas être chanceux, au beau milieu de l'océan pour passer si près d'un pareil mastodonte. Comme quoi il faut toujours surveiller et rester vigilent. Victor notre pilote barre peut-être bien mais contrairement à nous il ne voit pas et n'entend pas.
Toutes les nuits à venir, on les passera à zig zaguer à travers les bateaux environnants.Bon, alors je disais donc, nous avons largué les amarres hier vers 11h45 après un dîner de Moussaka aux lentilles gratiné préparé par notre super Thermomix. Bien que c'était dimanche, tous nos marins espagnols et le garde de sécurité, avec qui nous nous étions liés d'amitié sur le quai, étaient là pour nous saluer.
La veille nous leurs avions d'ailleurs remis des 'pins' souvenirs du Canada. Nous nous sommes sentis privilégiés de parler Espagnol car de tous les bateaux du quai il semble qu'il y a qu'avec nous que ces hommes pouvaient échanger. En effet, il nous semblait que ces hommes rôdaient toujours près du bateau et dès qu'ils voyaient qu'ils pouvaient être utiles, ils s'approchaient et venaient nous offrir leur aide, pour démêler un fil à pêche, rouler une corde, plier une toile. Ils étaient vraiment gentils ces monsieurs.
Nous les avons photographié à l'oeuvre à quelques reprises. Quelle chance nous avons de pouvoir baragouiner dans trois langues, c'est vraiment un plus.
C'était tout un spectacle ce départ de ARC. Il semble que Las Palmas, à cette période morte de l'année, mobilise toute son énergie vers cette traversée. Depuis quelques jours, les habitants locaux que nous rencontrons un peu partout, à l'épicerie, sur la rue, nous souhaitent une bonne traversée.
Le matin du départ, il y a des fanfares partout qui se promènent et nous font de la musique. C'est beau à voir tout ce support. Nous sommes les derniers à quitter le bassin où nous séjournons depuis deux semaines. Un plongeur nous aide à nous décrocher de nos bouées d'ancrage et nous partons vers la zone de rassemblement.
Une vraie jungle, il y a des centaines et des centaines de bateau et de la frénésie dans l'air qui est à la fête. De ce groupe, il y a une équipière, du catamaran Windancer IV qui part pour une traversée de trois semaines avec pour tout équipement, qu'un maillot de bain et le linge qu'elle porte aujourd'hui. C'est que sa ligne aérienne a égaré son bagage. Elle a eu beau virer le monde à l'envers et appeler partout depuis les derniers jours, le moment du départ sonné, ses valises ne sont toujours pas arrivées. Que faire! Advienne que pourra, ils décident de partir.
C'est que ARC c'est une course et les gens en général prennent ça très sérieusement.. sauf Cat Mousses. Il fait beau et chaud, nous hissons le spi. Enfin on peut souffler un peu. Les derniers jours ont été tout un sprint pour s'assurer d'être fin prêt pour la traversée. Chemin faisant Catherine contacte son amie norvégienne Amanda de Lucey Blue sur la radio. Elles sont vraiment le même genre ces deux petites, elles vont s'ennuyer. Nous apprenons aussi via la radio que les deux chats du bateau Chandelle passent leur après midi à restituer par tous les bouts un peu partout dans le beau bateau neuf de leurs maîtres. Yuk! Pauvre eux!
La première nuit à la barre sera des plus animées. De un, René et moi sommes fatigués. C'est qu'on se couche aux petites heures depuis plusieurs nuits car nos journées comme nos soirées étaient dédiées aux préparatifs. Donc pour cette première nuit de navigation, on se contente de quarts de deux heures. René n'aime pas beaucoup cet horaire mais deux heures à la fois c'est tout ce que je peux faire sans dormir.
Nous sommes sur vent arrière et Victor le pilote n'arrive pas à tenir et perd constamment son cap. A chaque fois, il faut repartir le ou les moteurs et reprendre le cap de peine et de misère. A un moment j'aperçois une puis deux lattes de grand voile qui sont en train de glisser et de tomber, ce n'était pas réglé ce mausus de problème! C'est le moment de réveiller le capt. Puisque la seule latte qui avait sorti depuis l'été était la plus grande, René a jugé bon de ne remplacer que celle-la et bien il semble que les 2 autres doivent également être remplacées mais bon, puisque nous avons gardé la vieille, nous pourrons remplacer les 2 autres en route en recyclant les vieilles lattes.
Au réveil ce matin (lendemain du départ) tous vont bien. Je dois dire que je n'ai jamais vu une acclimatation aussi rapide. J'oserais même dire que personne n'a vraiment souffert de mal de mer, pas jusqu'à maintenant du moins. Les enfants vont si bien qu'en PM nous ressortons les livres d'école. C'est le moment de donner un méga blitz pour rencontrer les objectifs qu'on s'était fixés pour les Fêtes.
Ce matin nous hissons le spi mais le vent n'étant pas stable, il faut le redescendre quelques heures plus tard. Nous sommes dans une poche sans vent et il semble que nous n'en sortirons pas avant demain. La journée se passe sans anicroche. Les enfants préparent une salade du chef pour dîner et Nicolas attend impatiemment d'attraper son premier espadon.
C'est beau les thons mais là il était mûr pour du plus gros alors il a acheté, peu avant notre départ, un 'super méga dupper' appât avec papa, qu'il a installé avec nos marins espagnols sur le quai.
Suivre les Alizées c'est un charme,à date du moins. La température est douce et clémente, un t-shirt/et un short conviennent très bien de jour. Nous sommes sur un vent arrière et il en sera de même pour la durée de la traversée si tout va bien.
Cette nuit tout est plus calme, nous voguons à moteur sans voile. On fait environ 4.5 à 5 noeuds mais le courant ralenti notre course ce qui fait que notre vitesse de fond (vitesse réelle) se trouve ralentie à 3.5 neouds. Les quarts de travail peuvent revenir à trois ou quatre heures. Victor se débrouille mais c'est une vraie autoroute dehors. Il y a des bateaux partout. Les voiliers fusent de toute part, pas toujours bien éclairés et pas toujours visibles sur le radar non plus. C'est qu'ils n'allument pas leurs feux de navigation par souci d'économie. Encore heureux qu'ils naviguent dans la même direction que nous.
Ce soir j'en dépasse quelques uns et je passe tellement proche que je peux distinguer l'écume qu'ils laissent en arrière. J'ai eu droit, également, à un autre beau spectacle de dauphins dans la nuit.Le plus difficile dans tout ça c'est de savoir que nous n'aurons pas pu nous arrêter en Afrique et au Cap Vert. Dire que le désert du Sahara n'est qu'à 130 miles nautiques disait Thomas. On le sent d'ailleurs, l'air est sec et le pont n'est pas mouillé du tout, ce qui est anormal en mer la nuit.
Je commence à croire ce qu'on me disait, cette portion de l'Atlantique n'est pas comparable à la traversée de l'Atlantique nord. Il est vrai que c'est un monde de différence. A date du moins. Fini l'attirail de combat, les 12 épaisseurs, la tuque, les mitaines, l'habit de pluie deux pièces, les bottes et tout le tralala. Ca fait du bien.
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