Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

samedi 8 novembre 2008

DISTRIBIL - Guy et Annik à COLOMBO (Sri Lanka)

Copie du message reçu :

jeudi 6 novembre 2008 COLOMBO

Nous nous dirigions vers la bouée d entrée du chenal d accès au port, lorsquune vedettebourrée de militaires et armée se met en travers de notre route et nousintime l ordre de stopper.Nous obtempérons mais le voilier sous erre continue sa route et l officier sénerve en nousordonnant a nouveau de stopper.Je lui crie que nous avons fait le nécessaire, il se calme.

Ils se dirigent sur notre travers arrière bâbord et nous demandent desexplications sur notre présence ici.Je lui explique que nous sommes en panne de moteur, que nous n avons plus devivresfraîches et que nous sommes en limite de rupture de gasoil.Enfin je lui indique que nous avons subi plusieurs jours de mauvais temps etque nous sommes également très fatigues.Ils s écartent du voilier et discutent par radio avec leurs autorités.Ils nous demandent de prendre contact avec les autorités portuaires et derester sur place.

Ils s éloignent puis reviennent pour nous apporter quatre bananes que nousacceptons avecplaisir. Nous sommes par 45 mètres de profondeur et il n'est pas possible d ancrerdans ses conditions. Aussi je laisse le bateau en dérive, mais celle-ci nousrapproche de la cote.Entre-temps nous entrons en contact avec le port, nous renouvelons notredemande d entrerau port, la réponse est quel est votre " shipping agency ". Je leur répondsque je ne suis pas un navire marchand mais un bateau de plaisance et que lesbateaux de plaisance n ont pas de " Shipping agency ".

Ils ne veulent rien entendre et me demandent d entrouver une.Je ne sais que faire et bien entendu le temps passe, et la météo se dégrade.De lourds nuages s accumulent au-dessus de notre position.En désespoir de cause je leur demande de prendre contact avec l'ambassade deFrance afinqu'il me fournisse un agent ! La réponse est prenez contact par VHF avecColombo radiocanal20 pour téléphoner à votre ambassade.

Nous contactons donc Colombo radio qui après quelques minutes d attente nouspasse L'ambassade. Nous expliquons clairement et dans notre langue notre situation, l'ambassadepromet des'occuper rapidement de cette situation qui devient urgente.Bien entendu notre dérive nous a beaucoup rapprochee de la cote et je mapprête à retournerplus au large lorsque le port m appelle sur la VHF et m intime l ordre de merendre à 5 millesdu rivage. Une petite vedette militaire se dirige vers nous et voyant quenous avons commence la manœuvre il retourne vers le port.

Nous voici parmis les cargos et la nuit qui tombe. Je trouve au sondeur uneprofondeur de29 mètres, nous mouillons et cela semble tenir..L intervention de notre ambassade a eu d excellent résultat et lacapitainerie nous avise à 20 heures qu'ils nous autorisent à entrer.Une vedette de la Navy locale vient nous accoster et trois personnes endescendent et font une inspection du bateau. Nous sommes OK.

Mais la pluie est arrivée et la nuit avec.Les lumières de Colombo s estompent et finissent par disparaître.Je signale au port que je me dirige au radar sur la bouée d entrée mais quesi la météo reste ainsi je stopperais à cet endroit. Une petite éclaircie s annonce et j aperçoit difficilement le feu vert dentrée du port. La capitainerie qui a également vu cette amélioration de lavisibilité m interroge et je lui déclare que je fais, vu mon tirant d eau,route directe sur l entrée.

Elle me demande, une fois passe le feu du chenal, de me rendre au milieu duport pour y attendre le pilote. Ce qui est fait, le bateau pilote qui était bien abrite derrière le quai,nous rejoint.Je demande au personnage qui monte à bord s il est bien le pilote. Pas réellement me declare-t'il, juste un petit pilote.Il nous demande de rejoindre un quai situe 200 mètres face à nous.Voila notre bateau amarre sur un quai destine a recevoir des portescontainers, mais il est face à l entrée du port et par le travers dubrise-lames. Le voilier est chahute de toute part.

Nous sommes à couple de gros bollards et dans l obligation de contrôler enpermanence nos parebattages.Bien entendu nous sommes dans un port de commerce et les transbordements sefont nuit et jour. Pas réjouissant pour des gens fatigues.Nous allons passer une nouvelle nuit affreuse.

Des l'ouverture des bureaux je me rends à la capitainerie et je leurexplique que dans les conditions actuelles il sera impossible de faire lemoindre travail et surtout de débarquer lemoteur en panne. Je leur demande de venir contrôler sur place.La journée va se passer en visites et contrôles divers et nombreux.Douanes, Emigrations, Navy, Contrôle sanitaire le tout accompagne de fouilledu bord.Monter à bord est périlleux et certains resteront sur le quai de peur desrisques encourus.

Notre agent se présente également dans la matinée et nous demande nosdocuments afin de préparer notre entrée, il nous demande également nosbesoins.Nous lui signalons que dans l'immédiat il nous faut des vivres frais, dugasoil, du gaz, etsurtout de remettre à l'agent Perkins locale notre moteur pour réparation.Nous lui expliquonségalement que cette place est impossible et que nous ne pouvons y rester.

Il sera de retour dans l'après midi accompagne d un shipchandler.Ce dernier va se charger de nous fournir le gaz, du gasoil, et aussi dutransport du moteur.Bien entendu pour tout cela il faudra attendre une nouvelle place.Notre agent nous accompagne dans un super-marche ou nous ferons quelquescourses rapides.Il nous fournit également deux passes d accès au port.Le lendemain nous sommes autorises à avancer le voilier d environs 50 mètressur le quai ou nous sommesSi ce nouvel endroit est un peu moins houleux, il reste tout de mêmeimpraticable.De plus les mouvements fréquents des remorqueurs et autres bateaux de servitude viennent aggraver la situation.Je finirai par y laisser l évent de ventilation du moteur tribord arracherpar un bollard.

Nous passerons tout de même une meilleure nuit.Le jour suivant notre agent nous conduit à l ambassade que nous remercionschaleureusement de leur intervention.Notre shipchandler prend en charge nos bouteilles de gaz vides, il sepropose aussi de nouslivrer le gasoil mais pour cela il veut le faire dans deux fûts métalliquesde 250 litres, ce qui est inacceptable dans notre situation. Aussi nous luifournissons nos bidons d'approvisionnement et il nous déclare qu'ilcomplètera pour attendre les 500 litres demandes.Bien entendu pas question de charger tout cela a cette place.Le lendemain mardi 21 la capitainerie nous informe qu'une place au terminalpassager nous est destinée. Mais pour s y rendre, il faut le pilote. Cedernier ne nous prendra en charge qu a 17 heures.Nous voici au terminal passagers, ici presque plus de houle mais lécartement des bollards fait que le voilier est à couple de l un deux etnous somme ainsi a 1 m 50 du quai. Ceci est encore risque surtout pour monépouse Annick.Que faire ?

Le 22 malgré les difficultés liées ont l écartement je réussis à débarquermon moteur sur le quai a l'aide de ma bome.Le ship vient le chercher pour le livrer en ville et il nous ramène nosbouteilles de gaz pleines ainsi que 19 bidons de gasoil.Bidons que nous mettrons deux jours a transférer dans nos propresréservoirs.Pour le gaz ici bonne nouvelle, il est possible de charger tous types debouteilles aussinous nous empressons de faire remplir nos 5 bouteilles francaises.Le troisième jour le pilote est de retour a bord, notre place est nécessairea l accostage d'unporte-container et il doit nous déplacer. Je lui signale un duc d albe aproximité, inutilisé surle cote droit et donc non muni de bollards qui ferait tout à fait notreaffaire. Un petit billet en passant et le voila qui intervient auprès des autorités portuaires.

Ilobtient la place et nous voila enfin bord a quai dans de bonnes conditions.L agent perkins nous fait savoir 48 heures plus tard qu il a résolu leproblème du manque de pression d huile. Restent à régler quelques problèmesde timing.Depuis, nous dormons bien et effectuons diverses autres réparations sur lebateau.

En conclusionLe Sri Lanka est une république démocratique populaire avec les aléas qui endécoulent.Impossible ou presque de sortir sans être accompagne, il y a des contrôlespartoutdans et a la sortie du port, dans presque toutes les rues en ville.Pourquoi tous ces contrôles ? Le pays est en guérilla, la fraction tamoulindépendantiste du nord est du pays réclamant son autonomie. Aussi la villede Colombo craint des attentats qui se sont déjà produits.Enfin les autorités veulent tout connaître.Mais la majorité de la population est pauvre et les salaires mêmesadministratifs sont bas, ceci expliquant que le backshish ici est roi.Anecdotes.Pendant que nous nous dirigions vers notre première place dans le port, unbruit importants'est produit à l arrière du bateau. Je coupe immédiatement l hélice maiscroyant avoir heurteun madrier ou autre espar, mais il n en n est rien.

J apprendrai plus tard que régulièrement il est jeté des gros détonateursdans le port.Ceci étant destine à détruire les tympans de tout plongeur qui s yrisquerait.Ces pétards mouilles sont fréquents surtout près des passes et ce jours etnuits.Le mercredi 22 vers dix heures un individu de race indienne se présente etprétend être-le président de l association des francais de Colombo. Il est venu en car avecchauffeur Pour nous informer que cette association nous invitait le lendemain pour unlunch a l hôtelHilton.Le lendemain nous voila tous deux sur notre 31 a l hôtel Hilton. Notreindien nous attend, Il a l air d'être très connu. Mais il ne semble pas que cela se passe à lhôtel HiltonNous reprenons son petit bus et il nous fait entrer dans un autre grandhôtel le Continental ou il nous fait servir des boissons fraîches.Il nous déclare que c est son anniversaire, qu il est propriétaire de troismines de pierres précieuses et que nous allons chez lui voir ses plus bellespièces en saphir bleu et jaune ainsique d autres pierres. Je commence a voir l'arnaque, aussi je l'interroge enfrancais, il ne comprend pas, pour un président d association de francaiscela me surprend.

Je lui demande donc si sa femme est francaise : non !Aussi je lui explique gentiment que j'ai un moteur a réparer et que neconnaissant pas le coût de cette réparation je ne dispose d aucune sommepour acheter le moindre saphir et que si son intention est d essayer defaire du commerce avec nous, il serait préférable d en rester-la.Il a compris et me demande si nous voulons revenir à bord. Je confirme. Ilme demande sinous avons à manger sur le bateau. Je lui déclare que non puisque nousétions invites par lui.Il nous conduit alors dans un sous-sol de parking ou il y deux selfsservices et commande deux rations de Noodles améliores a la chinoise. Lestyle a change mais nous mangeons tout de même de bon appétit.

Ce repas quin aura coûte que 560 roupies pour trois termine, il rappelle son chauffeurqui nous reconduira à bord. Vu les difficultés d accès au port cet individu doit avoir malgré toutcertaines relations. EtFinalement il s est comporte très correctement a notre égard.Dans la nuit du 28 a 00h29 exactement nous sommes brutalement réveille pardes hurlementsde sirène, hurlement qui vont durer une dizaine de minutes.Simultanément toute électricité est coupe en ville et sur le port, desbatteries de projecteurs de longue portee se mettent à balayer le cielau-dessus de nos têtes ; puis tout d un coup c est partie des fusees de touscotes.

Mais il ne s agit pas de fusées mais de tirs de gros calibres blancset rouges et cela part de tous cotes et dans tous azimuts. Cela prête à rirecar les projecteurs vont dans tous les sens et les tirs aussi. Finalement jecrains de voir une rafale partir à l horizontale etattendre le bateau. Nous voila ramasse à l'intérieur.Avant que ce carnage s arrête le temps nous a paru bien long. Encorequelques tirs sporadiques et tout rentre dans l ordreLe lendemain nous apprendrons que deux avions de la rébellion auraientessayes de bombarder Colombo.

Ces avions sont en fait des avions d épandagequi, arrives en kit, auraient été assemble ici.Des vrais kamikazes, navigation de nuit sans visibilité sans protectionaucune.Pour nous plus de peur que de mal.Nous nous promenions dans une avenue de la ville, mais cette avenue estsoudain barrée auxdeux extrémités sur une voie. Cette voie longe une belle propriété entourede hauts murs avecmiradors et militaires armes en surveillance.

A chaque barrage un poste degarde avec hommeen arme effectue des contrôles. Comme nous avancions sur l autre voie, jeprends mon appareil photo qui était en bandoulière et j essaye de prendreune photo. Je me fais enguirlander par les militaires et l'un d'entre eux se précipite sur moi pour m expliquer que les photos sont interdites car nous sommes devant la résidence du président.

Bien entendu je m excuse poliment.

J'ai tout de même ma photo !

A suivre

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