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Objet : Des dauphins en escorte, retrouvailles avec Reinaldo
Bonjour,
Après 48 heures de belle navigation et le spectacle des montagnes enneigées dont je vous parlais hier, nous arrivons dans l'une des 5 baies de Santa Marta : Guairca.
L'arrivée est toujours un moment spécial d'une traversée. L'équipage commence à se mettre en branle, défaire les sécurités de l'ancre, vérifier ses amers, attention plus particulière accordée aux écueils. C'est rarement le moment de musarder. Au boulot! Fini, le spectacle...
Plus rien à voir?
Etes-vous certains ?
Les dauphins n'en sont pas convaincus. Le long des falaises, ils s'intéressent à cette minuscule tache jaune, que nous sommes et qui progresse vers l'ouest.
Plouf... un saut.
Plaf, une cabriole...
Ils sont bien décidés à détourner notre attention. De baia cinto, la première baie jusqu'à Guairaca, celle où nous allons loger, nous sommes escortés par la cavalcade des mers. Ils chevauchent les vagues et flirtent avec notre étrave sur tout le parcours. Ils ouvrent la route sur près de 2 milles et demi, une demi-heure de joie et de rires. Je ne pense pas qu'il existe un seul équipage au monde qui résiste à ça. Les dauphins dégagent un charme indicible. Quelle que soit l'ambiance, lorsqu'ils choisissent d'accompagner une étrave, ils détournent vers eux, tous les sentiments du bord. Qu'il pleuve, qu'il vente, que la mer nous secoue, qu'elle soit câline, ou que nous ayons toute autre chose à faire, lorsqu'ils viennent nous lâchons tout et leur consacrons tout notre être. C'est une histoire d'amour, dont eux seuls décident d'en écrire les chapitres. Même le capitaine, qui pourtant est imperturbable lors des arrivées, se laisse envahir par l'émotion. Armé de sa caméra vidéo, la « bobine » tourne... A tel point qu'à un moment je l'entends dire :
« Hum, faudrait peut-être s'occuper de la navigation ! »
Il retourne à la barre... C'est bien capitaine ! Formidable... Moi je reste encore avec mes copains. C'est tellement cool de n'être QUE moussaillon !
Nous embouquons la pointe de Nenguange... ils sont toujours là... Vont-ils pénétrer avec nous dans le mouillage ?
Un plouf... un plaf, ils m'offrent quelques goûtes salées avant de disparaître vers l'horizon.
Merci les amis. Vous faites vibrer la vie!
Dans la baie, d'autres amis nous attendent. Reinaldo et Jonatan sont là, sur le pas de leur cabane en bois. Des grands signes nous appellent. C'est du bonheur que de les retrouver. Les yeux de Reinaldo rayonnent d'un condensé pur de gentillesse. Il nous décrit tous les équipages qui sont passés dernièrement. Il est tout fier de nous dire, que certains d'entre eux, ont montré sur leur ordinateur, le dossier qu'on a fait sur lui, sur Internet. Il parle vite, mon espagnol est rouillé. Cela fait plus d'un an que je n'ai pas parlé espagnol. Son fils ralentit le rythme de la conversation pour me laisser intégrer tout ce nouveau partage.
Nous les retrouvons inchangés, même si, autour d'eux, le monde commence à tourner un peu plus vite.
Toute notre amitié marine
et à très bientôt pour d'autres nouvelles du bord
Nat et Dom
Quelques détails locaux
Nombre de milles parcourus : 265 milles en 48 heures
Leur locale : 14H30
Temps universel : 19 H 28
Conditions météo: Soleil, nuages épars, pas un souffle d'air, mer calme (houle résiduelle courte)
Température de l'air : 33°C
Température de l'eau :29°C
Prévisions météo : Pas de vent dans les prochains jours. Un système pourrait se développer dans le golfe Darien et engendrer des vents contraires à partir de vendredi ou samedi. Jean Yves surveille cela pour nous. Nous serons à son écoute attentive ces jours-ci
Projets : demain grâce à Reinaldo, notre grand père colombien d'adoption, nous irons à Santa Marta. Il nous a trouvé une camionette, il est probable que nous voyagions sur le plateau arrière... Rien de tel que la climatisation naturelle
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