Nouvelles des Navigateurs

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entre les navigateurs, familles et amis du Réseau du Capitaine et de la CONAM.

mardi 18 décembre 2007

ÉTOILE DE LUNE - Nathalie et Dominique en Colombie


Sur les traces de la civilisation précolombienne

Bonjour,

position GPS : 11°19.23N - 74°06.39W
Bahia Gairaca (la troisième des "Cinq baies")
Ville la plus proche : Santa Marta

Hier matin, nous avions rendez-vous au Pueblo avec le "beau Reynaldo". La veille, il nous avait expliqué qu'il était féru d'archéologie et qu'au fond de son jardin débutait une forêt qui abritait l'un des plus vastes sites précolombiens de la région. Bien que dubitatifs, nous nous laissons tenter par cette balade. Nous nous disons que, même si la promenade ne nous réserve qu'une collection de tessons de bouteilles inclassables, nous passerons, c'est certain, un agréable moment en compagnie du beau Reynaldo.

La journée commence sous le sinistre augure d'une pluie grise et terne. Peu importe, Reynaldo nous attend comme prévu sous un toit bien peu étanche d'une des cases du village. Pour l'occasion, les filles (Francine et moi) avaient relégué leur coquetterie au second plan, les garçons (Dominique et François) laissèrent leur élégance au placard. Nous voici chaussés de bottes, armés de pantalon et de chemises à longues manches pour affronter les moustiques, dits voraces, de la forêt colombienne. Au passage nous admirons la dégaine à l'Indiana Jones de Reynaldo, jeans, tee-shirt, baluchon typique des Andes. Pour protéger sa machette, Reynaldo arbore à la taille un ceinturon garni d'un étui qui fait rougir d'envie ce cher François. Waouh ! Quel chic!

Le beau Reynaldo nous entraîne au fond de son jardin comme promis. Un mur de végétation nous barre la route. Peu importe, à grands coups de machettes Reynaldo dessine une arcade dans laquelle nous nous faufilons. La pénombre de la forêt nous cerne, très vite nous découvrons une première curiosité, un lavoir qui n'a rien de précolombien mais qui n'a de cesse de nous épater. Une bassine en céramique semi enterrée recueille une eau brune. Pas loin, des pierres disposées en quinconce servent à battre le linge. J'avoue qu'ils ont intérêt à le battre le linge, car franchement l'eau recueillie n'a rien de translucide ! Elle est chargée de toute la terre qui semble avoir dévalé les 5000 mètres de montagne d'arrière-pays pour remplir le puits...

Nous ne nous attardons pas. Reynaldo n'épargne pas les coups de machette pour tailler notre chemin. Il s'arrête sur de nombreuses essences d'arbres. Ici, un arbre d'ébène, là un "arbre à singe", puis l'arbre à épines... Ailleurs, il nous explique l'utilité médicinale de l'écorce d'"almacigo". Il suffirait de découper un bout d'écorce, de le faire décanter dans l'eau avec du sucre, et de boire la potion pour qu'un mal de dos tenace disparaisse en moins de 8 jours... J'oubliais les herbes! Il rajoute des herbes... Lesquelles? Je pense que tout le secret réside en ce point qui en Colombie pourrait devenir rapidement litigieux.

Au coeur de la forêt, quelle n'est pas notre surprise de découvrir des trous. De multiples trous, de toute taille de toute profondeur. Le plancher de la forêt est littéralement redessiné par les chercheurs de vestiges précolombiens. Ils creusent au petit bonheur et ils me font plus penser aux chiens de cocotiers qui passent leur temps à défoncer les plages qu'à de vrais archéologues. Au détour d'une excavation, le beau Reynaldo s'enfonce dans les profondeurs de glaises et remonte à la surface un
fragment. Une poterie! Il nous explique la différence entre une céramique rouge, plus commune et une céramique noire de meilleure qualité qui devait servir aux cérémonies religieuses. De fragments de céramiques, en reste de pilons, d'urnes funéraires en restes d'ossements, de haches en onyx en vestiges de maisons, nous commençons à y croire. Nous sommes réellement au coeur d'un site précolombien! Mille ans avant Jesus-Christ, les Taironas édifièrent des villes et des villages dans la Sierra Nevada, aujourd'hui leur culture est engloutie sous des milliers d'hectares de végétation.

Les fouilles informelles ont commencé il y a plus de 50 ans. Le site attire beaucoup de braconneurs du vestige, car il est bien évidemment interdit de creuser à titre personnel. Cependant, à la loterie du précolombien, certains ont gagné gros! Un groupe de "chercheurs" a déniché par hasard douze corps, ils étaient ornés de bijoux pectoraux en or massif. Vous imaginez le trésor??? Le découvreur a empoché plus de 5 millions de pesos. Cela valait sans doute beaucoup plus, mais ce Colombien s'assurait
ainsi une belle retraite! Il est évident que la majorité des découvertes ne sont pas acheminées vers les musées, mais vers les collections personnelles.

Reynaldo nous explique les rites funéraires. Étranges, ils enterrent leurs morts, puis lorsqu'il ne reste plus que des ossements, les descendants récupèrent le squelette. Celui-ci est alors placé dans des jarres de céramiques de taille adaptée. Ces jarres contiennent également tout un trésor de parures en or qui accompagneront les âmes jusque dans la nuit des temps. Au beau milieu du chemin nous trouvons l'une d'entre elles. Elle est vidée de son contenu, mais par sa présence toute une atmosphère se dévoile à nous. Toute une civilisation renaît dans nos imaginations avides d'en savoir plus.

Nous passons 4 bonnes heures dans la forêt avec le beau Reynaldo. A un moment, nous tournons tellement en rond et Reynaldo s'acharne tant et tant sur sa machette que nous commençons à regretter de ne pas avoir pensé être aussi prévoyant que le Petit Poucet... Mais il ne nous perd pas, il finit par retomber sur ses pattes et nous retrouvons le rivage. A notre arrivée au Pueblo, Maria nous prépare à déjeuner. Hum... un pagre grillé juste comme il faut, avec du ris et des pattes douces. Le beau Reynaldo nous tient compagnie. Pour toute rémunération de l'excursion, il ne veut rien d'autre que quelques conserves. Nous lui proposons de manger avec nous, il refuse. Il accepte timidement une bière. Il n'a pas grand-chose, et n'en veut pas plus. Un chic type!

Après le repas un pêcheur arrive, il nous demande de le prendre en photo, car il a pêché un très gros poisson, et le produit total de sa pêche le rend très fier! Hélène la fille de Maria et Camilla sa cousineme demandent de regarder la photo sur l'écran de l'appareil. Au moment où elles découvrent le résultat, elles saisissent des poissons, et elles se mettent à poser devant l'objectif. J'adore ces deux petites filles, elles sont resplendissantes de gentillesse et de bonheur de vivre. Elles sont ravies de faire les stars devant mon appareil et moi tout autant de les prendre en photo.

Prochain rendez-vous avec Reynaldo : une visite de Santa Mara. Une heure de route cabossé dans la montagne et la découverte de la ville où Bolivar est décédé le 17 décembre 1830.

Que du bonheur cette Colombie, que du bonheur!!!!
Amitiés marines
Nat et Dom de l'étoile de lune

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